Avant, il me suffisait d'ouvrir cette page "nouvel article" pour que les mots coulent tout seuls.
Mais ça, c'était avant.
Aujourd'hui c'est comme si je devais courir juste après avoir traversé un champs plein de boue et que j'avais des tonnes d'argile collées sous les godasses, comme s'il n'y avait plus de connexion entre ma tête et mes mains... ou entre mon coeur et mes mains, plutôt.
Aujourd'hui, comme avant, j'ai toujours cette envie d'écrire ici qui ne m'a jamais quittée tout ce temps. Mais je n'ai plus pu ; sur les derniers articles j'avais le sentiment de ne plus rien avoir à écrire, de ne parler que de futilités, de sujets qui n'avaient pas leur place ici.
Ça fait deux ou trois nuits que je me rends compte que l'un des facteurs de mes insomnies récurrentes, c'est le simple fait de dormir chez moi. Pas simple à solutionner, ça ; vers les 4h du matin je me suis demandé si je dormirais mieux en plantant la tente dans la forêt à côté... mais sans doute pas. Parce que ce n'est pas le lieu qui compte, c'est ce qu'on y fait. Et c'est bien ce que je fais chez moi (ce que je dois faire, ce que je n'ai pas le temps de faire, ce que je devrais arriver à faire, ce que je m'en veux de ne pas faire, ce que j'ai oublié de faire) qui me réveille la nuit. Présentement je ferais mieux de, au choix, faire mes comptes, ranger la cuisine qui en a grand besoin, réaffuter ma faux pour pouvoir me remettre à faucher la prairie qui m'attend, enfiler un pantalon et descendre voir les chevaux au petit matin, finir une à une toutes les choses urgentes en retard sur ma to-do list professionnelle, écrire un article vachement intelligent pour le boulot, préparer mon futur nouveau diaporama,... voire, soyons fous, retourner me coucher.
Mais non, je suis là. À boire du café depuis 4h du mat' et à fumer des clopes en me fustigeant d'avoir repris et de ne plus arrêter. À lire des files de commentaires-fleuves totalement inintéressants sur Facebook en me demandant comment diable des gens peuvent se dire "Tiens je vais écrire ça, ça va être vachement bien". À repenser à une amie-blogueuse d'ici à qui je pense souvent (je ne dirai pas qui ^^). À ouvrir/fermer la porte de la cuisine pour faire entrer/sortir les chats. À regarder le jour se lever ; premier matin depuis notre retour où l'on voit les rayons du soleil. À sortir l'écouter aussi, ce jour qui se lève : chiens qui aboient au loin, oiseaux qui s'appellent, (...chats qui grattent à la porte...,) le calme avant la tempête des cigales qui couvre tout.
J'ai relu quelques posts ici, et je me dis que décidément, on ne change pas. Impression de refaire indéfiniment le même tour de manège. J'ai eu beau changer tout le contexte, me donner l'impression de tout recommencer sur des bases plus saines et que ma vie maintenant était si différente, les questions de fond restent et je n'ai guère avancé sur mon propre chemin. J'ai sans doute fui encore une fois, manifestement, tout en oubliant consciencieusement les quelques éclairs de compréhension que j'avais pu avoir. Ah ! C'est sans doute pour ça qu'encore une fois je sens que tout doit changer, que tout va changer. Et je suis là à me débattre dans un courant sur lequel je n'ai par essence aucune prise, et ma lutte m'épuise et ne fait que m'empêcher de voir ce que je devrais faire, de me voir moi-même là-dedans, tout simplement. J'ai pourtant bien expérimenté le total lâcher-prise il n'y a pas si longtemps, quand les événements étaient trop pour que je puisse "faire face", et j'avais bien vu que c'était la seule solution pour tenir, pour rester debout. Mais le geste n'est pas acquis pour autant. Je cherche parce que j'ai envie de trouver, je n'ai pas le courage d'attendre que ça se présente alors que je sais que ça se présentera dès que j'arrêterai de chercher. Encore un tour de manège, donc. Je voudrais pouvoir prendre du recul sur ma propre vie et regarder tout ça de plus loin, voir ce qui s'en dégage.
Ah, quand-même, une chose que je retrouve avec plaisir, c'est ça et là les mots d'amour que j'exprime pour mon homme.
samedi 22 juillet 2017
Encore un tour de manège
Ecrit par Mimille à 07:38
— Catégories : En consigne, En mots
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mardi 1 avril 2014
R.
Ecrit par Mimille à 10:20
— Catégories : En consigne, En mots, Les autres
Je me rends compte aujourd'hui que je n'ai jamais dit au monde entier à quel point tu étais une personne merveilleuse. J'ignore si d'autres le savent aussi bien que moi. Ce matin, je suis soudain saisie par la peur que le monde te perde, que le monde t'ait déjà perdu peut-être. C'est dur de parler à quelqu'un dont on ne sait pas s'il est mort ou vivant, dont on sait qu'il ne lira jamais ce que l'on est en train de lui écrire. Et je sais bien que c'est à mon souvenir de toi que j'écris, à la personne que j'ai connue et non à celle que tu es aujourd'hui et dont j'ignore tout, parce que je suis triste de tout cela depuis si longtemps maintenant. Je voudrais que tu sois heureux, j'aurais voulu que tu sois heureux déjà à l'époque, je le voulais tellement et je ne sais pas si tu l'étais, je pense que oui, autant qu'on peut l'être lorsque l'on est plongé dans les émotions de l'adolescence, heureux et terriblement malheureux en même temps, empli de joie et de légèreté, d'angoisse et de cette infâme terreur qui nous ronge.
J'espère de tout mon cœur que d'autres auront pu te connaître aussi bien que je l'ai pu, parce que tu fais du bien au monde, parce que tu es une des plus belles personnes que j'aie rencontrées dans ma vie et que la vie ne peut plus être aussi belle sans toi qui en fais partie.
Je sais que de toute façon même le jour où tu ne seras plus là, toi en tant que personne, je sais que tout ce qui est bon en toi subsistera, sera transmis à d'autres, autrement. Mais curieusement, cette fois, ça ne m'apaise pas du tout. D'accord le monde gardera ta splendeur, ta magnifique douceur, mais toi, auras-tu été heureux ? Auras-tu su à quel point tu étais bon ?
Je ressens toute l'urgence de dire à quel point tu es une personne formidable. Comme si je ne l'avais jamais fait, jamais comme je l'aurais dû. Parce que je réalise aujourd'hui seulement à quel point je n'y pouvais rien. Je réalise que je ne peux rien faire même aujourd'hui, à part me taire. À part dire combien tu es beau là où je sais que tu ne le verras pas. Quelle douleur de comprendre enfin que je ne peux pas, que je n'ai jamais pu faire quelque chose pour toi. Que la seule chose que je peux faire pour toi c'est de te laisser vivre, de lâcher jusqu'à mes plus profonds souvenirs, et je ne sais même pas si cela marchera.
