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mercredi 10 octobre 2007

Surprise du matin

Je ne résiste pas à écrire un petit mot pour raconter que quand je suis descendue du bus à l'instant, j'étais au pied d'un gigantesque arc-en-ciel, complet, double même, qui se dressait au-dessus de la ville, à l'opposé du lever de soleil.


Et puis j'ai marché quelques centaines de mètres, je me suis retournée : il avait disparu.



Ce matin ici il pleuviotte, l'ambiance est assez molle, celle d'un matin où tout le monde n'est pas encore arrivé, le labo est calme, et le restera encore une petite heure. J'entends juste les quelques gens qui arrivent, la femme de ménage qui se demande comment on fait pour ouvrir les portes intérieures, et moi j'attends qu'elles soient ouvertes pour pouvoir aller me chercher un café.


Une journée pleine de travail aussi, intéressant.

lundi 1 octobre 2007

Bien

Ce titre, qui est l'expression qui me vient à l'esprit quand je pense à ce que j'ai envie de raconter, ça me rappelle une interview que j'avais entendue il y a bien longtemps. On demandait à Mathieu Boogaerts pourquoi il avait intitulé son premier album "Super", et lui avait répondu quelque chose comme "Ben parce que c'est super de faire un album". Du coup j'aurais pu appeler ce billet "super" aussi mais c'était déjà pris alors je l'ai appelé "bien", ce qui j'imagine a déjà été pris aussi mais a l'énorme avantage de ne rien m'évoquer qui vienne s'entrechoquer avec le contenu dudit billet. Pas comme ce souvenir que je viens de raconter, par exemple.



Bien donc.


D'abord le lever ce matin, premier lever de mon premier jour de mon premier travail de postdocteure, du bon pied, alerte mais pas trop,... après avoir tout de même rêvé que je ne pouvais pas aller à cette journée de travail parce que mon mari avait d'autres choses à faire et que tu comprends, toi t'es pas obligée d'aller à ton labo et moi ce que je dois faire c'est un plus important alors bon
- Oui mais chéri, c'est mon premier jour, ça la fout mal si je n'y vais pas !
- Mais non, c'est pareil, premier jour ou pas...

Ça restait quelque chose de plutôt tolérable dans mon rêve, jusqu'à ce que la situation se reproduise le lendemain, là je commençais vraiment à me dire que ça craignait très fort, d'autant plus que je ne pouvais pas les prévenir.


Puis le départ pour Aix, direction la gare routière, pour prendre le bus qui me mène directement à mon lieu de travail. Un peu d'avance, le temps d'échanger un sourire matinal assaisonné d'une petite blague avec la serveuse du snack de la gare routière à qui j'ai commandé un café. La chauffeuse du bus lance un "Bonjour bonjour" à la prosodie engageante à chaque passager qui monte, c'est sympa. Je m'installe. Premier départ.


Sur la route, quelques dizaines de kilomètres passés, là où je commence à quitter mes lieux habituels, j'ai décidé de ne pas lire ce matin : je veux laisser mon regard divaguer sur ces horizons inédits, laisser les couleurs, les formes et les lumières tracer leurs marques nouvelles sur la page vierge de ma tête, imprimer de leur présence la sensation encore inconnue de ce chemin qui est devenu mon quotidien, dès aujourd'hui et pour un an. Une vieille ferme abandonnée, un village, une cité HLM, le canal de Provence, un grand péage à estivants et cette aire d'autoroute où l'on s'arrêtait déjeuner traditionnellement quand j'étais petite et que l'on montait voir la famille (dans la cafétéria sur le pont au-dessus des voies, où je me régalais à dévorer ma saucisse-purée avant d'aller acheter une cassette dans le magasin de souvenirs, où Jean Ferrat côtoyait sans complexe le Hit des années truc entre un rayonnage de cigales parfumées à la lavande et une tour impressionnante de calissons - ou bien était-ce des nougats, je ne me souviens plus).


Là, laissant mes yeux apprivoiser ces images nouvelles, absorber le décor, j'ai vu le squelette calcaire de mon pays, nu exposé à la tourmente du vent mistral, formant des milliers de gorges, coudes, côtes et autres doigts pointant le ciel, ses os à peine voilés parfois de quelques herbes rasantes jaunes orangées vert pâle et de maigres buissons formant leur forêts miniatures. J'ai vu les traces des habitants d'ici qui ont semé les murs de leurs bâtisses de pierres comme on place des tableaux dans une pièce pour la mettre en valeur, avec recul et soin, ces murs qui parfois ont traversé quelques siècles d'intempéries humaines et climatiques pour s'exposer à nous juste à deux pas du ciel, ruinés mais encore tellement arrogants de la certitude d'être là, présents, debouts tant bien que mal et d'avoir tenté de le toucher, le ciel. J'ai vu le ciel qui même dans la pâleur d'un matin tranquille vient colorer tendrement les grottes et découper sèchement les falaises, vient rappeler aux regards osant s'y porter que la Provence peut être rèche et rude, peut être aigüe et à pic, peut être violente tout en restant tellement emplie de cette magie des lieux d'ici, de ces formes que l'on sent se découper et prendre forme au fond de nous-même quand on ose s'en laisser pénétrer comme d'un bonheur précaire mais immortel.


A part ça... ma première journée de travail s'est super bien passée, aussi.