lundi 17 décembre 2007

Tour d'ivoire

Quand je suis entrée au lycée - j'avais 14 ans - j'avais jeté mon dévolu sur un "grand", qui était au moins, houlà !, en 1ère. Je ne le connaissais pas, ni aucune de mes copines, je l'avais juste remarqué, parmi les autres. Comme je ne savais pas son nom on l'avait surnommé Val Kilmer avec ma grande copine, parce que je trouvais qu'il avait un petit air de.


Quand je suis entrée au collège - j'avais 10 ans - j'avais jeté mon dévolu sur un "grand", qui était au moins, houlala !, en 4e. Je ne le connaissais pas, je l'avais juste remarqué parmi les autres, mais il s'est avéré que c'était le pote du grand frère d'une copine. Je ne l'ai pas connu pour autant (tu parles, un grand de 13 ans, il ne risquait pas de s'abaisser à parler à des filles de 10/11 ans), mais j'en avais profité pour glâner quelques informations à son propos: son nom, sa classe, sa liste de profs.


Chaque détail que j'arrivais à apprendre sur l'un ou l'autre prenait pour l'importance d'un cadeau précieux. De l'un, j'avais réussi à dégoter son cahier de musique, et j'ai passé des heures et des heures à le feuilleter, tentant de décoder son intimité dans son écriture de pré-adolescent. De l'autre, j'ai fini par avoir un regard de temps à autre, quand on se croisait au self ou en permanence. Je présume qu'il se moquait de moi, je ne sais pas, je ne l'ai jamais su. Ce que je sais, c'est que ces gens-là n'existaient pas en fait: c'était une image, un cadre que je prenais pour dessiner mon imaginaire. Eux n'avaient aucune importance, c'était juste qu'il fallait qu'il y ait quelqu'un, sinon ça n'aurait pas été crédible auprès des copines. Alors surtout quelqu'un de lointain, d'inconnu, d'inaccessible, surtout qu'il ne risque pas de devenir un copain, un de ceux que l'on apprend à connaître et qui n'ont rien à voir avec l'image que l'on se construit.


C'étaient mes princes charmants à moi, et j'étais à la fois la princesse endormie dans sa tour d'ivoire et la veille sorcière jeteuse de vilain sort. Le seul personnage qui ne figurait pas dans mon casting c'était la bonne fée. Vous savez, celle qui donne une qualité à la princesse, celle qui s'émeut, celle qui aide ou qui soutient.


S'il y avait eu une bonne fée j'aurais peut-être fait leur connaissance. J'aurais peut-être jeté mon dévolu sur des princes abordables, sur des garçons qui auraient ne serait-ce qu'imaginé monter me sauver de mon sommeil profond. Mais non, je dormais tranquillement, installée confortablement dans l'abri de ma solitude faite de rêves, de poésies et de fantasmes. Et j'aimais ça; en tout cas, c'était ce que je cherchais alors.

9 Commentaires :

Valérie de Haute Savoie a dit...

Hélas pour moi, je suis de la génération des écoles non mixtes du moins jusqu'au lycée où là j'ai jeté mon dévolu sur un beau jeune homme non pas plus grand mais hou là ;) dans une classe scientifique (un grand en quelque sorte) et je retrouve là la tour d'ivoire.

malie a dit...

Valérie de Haute Savoie > Dans une classe scientifique ? Houlalala ! ;-)

Anonyme a dit...

C'est marrant, c'était un peu pareil pour moi... choisir l'inaccessible pour pouvoir inventer et rêver en paix :)

Tietie007 a dit...

Douces rêveries adolescentes !
http://tietie007.over-blog.com

malie a dit...

DDC > C'est important de r^ver en paix. Mais alors, je n'aurais pas cru que je n'étais pas seule dans ce cas-là précisément !

Tietie007 > Hé oui ! Il faut bien ça occuper tout cet esprit en fusion ;-)

Anonyme a dit...

toi mon frere que j'n'ai jamais eu ...(. cela se chante) bises

malie a dit...

Coco > C'était pas exactement l'idée... mais bon, peut-être, pourquoi pas, je n'y avais jamais pensé de cette façon-là !

Lise a dit...

Tout pareil pour la tour d'ivoire ;-)
Sauf que je ne me sentais pas princesse pour un sou...plutôt comme une vitre. Transparente, sans couleur, sans intérêt. Quel garçon aurait pu me regarder ?!?

J'aime décidément viellir ;-)Plus de tour d'ivoir ou de vitre, juste moi, telle que je suis.

Mimille a dit...

Lise > Du point de vue extérieur, j'aime beaucoup l'image de la vitre. Ou alors, le miroir de ma meilleure amie, son faire-valoir ou quelque chose qui n'est là que pour mettre en relief la ou les personnes avec qui j'étais.

Mais dans ma vie intérieure j'étais une princesse, brimée comme dans les contes de fées, mais c'était infiniment romanesque ) et donc complètement irréel...