J'espère, de toute la force de mon cœur, que tu es là, et que tu es heureux. Parce que tu fais partie de toute la beauté de ce monde. Parce que rien ne sera jamais aussi bon lorsque tu ne seras plus. Parce que je voudrais que d'autres le sachent, et te reconnaissent cette beauté.
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mercredi 28 août 2013
Cigarettes à Paris
Ecrit par Mimille à 15:31
— Catégories : En consigne, En mots
Je suis montée à Paris pour participer à une émission de radio. Après l'enregistrement, j'ai marché avec l'un des invités, la soixantaine, un chapeau, et une voix qui me donnait des frissons. On a marché longtemps, jusqu'à chez lui, il habitait dans un quartier très chic. Sur le trottoir, à un moment, j'ai croisé mon ex petit ami ; étonnant, je ne l'avais jamais revu depuis et il n'était pas censé se trouver là.
On parlait beaucoup, l'homme âgé et moi. Au détour d'une ruelle, mon ex m'a brusquement agrippée, il avait les mains pleines de boue et essayait de m'en barbouiller le visage en me traitant de salope. L'homme âgé m'en a dégagée.
On est allés boire un verre dans un café. Je le regardais. J'ai roulé une cigarette, il m'a dit de la lui offrir, en a roulé une de son tabac et me l'a donnée. Nous sommes allés fumer dehors. Son tabac était trop fort pour moi, mais c'était comme si j'avais son goût à lui dans ma bouche.
Il m'a dit "Bon, je te ramène en voiture." Nous sommes allés chercher sa voiture, il m'a raccompagnée, dans mon quartier beaucoup plus populaire. Il n'y avait pas d'électricité dans mon appartement, et mon ex nous attendait pour nous agresser à nouveau.
Le lendemain il y devait y avoir un énorme vide-grenier dans mon quartier, nous attendions ça avec impatience, ça promettait d'être une journée très sympa. Mais il a plu comme vache qui pisse toute la journée, et nous sommes restés dans notre café habituel, avec mes vieux amis. Des vieux amis avec qui j'ai passé une journée à retrouver les blagues d'il y a 20 ans, j'étais touchée mais je m'ennuyais terriblement, je ne me sentais plus à ma place.
Quand je suis rentrée chez moi il y avait un cheval en liberté qui broutait les quelques herbes devant l'entrée du bâtiment. La porte à côté de chez moi était entr'ouverte, il y avait une nouvelle locataire, une femme avec deux jeunes enfants dont un qu'elle portait dans son dos. Nous avons discuté ; elle m'a expliqué qu'elle me connaissait, qu'on avait été à la fac ensemble. Je n'avais aucun souvenir d'elle.
Elle faisait aujourd'hui une formation d'infirmière. Je lui expliquai que j'étais ici pour une année de DEA de philo, avant de commencer ma thèse, que j'avais pensé que c'était sans doute le seul moment de ma vie où je pourrais découvrir la vie à Paris et que c'était pour ça que j'étais venue faire cette parenthèse dans mon cursus.
Pour entrer dans mon appartement en travaux, il fallait que je contourne tout le bâtiment en escaladant les balustrades. Et arrivée presque au bout je me suis retrouvée coincée, j'ai dû faire demi-tour.
Je détestais cet endroit, cette ville, je m'y sentais horriblement mal à l'aise, décalée, jamais en sécurité. Je repensais à cet homme, à ce moment magique et plein de tension de nos cigarettes échangées. J'étais coincée sur la façade du bâtiment...
...c'est là que ma fille est montée sur le lit et m'a réveillée.
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samedi 3 novembre 2012
Jouer juste, ou ne pas jouer
Ecrit par Mimille à 11:13
— Catégories : En consigne, Instantanés, Parentalité
Quelques instantanés de ces derniers temps.
* Je regarde ma fille qui joue de la mandoline. Enfin, qui joue... elle gratte les cordes avec frénésie puis vient me voir "Bientôt Papa il va me faire une guitare comme lui." L'ennui avec un parent musicien c'est qu'il faut que les instruments soient justes, ce qui n'est jamais le cas des jouets pour enfants.
(Faut dire, c'est pas moi qui vais le lui reprocher — juste que j'aimerais tellement qu'elle puisse faire un peu de piano, vu qu'elle a l'air d'adorer ça, et pour ma part je serais tentée de préférer un piano un peu faux plutôt que pas de piano du tout.)
* Il est 13h. Matinée à se balader au marché de la petite ville d'à côté, de jolis légumes plein les sacs, le rayon de soleil de midi nous a encouragés à nous installer dehors pour déjeuner. Repas en polaire sur la pelouse humide, mais repas au soleil, tous heureux (chienne comprise). J'aime l'automne et toutes ces scènes de saison.
* Moi en train de faire un gâteau. Je n'arrête pas ces temps-ci... mon homme grossit et moi aussi ! Dans mes éternels moments de questionnements existentiels (et néanmoins totalement inutiles) je me prends à me demander si ce n'est pas un manque d'amour maternel qui réapparaît avec ma propre maternité et tout l'amour qui me sort de partout, tout le temps. Ou alors un trop plein à canaliser peut-être, dans les sucreries ! En tout cas mes amis adorent, parce que les desserts ça se partage. Mon portefeuille apprécie un peu moins.
* Le silence de la maison le soir après le coucher de la demoiselle. La plupart du temps, je suis tellement fatiguée que je me couche encore en même temps qu'elle. Mais quelques rares fois j'arrive à me relever et profiter de quelques temps, mon mari et moi seuls au monde, dans la nuit dehors et la maison calme et sombre. On chuchote, on se blottit l'un contre l'autre, rien que nous deux, on regarde un film.
Bon, tout ça ce sont de belles images. Les moins belles, on va les laisser dans un coin et attendre que de meilleurs jours reviennent...
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dimanche 14 octobre 2012
Jean Ferrat
Ecrit par Mimille à 13:07
— Catégories : En consigne, En musique
Déménagement fait, et nouvelle connexion à internet. Ouf, ça a été long.
Dimanche dernier on a été dans un vide-greniers. On a trouvé une super collection de disques de Jean Ferrat, quasi neufs, à un prix dérisoire. Alors on a dû aussi se trouver une platine pour les écouter parce qu'on n'en avait plus...
Et depuis, j'ai pu me rendre compte à quel point je connaissais bien Jean Ferrat. Je me souvenais que mes parents l'écoutaient quand j'étais petite, mais je pensais qu'ils avaient juste une cassette. En fait, je connais au moins les 3/4 des disques, et y'a un disque par année.
