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lundi 1 juin 2009

Des gens, des animaux et tant d'avenirs possibles

Je n'arrive pas encore tout à fait à le croire, mais pendant les quelques mois qui commencent aujourd'hui je devrais me sentir mieux. Beaucoup de choses s'y prêtent. Je retrouve un milieu connu, aimé. Différent certes parce que quitté il y a quelques années, ayant évolué, autres personnes autres lieux autres statuts. Mais alors que je n'y suis même pas tout à fait encore quelques liens se sont immédiatement retissés, ont repis leur place tout naturellement dans la trame.


C'est là que je me dis qu'on a beau dire, on a beau aller chercher ailleurs parce que c'est ce qu'on nous demande de faire, parfois ce n'est pas nécessaire. Parfois ça ne fait que durcir le coeur. Ça ne fait que voir les parties sombres auxquelles on avait eu la chance d'échapper. Instructif ? Sûrement. Et destructif tout autant.


C'est comme revenir au pays. Rentrer à la maison. Rouvrir les yeux après un cauchemar et retrouver son chez-soi.


Je ne veux pas non plus trop y croire, parce que ça ne passe jamais comme on l'attend, parce que ça se passe toujours autrement que ce à quoi l'on s'attend. Parce qu'on me l'a trop fait. Parce que je suis brisée. Parce que je vis un peu ça comme un bouquet final, et que cette impression me fait le double effet d'un plaisir et d'une menace.


Ne pas refermer les yeux sur ce que je suis. Ne pas m'oublier dans ce monde qui ne pourra être le mien que si je peux y croître selon ma propre nature. Ne plus chercher à adopter les volontés des autres.


Je veux profiter de ce moment pour vivre ma propre vie, la mienne, celle que je peux vivre. Mes mots ont déjà changé je le sens, et tous ne sont pas prononcés sous l'effet du dépît. Je crains moins le jugement, j'ai par conséquent aussi moins besoin de dire comment je vois les choses à tout bout de champ, ce qui m'évite de récolter tous les avis qui passent, et me sont inutiles, et me sont nuisibles. Je veux pouvoir aimer les gens sans leur reprocher de ne pas soutenir mes choix. Je n'ai pas besoin de leur demander leur accord, ni même de leur exposer mes envies — qui au demeurant, pour l'essentiel sont de me laisser du temps pour réagir en fonction de ce qu'il se passera, en sachant grosso modo ce que je veux, et en restant ouverte aux opportunités qui me permettront d'y parvenir.


Ne plus vivre en opposition, me laisser échanger avec mon milieu, mon "écosystème à moi" aussi complexe qu'il puisse sembler. Laisser chaque élément exprimer l'influence qu'il voudrait avoir sur le tout, y réfléchir et en tenir compte. Me pardonner, être indulgente, tolérante, aimante envers moi-même. Personne ne le fera à ma place.


J'a fait des trucs très bien et aussi plein de trucs nettement moins bien ces derniers temps. Il y a des jours où j'ai les nerfs en pelote, des moments où j'ai envie de m'enfoncer dans un trou de souris. Il y a des fois où je me lance dans une activité constructive pleine d'entrain au détriment d'autres choses que je devrais faire ; que je ferais mieux de faire, si j'étais une machine et que je fonctionnais uniquement sous l'impulsion d'un savant calcul de rendement relatif de chaque chose à faire. Je ne suis pas une machine, et même que j'ai le droit parfois de faire autre chose que ce que je devrais faire, que ce qu'on me demande de faire. Dans les cas où j'en suis consciente, et d'autant plus dans ceux où je ne le suis pas. Et même si je me rends compte ensuite que c'était une erreur.


Le vent se lève. Il fait si beau. J'ai caressé "mon" (*) cheval ce matin. J'ai discuté d'humanité qui se rencontre, de climat alpin, de solaire photovoltaïque, raconté une vieille histoire dans un nouveau contexte. J'ai goûté les rayons du soleil, le silence et les animaux de la ferme au matin. Poules, pintades, lapins au p'tit cul blanc qui batifolent dans l'herbe, chiens, chats et chevaux ; ânes et vaches plus bas. J'ai bu du café, écouté de la musique comme un souvenir d'un week-end de découverte des autres et de moi avec eux. J'ai lu des blogs, pris le temps, rédigé quelques commentaires, répondu à ceux qui m'étaient adressés.


Je vais descendre me faire à manger... ou pas. Je verrai bien. J'ai le temps, ou peut-être pas, mais je m'en fous.


- - - - - - - - - -


(*) Ce n'est pas le mien et bien qu'on le l'ait confié, je peine considérablement à le dire comme ça, même si ça simplifie bien des détours de parole. Mon doigt cassé et mon manque de temps pour lui de ces 2 derniers mois n'arrangent pas ma sensation vis-à-vis de cette situation d'ailleurs.


Tout cela me donne d'ailleurs une lecture d'une simplicité extrême sur cette fracture de l'annulaire : peur de me lier, trop peur que ça fasse mal, tellement peur de ce lien en train de se souder que je préfère briser toute possiblité d'approfondissement : je me casse le doigt (avec son intervention d'ailleurs puisque c'est lui qui a tenu le rôle du "casseur"), je ne peux plus m'en occuper. Le doigt est brisé, le lien aussi. Tout le contexte me fournit en outre plein de "bonnes raisons" pour venir enrichir cet abandon du lien, pas le temps, pas envie parce qu'il est peut-être pas si gentil que ça, il ne me fait peut-être pas si confiance que ça (sinon il m'aurait pas "fait" un coup pareil), et puis si ça se trouve on va peut-être déménager (c'était pendant les concours),...

jeudi 28 mai 2009

Protégez-moi de mes amis

Tu dis ça, mais tu ne tiendras jamais, ça va trop te manquer.
Et puis tu ferais quoi, hein ?
Mais non, faut pas lâcher, va y avoir plein de postes dans les années qui viennent.
Tu sais, Machin, il a eu son poste au bout de 4/5/6 ans...
Si tu lâches maintenant, tu es bien consciente que ça sera ex-trê-me-ment difficile de revenir dans la course ensuite, tu le sais, hein tu le sais ?
Non, c'est pas ça qu'il faut faire ; ce qu'il te faut, c'est des publis.
Et un postdoc à l'étranger. Y'avait Truc qui te proposait quelque chose, c'est une super fac, qu'est-ce que tu attends ?
T'aurais dû déménager, ça a été ta première erreur.
C'est sûr que si tu le prends comme ça, je veux / je veux pas, tu y arriveras jamais... il faut savoir ce que tu veux !
Mais non c'est pas si dur ! C'est juste qu'il y a beaucoup de bons candidats, c'est tout.
Et puis on sait jamais, regarde Bidule, elle a été recrutée alors que personne ne l'aurait imaginé.
On passe tous par des moments difficiles, mais ça va passer, faut garder courage.
Et puis regarde, tu enchaînes les postdocs, c'est tout de même super. Y'en a qui n'ont pas cette chance.
Et pourquoi tu tenterais pas le privé ?

...


Mes ennemis, je m'en occupe. Mais ça !

mercredi 27 mai 2009

Ce qui ne nous tue pas, etc.

J'aurais voulu titrer "Une nouvelle vie s'ouvre", et même que, d'une certaine façon, je pourrais le faire. Mais ce n'est pas exactement ce que j'attendais. Ce que mon orgeuil attendait en tout cas. Ce que mon naïf espoir dans les contes de fées où le héros gagne à la fin, attendait.


Campagne de recrutement enfin terminée. La troisième. Toujours rien. Et j'y ai cru encore cette année, j'ai cru en lisant certains descriptifs de postes que je saurais être la bonne dans 2, peut-être 3 cas. On ne m'a laissé ma chance que dans un seul, qui s'est finalement conclu un peu comme les autres, par une déception, toujours un peu la même, toujours pour ces mêmes raisons que la majeure partie des jeunes docteurs en recherche de poste connaissent, ce qui fait que l'on devient usé avant l'âge, blessé, vaincu, amer, blasé, haineux parfois. Pour des raisons qui n'ont rien à voir avec le travail.


Alors en l'espace de quelques heures, je suis passée de la colère (envie de claquer la porte de mon labo — qui n'avait pas grand-chose à voir avec la situation — en hurlant ma rage), au fatalisme (j'aurais pas dû y croire, je sais trop bien comment ça fonctionne, ben si c'est comme ça j'arrête, puisque je n'arriverai jamais à être la personne arrivant dans les conditions — politiques, disons — requises), puis au désespoir (j'ai gâché ma vie jusqu'ici, j'ai consacré 30 ans à constuire quelque chose qui est sans espoir, comment est-ce que ja vais bien pouvoir réussir ma vie à présent, je suis foutue), et finalement à la simple tristesse (je suis dégoûtée, donc j'arrête, je prends le temps de me reconstruire, je prends du recul, et puis si jamais un jour j'ai envie de tenter le coup à nouveau on verra bien, mais pour l'avenir immédiat c'est fini).


Tristesse de devoir abandonner quelque chose qui me tient à coeur, depuis longtemps, quelque chose dans laquelle j'ai beaucoup investi. Mais c'est un peu comme dans Les invasions barbares, quand la junkie constate que tout ce que le héros aime dans la vie ce sont des choses dont il ne peut plus jouir à présent, et que donc cette vie-là qu'il aime, est révolue : ce n'est pas ce que j'ai fait ces dernières années qui m'a plu, c'est ce que je faisais avant. Depuis que j'ai commencé à faire des choses contre lesquelles je m'élevais au départ (faire des contrats courts, écouter les autres qui me disaient qu'il fallait être mobile), je me suis usée. J'y ai perdu mon temps, mon énergie, mon entrain, mes capacités à m'investir (comment faire des choses constructives quand on est là pour un an et qu'il faut ce temps-là au moins pour prendre ses marques quelque part, pour s'imprégner du lieu et de ses us ?), ma volonté, mon imagniation et mes idées.


Fatigue d'entendre qu'il faut être mobile, sortant de la bouche de maîtres de conférence qui se recrutent en local sur les postes de profs (...et où ils avaient déjà été recrutés localement en MCF). Fatigue de l'entendre encore et toujours, même alors qu'on l'est depuis 3 ans. Fatigue de constater que ça ne sert à rien puisque de toute façon, un énorme dossier ne sert, au mieux, qu'à passer derrière des candidats à qui l'on ne demande ni d'être extérieur, ni d'être mobile, ni même d'être forcément meilleur. Au pire, ça sert à être écarté d'un concours pour éviter la concurrence.


Alors j'ai pleuré, pleuré, souvent depuis 36 heures, pour diverses raisons.


