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mardi 18 mars 2008

Variations autour de Barlia... et autres images de Sainte Croix du Verdon

Week-end dans le Verdon, vers Sainte Croix. Le climat est fort différent d'ici, et donc les Barlia sont beaucoup plus avancées, mais ce sont bien les seules espèces que j'ai pu trouver !


Quelques photos pour montrer la variété des couleurs... mais le choix est difficile !





Mais il n'y avait pas que des orchidées. Il y avait aussi des anémones hépatiques (Hepatica nobilis) dans les sous-bois... aux couleurs tout aussi variées !




Et ce n'est pas fini. Les arbres aussi sont en fleurs. En tout cas c'est le début. Mais là je pêche un peu.


D'abord lui, aux petites fleurs jaunes qui captent le regard mais que je n'ai pas su identifier. A voir le tronc j'aurais presque pensé à l'un des érables du coin (Montpellier ou champêtre), mais je n'y mettrais pas ma main à couper !




Et autre arbre en fleurs. En boutons tout au moins. Et là aussi aucune idée de ce que ça peut être. Ça faisait toute une bande au bord d'un ruisseau.




Pour finir, deux photos non botaniques.


La première, c'est la plaque commémorative de l'insurrection de 1851 dans les Basses-Alpes (dont j'avais parlé ici), que l'on trouve fièrement plantée sur la façade de la mairie de Sainte Croix de Verdon. Je l'avais déjà vue en photo mais je ne m'en souvenais plus. Ça m'a fait une jolie surprise en la retrouvant là, en vrai. J'avais envie d'y ajouter un post-it : "Va p't'êt falloir penser à remettre ça bientôt..."




La dernière représente mon tag préféré. Non, il n'est pas graphiquement passionnant. Non, je ne parle pas la langue de mon pays. Mais oui, oui, et oui, que j'aime lire cette sollicitation !




Le diaporama complet des images de ce week-end :


lundi 17 septembre 2007

Rubrique-à-brac

Forcément quand on n'a pas blogué pendant plusieurs jours, on risque d'avoir plusieurs choses à dire. Du lourd et du léger, du drôle et du sérieux, de l'important et du futile.


Ce week-end, on l'a passé à lire une série de BD. Les 7 tomes du Triangle sacré, suivi des 4 tomes de I.N.R.I..



Pas très bien dessiné, pas très bien mis en couleurs, mais l'histoire a été suffisamment prenante pour qu'on y plonge sans retenue. C'était très agréable, en outre, de passer le week-end à lire tous les deux en même temps la même chose, l'un passant les tomes lus à l'autre, et au suivant, et c'est à qui se lever pour retourner faire du thé, c'est à toi, oh non c'était déjà moi la dernière fois t'exagères, fais-moi un peu de place je suis en train de tomber du canapé, et faudrait manger, ben oui quand-même il est déjà 15h30, effectivement, passe-moi le cendrier, t'as fait à manger aux animaux, ben non j'ai oublié, faudrait aller faire des courses, ben on n'aura qu'à y aller plus tard, passe-moi le briquet, ah ben non il est trop tard maintenant c'est fermé, allez je finis ce tome et on va se coucher, t'en es où toi, j'ai les yeux qui se ferment.


Le dimanche après-midi (parce qu'on n'avait pas fini les BD le matin), on est partis à la brocante de Gréoux, mais on avait oublié la carte bleue et on n'avait pas de monnaie sur nous donc on est vite rentrés, assoiffés et abattus par la chaleur lourde de l'après-midi.


Et puis...


Et puis je porte un fardeau qui n'est pas le mien. Depuis toujours. Depuis plusieurs événements. Que j'ignore. Mais ce dont je viens de me rendre compte, c'est que je ne les ignore pas au sens où je ne les connais pas, je les ignore au sens où je refuse de les voir. Un peu comme dans Fight Club mais à l'envers (ne lisez pas la suite de cette phrase si vous n'avez pas vu le film et que vous souhaitez le voir un jour, c'est un spoiler) : le héros croit que c'est quelqu'un d'autre qui joue le rôle de son comparse alors qu'en fait c'est lui-même qui commet tous ces actes.