Et il y a une chanson particulièrement que j'ai reconnue. Une chanson un peu égale aux autres, elle n'a rien d'extraordinaire. Sauf qu'elle m'a complètement retournée. Je ne saurais pas dire ce que ça a provoqué en moi. J'en pleurais... sans savoir pourquoi. Bizarre. C'est vraiment étrange les souvenirs parfois.
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jeudi 13 septembre 2012
Ma vie à moi
Ecrit par Mimille à 17:08
— Catégories : En consigne, Parentalité
Quand j'ai repris ici je me suis dit (entre autres) "Allez, ça va te changer, tu ne vas pas parler QUE de ta fille tout le temps..." Oui, bon. Mais de quoi parler alors que ça fait 2 ans que je ne fais que ça ? Jour et nuit, 24 heures sur 24, tous les jours. Plus de métier, plus d'envies, plus de temps, de courage, de force, d'énergie... plus d'envie.
Au début c'était chouette. Pouvoir me consacrer à mon bébé autant que je le voulais. Pouvoir répondre à tous ses besoins sans jamais me demander comment gérer d'autres priorités en même temps. C'était toujours elle avant tout.
Puis, progressivement, c'est devenu elle à la place de tout. Chéri, tu fais à manger ou tu t'occupes de la petite ? Tu fais les courses ou tu t'occupes de la petite ? Ok, je m'occupe de la petite. Elle pleure ? Ok, passe-la moi, je m'en occupe. Elle se réveille la nuit ? Pas de problème, je la fais téter, elle va se rendormir. Elle a du mal à s'endormir ? Ok, je m'en occupe.
Je m'en occupe.
Je m'en occupe...
Je suis à un moment où j'hésite beaucoup entre penser qu'elle va se réguler elle-même et que spontanément, lorsqu'elle aura moins besoin de moi, elle me réclamera moins, et que l'accompagner autant que je le peux est la meilleure façon d'en faire une personne confiante, sûre d'elle, sereine ; ou alors penser qu'elle ne va pas d'elle-même décider d'arrêter de s'endormir au sein parce que c'est trop bon, décider de se mettre à jouer un peu seule parce que papoter toute la journée avec maman c'est trop bien, décider d'aller vers les autres parce que maman elle est toujours patiente et disponible et aimante (enfin c'est une maman, quoi).
Je ne peux évidemment pas me fier à des lectures, ni à des témoignages, ni à des avis personnels. J'aime entendre les témoignages, les histoires des autres, parce que ça me rassure de constater qu'il existe de telles différences ! Chaque histoire est unique.
Mais alors, dans notre histoire à ma fille et moi, c'est quand que je peux reprendre un tout petit bout de vie rien qu'à moi ?
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dimanche 29 mai 2011
L'insoutenable amour de l'être
Ecrit par malie à 22:38
— Catégories : En consigne, Parentalité
On était en train de rentrer à la maison, on écoutait la radio, c'était les infos. On ne pouvait pas s'empêcher de ponctuer chaque nouvelle information par des commentaires encore plus négatifs que ce que l'on entendait, et progressivement on a dévié vers une discussion généraliste dans laquelle tout était motif de dégoût. Dans ces moments-là je ne comprends plus l'humanité, je ne me sens aucunement en phase avec mon espèce, je déteste ça. Je pleure alors sur ce monde où je ne peux m'empêcher de penser de demain sera toujours pire qu'aujourd'hui, à tous points de vue.
Je me dis que le monde est pourri et je ne vois aucune piste pour que ça s'arrange, au contraire tout ce qui me vient à l'esprit ce sont des sujets où je crains ce qu'il adviendra de nous dans les 5 ou 10 ou 50 ou X années à venir. Plus rien n'est positif, rien n'est encourageant, tout est grave et lourd et complexe. A quelle vitesse est-on en train de détruire l'humanité, et de détruire la planète ?
Je me tourne vers ma fille, qui dort paisiblement dans son siège auto. Je ne peux m'empêcher en la regardant de penser à ces gens qui déclarent refuser d'avoir des enfants parce que le monde est trop pourri. Je me dis que, tout compte fait, ils n'avaient peut-être pas tort, que c'est rudement égoïste de donner la vie à des enfants dans un contexte si minable, si insoutenable, si honteusement nul.
Je lui caresse les cheveux.
Cette enfant est la plus douce, la plus merveilleuse créature de l'univers. Je ne l'ai pas mise au monde dans un monde de brutes : elle est l'exacte antithèse de tout cela. Dans son regard se concentre toute la beauté du monde. Cet être extraordinaire est elle aussi le monde, et alors le monde est beau, et alors la douceur existe, et alors toute l'humanité est sauvée par son existence, par le simple fait que c'est possible d'exister et d'être bon. Rien que cela, sauve tout.
J'aime ma fille, et parce que cet amour existe, parce qu'il me permet d'être émerveillée, soulevée de cette tristesse où je suis enlisée, et alors le monde est merveilleux.
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mercredi 11 mai 2011
Un pas après l'autre (mais tout de même, c'est le printemps)
Ecrit par malie à 18:41
— Catégories : Balades herboristiques, En consigne, En photo, Nature, Parentalité, Provence, Var
Comme le temps passe vite ! En fait je ne sais pas par où (re)commencer, pas envie de faire un résumé de "ma vie entre temps", pas envie non plus de reprendre comme si je n'avais jamais arrêté parce que... parce qu'il m'était venu une certaine aisance, une certaine légèreté avec la pratique quotidienne que j'ai perdues avec le temps passé depuis.
Mais comment faire alors ?
Je pourrais commencer par mettre un cliché d'un genre connu. Orchis anthropophora, l'orchis "homme pendu". Bien contente d'en avoir trouvé une station tout près de chez moi (dans un endroit tout à fait inattendu, comme d'hab'), puisque je n'en avais jamais vu en vrai encore.
Mais c'est difficile comme tout de reprendre la photo herboristique avec un bébé porté, même dans le dos. Elle n'a évidemment pas la même patience que moi pour ces choses ; bien qu'elle soit en ce moment complètement fascinée par les arbres, alors je me fais une joie de lui montrer en détail toutes les espèces qu'on croise (quand je pense que tous ses premiers mois j'attendais avec impatience de lui faire toucher un arbre !).
Et elle goûte à tout évidemment, y compris les fleurs... une pâquerette (pas grave) et un iris (moins bien) en ot déjà fait les frais depuis le début de la semaine.
Ah ! Tiens... (un coq-à-l'âne total) je devrais faire des post antidatés, sur les couches lavables, sur mes modes de portage, sur la diversification, sur l'allaitement, sur le cododo, sur l'éducation non violente, sur la couture, sur le projet de naissance sans violence,... et puis aussi sur le travail (ou pas), et puis sur la vie en général, et sur tout ce qui a changé, et sur les chevaux, et sur les plantes, et sur, et sur...