Ça fait tellement bizarre de penser que ça y est, j'y suis, le moment est arrivé de passer à autre chose. Et puis ça ne se fait pas vraiment comme je l'avais pensé, puisque j'ai devant moi quelques mois de bonheur scientifique en perspective, quelque chose d'inattendu mais qui tombe à pic, de quoi finir en apothéose (et sans la pression des concours, cette fois), de quoi retrouver mes plaisirs initiaux à ce métier juste avant de le mettre de côté.


C'est à la fois très chouette et effrayant.

dimanche 26 avril 2009

J'y étais

Juste !


mardi 21 avril 2009

Ôde à Meudon

Il y a 2 ans, un matin j'ai pris le TGV, puis le RER, puis le tramway et je suis descendue sur un tout petit quai ensoleillé. J'ai monté une rue privée, ponctuée de maisons plus magnifiques les unes que les autres, certaines en pierres, d'autres en bois. J'ai senti le calme — le calme avant la tempête. J'ai rempli mes yeux des magnolias en boutons. J'ai débarqué, essoufflée par le dénivelé et le poids de mon sac à dos de turbo-Ater, dans une rue de Meudon, avec la gare d'un côté, le CNRS de l'autre, le bar des auditionnés en face, et la circulation automobile au milieu de tout ça, comme un brusque rappel à la réalité. J'ai trouvé une amie lisant au soleil sur la terrasse. Je suis allée reconnaître le terrain, la salle où je passerais quelque temps plus tard, et je suis allée boire un café avec elle. J'avais aimé cette expérience. J'avais passé, en cette première journée d'une longue série dont j'ignorais alors tout de la durée et de la douleur, un moment d'un rare plaisir.


Ce que j'ai le plus apprécié, et je l'ai su tout de suite, et j'ai pu le vérifier à chaque nouveau passage, c'est le chemin qui monte au travers des magnolias. La saison est douce, même un jour de pluie. Les fleurs sont colorées, les odeurs douces et le calme précieux parce que si précaire, on le sait, on ne pense qu'à ça. Un instant propice à la concentration, à la détermination, à la volonté. On remonte ce chemin comme on remonte toute l'histoire qui nous a amené là, sur ce petit chemin de Meudon, par un matin d'avril. J'ai le choix pour m'y rendre, mais j'aime trop ce chemin pour en prendre un autre ; si j'arrivais par le train, j'aurais trop l'impression de râter une étape capitale.


J'ai pris ce chemin deux fois il y a deux ans, deux nouvelles fois l'année dernière, et je le prendrai une seule cette année : j'ai dû brusquement abandonner mon premier rendez-vous il y a quelques semaines. C'est pour tout bientôt. Je sais que je ne le reprendrai plus, ensuite. C'en sera fini de ces rendez-vous printaniers dans un quartier méconnu, complètement à part du reste, pour un moment que l'on prépare plus qu'on ne le vit réellement.


Je me demande si d'autres candidats vivent cela comme moi. Je me demande si des membres du jury ressentent cela. Je me demande si certains au contraire détestent ce chemin parce qu'il monte et que c'est fatiguant. Je me demande si l'on devrait en parler pendant l'audition, et constituer les sous-jurys en fonction des différents chemins que l'on aime prendre pour se rendre en ce lieu si inhabituel pour chacun de nous. J'en avais parlé à un membre du jury une fois, il m'avait répondu d'un air rêveur, "Ah oui ce chemin..." Je me demande si, quand le temps le permet, on devrait faire les auditions sur le chemin, l'arpentant tous ensemble, parlant, s'interrompant pour indiquer une touffe de chélidoine devant un portail, des fleurs de fumeterre qui s'incrustent entre les pierres d'un muret. Péripatéticienne audition, dont les accents suivraient les éléments du parcours.


On ferait un bout de chemin ensemble, pour voir si nos pas peuvent apprendre à s'accorder, pour voir si nos idées voguent sur les mêmes flots, pour voir si l'on peut se surprendre les uns les autres. Pour donner un peu de souffle à l'exercice, pour ne pas s'enfermer dans un cube au papier peint blanc, aux chaises jaunes, au vidéo-projecteur gris, aux places nominatives. Chacun n'aurait pour lui que ce qu'il est dans la vie, son souffle, sa voix, ses connaissances, son à-propos, son ancrage dans le réel.


Il faut que je trouve un moyen de donner cette énergie-là à mon audition. Que je les emmène au-delà de la pièce, du bâtiment, de la cité. Et quand je sortirai, je pourrai regarder la tour Eiffel au loin en me disant : "J'y étais à l'instant".

lundi 20 avril 2009

Le minotaure

Trouvé chez Baptiste Coulmont en rattrapant mon retard de lecture, cette petite perle que je vais m'empresser d'envoyer à mes ami(e)s concerné(e)s, et comme il y en a aussi qui passent par là je le mets ici :


Le Minotaure

lundi 15 décembre 2008

Bric-à-brac avant de me lancer dans la journée

Il pleut. Ça fait des jours qu'il pleut. Il pleut beaucoup dehors ; il pleut même pas mal dans la maison, et ça c'est plutôt embêtant. C'était difficile de s'occuper hier, ne pouvant pas vraiment sortir sous la tempête de pluie accompagnée de rafales de vent à tout faire envoler, on avait prévu de ranger la maison. Il y avait un gros ménage à faire et surtout des choses à ranger en haut, quelques meubles à déplacer, ça promettait d'être tout de même plutôt sympa.


Mais c'était sans compter les fuites dans la maison. Pas assez de serpillères, on passait d'un endroit à l'autre et à peine le temps de tout essuyer qu'on n'avait plus qu'à recommencer. Alors on est sortis tenter d'endiguer le flot de l'extérieur sur le toit mais c'était pas simple, et on était trempés, les mains gelées, les cuisses tremblantes. On n'est pas équipés de telles pluies, c'est tellement rare normalement.


Mouillés pour mouillés, du coup on est restés dehors pour aller s'occuper des chevaux. Il y en avait deux dehors, plus l'âne M. Ils étaient allés s'abriter du vent glacé et de la pluie mais avaient fort mal choisi leur endroit : dans la réserve à foin... On les a donc surpris en flagrant délit de gavage intensif. On a fait rentrer en vitesse les deux chevaux dans le parc à côté, c'est pas bien grave s'ils ne s'entendent pas bien avec l'un de ses occupants puisque c'est super grand, sont pas obligés de rester ensemble. Mais l'un des deux s'est mis à s'étirer en portant tout son poids sur ses postérieurs, et puis il dansait d'un pied sur l'autre sans arrêt. J'étais très inquiète. Je n'en ai jamais vu de mes yeux mais je trouvais que ça ressemblait fort aux premiers symptômes d'une fourbure, et ç'aurait été la catastrophe. Mais je n'y voyais guère, la nuit tombait, il pleuvait des cordes, j'ai pensé qu'il faudrait attendre le lendemain pour voir comment ça évoluait et éventuellement appeler le véto. J'ai passé la soirée à chercher des informations sur la fourbure, et la nuit à gamberger en espérant n'avoir pas fait de bêtise en attendant le lendemain, en espérant très fort que ça ne serait pas trop rapide et qu'on ne risquait pas de le retrouver mort ce matin, ou même gravement atteint.


Bon, ce matin tout semble aller bien. Je le surveillerai tout de même parce que je n'aime pas ce que j'ai vu, je n'ai pas l'habitude de voir un cheval s'étirer comme ça, je n'ai pas trouvé ça normal. Et je ne voudrais pas qu'il lui arrive quelque chose de grave ; surtout que le plus dur dans la fourbure c'est que c'est très douloureux pour le cheval, et je ne voudrais surtout pas risquer de lui faire subir des souffrances inutiles.


Ce matin j'ai profité d'une accalmie pour passer une petite heure à les regarder et à leur donner à manger. Ils semblent tous se porter bien, malgré la pluie qui ne veut pas vraiment cesser et qui leur trempe le poil en profondeur. Ils peuvent s'abriter sous les arbres mais ne le font guère, donc ça doit signifier que ça ne les dérange pas, ou pas trop. Mais ils doivent en avoir marre tout de même de ne même pas pouvoir se chauffer au soleil dans la journée. Enfin, j'imagine.


Cet aprème je vais voir la psy de la maternité ; on avait pris rendez-vous pour faire le point juste après ma reprise du travail. Je ne sais pas du tout ce que je vais pouvoir y dire, pas parce que je n'ai rien à dire mais parce que bien au contraire j'ai tellement de choses à trier dans ma tête que je ne sais pas ce qui fait partie de son champ d'action (l'évolution du deuil) et ce qui le dépasse. Tout cela ne fait qu'un en moi, évidemment. Et puis j'aurais aimé que mon mari puisse venir aussi, mais il travaille aujourd'hui. Je crois que lui aussi aurait aimé.


Il faut que je finisse mon dossier de candidature à la qualification en urgence (encore une fois...). Ensuite il faudra que je m'attaque au dossier de candidature au CNRS, le temps passe et je n'y ai même pas encore songé concrètement, et la date limite se rapproche et ça m'inquiète. Quand je suis ici à la ferme, j'ai un mal fou à travailler là-dessus parce que j'ai tant d'autres choses à faire. Mais j'en ai déjà parlé... et il suffirait que je choisisse une chose, n'importe laquelle, et que j'en accepte les conséquences. Ça aussi j'en ai déjà largement parlé. Sauf qu'en parler, finalement, ça ne me fait guère avancer : je n'arrive pas à assumer mes choix. Ou j'ai l'impression de ne pas choisir. Ou de choisir la mauvaise chose.


Et ça ne change pas grand-chose de le répéter encore une fois... Je tenterais bien de me faire un petit calendrier, de toute façon c'est nécessaire vu ce qui m'attend dans les semaines qui viennent, mais je sais d'avance que je ne le tiendrai pas alors ça ne m'emballe guère de me lancer dans une entreprise promise à l'échec. Je pourrais aussi ne pas le considérer sous cet angle négatif et le prendre pour ce que c'est : un calendrier pour mettre les choses à plat, et surtout voué à évoluer. Ouais, faudrait que j'assume un peu ça...


J'ai vraiment l'impression que je ne me sortirai pas de tout ce que j'ai à faire. Je ne sais pas comment je vais m'y prendre.

dimanche 7 décembre 2008

La veille... du lendemain

La façon dont les événements se succèdent est parfois bien drôle.