Moi, ça serait quelques choses que je n'ai pas commises, mais dont j'ai effacé le(s) protagoniste(s) pour ne plus y voir que moi, pour en porter la faute exclusivement et pour surtout ne pas accuser quelqu'un d'autre.


Peur, terreur, grand vide, trou noir, descente aux enfers, honte absolue et dévorante. Frissons intérieurs, et vertige, vertige. Culpabilité omniprésente, par essence, par volonté, par incompréhension, par frayeur, par éducation judéo-chrétienne. Torture et pénitence. Mais rien d'autre. Rien pour l'instant.


Enfin, presque. Mais après ça devient trop. Je préfère retourner travailler...

dimanche 9 septembre 2007

En avance d'un jour

Demain je commencerai une nouvelle révolution. Non, je n'ai pas encore eu de nouvelle bouleversante ! Juste que demain, ça fera un an que je tiens ce blog. Et puis ben pas de chance, c'est aujourd'hui que j'ai envie d'en parler.


Il y a peu de temps j'ai déjà parlé, à la demande expresse de Meerkat, de ce que m'apportait ce blog en positif et en négatif. Donc je ne vais pas renouveler ma réponse qui ne date même pas d'un petit mois. Juste que je ne pensais pas que je "tiendrais le coup". Que j'arriverais à suivre le chemin aussi longtemps. Un an ça peut paraître trois fois rien à certains, et même à moi d'ailleurs dans d'autres contextes, mais un an de blogage, je ne m'en serais pas crue capable. C'est drôle.


Tiens d'ailleurs c'est d'autant plus drôle que je viens de relire un billet de mon premier jour (les précédents étant antidatés mais rappatriés ici après avoir été sauvagement virés d'ailleurs), et il se trouve que, coïncidence, c'est donc juste aujourd'hui l'ouverture de la chasse ici. Ça va pêter grave. Sauf que pour l'instant on bénéficie d'un petit répit : ils n'ont pas le droit de pénétrer dans les vignes avant quelques temps encore... pour cause de vendanges. Ouf.


Je vois aussi que le lendemain, je parlais de Rians. Ça aussi ça tombe bien, puisqu'aujourd'hui est le jour de leur grand vide-grenier, qui occupe tout le village, et que l'on attendait avec impatience. (Peut-être pour ça que je n'ai dormi que 2h cette nuit, tellement je piaffais ?)


Puis vint le début de la série des Sainte Victoire du matin (ici, ) et la première série de photos du blog, que j'affectionne particulièrement.



Alors on pourrait penser que j'ai réellement fait le tour... Là, j'attends avec impatience de pouvoir comparer mes balades herboristiques d'une année sur l'autre, pour suivre les évolutions. Et puis suivre les évolutions du reste aussi, ça compte, mais ce n'était pas voulu au départ. Il y a des choses se sont construites ici que je n'avais pas imaginées. Et c'est en grande partie à la lecture des blogs qui aujourd'hui font partie de mon entourage quotidien que tout ceci s'est construit peu à peu, que j'ai appris à bloguer, à ma façon et grâce aux autres.


Il est bientôt 7h, le jour est en train de se lever doucement. Peut-être que l'on va tâcher d'y aller tôt, question de trouver d'éventuelles bonnes affaires. Et ensuite on boira un café sur la place du village. Ce programme me plaît, j'ai hâte de perdre mon regard dans le sourire de mon mari, de le voir s'agiter devant les stands de vieux outils à la recherche désespérée du Fameux Tout Petit Rabot Arrondi dont il rêve tant. J'ai hâte d'aller et venir dans les rues pleines à craquer de choses, argumentant follement avec lui pour savoir si l'on prend telle chose ou telle autre, à combien l'on fait une offre, si c'est raisonnable (bien sûr que non !), et tiens on n'est pas encore passés là, on n'a qu'à aller voir et ensuite on repasse devant et on dit qu'on prend une décision d'ici là. Peut-être prendre des photos mais probablement pas, trop saisie moi-même par l'instant.