Mais pourquoi antidatés en fait ? Peut-être parce que ça m'impressionne beaucoup, tout ce qui s'est passé, pendant tout ce temps loin d'ici.
C'est comme le début de chaque chemin : il faut commencer par un premier pas puis un autre et un autre, et une fois qu'on en a fait quelques-uns ça devient très vite plus facile. Allez allez, le plus dur c'est de commencer, et ça c'est déjà fait.
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mardi 12 avril 2011
Mentir pour protéger
Ecrit par Mimille à 23:51
— Catégories : En consigne, Parentalité
Je suis loin d'être une personne parfaite. J'essaie de m'améliorer régulièrement, malgré tout. J'essaie de me rapprocher de ce que je préférerais être, lorsque je ne suis pas heureuse de ce que je fais. Mais c'est difficile. Même de savoir ce que je préférerais m'est difficile, parfois.
On parle d'une situation sur un forum de discussion. Je raconte que, ne sachant pas comment faire autrement, j'ai préféré mentir à des amis pour protéger une minorité en danger. On me tombe un peu dessus : cela choque que j'envisage que mentir puisse être une solution possible. Je le comprends. Mais je trouve ça tellement minime par rapport à ce que j'avais tâché d'empêcher par mon mensonge !
Alors je me sens attaquée. Même si ce n'est pas vraiment le cas, j'ai un mal fou à supporter que l'on remette en question ce que je fais. Je sens bien que je deviens de mauvaise foi, même si j'essaie de ne pas l'être, même si j'essaie de rester honnête, c'est tellement difficile. Non, je ne me mets pas à mentir pour autant, mais... j'aime pas qu'on me dise que c'est pas bien ce que j'ai fait. Même si je suis d'accord ! (peut-être même surtout si je suis d'accord ?)
Je ne regrette pas d'avoir menti ce jour-là, dans cette situation-là. Ne serait-ce que parce que même si ce n'était sans doute pas la solution idéale, c'était alors la meilleure que j'avais trouvée et c'est celle qui aura causé le moins de mal, et c'était ça que je voulais. Donc, j'assume mon mensonge.
Mais je reste d'accord avec les filles qui me disent que mentir de doit pas être une solution viable, que mentir ne peut pas être la seule solution possible, qu'il y a toujours une alternative. Et là je me demande : qu'est-ce que j'aurais pu faire d'autre ? Si la situation se présente à nouveau, qu'est-ce que je pourrai faire pour ne pas mentir et pour ne pas causer plus de souffrance que si j'avais maintenu mon mensonge ?
- - - - - - - -
Et pendant ce temps, j'ai senti sous mes doigts un tout petit bout de quenotte qui a percé aujourd'hui dans la bouche de ma fille... tout cela passe si vite et j'ai un mal fou à réaliser que ça sera devenu de lointains souvenirs dans 10 ans, 20 ans, 50 ans... sa première dent.
Maman, c'était quand ma première dent ? C'était avant tes 8 mois ma chérie. C'était le printemps, un jour où le mistral s'est levé après déjeuner, des amis étaient venus manger à la maison. On avait bien ri, ton père avait discuté avec un vendeur de scie portative du Haut Verdon, tu avais fait une belle sieste dans l'après-midi et en te réveillant, tu avais ce petit bout de dent qui pointait dehors.
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jeudi 24 mars 2011
Avant d'aller dormir
Ecrit par Mimille à 22:05
— Catégories : En consigne
Le bébé dort dans la chambre, le mari s'est assoupi sur le canapé, le radiateur crépite doucement, les chiens sont silencieux, l'heure est lente et calme : le moment idéal pour laisser une nouvelle trace ici.
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mardi 1 décembre 2009
Remue-ménage
Ecrit par malie à 06:12
— Catégories : En consigne, En question
Flux de pensées d'hier soir en vrac.
Je reproche à mon mari de ne jamais accepter de relativiser son point de vue, de le prendre pour LA réalité, LA vérité. D'être incapable de tenir compte de mon ressenti lorsqu'il est différent du sien, de le considérer alors comme faux, comme inutile. À bien réfléchir ce sont des choses que je me reproche à moi-même, bien sûr. Moi qui croyais être tolérante ! Moi qui me fais un devoir de prendre en compte l'avis de gens, leur vision des choses ! Non, non non non, en fait je les écoute bien, oui, mais je considère toujours que c'est faux, qu'ils ont tort, qu'ils ont une vision déformée des choses et que c'est moi qui détiens LA vérité.
Je ne supporte pas que l'on ne tienne pas compte de ce que je dis. Pas nécessairement que l'on soit d'accord, mais qu'on l'entende, que l'on fasse l'effort de moduler les échanges en fonction de ce que chacun met en jeu. Donc c'est sans doute quelque chose que je ne sais pas faire moi-même, même si je pensais que j'y arrivais si bien !
Ça a mis en avant autre chose aussi. Lorsque je suis née ma mère n'était pas en état de s'occuper de moi. On a endormi ma mère, on l'a découpée, on m'a éjectée brusquement de mon monde maternel sans aucun temps de transition, on m'a posée dans une boîte en plastique, et on m'a laissée là, seule, des heures durant. Sans rien m'expliquer, sans tenir compte de mes sensations, de ma terreur, de mon incompréhension, on m'a juste posée dans un coin, on n'a pas tenu compte de moi, on a fait comme si je ne comptais pas. Lorsque je suis venue au monde, j'ai cru que je ne comptais pas. Tout le monde se fichait bien de ce que je pouvais ressentir ! Je me suis retrouvée abandonnée, et ne pouvant pas en connaitre la raison j'ai pensé que c'était moi, la raison. Je me suis griffé une joue. Parce que c'était moche d'être là toute seule, parce que j'étais moche, parce que je souffrais, parce que j'étais incapable de faire quoi que ce soit d'autre.
Parce que je suis née comme ça, j'ai à la fois une peur terrible qu'on ne me voie pas, et une fichue tendance à me cacher en même temps. Je veux que l'on m'aime mais je n'ose pas toucher les gens. Ah, toucher... lorsque je suis née, moi qui avais jusque là été constamment en contact avec un corps, moi qui ne concevais l'existence qu'avec l'accompagnement de ces sensations organiques, brusquement on ne m'a plus touchée, on m'a même consciencieusement déposée dans un endroit où l'on ne risquait pas de me toucher. Alors c'est ça, la vie ? C'est le moment où l'on ne peut plus sentir le monde ?
Je veux tenir compte des gens dans ma vie, je veux faire partie du monde en le prenant tel qu'il est, mais je porte bien plus qu'une cicatrice, une véritable fracture ouverte, celle d'avoir été mise au monde sans que l'on tienne compte de moi. Comme si, même dans ce moment qui était à moi, pour moi, même là je ne comptais pas. Je n'avais aucune importance. Je pouvais bien ressentir ce que je voulais, avoir besoin d'une chose ou d'une autre ça n'avait aucune importance : en couveuse, rangée dans un coin, comme tout le monde !
