Chez Apprentie,
je viens de lire un billet sur la (hum, sur l'une des) théorie(s) des cycles.
Quand on reçoit une facture et qu’on la pose sur une table, on ouvre un cycle. Périodiquement on repense à cette facture qu’on n’a pas encore payée, sans se débarrasser pour autant de cette tâche. Tant qu’on ne l’aura pas fait, le cycle continue, rognant sur notre énergie. Plus on cumule de cycles ouverts, plus on est fatigué, plus notre énergie est entamée par toutes ces pensées qui tournent en arrière plan de notre esprit. Bien sûr cela s’applique aussi bien à une facture qui traîne, qu’à des aspects beaucoup plus importants de notre vie, une relation par exemple.
La “solution”: fermer les cycles ouverts. Facile pour certains, bien moins pour d’autres. Payer cette facture et la classer, passer enfin ce coup de téléphone, avoir finalement cette conversation…
Et puis ça me refait penser à ce que j'ai dit l'autre jour à propos de ma façon de bloguer : que j'y déposais des idées.
Le fait de bloguer de cette façon, i.e. d'y poser les idées comme on laisse son sac en consigne le temps de faire autre chose, vu sous cet angle je me demande si ça ne consiste pas en la même chose que de poser cette facture dans un coin plutôt que de la payer tout de suite, question de faire autre chose avant (et de se laisser dévorer par le retard et ce qu'il implique comme auto-dévalorasation de notre part).
En même temps, déposer des idées ici ce n'est pas comme de les laisser moisir, justement. Mais par contre, je sais que je suis sujette aux deux pratiques : celle du blog-consigne et celle de la facture moisissante. Au point de me retrouver sur le fil du rasoir parfois... mais bon, ce n'est pas exactement le sujet là tout de suite.
Le sujet... ah oui, les cycles. Ça me semble très juste, très parlant comme image, celle de la facture qu'on ne paye pas tout de suite. Et puisqu'on ne l'a pas fait alors on y repense, périodiquement. Dans mon cas le moment le plus fréquent où je repense à ce genre de chose c'est en pleine nuit, quand je me réveille brusquement et que je n'arrive plus à me rendormir. Dans ces cas-là c'est fou comme tous les petits tracas du quotidien refont surface avec une gravité accrue. Le moindre truc à faire m'apparaît comme une catastrophe à régler toutes affaires cessantes. Et je n'arrive plus à me rendormir. Et pourtant le lendemain, j'ai oublié. Ou tout au moins, je le ressens moins fortement, avec suffisamment de légèreté pour que ça ne m'occupe pas tout l'esprit et que je puisse vacquer à d'autes choses et oublier à nouveau de traiter les choses à faire.
Contrairement à ça, les idées que je dépose, quelque part, elles ne s'empilent pas : elles se tissent. Elles viennent s'entremêler les unes aux autres, elles viennent se mélanger, s'alimenter mutuellement. Et c'est ça qui est plutôt bien, parce qu'à la fin, je ne sais pas si ça vient de ma nouvelle habitude de bloguer ou pas (ou en partie) mais en tout cas j'avance. Je crois. Non, j'en suis sûre, je le constate. Même si je n'avance pas aussi vite que je le voudrais, même si parfois les événements, les gens et tout ce que je ne maîtrise pas viennent me rappeler que je fais partie d'un système et que je ne peux pas construire ma vie en m'en extrayant, qu'il faut que je la construise dedans. Qu'en tout cas, c'est ce que je veux faire, moi, personnellement.
Bien.
Bien bien bien...
Dépiler, donc, et parallèlement empêcher la pile déjà existante de regonfler. Et ce, à la fois en ce qui concerne les petites choses du quotidien, mais aussi toutes ces autres choses, ces pensées que je garde pour moi (si si, il y en reste encore !) et celles dont je discute avec mon mari (grand écouteur devant l'éternel, s'il en est). La simplicité volontaire dans la tête et dans les actes.
Des fois je me demande... et si je me vidais de tout ça, qu'est-ce qui resterait ensuite ?