Je reprends le travail demain. Il va falloir que je reprenne l'habitude de me forcer à me lever tôt, si possible à la même heure chaque jour, de me préparer, de prendre la voiture et de parcourir la longue route qui me mène à mon labo (en roulant doucement parce que ça gèle bien) (et je ne sais même pas encore précisément par où je vais passer), d'arriver, de passer mon badge dans le lecteur pour ouvrir la porte, de m'installer à mon bureau, de lancer mon ordinateur et de bosser, bosser, bosser. Bosser le plus possible pendant que je suis là-bas parce qu'ici, j'aurai d'autres choses à faire. Je ne sais encore pas du tout comment est-ce que je vais m'organiser ici avec la reprise du travail, comment je vais faire pour réduire mes activités, ce que je vais décider de ne plus faire pour garder suffisamment de temps pour le reste. Ensuite le soir, alors qu'il fera déjà nuit, je quitterai mon bureau, remonterai dans ma voiture et ferai mon long trajet retour (toujours doucement), jusqu'au lendemain où je ferai la même chose.


À la maison, il faudra que je m'organise pour faire un peu de ménage régulièrement question de ne pas me retrouver surchargée tout d'un coup. Il faudra sans doute que je le fasse le soir, parce que le matin ça risque d'être trop compliqué pour moi... Un petit coup de balai par ci, un peu de vaisselle par là, et je garderai les activités plus pontuelles pour le week-end (comme de faire les vitres par exemple... que je n'ai toujours pas faites depuis qu'on a emménagé et qui sont franchement sales, il faut le reconnaître). Le problème c'est que le soir je risque d'arriver complètement crevée à la maison, et d'avoir envie d'autre chose que de passer un coup de balai. Mais bon, d'un autre côté c'est tout de même bien agréable que ça ne soit pas tout le temps le chantier total, qu'on arrive à trouver facilement les choses et que l'on puisse laisser flotter son regard dans le salon sans qu'il y ait mille trucs qui trainent partout.


Je en sais pas du tout comment je vais faire pour continuer à m'occuper des chevaux. Là j'ai pris l'habitude de leur donner leur repas du soir, mais ça se passe juste avant le coucher du soleil c'est-à-dire vers 17h. À partir de demain, à 17h, je serai encore au boulot donc je ne pourrai plus le faire. Alors je pourrais changer mes habitudes pour leur donner plutôt leur ration du matin. Oui mais, le problème c'est que si je fais ça, ça veut dire qu'il faudra que je m'habille 2 fois le matin (une fois pour aller aux chevaux, l'autre pour m'habiller "en propre" pour le labo : je m'imagine difficilement arriver au travail pleine de boue et de foin). Ça veut dire aussi prendre un bon bout de temps pour le faire, parce que le matin c'est plus long, en ce moment parce que c'est l'hiver on leur donne de la farine (i.e. des grains concassés mouillés à l'eau qu'on leur sert dans des seaux, c'est plus compliqué que le foin). Et puis si je pars tôt le matin pour arriver pas trop tard au boulot (question de repartir pas trop tard non plus), il faudra que je le fasse de nuit... donc en plus, je ne les verrai pas beaucoup ! Et puis j'ai peur que ça me démotive très vite et que je ne tienne pas le coup.


Ça, c'est un vrai problème. Je ne sais vraiment pas du tout comment je vais faire, alors que je quitterai la ferme de nuit et rentrerai de nuit également. Je ne sais pas du tout comment je vais pouvoir faire pour m'occuper encore des chevaux malgré tout. Alors certes, je n'irai pas au labo tous les jours. Je prévois d'y aller 3 jours par semaine, les jours où mon mari travaille. Mais je me connais et je connais trop bien mon travail aussi, et je sais pertinement que concrètement, très vite j'aurai des petites obligations tous les jours de la semaine, et qu'il me sera vraiment très difficile soit d'accepter de ne pas être présente au travail autant que je le devrais (et donc de culpabiliser parce que tout de même, c'est mon boulot, et c'est à plein temps — même si je n'ai pas réellement d'obligation de présence pendant mes heures de travail), soit d'accepter de ne plus m'occuper quotidiennement des chevaux. Dans les deux cas je vais culpabiliser. Je sais que je vais avoir l'impression de ne pas en faire assez, quelle que soit la solution que j'adopterai : que ce soit en privilégiant l'un des deux, ou en tentant d'en faire autant que possible des deux côtés à la fois (au détriment de mon ménage cité plus haut, notamment ;-)). Je sais déjà qu'il faudra que je lutte contre cette culpabilité mal placée puisque de toute façon je ferai ce que je pourrai, et que soit je donnerai mon plein temps à l'un en abandonnant l'autre, soit je ménagerai la chèvre et le chou et ne serai donc entièrement dévouée à aucun des deux. Mais je n'ai pas envie de choisir. Il y a des gens qui s'en sortent très bien avec un travail du type du mien et des chevaux, mais ils n'ont pas autant de kilomètres à faire matin et soir. Et en outre ils sont titulaires de leur poste, ils n'ont pas à fair epreuve d'une bonne volonté à toute épreuve dans leur travail !


Et puis paradoxalement, c'est là que l'enchaîenement des choses se fait joueur, l'activité "chevaux" devient de plus en plus potentiellement prenante (ça fait un peu abstrait tout ça, mais en fait ça l'est beaucoup moins qu'il n'y parait, sans que j'ose pour autant le formuler différemment pour l'instant — ensuite on verra). Sans vouloir encore ni faire des plans sur la comète ni même dévoiler clairement ce qui se trame, je dirai que l'éventualité de faire plus de place aux chevaux à la ferme se dessine d'une manière de plus en plus concrètement envisageable, et que plusieurs événements qui sont arrivés ces dernières semaines (en se précipitant particulièrement ces derniers jours) font qu'il y aurait peut-être moyen de faire quelque chose de vraiment intéressant selon mon point de vue et mes envies en la matière. Vraiment, c'est drôle de voir comment, alors que je suis à la veille de mon retour au travail intellectuel que j'avais fait jusque là, s'ouvrent du côté manuel, du côté près de la terre, du côté simpliste volontaire et écologiste, du côté humain proche, local, en interdépendance et en échange ouvert, des perspectives qui vont de plus en plus dans un sens qui me plaît vraiment beaucoup. Est-ce qu'il y aurait vraiment de quoi en faire une activité procurant revenu ? Si oui, quand et pour combien de personnes ? Quels seraient les investissements nécessaires en temps et en argent ? Que ferions-nous très précisément (il y a plusieurs options possibles) ? Et puis, si ça se faisait, est-ce que ça me plairait de faire ça vraiment quotidiennement en tant qu'activité princpale ?


Je n'ai pas de réponse à ces questions pour le moment. Le fait est qu'on est en train de traverser l'un des moments les plus durs de l'hiver où il fait un froid de canard et où les journées sont hyper courtes et malgré tout j'ai un mal fou à rester enfermée. Je me sens tellement bien dehors. Je me sens tellement plus proche de moi, tellement moins en question, les choses sont tellement plus évidentes. En même temps, je me dis que ça doit aussi être en bonne partie dû au fait que je reprends le travail demain et que je n'ai pas envie. — Enfin bon, dit comme ça c'est un cercle vicieux, il faut que je tente d'être plus précise pour l'exprimer, de manière à parvenir à le regarder avec autant d'objectivité que possible : j'ai peur de reprendre le travail parce que je sais que je vais tout de suite me retrouver dans l'urgence, l'urgence des résultats, l'urgence des publications, l'urgence des candidatures, et que j'ai une trouille bleur d'y aller encore pour me retrouver le bec dans l'eau. Et que si jamais ma seule perspective d'avenir professionnel est un poste dans une université du bout du monde dans une région inconnue et sans amis, au sein d'une équipe que je ne connais pas ou si peu, je vais à nouveau me retrouver devant un doute affreux.


Et voilà, du coup le fait de parler de ça m'y fait penser : ça y est, le concours CNRS a ouvert. Et la tendance se confirme, ça se profile plutôt moyennement : 2 postes de CR2 en section 34 (c'est-à-dire ma section de spécialité) dont un sur une thématique à laquelle je pense ne pas coller du tout, et 3 en 44 (tiens, la numérotation a changé, jusqu'à l'an dernier c'était la 45), dont 2 sur une thématique dont je ne comprends même pas la signification de l'intitulé et le 3e sur une thématique "musique" (donc pas pour moi). Au final donc, ça fait pour moi un seul et unique poste envisageable, celui qui n'est pas profilé en 34. Hum, même dans mes persepctives les plus sombres je ne pensais pas que ça serait noir à ce point, là. Encore peut-être un événement qui ferai pencher la balance dans un certain sens... Il reste aussi les faleuses "chaires CNRS" qui vont ouvrir dans les universités, j'avais lu 150 postes (pour l'ensemble des disciplines !!!), puis 115, et là ce matin je viens de voir qu'ils en annoncent 90 (ce qui signifie que s'il y en a 1 dans mes cordes ça sera déjà Byzance). Pour l'instant c'est la seule information que l'on trouve à leur propos, elles ne sont pas encore publiées.


Bon. Je ne sais pas encore quoi penser de tout ça précisément. J'ai dit que je faisais une 3e année de candidature, j'ai obtenu un prolongement de mon contrat de travail pour quelques mois, je suis à la veille de la reprise et il faut bien que je me jette à l'eau. Mais vu d'ici elle a l'air bien froide et fort peu engageante, c'est le moins que l'on puisse dire. Par ailleurs, c'est peut-être la toute première fois de ma vie que j'ai une ouverture en or pour me recycler dans un truc qui me plairait, même si c'est encore très loin d'être certain. Et sans doute que si je ne plonge dans aucun des deux je risque de me retrouver au final en perdante des deux côtés. Ça serait vraiment trop con. Et si je me gourre dans mon choix hein, est-ce que ça serait pas tout aussi con ?


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A part ça, les images de ce billet n'ont rien à voir avec la choucroute. Ce sont des photos de Jean-Loup Sieff, photographe que j'adore et auquel j'ai pensé juste avant de commencer la rédaction de ce billet, alors je n'ai pu résister à l'envie de partager quelques-unes de ses photos même si ça n'avait aucun rapport. J'adore particulièrement le portrait de Bernadette Laffont en 1959, je le trouve captivant à couper le souffle, mais il y en a tellement d'autres !

mercredi 3 décembre 2008

Ce qui est fait (n'est plus à faire)

Hier j'ai fait une rapide liste des choses que je voudrais faire mais ne ferais sans doute pas. A la regarder ce matin, je me dis que finalement j'en ai fait un tout petit peu plus que ce que je pensais :


  • Prendre la veille jument selle français dans son parc et lui donner un bon coup de pansage intégral. Lui passer de l'argile sur ses vieilles blessures et de la crème dans son oeil qui pleure (je ne sais pas ce qu'elle a mais ça m'inquiète sacrément ce truc).


Ça, je l'ai fait. Le pansage a été moins intensif que prévu parce que j'étais gelée, et puis aussi parce que je n'étais pas complètement rassurée. Parce que j'étais toute seule dans un recoin où l'on ne me voyait pas, et que j'avais peur qu'il se passe n'importe quoi, et que c'est ce qui m'empêche d'avancer en ce moment avec les chevaux. Mais contrairement aux jours derniers où je projetais de le faire mais trouvais mille raisons pour ne pas en prendre le temps, là je l'ai fait. C'est sans doute très très con mais c'est une petite victoire pour moi.