Alors je ne perçois le monde qu'au travers de cette douleur, dans un va-et-vient constant entre ma main qui se tend pour toucher le monde, et qui se retire précipitamment de peur de se brûler. Comment arriver à prendre ma place dans un monde qui s'en fout éperdument que j'existe ? Comment arriver à tisser des liens avec des gens, des gens qui vont me ranger dans une boite et me laisser de côté ?
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vendredi 6 novembre 2009
Trop (c'est trop)
Ecrit par malie à 20:09
— Catégories : En consigne, Simplicité volontaire
Je veux faire trop de choses.
Finies les listes de choses à faire, si je dois en faire tellement pour jamais ne rien oublier c'est que j'ai trop de choses à faire et que de toute façon je ne pourrai pas tout faire. À quoi bon faire des listes pour quand j'aurai du temps ? Je n'en aurai jamais plus que ce je me donne déjà aujourd'hui. Ou alors ce ne sera pas pour le remplir de toutes ces choses que j'avais notées en d'autres temps.
Trop de choses à faire, ça veut dire aussi arrêter de dire oui à tout, arrêter de proposer de l'aide supplémentaire, et surtout, surtout : accepter de n'avoir pas tout fait. Ce n'est pas parce que je suis capable de faire tant de choses que je suis obligée de toutes les faire. Et puis, pour la plupart, d'autres peuvent les faire aussi. Ou alors elles ne sont pas obligatoires. Ou alors elles peuvent attendre. Ou alors j'assumerai de ne pas les avoir faites, ou pas à temps.
Je ne peux pas tout faire, tout le temps. Ça ne m'empêche pas de faire plein de choses. La prochaine étape sera de faire moins de choses...
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lundi 1 juin 2009
Des gens, des animaux et tant d'avenirs possibles
Ecrit par malie à 13:45
— Catégories : À la ferme, Avec les chevaux, En consigne, En question, Postdocteure, Recherche mon amour, Simplicité volontaire, Thèse and Co.
Je n'arrive pas encore tout à fait à le croire, mais pendant les quelques mois qui commencent aujourd'hui je devrais me sentir mieux. Beaucoup de choses s'y prêtent. Je retrouve un milieu connu, aimé. Différent certes parce que quitté il y a quelques années, ayant évolué, autres personnes autres lieux autres statuts. Mais alors que je n'y suis même pas tout à fait encore quelques liens se sont immédiatement retissés, ont repis leur place tout naturellement dans la trame.
C'est là que je me dis qu'on a beau dire, on a beau aller chercher ailleurs parce que c'est ce qu'on nous demande de faire, parfois ce n'est pas nécessaire. Parfois ça ne fait que durcir le coeur. Ça ne fait que voir les parties sombres auxquelles on avait eu la chance d'échapper. Instructif ? Sûrement. Et destructif tout autant.
C'est comme revenir au pays. Rentrer à la maison. Rouvrir les yeux après un cauchemar et retrouver son chez-soi.
Je ne veux pas non plus trop y croire, parce que ça ne passe jamais comme on l'attend, parce que ça se passe toujours autrement que ce à quoi l'on s'attend. Parce qu'on me l'a trop fait. Parce que je suis brisée. Parce que je vis un peu ça comme un bouquet final, et que cette impression me fait le double effet d'un plaisir et d'une menace.
Ne pas refermer les yeux sur ce que je suis. Ne pas m'oublier dans ce monde qui ne pourra être le mien que si je peux y croître selon ma propre nature. Ne plus chercher à adopter les volontés des autres.
Je veux profiter de ce moment pour vivre ma propre vie, la mienne, celle que je peux vivre. Mes mots ont déjà changé je le sens, et tous ne sont pas prononcés sous l'effet du dépît. Je crains moins le jugement, j'ai par conséquent aussi moins besoin de dire comment je vois les choses à tout bout de champ, ce qui m'évite de récolter tous les avis qui passent, et me sont inutiles, et me sont nuisibles. Je veux pouvoir aimer les gens sans leur reprocher de ne pas soutenir mes choix. Je n'ai pas besoin de leur demander leur accord, ni même de leur exposer mes envies — qui au demeurant, pour l'essentiel sont de me laisser du temps pour réagir en fonction de ce qu'il se passera, en sachant grosso modo ce que je veux, et en restant ouverte aux opportunités qui me permettront d'y parvenir.
Ne plus vivre en opposition, me laisser échanger avec mon milieu, mon "écosystème à moi" aussi complexe qu'il puisse sembler. Laisser chaque élément exprimer l'influence qu'il voudrait avoir sur le tout, y réfléchir et en tenir compte. Me pardonner, être indulgente, tolérante, aimante envers moi-même. Personne ne le fera à ma place.
J'a fait des trucs très bien et aussi plein de trucs nettement moins bien ces derniers temps. Il y a des jours où j'ai les nerfs en pelote, des moments où j'ai envie de m'enfoncer dans un trou de souris. Il y a des fois où je me lance dans une activité constructive pleine d'entrain au détriment d'autres choses que je devrais faire ; que je ferais mieux de faire, si j'étais une machine et que je fonctionnais uniquement sous l'impulsion d'un savant calcul de rendement relatif de chaque chose à faire. Je ne suis pas une machine, et même que j'ai le droit parfois de faire autre chose que ce que je devrais faire, que ce qu'on me demande de faire. Dans les cas où j'en suis consciente, et d'autant plus dans ceux où je ne le suis pas. Et même si je me rends compte ensuite que c'était une erreur.
Le vent se lève. Il fait si beau. J'ai caressé "mon" (*) cheval ce matin. J'ai discuté d'humanité qui se rencontre, de climat alpin, de solaire photovoltaïque, raconté une vieille histoire dans un nouveau contexte. J'ai goûté les rayons du soleil, le silence et les animaux de la ferme au matin. Poules, pintades, lapins au p'tit cul blanc qui batifolent dans l'herbe, chiens, chats et chevaux ; ânes et vaches plus bas. J'ai bu du café, écouté de la musique comme un souvenir d'un week-end de découverte des autres et de moi avec eux. J'ai lu des blogs, pris le temps, rédigé quelques commentaires, répondu à ceux qui m'étaient adressés.
Je vais descendre me faire à manger... ou pas. Je verrai bien. J'ai le temps, ou peut-être pas, mais je m'en fous.
- - - - - - - - - -
(*) Ce n'est pas le mien et bien qu'on le l'ait confié, je peine considérablement à le dire comme ça, même si ça simplifie bien des détours de parole. Mon doigt cassé et mon manque de temps pour lui de ces 2 derniers mois n'arrangent pas ma sensation vis-à-vis de cette situation d'ailleurs.