- - - - - - - -


PS : Je rajoute quelques stats, plus pour moi-même pour info, que parce que ça pourrait être difficilement être d'une quelconque autre utilité. En espérant pouvoir les comparer avec celles de l'année prochaine... Donc, depuis (presque) un an (plutôt, depuis que j'ai installé le compteur de statistiques), j'ai eu :


  • 17 452 visites, c'est-à-dire 126 par jour en moyenne. Cette semaine par exemple, j'en ai eu 882.
  • 33 385 pages vues, soit une moyenne de 221 par jour. Cette semaine par exemple, j'ai eu 1 550 pages vues.


Et parce que c'est toujours plus clair avec un petit dessin (où l'on voit clairement apparaître que parmi mes lecteurs, j'ai plus d'aoûtiens que de juillettistes) :



Les articles les plus lus sont les suivants :



/ Fin du message à caractère bassement statistique /

mardi 14 août 2007

Rencontres extraordinaires


Je n'ai aucune espèce d'idée de ce que ça peut bien être. Alors si quelqu'un a déjà vu quelque chose dans le genre, je suis preneuse de toute information. Quand je l'ai photographiée elle n'a pas bronché, et puis mon mari l'a doucement déplacée avec les doigts, elle a fait la morte, mais finalement elle a décollé vers d'autres cieux comme si de rien n'était.


EDIT : MOM nous a trouvé de quoi il s'agit : c'est un Mantispe commun (Mantispa styriaca), de la famille des... mantispidés, de l'ordre des névroptères, de la sous-classe des ptérygotes, dont les autres représentants sont les paléoptères, dont font partie les éphéméroptères (éphémères) et les odonates (libellules et demoiselles). Ouf ! Il a fallu remonter jusque là pour trouver de quoi ils sont cousins... En tout cas, ils ne sont pas du tout assimilés aux mantes religieuses (de l'ordre des dictyoptères), malgré leurs pattes avant qui ont les mêmes caractéristiques.




On s'est endormis très tard. Et réveillés très tôt, par les aboiements du chien après un chevreuil qu'elle a vu passer. Pas moyen de se rendormir, environ 4h30, on finit par se lever doucement, et puis on décide d'aller faire une petite balade en attendant que le camping s'éveille. On part sur le sentier du Bastidon, on fait quelques centaines de mètres et puis on quitte le sentier pour aller se percher sur un éperon rocheux plus bas. Pour voir le soleil se lever. On marche, on escalade, on passe dans des fourrés en suivant les pistes des chamois, et on y arrive. Magnifique, encore. Seuls au monde au milieu des gorges, au matin, entourés des bruits de croisement de la faune nocturne qui se couche et de la diurne qui se réveille.



Puis on est allés boire un dernier café au village, acheter deux bêtises à la supérette, passés dire au revoir au patron du camping. Bu un café, discuté deux heures, dit bonjour à toute la famille. On n'arrivait pas à partir. On a fait la bise à tout le monde. On a dit qu'on reviendrait un peu plus tard, après la grosse saison, plus au calme. On a passé un week-end incroyable. Ces vacances, en l'espace de quelques jours, tout a changé pour nous. On vit cet endroit sous un angle nouveau. Et on en est heureux.


Et on est partis vers Barjols.

jeudi 9 août 2007

Joyeuse surprise

Je me baladais sur le site web de la Palud sur Verdon...



... quand j'ai retrouvé un souvenir vidéo de ce jour-là. Le temps de retrouver l'adresse de la vidéo, de la convertir dans un format raisonnable, et la voici la voilà :



Et pour ceux qui n'arrivent pas à lire celle-ci, l'original est à cette adresse-là au milieu de la page...

lundi 28 mai 2007

Pourtant que la montagne est belle

Après mes quelques lectures de ces derniers temps, empruntées à la bib' ou glanées sur Internet, j'ai envie de faire une petite série sur l'histoire des révoltes de 1851 en Provence contre le coup d'état de Louis-Napoléon Bonaparte. Je vais commencer aujourd'hui par rappeler les faits, et dans de prochains billets de parlerai d'une part des effets que ces événements ont eu sur la population locale, les effets que je peux en voir aujourd'hui, et puis d'autre part des résistances que cela a engendré, ou bien avec un peu de chance et de travail (d'information, de réflexion, de construction), que cela pourrait engendrer.