N'empêche, ça paraît un peu benêt cette question, mais en fait c'est bien ça mon problème, exprimé dans ce contexte précis. Faire les choses dès qu'elles se présentent ? Mais alors à quoi est-ce que je pourrais bien occuper tout cet esprit libre ? Qu'est-ce que je découvrirais de moi-même qui m'est caché actuellement ?
Et le pire, c'est que j'ai déjà la réponse à ces questions ! Pas en détail évidemment, mais dans les grandes lignes, dans LA grande ligne.
Hum hum... allez hop, un petit tour de manège gratuit.
9 Commentaires :
Ces petites choses que l'on empile en attendant des jours meilleurs pour les faire, c'est sûr qu'elles nous empoisonnent la vie. Ohlala les coups de téléphone en souffrance...
Mais si on faisait tout ça régulièrement, on s'ennuierait à mourir et je suis sûre qu'on ne ferait rien d'autre, parce que "l'administratif" nous laminerait le cerveau.
Quant à se vider de ses pensées, pas de risque, c'est à jet continu là, il y a toujours à découvrir ! Et comme tu dis, ce sont par les mots que l'on dit à l'Autre et que l'Autre reçoit que l'on se construit et que les noeuds se dévident, et ça c'est à longue haleine.
Ce qui est intéressant avec l'image de la facture, c'est qu'elle est à la fois un exemple réel, et aussi une image parlante. Car à force d'ouvrir ces fameux cycles sans les refermer, on en paye la facture par la fatigue, le manque d'énergie et l'esprit encombré.
Cela ne concerne pas que les choses administratives, ça peut toucher tous les domaines de la vie.
Juste pour poursuivre sur ce que dit Apprentie, il me semble que si l'on peut refermer les choses administratives juste par le faire, en les exécutant un peu comme des routines, pour les autres cycles de la vie et dès que l'affectif s'en mêle, c'est par le dire et le ressenti que l'on peut si ce n'est clore, du moins circonscrire un peu (et c'est une autre paire de manches).
Quelques réponses, juste après l'une de ces fameuses nuits que je décrivais plus haut (pffiou, ça faisait longtemps, tiens).
Meerkat > "Mais si on faisait tout ça régulièrement, on s'ennuierait à mourir et je suis sûre qu'on ne ferait rien d'autre, parce que "l'administratif" nous laminerait le cerveau."
--> Bah, peut-être pas plusse qu'en le laissant traîner ?
"Quant à se vider de ses pensées, pas de risque, c'est à jet continu là, il y a toujours à découvrir !"
--> Oui mais, se vider juste de ces pensées-là, ça serait pas mal, non ? (en tout cas moi je trouve que oui !)
"Et comme tu dis, ce sont par les mots que l'on dit à l'Autre et que l'Autre reçoit que l'on se construit et que les noeuds se dévident, et ça c'est à longue haleine."
--> C'est vrai. Et puis je me demande si les relations évolueraient différemment, peut-être plus vite?, si on appliquait ce principe de ne pas attendre avant de faire/dire les choses...
Apprentie > C'est vrai qu'elle fonctionne dans tous les sens, cette image de la facture.
Re-Meerkat > Au niveau de l'affectif, cette "théorie des cycles" m'a fait penser à beaucoup de situations personnelles. Des anciennes, et puis des que je vis actuellement aussi. Et puis ça me parle d'autant plusse que justement, ça fait quelques jours que je me dis qu'il faudrait que j'en parle aux concernés (par les diverses choses actuelles) plutôt que d'y repenser régulièrement en me posant des tas de questions, en me perndant en conjectures... ça me prendrait tellement moins d'énergie (inutilement) d'en parler une bonne fois (enfin... d'en parler au moins un peu, d'essayer, de commencer à en parler).
Mirza, mettre des mots sur ce que l'on ressent et vit est vraiment ce qui peut nous faire avancer. Je me dis que pouvoir commencer à parler ou envisager de le faire, c'est déjà le signe que l'on prend un peu de bénèfique distance avec les choses en question (bon, c'est vrai, je crois beaucoup à la parole, et surtout dans le couple, pour évoluer l'un et l'autre, l'un avec avec l'autre aussi).