Tout cela me donne d'ailleurs une lecture d'une simplicité extrême sur cette fracture de l'annulaire : peur de me lier, trop peur que ça fasse mal, tellement peur de ce lien en train de se souder que je préfère briser toute possiblité d'approfondissement : je me casse le doigt (avec son intervention d'ailleurs puisque c'est lui qui a tenu le rôle du "casseur"), je ne peux plus m'en occuper. Le doigt est brisé, le lien aussi. Tout le contexte me fournit en outre plein de "bonnes raisons" pour venir enrichir cet abandon du lien, pas le temps, pas envie parce qu'il est peut-être pas si gentil que ça, il ne me fait peut-être pas si confiance que ça (sinon il m'aurait pas "fait" un coup pareil), et puis si ça se trouve on va peut-être déménager (c'était pendant les concours),...
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jeudi 28 mai 2009
Protégez-moi de mes amis
Ecrit par malie à 08:32
— Catégories : En consigne, Thèse and Co.
Tu dis ça, mais tu ne tiendras jamais, ça va trop te manquer.
Et puis tu ferais quoi, hein ?
Mais non, faut pas lâcher, va y avoir plein de postes dans les années qui viennent.
Tu sais, Machin, il a eu son poste au bout de 4/5/6 ans...
Si tu lâches maintenant, tu es bien consciente que ça sera ex-trê-me-ment difficile de revenir dans la course ensuite, tu le sais, hein tu le sais ?
Non, c'est pas ça qu'il faut faire ; ce qu'il te faut, c'est des publis.
Et un postdoc à l'étranger. Y'avait Truc qui te proposait quelque chose, c'est une super fac, qu'est-ce que tu attends ?
T'aurais dû déménager, ça a été ta première erreur.
C'est sûr que si tu le prends comme ça, je veux / je veux pas, tu y arriveras jamais... il faut savoir ce que tu veux !
Mais non c'est pas si dur ! C'est juste qu'il y a beaucoup de bons candidats, c'est tout.
Et puis on sait jamais, regarde Bidule, elle a été recrutée alors que personne ne l'aurait imaginé.
On passe tous par des moments difficiles, mais ça va passer, faut garder courage.
Et puis regarde, tu enchaînes les postdocs, c'est tout de même super. Y'en a qui n'ont pas cette chance.
Et pourquoi tu tenterais pas le privé ?
...
Mes ennemis, je m'en occupe. Mais ça !
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mercredi 27 mai 2009
Ce qui ne nous tue pas, etc.
Ecrit par malie à 09:07
— Catégories : En consigne, Postdocteure, Recherche mon amour, Thèse and Co., Université mon amour
J'aurais voulu titrer "Une nouvelle vie s'ouvre", et même que, d'une certaine façon, je pourrais le faire. Mais ce n'est pas exactement ce que j'attendais. Ce que mon orgeuil attendait en tout cas. Ce que mon naïf espoir dans les contes de fées où le héros gagne à la fin, attendait.
Campagne de recrutement enfin terminée. La troisième. Toujours rien. Et j'y ai cru encore cette année, j'ai cru en lisant certains descriptifs de postes que je saurais être la bonne dans 2, peut-être 3 cas. On ne m'a laissé ma chance que dans un seul, qui s'est finalement conclu un peu comme les autres, par une déception, toujours un peu la même, toujours pour ces mêmes raisons que la majeure partie des jeunes docteurs en recherche de poste connaissent, ce qui fait que l'on devient usé avant l'âge, blessé, vaincu, amer, blasé, haineux parfois. Pour des raisons qui n'ont rien à voir avec le travail.
Alors en l'espace de quelques heures, je suis passée de la colère (envie de claquer la porte de mon labo — qui n'avait pas grand-chose à voir avec la situation — en hurlant ma rage), au fatalisme (j'aurais pas dû y croire, je sais trop bien comment ça fonctionne, ben si c'est comme ça j'arrête, puisque je n'arriverai jamais à être la personne arrivant dans les conditions — politiques, disons — requises), puis au désespoir (j'ai gâché ma vie jusqu'ici, j'ai consacré 30 ans à constuire quelque chose qui est sans espoir, comment est-ce que ja vais bien pouvoir réussir ma vie à présent, je suis foutue), et finalement à la simple tristesse (je suis dégoûtée, donc j'arrête, je prends le temps de me reconstruire, je prends du recul, et puis si jamais un jour j'ai envie de tenter le coup à nouveau on verra bien, mais pour l'avenir immédiat c'est fini).
Tristesse de devoir abandonner quelque chose qui me tient à coeur, depuis longtemps, quelque chose dans laquelle j'ai beaucoup investi. Mais c'est un peu comme dans Les invasions barbares, quand la junkie constate que tout ce que le héros aime dans la vie ce sont des choses dont il ne peut plus jouir à présent, et que donc cette vie-là qu'il aime, est révolue : ce n'est pas ce que j'ai fait ces dernières années qui m'a plu, c'est ce que je faisais avant. Depuis que j'ai commencé à faire des choses contre lesquelles je m'élevais au départ (faire des contrats courts, écouter les autres qui me disaient qu'il fallait être mobile), je me suis usée. J'y ai perdu mon temps, mon énergie, mon entrain, mes capacités à m'investir (comment faire des choses constructives quand on est là pour un an et qu'il faut ce temps-là au moins pour prendre ses marques quelque part, pour s'imprégner du lieu et de ses us ?), ma volonté, mon imagniation et mes idées.
Fatigue d'entendre qu'il faut être mobile, sortant de la bouche de maîtres de conférence qui se recrutent en local sur les postes de profs (...et où ils avaient déjà été recrutés localement en MCF). Fatigue de l'entendre encore et toujours, même alors qu'on l'est depuis 3 ans. Fatigue de constater que ça ne sert à rien puisque de toute façon, un énorme dossier ne sert, au mieux, qu'à passer derrière des candidats à qui l'on ne demande ni d'être extérieur, ni d'être mobile, ni même d'être forcément meilleur. Au pire, ça sert à être écarté d'un concours pour éviter la concurrence.
Alors j'ai pleuré, pleuré, souvent depuis 36 heures, pour diverses raisons.
Ça fait tellement bizarre de penser que ça y est, j'y suis, le moment est arrivé de passer à autre chose. Et puis ça ne se fait pas vraiment comme je l'avais pensé, puisque j'ai devant moi quelques mois de bonheur scientifique en perspective, quelque chose d'inattendu mais qui tombe à pic, de quoi finir en apothéose (et sans la pression des concours, cette fois), de quoi retrouver mes plaisirs initiaux à ce métier juste avant de le mettre de côté.
C'est à la fois très chouette et effrayant.