Je me rends compte que j'ignorais tout ça. D'abord parce qu'à l'école je n'aimais pas l'histoire, je trouvais ça nul et inintéressant (notamment parce que sortis de l'apprentissage par cœur des dates et des noms, on ne nous encourageait pas du tout à essayer de comprendre ce qui était en jeu et encore moins à le mettre en perspective avec le présent), et puis ensuite parce que de toute façon cette partie de l'histoire, plus locale, plus directe (et plus féroce aussi), est complètement passée sous silence, y compris sur les lieux même où cela est arrivé (et si l'on jette un oeil sur la Wik', on constate qu'il n'y est pas non plus fait mention de tout cela). Il y a quelques années j'avais acheté le numéro de Géo consacré à l'Occitanie, et dans un article sur l'histoire occitane j'avais lu un paragraphe sur cette période. Il y était question d'une Armée démocratique du Var, qui s'était insurgée, qui avait lutté, qui s'était levée spontanément pour résister. J'étais tellement fière ! Et tellement heureuse d'apprendre quelques éléments de l'histoire des lieux où je me balade, où je vis, où j'ai grandi, apprendre ce que les murs que je croise ont vu se dérouler, les histoires que les fontaines sussurent au milieu de places des villages, les cris que le peuple a pu pousser sous les grands chênes qui restent.


Et puis il y a eu l'incompréhension. Comment est-ce qu'un tel peuple a pu engendrer ce qu'il est aujourd'hui ? Je suis restée longtemps dans le questionnement, jusqu'à lire encore, et réflechir, et aboutir à une hypothèse : j'y reviendrai dans les prochains billets sur ce thème. Hypothèse explicative, et pistes pour répondre à l'autre grande question : et maintenant ? Mais pour l'heure, commencons par faire un petit rappel historique, en guise de mise en jambes.



L'histoire nationale


En 1848, la monarchie de Juillet a été renversée par le peuple parisien.


Horace Vernet, La Barricade de la rue Soufflot, Paris, Février 1848.


Elle est remplacée par la IIe République. Elle voit s'établir le suffrage universel masculin, l'abolition de l'escalvage dans les colonies, la procalmation du droit au travail. Elle voit aussi apparaître la lutte des classes lors des émeutes de juin 1848 faisant des milliers de morts parmi les ouvriers, puis l'élection de Louis-Napoléon Bonaparte en décembre 1848 (dont la candidature, selon Victor Hugo, a été "un immense quiproquo").


Louis-Napoléon Bonaparte.


La France politique était alors (grosso modo) divisée entre royalistes (dits conservateurs ou "blancs" : légitimistes et orléanistes) et républicains (dits démocrates socialistes ou "rouges"). Bonaparte s'attache les voix des premiers, alors politiquement paralysés, celles des nostalgiques de l'empire du fait de son ascendance, et celles des ouvriers en adoptant quelques mesures populistes dans son programme. La gauche, divisée en plusieurs candidats, payait les pots cassés de son attitude ambiguë lors des émeutes de juin. A noter toutefois que si Bonaparte l'emporte largement du point de vue national, il n'a pas conquis la majorité en Provence (qui fait alors exception).


Sous Bonaparte, chef du "parti de l'Ordre", et après des législatives remportées clairement par la droite et marquées par une abstention record de 40%, on voit passer la loi Falloux qui renforce les droits de l'Eglise sur l'enseignement secondaire et permet la création de 200 collèges privés catholiques, ainsi que la loi du 31 mai 1850 qui restreint drastiquement les règles d'inscription sur les listes électorales (on passe de 9,6 millions à 6,8 millions d'electeurs).


Puis arrive le mois de décembre 1851, où le mandat du président arrive à son terme, alors que la constitution lui interdit de se représenter juste à la suite son mandat en cours. C'est là que l'opération Rubicon se met en place : Bonaparte a préparé son coup d'état depuis le mois de septembre, et le met en action le 2 décembre, anniversaire du couronnement de Napoléon 1er. Il dissout l'Assemblée Nationale, violant la constitution, il abroge la loi du 31 mai 1850 espérant ainsi rallier les ouvriers à sa cause, et proclame l'état de siège. Dans la nuit précédente, les initiateurs possibles d'une réaction populaire de même que politique ont été séquestrés.