Victoire que je n'ai pas pu partager avec mon mari parce que ça l'énerve que je m'occupe de ces chevaux-là, parce que ce ne sont pas "les nôtres" (disons) mais ceux de propriétaires et qu'on n'est pas censés s'en occuper plus qu'en leur donnant à manger. Oui mais cette pauvre jument, elle n'avait même pas reçu un coup de brosse après sa dernière balade, ça me faisait peine. Et puis c'est un vieux selle français, un genre de cheval que je connais bien, je suis habituée au format et même aux traits généraux de caractère. Et puis c'est pas sa faute à elle si elle a tel propriétaire et pas tel autre. Et puis ça m'a fait plaisir, c'était moins compliqué à faire qu'avec un autre, et puis voilà.


Je voudrais faire ça chaque jour — chaque jour où je suis disponible en tout cas : prendre l'un des chevaux de la ferme et le panser. Parce que ça leur ferait du bien sur plein de plans, et à moi aussi, et que ça me permettrait de les vérifier en détail régulièrement pour voir si tout va bien. On voit toujours plus de détails dans ces moments-là. Et c'est un lien important. Oui mais... concrètement, c'est compliqué (ou alors c'est moi qui me crée des complications mais le fait est que je ne sais pas comment solutionner cela). [ Là j'avais commencé une description in extenso, et puis je préfère la retirer parce que j'ai bien peur que ça n'intéresse que moi ;-) Et puis ce ne sont pas mes chevaux, alors je ne veux pas trop raconter leur vie ici, ça me gêne ]


Je ne sais pas du tout si j'arriverai à m'occuper de ces chevaux d'une manière qui me satisfasse...


  • Aller faire un coucou au QG de la ferme mais ne pas y rester trop longtemps. Y amener les choses que je dois donner aux filles.


Je l'ai fait... mais j'y suis restée beaucoup plus longtemps que prévu. Faut dire, ils sont si gentils.


  • Finir de laver la vaisselle de notre fête de samedi soir, et ramener le tout à la "salle des fêtes" de la ferme. Y passer un coup de balai général. Ramener ma bassine que j'avais laissée là-bas.


Alors là, je n'ai pas avancé d'un iota. Il faudrait d'ailleurs que je m'en préoccupasse ce matin...


  • Aller chercher du petit bois parce qu'on n'en a plus ! (et même que je crois bien que le poële s'est éteint, déjà...)


Là je n'avais guère le choix, alors je l'ai fait. Aujourd'hui d'ailleurs il serait bon que je ramène un peu de bois plus gros parce que notre stock s'écoule assez vite avec le froid qu'il fait.


  • Passer un grand coup de balai général dans la maison, puis nettoyer le sol. Ranger la cuisine qui est toute surchargée, et ranger un peu les affaires qui traînent. Faire la poussière sur les meubles, et les toiles d'araignées qui se sont un peu lâchées ces derniers jours (à l'appel du froid elles rentrent toutes dans la maison).


Je n'ai rien fait de tout ça non plus ! Je me rends compte que j'ai quelques difficultés à m'occuper de ma maison aussi souvent que je le voudrais, ces jours-ci. Bah, y'a des moments sans, sans doute. Et il faudrait que je lave du linge aussi, parce que ça commence à manquer cruellement ; ça, il faut absolument que je trouve un moment pour le faire, aujourd'hui.


  • Descendre voir les chevaux du bas avec des bouts de quelque chose à grignoter.


Ça je l'ai fait. Je leur ai amené un peu de pain dur, ils avaient l'air reconnaissants.


  • Avancer mon dossier de qualification... (argh)


Heu... ben c'est-à-dire que... Non mais par contre j'ai fait plein de mails de boulot... comment ça, ça compte pas ?


  • M'épiler les jambes pour faire plaisir à mon mari (et un peu à moi tout de même, question de prendre un peu soin de moi).


Pas fait non plus. Je garde mes jambes d'ourse pour l'instant.


  • Commencer une liste des protagonistes de la fête de Noël et de ce que je pourrais bien leur offrir. (au secours !!)


Alors là, je trouve que j'en suis loin, mais loin... Pourtant il faudra bien que je m'y colle à un moment donné.


Aujourd'hui, à part ce que je n'ai pas fait hier et qui sont donc toujours à l'ordre du jour (mais que je ne ferai sans doute pas en entier, non plus, faut pas rêver), il y a des parcs à chevaux à modifier. Et puis ça serait vraiment bien d'en profiter pour faire le tour et changer les fils électriques là où c'est nécessaire, parce que vraiment, si ces chevaux restent dans ces parcs c'est parce qu'ils sont bien braves (et la bravoure, suivant ce qui se passe, peut avoir ses limites).


En résumé finalement, j'en ai fait plus hier que je ne le pensais a priori, ce qui montre bien que j'ai toujours cette impression de "ne rien faire", de ne pas en faire assez. Et puis là je parle beaucoup des choses que je fais, mais j'essaie de considérer que ça fait partie de ce que je suis... (ce qui n'est pas évident puisque je me considère toujours +/- en échec, mais j'essaie de m'en sortir et d'être plus indulgente avec moi).


Voilà. Il est pas loin de 9h, je vais aller faire un tour au QG, voir si y'a du monde pour boire un café, et voir ce que la journée me réservera...

mardi 2 décembre 2008

Question de m'en décharger...

... je dépose ici une liste des choses à faire que je ne ferai sans doute pas aujourd'hui :


  • Prendre la veille jument selle français dans son parc et lui donner un bon coup de pansage intégral. Lui passer de l'argile sur ses vieilles blessures et de la crème dans son oeil qui pleure (je ne sais pas ce qu'elle a mais ça m'inquiète sacrément ce truc).

  • Aller faire un coucou au QG de la ferme mais ne pas y rester trop longtemps. Y amener les choses que je dois donner aux filles.

  • Finir de laver la vaisselle de notre fête de samedi soir, et ramener le tout à la "salle des fêtes" de la ferme. Y passer un coup de balai général. Ramener ma bassine que j'avais laissée là-bas.

  • Aller chercher du petit bois parce qu'on n'en a plus ! (et même que je crois bien que le poële s'est éteint, déjà...)

  • Passer un grand coup de balai général dans la maison, puis nettoyer le sol. Ranger la cuisine qui est toute surchargée, et ranger un peu les affaires qui traînent. Faire la poussière sur les meubles, et les toiles d'araignées qui se sont un peu lâchées ces derniers jours (à l'appel du froid elles rentrent toutes dans la maison).

  • Descendre voir les chevaux du bas avec des bouts de quelque chose à grignoter.

  • Avancer mon dossier de qualification... (argh)

  • M'épiler les jambes pour faire plaisir à mon mari (et un peu à moi tout de même, question de prendre un peu soin de moi).

  • Commencer une liste des protagonistes de la fête de Noël et de ce que je pourrais bien leur offrir. (au secours !!)


Bon, c'est ce que je vois à première vue, et encore, il me viendra sans doute d'autres idées d'ici à ce que la journée avance. Bon, je vais commencer par enfiler des chaussures et aller faire un tour au QG. Mon objectif : ne pas y rester déjeuner (vu l'heure qu'il est c'est pas gagné... mais je peux le faire, je peux le faire, j'y crois). Ensuite on verra où ça me mènera...

lundi 1 décembre 2008

Par petits bouts

Alors que je cherche ce que je vais écrire ici (ça fait quelques jours que j'en ai envie mais je ne sais pas par quel bout commencer), je me rends compte que toutes les idées qui me viennent à l'esprit sont de l'ordre du faire, et rien de l'être. Je remarque ça parce que quand j'essaie de me souvenir de mes billets d'il y a un an ou plus, il me semble qu'ils parlaient beaucoup de l'être.


Après avoir jeté un coup d'œil sur les billets de l'an dernier à cette époque [ et après avoir également fait mille choses imprévues qui m'ont occupée toute la matinée finalement : descendre chercher un café et entendre le proprio, le garde-champêtre et un ami qui papotent en bas avec mon mari, aller leur dire bonjour et mettre la main dans l'engrenage ] après tout ça, donc, j'ai vraiment cette impression, ces jours-ci en tout cas, de m'empêtrer dans le faire.


M'occuper des chevaux : leur donner à manger, au moins le soir et si possible le matin aussi ; aller les caresser tous les uns après les autres pour qu'ils s'habituent à moi, pour assurer le contact, pour vérifier qu'ils vont bien ; en prendre un chaque jour et le panser pour lui faire du bien ; arranger ce que je peux dans la carrière en attendant le tractopelle pour faire les travaux qu'il reste ; arranger la sellerie et trouver une place pour nos selles et nos affaires ; ajuster le licol "éthologique" que je me suis fabriqué sur le cheval auquel il est destiné et commencer à lui faire faire des jeux ; longer une autre jument, qui en aurait bien besoin ; mettre de l'argile sur le dos d'une autre... Et ne jamais être satisfaite parce que je ne fais pas tout ce que je voudrais faire chaque jour, parce que je n'en fais pas assez.


Reprendre le travail : écrire quelques articles qui manquent à mon CV pour qu'il soit intéressant cette année ; finir mon dossier de qualification dans l'autre section où je peux la demander question d'avoir un dossier encore plus complet (oui ça y est, je me suis décidée à la demander, depuis le temps que j'avais la flemme) ; finir aussi la structure générale de mon futur dossier de candidature pour le CNRS et pour les éventuels postes de MCF qui paraitront, peut-être, cette année ; commencer (au moins) à écrire deux articles qui trainent depuis bientôt un an... Et ne jamais être satisfaite parce que je ne fais pas tout ce que je voudrais faire chaque jour, parce que je n'en fais pas assez.


Quant au reste... c'est tout pareil : je m'occupe plus de ma maison que je ne l'ai jamais fait mais ça ne me suffit toujours pas (faut dire, les pluies n'arrangent rien, avec leur lot de flaques de boue et autres fuites un peu partout...) ; je n'ai pas commencé mes cadeaux de Noël (et ma maman m'a soufflé l'autre jour qu'elle attendait toujours que je fasse des cosmétiques comme je l'avais promis l'an dernier, puis abandonné pour cause de "j'y arrive pas je trouve pas ce qu'il me faut j'ai pas le temps et puis je vais être ridicule tout le monde va se moquer de moi") ; je vois bien que le temps passe, je voudrais écrire un petit mot ici par jour et je n'y arrive pas, je voudrais suivre tous les blogs que j'aime mais je n'en trouve plus le temps... Et je ne suis jamais satisfaite parce que je ne fais pas tout ce que je voudrais faire chaque jour, parce que je n'en fais pas assez.