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lundi 27 avril 2009
Tant de
Ecrit par malie à 12:10
— Catégories : Désencombrement, En consigne
Un timide rayon de soleil ose passer au travers des nuages gris. Ça fait un bien fou, cette lumière inattendue, même si ça ne durera pas.
J'ai des envies, et le trac de les mettre en pratique. Comme je l'ai si souvent décrit ici, jour après jour, année après année, je n'ose plus choisir entre toutes ces choses à faire, parce qu'en choisir une c'est laisser les autres de côté et en culpabiliser.
Je voudrais avancer sur mon travail parce qu'il ne me reste plus beaucoup de temps pour obtenir des résultats. Je voudrais continuer de coudre de nouvelles housses pour le canapé du salon parce que j'ai commencé et que ça me plaît bien, et que c'est tellement plus joli. Je voudrais coudre aussi un genre de vide-poches que j'ai dessiné parce que ça serait pratique, mais j'ai peur de ne pas tout avoir pour le poser ensuite et j'ai peur que mon mari trouve ça moche. J'aurais voulu voir un peu des gens ce matin, mais à l'heure où je suis allée à la ferme il n'y avait personne, alors que j'avais envie de papoter, je n'ai pas eu assez le temps de le faire la semaine dernière. Je voudrais peindre les barrières en bois dehors mais on n'a pas encore trouvé la peinture que l'on cherche ; et puis de toute façon il pleut sans arrêt en ce moment. Je voudrais ranger quelques parties de la maison qui trainent encore, mais je sais que je ne peux pas le faire parce qu'il manque des éléments pour monter les étagères sur mesure pour les murs, pour récupérer les étagères pas-sur-mesure et les mettre ailleurs, pour ranger de nouvelles choses dedans et dégager des cartons... mais il manque deux-trois petits bidules pour monter les étagères sur mesure et je ne peux pas faire sans, et toute la suite est bloquée...
Qu'est-ce que j'aimerais avancer dans le rangement de la maison ! Là, ce n'est jamais dégagé, jamais rangé vraiment, on ne peut pas y voir clair, et du coup c'est tellement difficile de passer à l'étape qui suit l'emménagement : l'aménagement. Et qu'est-ce que ça me ferait plaisir de pouvoir commencer à aménager les pièces !
En même temps, cet état de ma maison (de toutes celles que l'on a habitées durant ces dernières années) correspond assez bien à mon état d'esprit du même moment. Et en pensant à ça de cette façon, je me dis que je devrais peut-être essayer de concentrer mes efforts sur une pièce d'abord, peu importe laquelle, et la finir, question d'avoir au moins celle-ci dans laquelle je pourrais au moins me sentir enfin entièrement chez moi, sur laquelle je pourrais reposer ma satisfaction, et que je pourrais utiliser comme motivation pour le reste. Bon, du coup il faudrait que je commence par trouver quelle serait la pièce que je pourrais finir... si tant est qu'il y en ait une, parce que je crois bien que si je ne l'ai pas encore fait, c'est parce que ce n'est simplement pas possible... quel casse tête...
Sur ce, je vais descendre checker ma liste de choses à faire en espérant y voir subitement apparaître, entre les lignes barrées et celles restantes, l'expression d'une vérité transcendentale (*) qui m'aurait échappé jusqu'à présent et qui viendra éclairer ma vie d'un jour nouveau...
...ou bien, je vais peut-être tout simplement y chercher une idée de truc faisable.
Entre temps, le rayon de soleil a disparu.
- - - - - - - -
(*) J'hésitais, alors j'ai cherché si on écrivait "transcendantal" ou "transcendental". Apparemment en français on peut écrire les deux. En anglais par contre ça prend toujours un -e- (d'où la différence de nombre de résultats quand on tape l'une et l'autre orthographe dans Google).
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lundi 20 avril 2009
Toujours plus
Ecrit par malie à 11:03
— Catégories : En consigne, Les autres
Je parle de ceci pour ne pas aborder cela.
Lire dans des yeux nouveaux la pétillance d'un sourire.
Partager un instant de connivence inattendue.
Parler, doucement, calmement. Rire.
Se laisser même, parfois, aller à un profond silence, sans besoin de le combler.
Pouvoir laisser voguer son regard sans se poser de question.
Réaliser que l'on est entré dans le cercle proche.
Mais, aussi, en vouloir trop, tout de suite, à tout prix.
Vouloir que le temps soit déjà passé.
Craindre d'effrayer par trop de franchise, trop de mots.
Attendre, trop. Hésiter. Attendre encore.
Ne pas savoir l'autre. Tâtonner.
Se retenir pour ne pas effrayer, par peur de commettre une erreur.
Poser des questions / se poser des questions. Vouloir des réponses que l'on a déjà. Ne pas savoir lire, voir, entendre, ni en soi ni dans les autres. Hésiter, hésiter tout le temps, ne pas savourer le présent, ressasser indéfiniment, se cacher alors que l'on veut se montrer, craindre qui l'on est et qui l'on pourrait être, craindre l'autre alors qu'on voudrait le connaître. Peser, repenser, se demander, réviser, remettre en question, comprendre une chose puis son contraire, et s'interroger à nouveau.
J'ai besoin en excès qu'on me manifeste que l'on m'aime parce que j'en suis incapable moi-même. Mais j'y reste aveugle et j'en veux toujours plus. Je veux du voyant, du débordant, de l'intarissable, du nouveau, de l'inattendu, du généreux, sans cesse. J'y étouffe ma spontanéité, mon naturel, ma confiance en moi et dans les autres.
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jeudi 16 avril 2009
La liste, 2 : Une toute autre
Ecrit par malie à 13:23
— Catégories : En consigne
Je me suis demandé ce que je pouvais bien raconter ici à la même époque, les années précédentes. Alors en 2006, je faisais une balade à la Sainte Baume. En 2008, je racontais mon poids et ma fatigue de grosse femme enceinte. Et en 2007, je racontais que j'avais retrouvé une liste de choses dont j'avais envie lorsque j'avais 20 ans.
J'en ai 30 à présent. Je n'ai pas fait de liste. Je pourrais le faire, pour la retrouver à 40 ans... ou la comparer avec celle de mes 20 — dont j'avais à nouveau oublié l'existence entre temps.