Les Républicains font appel au peuple :


Louis-Napoléon est un traître, il a violé la Constitution. Il s'est mis lui-même hors la loi. Les représentants rappellent au peuple les articles 68 et 110 de la Constitution ainsi conçus. Le peuple désormais est à jamais en possession du suffrage universel, le peuple qui n'a besoin d'aucun prince pour le lui rendre, saura châtier le rebelle. Vive la République ! Vive la Constitution ! Aux armes ! (Victor Hugo)

Ernest Pichio, Alphonse Baudin sur la barricade, 1857.


Mais dans la capitale, moteur des réactions de masse, les foules sont brisées par les événements de juin 48, et divisées par l'abrogation de la loi restreignant le suffrage universel et l'indemnité parlementaire jugée tout à fait exhorbitante. L'insurrection patine, et capote rapidement : dès le 5 décembre, l'ordre est rétabli à Paris.



L'histoire locale


En province, les nouvelles ne circulent pas rapidement et la population n'est mise au courant des événements qu'entre le 3 et le 5 décembre. L'insurrection populaire se fait à l'initiative des Montagnards, partisans de la "République démocratique et sociale", dans le nord du Massif Central, dans quelques petites villes le Sud-Ouest, et surtout en Provence : dans le Var, les Basses-Alpes (les actuelles Alpes de Haute Provence), le Vaucluse, dans la Drôme et en Ardèche.


Carte des élections législatives de 1849 et insurrections locales suite au coup d'état de 1851.


Les Montagnards avaient effectué depuis des années un travail de longue haleine pour informer le peuple de leurs propositions et rassembler l'opinion autour de leurs idées de réformes sociales, à travers la diffusion à grande échelle de la presse. Beaucoup savent à présent lire, et lire en français, et les journalistes se déplacent de lieu en lieu pour générer de grands débats populaires dans les auberges (lieux de rencontres, d'information et de débat). La voix du peuple à Marseille (rebaptisé plus tard Le peuple), Le démocrate du Var à Toulon, etc. sont autant de titres à la large diffusion à l'époque.


Le cercle Républicain de Besse sur Issole.


Parallèllement beaucoup de sociétés secrètes (chambrées, cercles et autres clubs, dont la Nouvelle Montagne) agissent (plus ou moins), en sous-marin puisque la liberté de réunion et d'association n'existait pas à l'époque. Elles n'avaient aucunement pour but de préparer un coup de force, mais étaient régies par une volonté d'information et de débat à large échelle pour tout ce qui concernait la chose publique.


Aux Mées.


A la nouvelle du coup d'état, les citoyens se massent devant les mairies, réclament la départ de Bonaparte et le rétablissement des autorités déchues, organisent rapidement des comités de résistance. Le peuple s'arme, avec ce qu'il trouve. Le 5 décembre, alors que la nouvelle s'est enfin répandue partout, dans les villes les plus grandes (Toulon, notamment) la réaction de l'armée est rapide et les mouvements sont vite étouffés : il faut dire que tous les militants "rouges" ou présumés tels étaient fichés sur une "Liste des démocrates exaltés", suivis, régulièrement inspectés, et ce depuis des années. Dans les campagnes, des colonnes se forment pour marcher sur les sous-préfectures, au départ de Vidauban à partir du Luc, de la Garde-Freinet, de Brignoles. Cuers, Besse, Saint Maximin, Saint Zacharie, Salernes, Barjols, Aups et les communes alentours se joignent aux républicains. Dans les Basses-Alpes, la préfecture de Forcalquier est tombée aux mains des insurgés alors qu'une colonne marche sur Sisteron. Dans le Vaucluse, une colonne se forme à Apt et se fait route vers Avignon. Hommes et femmes se joignent aux convois pour sauvegarder la Rébublique et la liberté, et tiennent les armées préfectorales en déroute.


A Sainte Croix du Verdon.