(...)


Tiens, même ce billet, en fait. Je l'ai commencé samedi matin, continué samedi midi, et je n'ai plus trouvé le moyen d'y remettre le nez avant maintenant. Alors oui, en général quand on ne trouve pas le temps de tout faire c'est plutôt positif, ça prouve qu'on s'occupe, mais j'ai sans cesse cette impression de ne pas en faire assez. De ne rien faire, même quand je n'arrête pas. Et tout ce qui se presse dans ma tête, et tout ce à quoi je devrais consacrer du temps mais je ne peux pas tout faire il faut que je choisisse et je ne le fais pas, alors je fais tout à moitié. Je pourrais être contente de varier les plaisirs. Je pourrais savourer mes derniers jours de congé maternité avant la reprise du travail. Mais dès que je choisis une chose, au lieu de la savourer je pense à tout ce que je pourrais faire à la place. Au lieu de bloguer ce matin, j'aurais pu aller donner à manger aux chevaux ; j'aurais pu aller boire un café chez la propriétaire et discuter avec tous ceux qui sont là ce matin ; j'aurais pu prendre mon balai et nettoyer la maison ; j'aurais pu avancer mon dossier de candidature ; j'aurais pu commencer à faire le tri de ce que j'ai pour faire des cosmétiques et faire la liste de ce qu'il me manque (tant qu'il est encore à peu près temps de commander)... mais si j'avais choisi quoi que ce soit d'autre j'aurais regretté de ne pas faire ce billet.


Et les photos ! Ça fait tellement longtemps que je traine mon appareil partout avec moi sans arriver à faire de photo. Je me souviens des images de l'an dernier à Barcelone, j'en avais tellement que je n'ai même pas fini de les mettre en ligne ici, il y en avait tellement que j'aimais !


C'est drôle comme ce séjour à Barcelone est resté pour moi, tout au long de cette année, comme un repère par rapport auquel je comparais ma situation. A Barcelone j'ai passé des jours magnifiques, je me sentais bien, heureuse, très profondément, et je ne me posais pas de question. C'est là que l'on a conçu notre fils qui n'a pas vu le jour. Je me souviens des matins où l'on se levait tôt avec mon mari pour avoir un moment rien qu'à tous les deux, et on allait boire un café à côté du marché qui se mettait doucement en route, on voyait le jour se lever sur la ville et toutes ses couleurs, on savourait le doux froid du matin catalan, on se regardait, on riait, on avait une connivence qui rendait ces moments magiques.


Puis est arrivée une longue période difficile. La grossesse et tous ses chamboulements auxquels je ne m'attendais pas et que je combattais malgré moi au lieu de les laisser s'exprimer ; les concours de recrutement, lassants et tristes ; les derniers mois de travail où je n'y arrivais plus. Comme si j'avais perdu la flamme. Les larmes, les douleurs, les silences et la nostalgie. Je voudrais revenir à un équilibre.


Dire que je me sentais en approcher ces dernières semaines. Je me sentais plutôt bien, équilibrée, en retour vers moi-même. Mais tout ça ne tient qu'à un fil qui s'est à nouveau rompu il y a environ une semaine, je ne sais pas pourquoi. J'ai recommencé à me sentir mal dans ma tête et dans mon corps, à ne voir que le verre vide, ce que je ne fais pas, ce que je fais mal, ce dont je n'ai pas envie. Chaque jour je me dis qu'il ne tient qu'à moi de changer cela mais je n'y arrive pas. Alors je me dis qu'il faut attendre, être patiente, mais j'ai peur que tout ce mal s'installe en moi et s'y mette à l'aise, y reste pour longtemps.


Le faire, donc. Le faire pour ne pas être. Et avoir peur de mes élans, me sentir en échec constant. Le bien comme ridicule compensation à l'illusoire mieux que je m'interdis d'atteindre par des barrières que je dresse moi-même. Ne pas arriver à reconnaître les petits pas, ne pas les apprécier pour ce qu'ils sont et ne voir que des envies gigantesques vouées à l'échec dès le départ. Ce n'est pas nouveau : je crois que j'ai toujours un peu fait comme ça. Qu'il n'y a que dans l'urgence, dans la tension intenable, dans la menace de la rupture soudaine et totale que j'ai réussi à me sortir légèrement de cela à chaque fois. Je voudrais juste être un peu tolérante vis-à-vis de ce que je fais, et puis aussi de ce que je suis, je voudrais juste être un tout petit peu contente de moi parfois.

lundi 27 octobre 2008

326 pages* plus tard

(*) Pour dire qu'après mon commentaire au billet de Mowgli j'ai été vérifier ! Et elle fait plus de pages que dans mon souvenir...


Mowgli a fini de rédiger sa thèse. J'ai appris ça aujourd'hui. Et elle commence à se demander comment c'est, l'après-thèse. Alors ça me remet en tête ces questions que moi aussi je me posais, il y a 2 ans (bigre ! 2 ans déjà).


J'ai cru que j'aurais plusse de temps. Pour moi, pour les autres, pour la maison, pour les balades, les photos, le dessin, les envies, mon mari, la vie quoi. Ben non. Le temps gagné sur les recherches et la rédaction a été totalement réinvesti dans du temps de candidature. Je me rappelle, une semaine pile-poil après ma soutenance je devais rendre mon dossier de qualification, toute première étape d'un parcours (si bien décrit par Pandore) qui me parait aujourd'hui interminable. Le lendemain de cette deadline c'était l'ouverture du concours CNRS : un mois de travail acharné, vacances de fin d'année comprises. Quelques semaines à "souffler" en me demandant bien ce qui allait pouvoir sortir comme postes de maître de conférence, à tester mes chances là où le vent semblait me porter, à sentir comment le vent soufflait, tout en préparant mes auditions pour le CNRS. A peine revenue de celles-ci les postes MCF sont parus : re-dossiers. Puis ce fut la préparation des auditions où j'avais gagné mon ticket. Tout ça pour me retrouver, fin mai, avec rien (y compris dans le portefeuille...). Rien que du temps pour chercher un postdoc de toute urgence...


...Postdoc que j'ai trouvé, et que j'ai passé à écrire des articles jusqu'à fin novembre, puis à refaire des dossiers et re-préparer des auditions (entre deux contractions) jusqu'à fin mai. Tout ça pour rien, à nouveau. Et c'est reparti pour une recherche de postdoc.


L'après-thèse, c'est perdre l'entrain que l'on avait gagné pendant la rédaction, perdre l'étincelle de la recherche, dans les méandres des procédures de candidature. Juste après cette apothéose de la soutenance, ce moment magnifique, on se retrouve à patauger dans les descriptions de travaux passés présents et à venir comme si on y était, d'abord en y croyant à bloc et puis petit à petit tout ça devient de plus en plus abstrait, on se dit qu'on a envie d'écrire qu'on fera n'importe quoi comme recherche du moment qu'ils nous prennent, qu'on acceptera de bosser dans une ambiance pourrie avec des collègues blasés, dans une région inconnue et lointaine, qu'on passera sous toutes les fourches caudines du monde si seulement on nous en donne l'occasion. On s'embourbe avec le temps qui passe.


Cette année je voudrais recommencer mon dossier de candidature à partir de rien, plutôt que de repartir de la même base, qui semble-t-il n'est pas suffisamment séduisante malgré tout le bien qu'on a pu m'en dire (et pourtant c'est pas faute d'en avoir reçu, des félicitations à ce sujet). Le billet de Mowgli tombe à pic parce que c'est justement ce que je m'apprête à faire maintenant, dans le mois qui vient, pour me remettre dans le bain du travail, tout en gagnant du temps pour quand je reprendrai le travail et ne pas avoir à y consacrer tout mon temps d'alors. Et puis ça me permettra de faire le point sur ce que j'ai fait, ce que je sais faire et ce que j'ai envie de proposer. Mais pour l'instant ma volonté s'arrête là... à désirer me refaire un dossier tout neuf. Faire des dizaines de candidatures sans dans le même temps pouvoir faire avancer ses recherches, ses véritables travaux, la raison même pour laquelle on fait tous ces dossiers, c'est sacrément usant.

lundi 13 octobre 2008

Bazar du lundi matin

Quelques gouttes de pluie ce matin. Le ciel est bas et gris, quelques oiseaux osent chanter, réfugiés sur le toît pendant que les chasseurs tirent en bas dans les bosquets. Casquettes orange vif que l'on voit pointer entre les branches à intervalles réguliers, grelots et cloches des chiens : ça n'a que peu à voir avec les chasseurs qui cherchent à se cacher pour ne pas être vus du gibier, et se fondent dans la nature pour s'inscrire dans un certain équilibre.


Mon mari est tombé malade à peine quelques heures après m'avoir dit entre ses dents, en rentrant du travail, qu'il était en colère contre le monde entier, parce que le monde entier avait des enfants et pas nous. Puis la fièvre est arrivée et l'a fait pleurer pendant presque toute la semaine. Ma sage-femme m'avait expliqué une fois que la composition des larmes n'était pas la même quand on pleure pour se débarrasser d'une poussière p.ex., et quand on pleure de chagrin ou de douleur : j'aurais été curieuse de savoir quelle était la composition de ses larmes cette fois-ci.


Moi, pendant ce temps, j'ai voulu être "forte" pour l'aider à tenir le coup, être vigoureuse et joyeuse et énergique pour deux. Mes efforts m'ont conduite à un mal de gorge cuisant, qui a disparu quelques heures après avoir pu pleurer tout mon saoul dans ses bras en lui disant tout ce qui se bloquait dans ma tête.


Et il y en a, des choses coincées là-dedans. Quelques jours après l'accouchement je disais déjà que je voyais qu'il y avait une partie de moi que j'avais enfermée et rien que d'y penser j'en avais un vertige fou. J'en ai déjà parlé un peu ici : j'arrive à faire des projets à moyen ou long terme, mais rien pour le présent, et surtout rien pour moi-même. Enfin, je me rends bien compte que c'est faux puisque je m'en sors, et plutôt pas trop mal pour le moment. Mais quand la peine me saisit... je ne vois plus rien clairement. Je me mets à porter un regard qui trouble tout ce que j'aperçois, le travail que je n'ai aucune envie de reprendre, l'aménagement de la maison que l'on n'arrive pas à faire avancer aussi vite que l'on voudrait, les chevaux dont je voudrais m'occuper plus mais je n'y arrive pas, cette peur qui me tenaille de perdre encore quelqu'un, le vide que mon enfant ma laisse. Il m'arrive à certains brefs instants de me surprendre à penser que tout cela n'est qu'un mauvais rêve et que mon fils est là, qu'il va arriver, qu'il est vivant, que c'est juste un moment d'angoisse qui suit tous ces longs mois de questionnements, de chambardements.