(cette histoire de cycles qui restent ouverts / béants, me fait aussi penser aux répétitions dans lesquelles on s'enferme). Ouverture / fermeture, ton billet est très intéressant.
Merci beaucoup Meerkat pour ce nouveau commentaire. De tout coeur. J'aime beaucoup ce que tu m'offres à lire ici (et ailleurs aussi, mais là je pense à ce commentaire en particulier). Moi aussi je crois beaucoup à la parole (et ce n'est pas uniquement parce que je suis linguiste que je crois à la parole... peut-être vice versa ?).
bravo Mirza; bravo Merkat, je vous suis a fond. Remarquons un tout petit peu comment cela se passe dans notre tete. Les idees pullulent souvent en vrac un peu comme un reve eveille, elles n'ont pas beaucoup de liens entre elles, jusqu'a ce que l'une d'elles nous accapare tellement qu'elle domine toutes les autres; c'est la qu'il faut agir alors ( parler, communiquer , telephoner, bloguer, ecrire, payer (une facture) etc ;car cette coquine ( d'id�e) nous obsede jusqu'a ce que l'on lui cede et qu'on lui accorde un peu de credit;. alors que dire de notre cerveau si emcombr� quand nous avons accumule tout plein d'idees comme celle-la et qui n'ont pas abouti a un acte. On ne dort plus , on cauchemarde , on deprime, on se replie sur soi , on devient un zombie ou une pile electrique , etc, etc...
La parole" sieurs et dames", la parole, c'est ce qui lib�re n'est-ce pas? mais c'est aussi ce qui tue, parfois les relations. Et l�, il faut du discernement; c'est parfois la raison pour laquelle nous hesitons a parler , a communiquer vraiment, a vider totalement son sac avec l'autre, car le chemin que ladite idee a fait dans notre cerveau est parfois en decalage avec ce qu'elle n'a "pas" fait dans le cerveau de l'autre; alors s'ensssssuivent des blessures, parfois tres douloureuses et difficiles � panser. Alors ; les cycles, je vous le demande, sont ils differents pour chacun d'entre nous ?
Pour moi, laisser en souffrance les factures, les coups de fil, les dossiers pénibles, ça a plus à voir avec la procrastination. Rien de grave en soi, à chacun de voir le degré d'encombrement qu'il est capable de gérer. J'ai des périodes où je laisse tout traîner parce que j'ai mieux à faire ou par flemme, et puis quand je sens que je m'encombre, que je m'étouffe, zou, grand coup de balai.
D'autres périodes où je suis très rigoureuse, mais vite j'ai l'impression d'être une machine à gérer, de ne penser qu'à ça.
Je sais que tout ça est préconisé par la simplicité volontaire et autres flyladies. Moi je trouve que ça manque un peu de fantaisie. Je retiens l'idée, mais je m'adapte en fonction de mon ressenti du jour. Lers grandes lignes me sont bénéfiques, le détail m'ennuie. Le désencombrement comme idée de ne pas posséder plus que nécessaire, de réfléchir à ses vrais besoins, ça me va. Vider la corbeille à papiers tous les soirs, ça me gonfle.
Quant aux idées qu'on dépose, c'est autre chose. Quand elles ne relèvent pas de l'évidence, c'est qu'elles ont besoin de mûrir, de s'enrichir au contact d'une conversation, d'association d'idées, ...
Coco > La parole, oui, souvent, pour pas mal de choses. Mais je crois que justement, c'est précisément ça qui aide à panser les blessures, hormis celles avec lesquelles on n'a rien à voir.
Bien sûr que les cycles sont propres à chacun, enfin ça me semble évident. Mais ce n'est pas une raison pour ne pas chercher à les briser (par la parole, dans plusieurs cas), je dirais même que c'est précisément la raison pour laquelle il faut en parler.
Mel > La procrastination, oui, dans ce que j'en comprends ça fait partie des "cycles" possibles. Mais de là à vider la corbeille à papiers tous les soirs... ce n'est pas mon idée en tout cas ;-) (et d'abord, j'ai même pas de corbeille à papiers, voilà ;-)
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