Puis à partir du 9 décembre c'est la débandade. Dans le Vaucluse, la colonne est brisée devant Cavaillon. Dans les Basses-Alpes, après une première victoire aux Mées, le courage des républicains s'effrite devant la nouvelle des échecs par ailleurs et le groupe se disperse. Dans le Var, la colonne dirigée par Duteil, victime d'une erreur de jugement, s'écroule à Aups devant les troupes. Peu à peu les places gagnées par les républicains sont récupérées : Sisteron, Digne, et finalement Barcelonette qui a tenu, seule et isolée, jusqu'au 14.


A Aups.


Dans sa Proclamation, le préfet Pastoureau félicite l’armée et les bons citoyens du Var : "Le parti de l’anarchie et des brigands" est écrasé, l’autre triomphe, "celui des lois, du travail, de l’ordre, de la justice, de la paix, celui du pays honnête". On chasse l’insurgé dans tout le département. Le dernier contingent d’insurgés arrive à Riez (Basses-Alpes) le 11 au matin, il continuera vers le Piémont. (René Merle)

Aux Mées.


Les insurgés, pris les armes à la main, ont été systématiquement fusillés. 27 000 arrestations eurent lieu dans toute la France ; 10 000 personnes furent déportées dans les bagnes de Cayenne et en Algérie, d'autres furent expulsées du territoire, certains furent guillotinés. Quelques-uns avaient eu le temps de s'enfuir.


A Vidauban.


Un an plus tard, le 2 décembre 1852, le "prince-président", après avoir été largement réélu malgré son coup d'état, ayant clairement manipulé les foules en divisant les troupes des protestataires potentiels et en adoptant régulièrement quelques mesures démagogiques (comme il l'avait fait pour le rétablissement du suffrage universel), proclame le Second Empire, et devient Napoléon III.


A Mane.



Documentation



A Correns.


vendredi 11 mai 2007

Tourves et le chateau de Valbelle

Mardi après-midi, il y a du mistral. Mais pas trop non plus, juste un peu, juste de quoi dédager les couleurs du ciel. Alors on est allés faire un petit tour à Tourves, là où coule le Caramy. Ça faisait longtemps que l'on passait devant sans jamais s'arrêter.


Les ruines du château.


Tourves existe au moins depuis le 4e siècle. Il était constitué de trois villages (Gueillet, Seysson et Saint-Sauveur), dont un seul a finalement subsisté, mais a été déplacé.


Un champ de mini-plantains dans le parc au pied du château.


Le village est en contre-bas, ce qui est plutôt inhabituel pour le pays. Je dis en contre-bas, parce qu'il est dominé par une colline, et que sur cette colline, il y a la ruine d'un château : le château de Valbelle, et c'est précisément lui que l'on était venus voir.


La façade de l'ancienne écurie.


Ce château de 2500 m2 est un bâtiment d'origine médiévale, devenu résidence du mécène Joseph-Alphonse Omer de Valbelle vers 1770, et qui l'avait fait aménager pour en faire un "temple dédié au goût, au plaisir et aux arts" entouré de six parcs.


Dans les jardins, une plante inconnue.


Ce palais fut construit, au XVIIIe siècle, dans ce site étrange par le très haut et très puissant seigneur Joseph-Alphonse-Omer de Valbelle, comte d'Oraison, des vicomtes de Marseille, marquis de Touvres, Rians, Montfuron et Bressiure, baron de Saint-Symphorien et de Meyrargues, comte de Valbelle et de Sainte-Tulle, vicomte de Cadenet, seigneur de Cadarache, Rougiers, Venel, Peyrolles, Mousteyret, Levens, Le Revest, Cucuron et autres lieux, l'un des quatre premiers barons du Dauphiné, lieutenant de roi en Provence au département d'Arles, maréchal de camp des armées du roi, et qui est surtout célèbre, dans la chronique galante de son temps, pour avoir été, dix-neuf ans durant, l'amant de Melle Clairon.

-- André Hallays, En flânant..., 1903.

Murs intérieurs de l'ancienne écurie.


Accessoirement, l'une des épouses (marquise !) Valbelle était Suzanne de Fabri, donc de la même famille que... Nicolas Claude Fabri de Peiresc, dont j'avais parlé il y a quelques temps. Le monde de l'aristocratie Provençale est décidément petit, tout petit.


Pyramide dans un jardin, imitation de celle de Sextius à Rome.


Intérieur de la pyramide.