Mais non. Mon fils est mort et il pleut ce matin. Notre maison est devenue une habitation pour deux personnes. Je suis en congé et je devrais en profiter pour préparer un nouveau dossier de candidature pour cette année, parce que j'ai décidé de tout refaire à partir de ce que j'ai appris ces deux dernières années, de ce qui a fonctionné, et ce qui a juste fait bonne impression mais sans m'ouvrir de portes. Que si j'attends de reprendre le travail pour le faire, je n'aurai pas le temps de faire ça et de la recherche en même temps, et que ça fait trop longtemps que je n'ai pas fait de recherche intensive, qu'avant ça me plaisait, que l'envie devrait revenir avec la pratique, avec l'approche d'une solution à un problème, avec la sensation d'aller dans la bonne voie, avec la hâte fébrile de voir les résultats d'un test, avec les réponses que l'on voit apparaître des erreurs que l'on trouve.


Oui, j'en parle bien ;-) mais tout ça n'est que de la théorie. Dans la pratique, la première chose que je devrais faire c'est de me chercher un job pour quand j'aurai fini mon postdoc, ce qui va arriver assez vite, et pour cela je n'ai aucune énergie qui me vient.


Et puis dans l'immédiat, mon énergie va se concentrer sur le ménage de la maison qui est devenue un véritable champ de bataille depuis les pluies diluviennes de la semaine dernière... vivement que l'on ait pu planter le gazon.


A part ça, profitant d'un stand qu'ils avaient installé à la fête de la courge, ce week-end j'ai enfin adhéré à Kokopelli (y'a aussi leur futur site, en cours de construction, ). Ça a été une rudement bonne occasion et j'en suis très contente. Et de les rencontrer, en chair en os (...et en sachets de semences !), ça a été une très chouette rencontre.


lundi 9 juin 2008

Pas de nouvelle : Bonne nouvelle ?

Aujourd'hui est le premier jour de la conférence à laquelle j'assiste tous les ans depuis que je pratique ce sport (de combat) qu'est la publication d'articles scientifiques. Celle-ci est un peu comme une réunion de famille, à quelques exceptions près on s'y retrouve presque au complet tous les ans, et ça fait toujours plaisir, malgré la pression scientifique et émotionnelle.


Cette année je me demandais comment ça allait se passer pour moi. J'avais du mal à m'imaginer cette édition parce qu'elle a lieu près de chez moi. A une distance assez courte pour faire les allers-retours tous les jours, et assez grande pour que ça me fatigue un peu, tout de même. De quoi ne pas y être plongée comme d'habitude, et alors, quid des apéros, des soirées, de ces moments rares et importants où les liens se tissent ?


La question a été résolue il y a un peu plus d'un mois avec le début de mes contractions : pas moyen d'y aller. Puis, mon stress se calmant pas mal, j'ai décidé que j'irais y faire un tour, deux fois. Même si finalement, pour des raisons extérieures, ça devient plus difficile que prévu et si ça se trouve, je ne pourrai pas y aller du tout (ce qui est problématique, mais quand on n'a pas le choix...).


Je n'ai prévenu que mes amis les plus proches de mon absence pendant la conférence, pour les autres je suis censée y être. La semaine dernière, j'avais envie de prendre des nouvelles de certains d'entre eux, mais ne voulant pas vendre la mèche de mon absence je ne l'ai pas fait. Hier soir ça n'a pas coupé, on m'a déjà téléphoné pour me demander si j'étais là, parce qu'on était arrivé et que l'on voulait savoir si j'avais prévu de dîner quelque part, si l'on pouvait se voir.


J'ai reçu ce message ce matin sur mon téléphone. Et alors que j'avais presque oublié que ça commençait aujourd'hui, je me suis brusquement retrouvée à me demander : qui m'appellera ? qui s'est rendu compte de mon absence ? qui prendra de mes nouvelles ? vais-je recevoir des pluies de SMS me demandant où je suis, ce que je fais, pourquoi je ne suis pas là ? (Ou même s'ils savent pourquoi parce qu'ils ont demandé à mes amis proches, vais-je recevoir des petits mots sympas, des quelque chose, des signes ?)


Rien, pour l'instant. J'espérais en recevoir un, ou deux, quand-même, ça m'aurait procuré un petit plaisir personnel, le plaisir de constater que certains se rendent compte quand je ne suis pas là. Mais rien. Peut-être plus tard ? Je ne sais pas. Ça n'est pas spécialement blessant, c'est juste un peu triste, je trouve. Bah... c'est con comme des fois on se crée des mondes illusoires dans lesquels on s'enferme volontairement, comme ça.


A vrai dire si, j'ai reçu un SMS... de la part de qqn qui maronnait parce qu'elle est en panne de voiture et ne pourra pas y aller avant la fin de la semaine...!

mardi 27 mai 2008

Sur le quai


Je me sens un peu comme la femme d'un marin qui partirait sur un baleinier pour les mois à venir alors que moi je reste là à le regarder partir sans bouger...


Ou alors comme quand j'étais plus jeune et que je préférais être derrière la scène que devant. Quand je passais tout le spectacle de l'école dans les coulisses parce que je préférais être derrière que sur le devant de la scène. Comme quand je refusais de monter un cheval qui gagnait les concours et que je me bornais à monter les vieilles carnes et les plus peureux, question d'être sûre de ne pas me retrouver sur le devant de la scène. Ou alors que si jamais je m'y retrouvais, je pourrais être certaine que c'était vraiment parce que les gens trouvaient que je valais quelque chose que je ne mettais pas en avant - que je m'évertuais à cacher, même. Et j'en suis toujours restée, du coup, à la grande question : est-ce que j'ai ce quelque chose et que je le cache, ou alors simplement est-ce que je ne l'ai pas et que c'est pour ça que je ne gagne pas ?


Tous les ans je me trouve avec de nouveaux copains de galère, à la recherche d'un poste. Et tous les ans je les vois trouver un poste. Et pas moi. Ensuite on peut dire tout ce qu'on veut, on peut rester conscient du fait que c'est un grand tirage au sort qui nous dépasse très largement nous, les candidats, il n'empêche que ça fait un sacré pincement au coeur.


Ça ne m'empêche pas du tout d'être très contente pour les bonnes nouvelles que je reçois. Pour celle que je viens de recevoir, en l'occurrence. Vraiment, ça me remplit de joie et le sujet de cette bonne nouvelle peut être fier de lui, il l'a bien mérité. Et moi, je suis fière de lui, même si je n'ai rien à voir avec sa réussite.


Est-ce que les souvenirs cités plus haut, et ce que je vis aujourd'hui, a un quelconque rapport en réalité ? Ou bien est-ce que c'est moi qui les relie, peut-être là aussi pour me conforter dans ce "si je ne brille pas c'est uniquement parce que je ne le cherche pas" ? Et si je ne le cherche pas, finalement, c'est parce que je ne veux pas risquer d'apprendre que je ne pourrais pas briller si j'essayais ?


Et puis pourquoi est-ce que je ressens ça, alors que finalement je ne suis pas si mécontente que ça d'être là où je suis, de faire ce que je fais ? Ça, je le sais : c'est parce que c'est bigrement difficile de mettre de côté ce satané esprit de concours, d'il faut être le meilleur pour être respectable, d'il faut faire un parcours sans faute. Moi j'ai fauté, et j'en accumule et de plus belles. Je ne suis plus dans le peloton de tête comme je l'étais, ou comme je croyais l'être, ou comme on croyait que je l'étais. Je joue en 2e division. Pas de quoi motiver mon réseau de relations, ils auront désormais toujours mieux à faire, meilleur à soutenir.


J'ai très, très longtemps baigné dans cette ambiance de concours. Et j'ai du mal à me sortir de ça, du mal à percevoir les choses différemment. Même si je sais que c'est possible. Même si je sais que la réussite n'a rien à voir avec la qualité. D'un autre côté, rien ne permet jamais de quantifier la qualité, et c'est d'ailleurs pas plus mal.


(Et tout ça n'a rien à voir avec l'enfantement. L'un n'empêche pas l'autre, et l'un n'apporte pas de soulagement, de remplacement à l'autre, ce sont deux choses différentes.)


(Heu... et je ne dis pas ça non plus pour m'apitoyer sur mon sort, ni pour qu'on me dise "mais si, t'es douée...", "mais si, tu vas finir par trouver...", "ne perds pas espoir...", tout ça. Juste parce que c'est vrai. C'est tout.)

lundi 26 mai 2008

L'orage se dégage mais ce n'est pas encore le retour du beau temps

Ces dernières semaines j'ai écrit pas mal de billets mais ne les ai pas publiés, parce qu'ils étaient trop hurlants de désespoir. Et ce désespoir que je voyais dégouliner malgré moi de tous les mots que je tentais de poser ici, ce n'est qu'une partie de ce que je ressens en ce moment, alors je ne voulais pas qu'il prenne toute la partie émergée de l'iceberg. D'ailleurs que j'aie des sautes d'humeur assez importantes, que je joue à Jean-qui-rit / Jean-qui-pleure, rien de plus normal vu les événements du moment. Ce n'est pas une raison pour en faire une généralité.


Ce matin je me suis réveillée en pensant à ça : l'autre jour, en commentaire d'un billet de Kalai Elpides, j'avais lu la chose suivante :


Toutes ces "révélations" ne vous interrogent-elles pas? Avez vous réellement envie de vous corrompre dans une Université? Voulez vous gâcher votre talent en vous corrompant dans une institution pourrie, en perdant votre éthique? N'avez vous d'autres choix? L'université n'est elle faite que pour se reproduire, elle et les privilèges de ceux qui la servent? Voulez vous plonger vos (futurs éventuels) étudiants dans le désarroi dans lequel vous êtes ou leur offrir un non avenir, les envoyer à l'abattoir? N'avez vous pas envie de lutter contre les dérives que vous dénoncez (de l'intérieur, vous ne pourrez jamais rien faire d'autre que de baissez votre culotte contre votre volonté).
Vous êtes encore intègre, vous avez du talent, beaucoup de gens vous aiment actuellement pour ce que vous êtes encore...
Faite le bon choix s'il vous plait, ne brisez pas nos coeurs en vous faisant acheter par une rente indue...

(original)

Autant dire qu'à quelques jour de mes auditions, dans cette période où tout est sans cesse remis en question et surtout les bases de toute ma vie, ça m'a fait pas mal cogiter. J'ai tâché de me poser la question, A quoi bon ?, en toute objectivité - ce qui, bien entendu, n'est guère possible à ce moment-là... mais j'ai essayé tout de même. Et ce matin, il m'est venu deux réponses :


  • D'une part, que si je veux faire ce métier, ce n'est pas pour le plaisir des concours de recrutement, mais c'est pour tout le reste. Enseigner, faire de la recherche, participer à des projets, se remettre sans cesse en question dans ce qu'on fait et pourquoi on le fait. Ça, ça ne nécessite pas de baisser sa culotte - du moins, pas tout le temps. Et c'est quelque chose que j'aime faire.