Alors, disons que je voudrais, dans les 10 ans à venir (ça me laisse un peu de marge ;-)) :
- Avoir eu deux enfants (vivants, autant que faire se peut) ;
- Avoir appris à me faire confiance ;
- M'être installée pour de vrai dans un endroit pour longtemps, sans avoir à me demander si je vais encore devoir bouger dans x temps ;
- Avoir trouvé une activité, ou plusieurs, qui me rendent heureuse et, accessoirement, qui me permettent d'assurer mes besoins financiers ;
- Avoir ancré dans ma vie ce plaisir que j'ai de donner aux activités le temps qu'il faut pour les faire bien ; le faire sans que ça soit un dilemme ;
- Ne plus avoir à faire tant de kilomètres pour travailler ;
- Avoir trouvé une lisière de clairière avec un grand chêne blanc sous lequel je pourrai aller me ressourcer lorsque l'envie m'en viendra ;
- Avoir trouvé la paix, avoir su soulager, consoler, accueillir les démons qui se cachent sous mes paupières ;
- Vivre dans un lieu bio, au fonctionnement le plus naturel possible ;
- Avoir réussi à apprécier mon visage, à le prendre tel qu'il est, à ne plus être surprise lorsque je le croise aux hasard d'un reflet ;
- Avoir appris à apprécier les petites contingences du quotidien, avoir trouvé une façon de les réaliser qui me convienne ;
Je pose ça là. Et on verra dans 10 ans.
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La liste
Ecrit par malie à 09:32
— Catégories : En consigne, Jardinage
Je me suis réveillée un peu avant 6h, il est tombé une forte pluie, et puis plus rien. Le silence revenu, je me suis rendormie, et réveillée bien tard. À présent il fait soleil et le sol est tout mouillé.
Dans mon bureau il y a un autoportrait de mon mari, une aquarelle. Il l'avait posée près de mon bureau dans notre premier appartement, et depuis elle est toujours restée à cet emplacement ; elle manque si elle n'y est pas. Elle n'a plus de vitre de protection et elle a pris la poussière... je la nettoie de temps en temps, mais c'est vrai que je n'y pense pas assez souvent. Ce matin je vois que mon mari l'a déplacée, elle était sur mon bureau et il l'a posée à côté sur l'étagère. Elle est mieux, là.
Lorsque nous avons emménagé ici j'ai commencé à faire une liste de choses à faire, parce que j'aime ça, parce que ça me permet de poser les idées et de ne plus avoir à les garder en tête et qu'elles finissent perdues dans la masse. Fièrement, (utilement,) je l'avais punaisée dans le salon ; mais mon mari ne supportait pas de la voir, il fait partie de ces gens à qui ça fait peur, à qui ça met la pression de voir tant de choses à faire, comme si c'était un ordre, comme si c'était à faire tout de suite, alors je l'ai enlevée et rangée. Mais je la tiens toujours... elle s'est allongée avec le temps, tant de temps déjà (presque le temps d'une grossesse me suis-je fait remarquer hier soir), et deux bons tiers ont été barrés. Ça prouve que même si l'on travaille, même si l'on prend du temps pour voir nos amis, même si l'on prend du temps juste pour nous deux, et pour la ferme, et pour les chevaux, et à présent pour les travaux de l'appartement de la future nouvelle locataire qui arrive tout bientôt, et même si j'ai toujours cette impression que l'on ne s'installe pas vraiment encore une fois, on n'a pas rien fait pour emménager.
Hier j'ai enfin pu poser des tringles pour les rideaux des chambres. Ça a été très compliqué parce que la configuration n'est pas pratique, et puis j'ai dû refaire des rideaux aux bonnes dimensions (d'ailleurs je n'ai pas fini, j'ai changé d'avis plusieurs fois et finalement certains sont encore trop longs), trouver des tringles les moins épaisses possibles, et surtout trouver une idée d'attaches pour que les tringles soient accrochées au plafond, presque tout contre. J'ai tenté plusieurs choses, en vain. J'avais trouvé une nouvelle idée depuis quelques semaines... mais il fallait encore trouver les pièces nécessaires, et les acheter. Hier ça a été chose faite, enfin. Alors je les ai mises en place. Quelle joie de pouvoir enfin avoir des rideaux accrochés autrement que par des punaises. Et une nouvelle ligne de la liste à barrer.
J'ai même pu en barrer une seconde, celle qui concerne un rideau que je devais poser dans les WC. Certes, celui-ci a fini punaisé (!), mais au moins il est posé. Là aussi j'ai un problème de configuration, et je ne sais pas trop comment je vais pouvoir poser une tringle. Mais celui-ci ne bougera pas beaucoup alors il peut rester un peu comme ça, et puis c'est toujours mieux que rien du tout. Ça change tout ! Ça fait du bien.
J'ai également rajouté pas mal de choses dans ma liste ces derniers jours : tout ce qui concerne le jardin, et que l'on n'avait pas encore entamé avant. On a fabriqué quelques séparations, entre le potager et le reste notamment, pour que le chien n'aille pas se coucher dans les fraiches salades comme il en a l'habitude pendant les chaleurs, et on a fait une porte, avec du bois de récup' de la ferme. Il faut maintenant peindre tout cela, et l'on a une idée précise de la couleur : un bleu que l'on avait déjà utilisé dans un jardin précédent, qui allait magnifiquement avec le vert des plantes. Un bleu intense et dynamique. Alors on en a cherché, mais pas encore retrouvé : bah, on cherchera ailleurs.
On a mis quelques graines à germer, on en a semé quelques autres, on a planté des patates. On suit la pousse des pois de senteur et des capucines grimpantes que l'on avait semés à l'automne sur le tour du jardin, complétés par des clématites et quelques vignes sauvages. On regarde notre pauvre et unique plant de rhubarbe sauvé in extremis l'été dernier et qui a l'air de se sentir mieux ici. L'hysope et l'absinthe aussi, se développent mieux ici. Sans doute que la pluie n'y est pas pour rien non plus...
Et puis ces temps-ci, j'hésite. J'hésite parce que l'on a récupéré une commode que l'on devrait prendre il y a longtemps pour la mettre dans la chambre de notre enfant. Puis on a transformé cette future chambre qui n'en fut jamais une en bureau / chambre d'amis, et la commode n'y a plus sa place. Alors je ne sais pas trop où la mettre. Je réalise que je voudrais la mettre dans la chambre du bébé, même si je sais bien que ça n'a plus de sens. Je me demande où l'on mettra mon bureau, où l'on mettra la chambre d'amis lorsqu'un nouveau bébé viendra. Et là, je ne sais pas comment formuler tout cela sur la liste des choses à faire...
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mardi 14 avril 2009
Au réveil
Ecrit par malie à 07:57
— Catégories : Alpes de Haute Provence, En consigne, En photo, Nature, Postdocteure
Plein-voir, gorges du Verdon, avril 2009.
Je me suis réveillée ce matin sans savoir qui j'étais. Plus que ça : sans savoir ce que j'étais. Comme une impression végétale. Étrange. J'ai mis un temps non-négligeable à retrouver mes marques, le lieu, le temps, la nature.
Je n'ai pas pu me rendormir : les lattes du sommier sont vraiment trop nazes.
J'ai réussi à voir le soleil se lever, imprimant son rouge intense sur les carreaux de la cuisine.
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