Et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle le village (le castrum de Torrevès) est en contre-bas : Valbelle a fait déplacer le bourg de Saint-Sauveur, rien que ça, qui était initialement au même niveau que le château, vers le bas de la colline, pour le remplacer par une esplanade (dite "parc d'Auguste") et avoir une belle vue, où il a planté une obélisque portant cette inscription :


Conserve ma devise, elle est chère à mon coeur ;
Les mots en sont sacrés ; c'est l'amour et l'honneur.

Les colonnes de marbre de la seule façade restée à peu près en état.


Il a été saisi pendant la Révolution. En 1793 le riche mobilier fut vendu et le château pillé par la population et par les militaires. Il fut transformé en hôpital, puis en caserne, et finalement mise aux enchères en 1798 : les bâtiments étaient alors "délabrés et dévastés, sans couverts, ni portes, ni fenêtres". Il fut acheté par Mathieu Barbaroux, qui le laissa en l'état, à l'abandon. Il a finalement brûlé en 1799, et il ne subsiste aujourd'hui plus que les ruines du château au plus original jardin de Provence. Courte vie donc, pour ce palais des plaisirs.


De l'oseille (?) sur l'esplanade au pied des colonnes.


Vue du bord Est de l'esplanade : un petit goût de Rio... avec un océan de verdure.


Puis on redescend du château dans le village, près de la "rue de la Révolution". On monte vite fait dans la voiture, brusquement affolés par la présence de curieuses bêtes sauvages qui nous entourent.


Un animal sauvage et menaçant.


Filons vite, c'est peut-être dangereux !


Un second animal sauvage, peut-être venimeux, qui sait ?


On se dirige vers un autre monument du village : la chapelle Notre-Dame, reconstruite au XIXe siècle, située sur une autre colline un peu plus loin, là où il y avait l'ancien bourg de Seysson, l'un des deux qui a depuis disparu, remplacé aujourd'hui par une ribambelle de maisons en crépi rose entourées de lauriers, de piscines, de grillages et de portails automatiques.


La chapelle Notre-Dame.


Vraisemblablement, elle est à l'abandon : les vitraux sont brisés, les plantes commencent à reprendre leurs droits sur les constructions. Il y a une table en pierre dans un jardin sous un gros arbre à l'ombre fraîche, quelques statues. Les genêts en fleurs sentent fort.



Puis on prend l'un des chemins qui part de Notre Dame et se dirige vers la chapelle de Saint Probace, un peu plus au sud encore. Sur la route, tout plein d'orchis pyramidaux (anacamptis pyramidalis).


Orchis pyramidal (anacamptis pyramidalis).


Le genre anacamptis (qui s'oppose aux orchis et ophrys qu'on avait vus précédemment) tire son nom du grec anakamptein, qui signifie "courbé vers l'arrière", ou quelque chose dans ce gout-là : à mon sens ça viendrait de l'éperon des fleurs qui est courbé vers le bas... mais ça reste à vérifier, d'abord parce que je ne sais pas si c'est valable pour tous les réprésentants du genre. D'après la Wik, les plantes du groupe anacamptis se distinguent des orchis par le fait que les trois sépales sont fusionnés à la base... mais les fleurs sont tellement petites que c'est diffile à reprérer ! Et puis ça me paraît bizarre.



Ensuite, on prend la direction de Mazaugues. Sur la route, petite pause devant une maison abandonnée le long d'un champ de blé. Encore des orchis pyramidaux, partout : des plus ou moins grands, des plus ou moins fleuris, des plus ou moins clairs, il faut même regarder où l'on met les pieds pour ne pas marcher dessus.


Anacamptis pyramidalis aux fleurs disposées en spirale.


Dans un ancien champ, des stipes à feuilles pennées (stipa pennanta, merci donna !).


Stipes à feuilles pennées.


Et puis dans un sous-bois, j'ai manqué de poser mon pied sur un ophrys bécasse, tout seul coincé sous une dense toile d'araignée, et à l'ombre (alors que jusqu'à présent je n'en avais vu que groupés sous le soleil des garrigues).


Ophrys bécasse (ophrys scolopax).


les fraisiers des bois sont en fleurs.