  • D'autre part, que de toute façon, il me semble évident que croire qu'il en serait différemment ailleurs serait se mettre profondément le doigt dans l'oeil. On ne va pas me faire croire que les recrutements sont plus justes dans le privé.


Cela étant dit, je ne sais pas si je continuerai la course pour autant. Parce que je suis fatiguée de tout ça, parce que pour l'instant je ressens que ça fait deux ans que je m'ennuie dans mon travail, que je ne m'amuse plus autant qu'avant, que je ne fais plus ça que dans la perspective d'améliorer mon CV pour un éventuel recrutement, et que ce n'est pas comme ça que j'arrive à faire de bonnes choses, c'est-à-dire des choses qui me satisfont, qui me rendent heureuse d'exercer mon métier. Et parce que pour l'instant en tout cas, je n'ai plus la niaque. Je n'ai pas envie de re-re-refaire mon CV une nouvelle fois l'an prochain, de devoir repasser autant de temps à réfléchir à comment mettre au mieux en avant ce qui fait de moi une candidate à retenir. Tout ça m'ennuie, d'autant plus que dans ce milieu, l'activité de candidature occupe environ 5 mois de travail non stop, c'est beaucoup trop, c'est usant (surtout quand les résultats ne sont pas au rendez-vous, et encore plus quand ça n'a pas grand rapport avec notre dossier).


Et puis dans ces moments on voit, on entend tellement de choses dégoûtantes. Je n'en citerai pas, il y en a tellement déjà qui sont racontées au le web, ce serait inutile d'en rajouter, juste que l'on n'entend quasiment jamais parler d'un concours qui se serait bien passé, en respectant les règles du jeu, sans que les résultats soient connus d'avance ou bien qu'il y ait un subit Deus ex machina qui vienne chambouler un classement honnête pour des raisons tout à fait extérieures au fait présent. Je voudrais qu'un jour on m'annonce que je suis auditionnée dans telle fac et que l'on me donne dans le même temps la liste des autres auditionnés et la composition de la commission de spécialistes (et même la date à laquelle ils statueront) ; et je voudrais qu'après le concours on puisse me dire ce qui a été dit à propos de ma candidature, que l'on puisse me faire un rapport honnête et complet des points forts et faibles qui ont fait que j'ai été classée ou non, et que l'on me donne la liste des classés. Ça ne me paraît pas trop en demander... mais pourtant, pour l'instant, il semble que ça le soit. Et je ne voudrais pas entendre parler des dossiers passés à l'as pour de mauvaises raisons, des petites cuisines internes, des injustices criantes sous toutes leurs formes, et surtout pas du résignement crasse des membres des commissions de spécialistes qui déplorent tout cela et pourtant en font bel et bien partie, en jouent le jeu, ne remuent dans les brancards que dans les couloirs, ou devant les candidats, ou dans des blogs ou des articles de journaux, espérant se donner je ne sais quelle bonne consicence.


S'il y avait une chose à modifier immédiatement pour sauver l'enseignement supérieur et la recherche, ce serait le mode de recrutement. Certainement pas dans le sens de la réforme qui nous pend au nez, non. Mais ne serait-ce qu'en obligeant les recruteurs, puisqu'ils ne semblent pas le comprendre d'eux-mêmes, que c'est non seulement la carrière des gens qu'ils ont en face d'eux mais aussi l'avenir de la construction et de la diffusion des savoirs en France qu'ils mettent en jeu dans leurs petites tractations de couloir. Que quand on auditionne 5 ou 6 candidats on peut se permettre de consacrer 5 minutes par personne à la sortie de la commission pour leur donner les résultats, même par email si l'on ne veut pas (risquer de ?) le faire par téléphone, même le lendemain si l'on ne peut pas le faire le soir même, même déléguer cette lourde tâche si l'on a prévu de partir en week-end dès la fin de la journée. On peut le faire, on peut deviner que c'est important pour les candidats qui ont dépensé de l'argent, du temps et de l'énergie et plein de volonté pour venir présenter leurs travaux, et leur motivation sans cesse remise en question. On peut devnir que ce petit geste qui ne coûte pas grand-chose ferale plus grand bien à ceux qui galèrent de l'autre côté du miroir, pendant que les titulaires se gargarisent de crachats dans la soupe - qu'ils finissent par avaler, comme tout le monde, même s'ils font la grimace, du moment que ça ne met pas leur poste, leurs facilités, leurs acquis en danger.


(Oui, il y en a qui se bougent vraiment, qui osent risquer de se mettre eux-mêmes dans une situation inconfortable pour faire changer cela. Mais honnêtement, il y en a combien ? J'en connais un, en tout et pour tout. Et il a dû tout faire tout seul parce qu'il ne trouvait personne pour l'épauler, même au niveau national.)


Mhhh, j'avais dit que je ne voulais pas paraître désespérée... :-/


Mais c'est parce que le centre de ce billet, c'est que j'ai retrouvé ce pourquoi je voulais faire ce travail. Je ne l'éprouve plus en ce moment, mais je sais de quoi il s'agit malgré tout. C'est déjà ça.



...A part ça, l'orage de hier / ce matin s'est très lentement dissipé, a laissé place à une tentative de rayon de soleil vers 11h30, puis à un grand souffle de mistral depuis une demi-heure. Qui n'a même pas la force de pousser les nuages, on dirait... dites, c'est quand le printemps ?

vendredi 9 mai 2008

Un peu de mal

Une bonne frayeur ces derniers jours. Ce week-end on a un peu baroudé, invités par ci par là, lundi et mardi j'ai fait mes 3h de trajet quotidien pour aller travailler, et puis mardi soir on est sortis avec un ami, on a bu un coup et dîné au restau... je ne sais pas très précisément ce qui a le plus joué là-dedans, mais le lendemain j'avais mal à l'utérus. Comme j'étais crevée, j'ai passé presque toute la journée à dormir, et puis en fin de journée, comme les douleurs ne passaient toujours pas, je suis allée marcher un peu. Ça s'est soulagé. Et puis c'est revenu pendant le trajet en voiture qui nous amenait chez nos amis, où l'on était invités le soir. En en discutant avec mon mari, il m'a conseillé de téléphoner à la sage-femme au cas où.


Et là, catastrophe : d'après ce que je lui raconte elle m'explique que ce sont des contractions, que ce n'est pas forcément grave mais que par contre c'est très sérieux, qu'il faut que je prenne du Spasfon et que je me coule un bain. Ne pouvant pas le faire puisque je ne suis pas chez moi, elle me conseille de passer à l'hôpital de la ville, qu'ils vérifieront ce qu'il se passe, et qu'au pire ils me garderont 48h sous perfusion de Spasfon. Panique, on file à l'hosto, je commence à être sérieusement terrorisée, je m'en veux à mort de ne pas avoir su détecter ça. Et pour couronner le tout à l'hôpital c'est du grand n'importe quoi. Les urgences maternité sont vides, alors on va jusqu'aux aux urgences normales, qui nous disent d'y retourner et de sonner à la porte. On sonne, on nous indique d'aller sur notre gauche (alors que dans l'entrée les urgences mat' sont indiquées à droite... à gauche c'est les urgences pédiatrie...), on entre dans la maternité (comme dans un moulin, on croise deux mecs un peu louches de je ne sais quel service qui se baladent alors qu'on passe devant des salles avec des couveuses...), on tombe sur une infirmière et on lui explique, elle nous répond que non non, il faut aller au service gynéco (c'est d'une logique imparable, bien sûr). On y va, on tombe sur une infirmière, qui nous explique tant bien que mal où est la salle des urgences gynéco, et nous annonce que l'obstétricien n'est pas disponible pour le moment parce qu'il en train de faire une césarienne... Bon. On va attendre devant la salle en question (franchement bien cachée), on attend on attend, toujours rien, j'angoisse à mort, ce qui n'arrange rien, je ne sais pas si je dois rester assise ou debout, je me sens toute contractée, je me retiens de pleurer tant bien que mal. Au bout d'un moment la dernière infirmière passe, nous voit et nous demande "Ben ? Il est toujours pas revenu ??
- Non.
- (...)
- Y'aurait pas moyen de voir quelqu'un d'autre ?
- Ben... qui donc ?
- Je sais pas moi, une sage femme par exemple.
- (l'air étonné) Ah non alors, les sages-femmes ne font pas ça !"

Bon bon. Je n'en peux plus, mon mari non plus, il sort rappeler à la sage-femme pour savoir ce qu'on doit faire, si l'on n'a pas une autre option que de rester là comme des cons dans cet endroit où je n'ai confiance en personne, je les vois déjà me faire toutes sortes d'examens inutiles et dangereux pour le bébé en me déclarant que c'est obligatoire, et finir par m'annoncer qu'on doit m'accoucher que ça sera mieux, et moi je n'ai pas confiance, je n'ai pas confiance, je veux rentrer à la maison, je repense au fait qu'initialement la SF m'avait juste dit de me plonger dans un bain, je veux rentrer chez moi et prendre un bain, et dormir contre mon chéri, à la maison, au calme, tranquilement, me reposer chez moi. La SF, apprenant que l'on n'a toujours pas été pris en charge est outrée, et nous conseille effectivement, si je me sens de rentrer (évidemment que je me sens ! Tout sauf continuer à attendre dans cet endroit infâme !), de le faire. Puis de me reposer absolument pendant 48h, sous Spasfon régulièrement, sans rien faire.


J'ai donc passé deux jours de repos complet, allongée à ne rien pouvoir faire de plus que me lever régulièrement pour aller faire pipi... parce que le bougre ne m'appuie pas moins sur la vessie pour autant. Hier les douleurs ont commencé à se calmer... pour être remplacées par des courbatures (ben oui, 48h à être contractés, les muscles, ça fait un sacré effort) et un mal de dos à m'empêcher de dormir. Et depuis cette nuit s'est ajouté à ça un mal aux fesses et aux épaules, qui deviennent elles-mêmes toutes tendues.


Je n'ose plus bouger, bien que j'aie moins mal, mais j'ai tellement peur que ça revienne. Je ne veux pas risquer d'accoucher maintenant, c'est vraiment beaucoup trop tôt ça serait l'horreur, mais en même temps c'est cette position couchée qui me fit si mal partout ailleurs, et puisle stress aussi, de ne pas sentir une réelle amélioration, que j'attendais plus rapide, plus franche. Là je n'ai plus vraiment mal (à part hier soir où j'ai eu une brève -mais intense- remontée), je crois que je n'ai plus de contractions (en tout cas rien de plus que les normales c'est-à-dire des légères de temps en temps), mais j'angoisse tellement que même les mouvements du bébé m'inquiètent, j'ai beau savoir que c'est lui ça me fait peur tout de même.


Et puis je voudrais que ça passe. Je ne veux pas non plus passer mes 5 prochains mois couchée, c'est l'horreur. Quand j'y pense, je sens bien à quels moments j'ai abusé, à quels moments je me suis forcée alors que je n'aurais pas dû, mais je n'ai tellement pas l'habitude que je ne m'en rends pas comtpe sur le coup. Déjà, je n'aurais pas dû faire tous ces kilomètres. Mais ça serait resté calme, je crois, si je n'avais pas reçu mardi une mauvaise nouvelle professionnelle. Une nouvelle qui m'a mis le moral complètement à zéro, qui m'a vraiment dégoûtée de continuer, qui m'a ôté tout espoir de trouver un travail pour l'an prochain. Et moi, parce que j'étais bloquée sur mon lieu de travail jusqu'au soir et parce que je ne voulais pas sombrer en larmes devant tout le monde (ni entendre des "Mais noooon... c'est pas si graaaave..."), j'ai pris sur moi. Même le soir j'ai dû en faire autant, parce qu'à peine rentrée du boulot on avait rendez-vous avec un ami et qu'on a passé la soirée à discuter de plein de choses passionnantes, mais pendant ce temps l'angoisse me dévorait de l'intérieur sans que je puisse l'extérioriser pour ne pas qu'elle s'installe. Ben c'était une belle connerie, puisque ça m'a tellement stressée, tellement tendue intérieurement, qu'évidemment cette tension s'est reportée sur l'utérus et les contractions ont commencé.


Et à présent je ne sais pas trop quoi faire pour bloquer ça. Relativiser ? Je veux bien, je ne demande que ça même, mais ce n'est vraiment pas simple de n'avoir absolument aucune idée de ce que pourra bien être ma vie d'ici à quelques mois. La seule chose dont je reste sûre, c'est mon mari, et c'est déjà pas si mal (en tout cas j'espère, parce que sinon...). A part ça, non seulement ma vie ma totalement changer parce que je vais être maman (enfin... si je ne gâche pas tout avec mon stress d'ici là), mais en plus je ne sais pas ce que je ferai ni où je serai. C'est vraiment pas facile de ne pas pouvoir du tout me projeter, de ne pas avoir la moindre idée, juste petit à petit de barrer des possibles, et qu'il en reste de moins en moins dans la liste, à part la dernière ligne : "Autre".


Ce matin je me disais que j'allais tenter de faire un billet positif avec tout ça. Ben c'est pas facile. C'est d'ailleurs sans trop de doutes pour ça que je ne suis toujours pas remise sur pieds. Il faut que j'accepte ça et que j'arrête de me cramponner à... à je ne sais quoi, à tout ce qui me retient. C'était quoi qui était mieux dans ma situation de l'an dernier par rapport à celle de cette année, hein ? Qu'est-ce que je pourrais bien regretter ? On se l'demande.


Pour fêter ça, je ferais volontiers ma petite sieste de 10h30... sauf que j'ai trop mal au dos :-/

mercredi 12 mars 2008

Nouvelles en vrac

J'ai été absente un long moment d'ici. Je n'ai pas publié de billet, je n'ai pas lu mes blogs favoris, et je n'ai même pas réussi à prendre le temps de répondre ni aux commentaires ici, ni même aux emails amicaux reçus.


Je n'ai pas arrêté de travailler pendant 3 semaines en continu, le jour, le soir et le week-end. J'ai passé mes deux auditions au CNRS, c'était très important, l'enjeu était largement de taille. J'ai aussi vu paraître la liste des postes de maîtres de conférence mis au concours cette année, il n'y en a vraiment pas beaucoup dans ma section, et aucun qui soit vraiment dans mon profil.


J'ai tout de même croisé quelques orchidées autour de la maison comme l'atteste la photo de mon dernier billet. Rien de bien extraordinaire, des Barlia, il y en a vraiment partout pour peu que l'on s'éloigne un poil des vignes et que l'on prenne le temps d'observer où l'on met les pieds. Encore plus de rosettes en cours de pousse, ce n'est que le début. Ça signe l'ouverture de la saison des orchidées sauvages, alors je trépigne d'impatience d'aller en chercher partout, de retrouver les sites que je connais et d'en découvrir d'autres. En ce moment il y a aussi des Ophrys Lupercalis apparemment, je voudrais en trouver, je n'en ai jamais vues. Et ensuite ça sera le début de l'explosion, fin mars, avril, jusqu'en mai ici.


Il a plu ces derniers jours, ce qui m'a bien aidée à me concentrer sur mon travail. Et puis ça a fait du bien à la terre, même si ce n'est pas idéal, c'est mieux que le rien du tout de ces derniers mois.


Le prunier a presque fini sa floraison. Déjà... Heureusement j'avais pris 5mn pour en faire quelques photos, c'est tellement beau. Et ça embaume le jardin d'une senteur de miel, et on entend les abeilles s'afférer tout partout, c'est une période que j'adore.


Ma jonquille a fleuri aussi, il faut que la prenne en photo, je ne l'ai aps encore fait. Je ne sais pas ce que c'est comme espèce, elle n'est pas comme les autres jonquilles que je connais.


Et puis nous avons rencontré notre sage-femme aussi. C'était une rencontre assez incroyable, tellement simple et tellement évidente. C'est si rare de rencontrer des gens comme ça, avec qui l'on a plein d'idées communes, que l'on n'en revenait pas. C'est très chouette, j'ai une absolue confiance en elle, donc sur ce plan-là tout va bien.


Et puis mon ventre commence un tout petit peu à s'arrondir. C'est très léger, mais mon cher et tendre et moi-même on s'en rend bien compte. Et tout le monde me dit que j'ai une super bonne mine, ça change de ces regards affligés que j'ai toujours sentis sur moi parce que j'étais trop maigre selon leurs critères et que j'avais des cernes tracées à la truelle. Alors je découvre, notamment, et avec un grand amusement, comment les commerçants alimentaires parlent aux gens qui ont l'air gourmand: Et vous reprendrez bien un peu de ça ? Et un dessert, vous voulez un dessert ? Et si je vous proposais un [XX] maison, qu'est-ce que vous en diriez ? C'est très drôle (et la plupart du temps je dis oui ;-))


Mes énervements se sont également un peu calmés, je crois que j'apprends doucement à faire avec surtout. Ça me remue moins.


J'ai bien envie d'aller faire une petite balade orchidophile aujourd'hui, maintenant que j'ai un peu le temps. Le temps n'est pas génial, mais je me dis que ça me ferait du bien. Je vais commencer par une petite sieste, et puis on verra bien. Ah, c'que c'est bon de se reposer un peu !


Bientôt je mettrai des photos ici, j'en ai quelques-unes à mettre :-)


Si si, j'ai bien dit "bientôt", c'est promis.

mardi 12 février 2008

Pour faire heureux, faisons caché

NB : Ceci est une version édulcorée du billet que j'avais initialement publié - je l'ai modifié sur les conseils sans doute avisés d'une blogueuse, et d'ailleurs justement je trouve que tout cela va exactement dans le sens de ce que je déplore ! ;-) (je veux dire, le fait de mieux valoir reprendre mes dires parce que c'est trop...)
(NB pour la blogueuse en question : je t'aurais volontiers envoyé un email pour en discuter avec toi, mais tu n'as pas laissé ton adresse, c'est dommage ! Pourtant tu peux le faire (dans la case prévue à cet effet), elle n'est pas publiée, il n'y a que moi qui la vois)


Si je ne le fais pas moi-même, qui s'en occupera ?

C'est ce qu'on me disait l'autre soir à un propos dont je parlerai pas ici, mais pour lequel je sais que la personne avait parfaitement raison, et je sais combien ça lui coûte, et je sais combien c'est difficile.


Je ne lui ai pas répondu "Moi aussi.", mais c'est ce que j'ai pensé. Je ne lui ai pas répondu ça parce qu'on ne joue pas dans la même catégorie. Parce que j'ai trop de respect pour ce qu'il fait. Parce que tout ça me paraît tellement noble ! Mais je l'ai pensé tout de même, et je pense que ça se justifie. Je ne sais même pas si j'ai envie de donner des exemples. Le fait est que c'est pourtant ce que je fais.


Et l'une des choses dont je sais de ça, c'est que non seulement ce n'est pas toujours simple à faire, mais qu'en plus ça joue souvent contre soi-même : on nous taxe dans ce cas de vouloir être le centre du monde, de vouloir se faire remarquer, de vouloir paraître indispensable.


Quelle ironie tout de même !


On en fait souvent infiniment plus que ce que les gens qui nous critiquent en voient. On pourrait imaginer que ça les calmerait s'ils l'apprenaient, mais on peut aussi gager que ça serait encore pire. On gagne à vivre caché pour vivre heureux, et sur ce point également. Y compris quand ce n'est pas pour soi-même que l'on fait les choses, quand on les fait parce qu'on les sent justes tout simplement, quand on les fait parce que l'on estime que l'on doit faire ce que l'on peut, parce que l'on a envie de participer, parce que l'on se sent capable de le faire, parce que l'on a envie d'essayer plutôt que de critiquer ceux qui font à notre place - ou justement, ne font pas du tout.


Rien de grave. Que du connu. Mais ce n'est pas une raison pour ne pas l'exprimer. Une chose que je trouve dommage en l'occurrence, c'est que cela ne figure pas sur les CV, que même parfois ce n'est pas recommandé de le faire, que ça se sache. Toujours faire et penser en fonction de toutes les réactions absurdes, jalouses possibles, et non pas faire comme ça nous semble juste, sous peine de se retrouver avec des "ennemis" (plus ou moins virulents, plus ou moins influents).


Sans doute au moins en partie, ceci est une façon de me fournir des bonnes excuses, de me lamenter sur mon sort (ouais bon... un peu quand-même, de temps en temps - il faut bien écraser sa larme, la vie est dure ma bonne dame), de me justifier et de refuser le monde, les autres et leur façon de vivre (halala que les gens sont méchants, c'est pas ma faute c'est la leur à eux, eux, eux).

jeudi 10 janvier 2008

On peut reprendre une activité normale

J'ai marqué par mon absence ces derniers jours : j'avais mon dossier CNRS à finir. Il a été bouclé hier. Donc, retour à la normale, j'ai à nouveau un peu de temps. En fait, ce n'était pas que je manquais de temps, c'était que j'étais constamment concentrée dessus, au point de ne plus avoir envie de faire autre chose...