Je croyais que la saison était finie, déjà, mais que nenni. Samedi dernier, on va camper dans le Verdon. On choisit notre emplacement dans notre camping préféré : facile, nos seuls voisins étaient à ce moment-là un couple de vrais hippies d'époque qui avaient posé leur camping-car sous le sorbier juste derrière le cabanon sanitaire ; on n'avait donc que l'embarras du choix sur l'hectare qui restait. On jette notre dévolu sur l'un de nos coins préférés, à l'abri du vent éventuel et des rayons matinaux du soleil sous les érables de montpellier (c'est qu'on commence à les connaître, les bons coins), et on plante la tente. Et on se boit la bière du bonheur, celle qui marque notre arrivée dans ce camping, en silence à nous laisser pénétrer par la lumière rasante sur les gorges, la vue des martinets partis en chasse, les multiples odeurs de plantes (et accessoirement, les mouches qui nous prennent pour des vaches - c'est là qu'on se rend compte à quel point ces animaux ont de la chance de pouvoir bouger juste leur peau pour faire dégager les insectes, nous à chaque fois il faut bouger tout une partie du corps).
Je jette un oeil à la végétation autour de la tente parce que le propriétaire n'a pas fini de tout couper (il nous expliquera plus tard que c'est parce que son bidule a couper est tombé en rade il y a 2 jours). Et là, qu'est-ce que je vois, perdue entre quelques herbes hautes, à l'abri sous un chêne vert ?
Je ne l'ai pas identifié. Il s'agit d'un ophrys, ça c'est la partie facile, mais alors lequel ? [ La réponse à cette question figure dans le commentaire de Pierre-Michel, ci-dessous. ] Un que je n'avais pas encore rencontré. Quand j'ai vu ses photos je pensais a priori qu'il s'agissait du même que Donna a vu à peu près au même moment mais dans un coin différent, mais à comparer les deux photos aujourd'hui j'ai une hésitation (à cause du motif sur le labelle, qui est fort différent).
J'ai cherché un peu sur le site de Pierre-Michel, et ce que je trouve de moins éloigné, c'est Ophrys Santonica, tout en concédant que ce n'est certainement pas la bonne parce que les miennes n'ont pas l'espèce de petite langue jeune au bout du labelle (souvenez-vous, le labelle, j'en avais parlé ici).
Donc... chou blanc pour celle-là, je ne sais pas ce que c'est. Any help would be welcome !
Le soir arrive doucement (doucement doucement, on est dans les journées les plus longues de l'année), et après l'apéro, après le dîner, on fait un petit tour du camping. Oui je l'avoue : c'était en quête d'autres orchidées !
On n'a pas trouvé d'autres exemplaires de l'ophrys plus haut, mais par contre on a trouvé pas mal d'Himantoglossum Robertanium fanés. Et puis... voilà que mon mari m'appelle parce qu'il voit quelque chose qui dépasse des herbes hautes...
Si je ne rêve pas, il s'agit bien d'Himantoglossum Hircinum, orchis bouc, de son petit nom.
En fait, il y en a plein le camping, dans tous les coins, mais leur couleur étant relativement discrète, si on n'y prête pas attention on ne les voit pas trop. La plupart ne dépassent pas la vingtaine de centimètres de haut, mais les plus hauts doivent bien faire dans les 50, à la louche.
Ils sont maginfiques ! Ils font partie de ceux que j'avais relevés dans mes divers bouquins et que j'avais super envie de voir, en vrai. Voilà qui est fait, quelle joie !
Et puis vers l'entrée du camping j'ai vu une troisième espèce (quatrième, en comptant les Barlia fânées), mais je ne n'ai pas identifée non plus. [ Elle est identifiée dans le commentaire de Pierre-Michel, ci-dessous. ] J'en ai pris plusieurs photos mais évidemment, mon appareil a encore fait des siennes, et je me suis retrouvée avec des traces de lumière comme sur la dernière pellicule. Malheureusement le seul cliché qui reste à peu près montrable de la belle est celui-ci, qui malheureusement n'est pas un canon de netteté...
En fait, je crois que j'en ai déjà vu des comme ça vers Bras l'an dernier, mais elles étaient plutôt jaunes clair, et en plus je ne retrouve pas leur nom. De mémoire je pensais à Palanthera, mais j'ai eu des doutes quand j'en ai revu des photos.
En fait, à bien les regarder, j'ai même un doute sur leur nature d'orchidées : les pétales ne seraient pas dans "le bon sens"...?
Moralité : ce qui est bien avec les orchidées, c'est que même quand on n'en cherche pas... on en trouve plein à nos pieds.
8 Commentaires :
Bonjour Mirza,
Tout d'abord un bon point pour l'Orchis bouc, Himantoglossum hircinum. Il n'est pas précoce, loin de là, et fleurit en plaine au courant du mois de mai. Ici en altitude, et avec la saison fraîche que nous avons eu, il est normal d'en trouver encore un en fleur.
Cela donne aussi une indication pour les autres espèces : pour l'Ophrys, par exemple, c'est la dernière fleur que l'on devine tout juste, les autres étant bien fécondées. Il faut donc chercher des espèces qui fleurissent un petit mois avant l'Orchis bouc, soit fin avril début mai en basse altitude. Cela élimine O. santonica par exemple qui fleurit en altitude au début juin. Et si tu regarde bien le labelle, tu retrouve les caractéristiques d'une espèce très courante : Ophrys apifera, l'Ophrys abeille, tout simplement !
Et pour la dernière des 3, c'est bien une Orchidée, dont le nom se termine aussi par anthera comme Platanthera (mais eux il sont toujours blancs) : il s'agit d'un des 3 Cephalanthera de Provence, C. rubra comme sa couleur l'indique bien (les 2 autres sont C. damasonium, jaune et aux fleurs fermées et C. longifolia, blanc, aux fleurs ouvertes et aux feuilles très effilées et ascendantes). Le Céphalanthère rouge est à mon avis une des plus belles espèces de la région, cette année a été très propice pour sa floraison et certaines de ses stations étaient un enchantement (comme par exemple pas loin de chez toi à Simiane-Collongue au pied du massif de l'Etoile).
Enfin, la saison des Orchidées n'est pas terminée en altitude : il reste encore des Epipactis en fleur, et même près du Verdon E. rhodanensis qui doit êtr en début de floraison ! Et aussi la fin de certains Dactylorhiza, etc...
@ +
Excellent, merci beaucoup Pierre-Michel, je savais que tu saurais me dépêtrer de mes identifications en un coup de cuiller à pot ! :-)
Pour l'Ophrys Apifera, effectivement c'était la toute fin de la floraison. Mais alors, ce que je crois comprendre sur ton commentaire mais que j'ignorais complètement, c'est que l'espèce de forme bizarre que prend la tige juste à base des fleurs, c'est la fécondation ? Hé bien, j'en apprends tous les jours !
Pour Cephalantera rubis, je suis soulagée d'apprendre qu'il s'agit bien d'une orchidée... c'est que je m'étais mise à douter à force ! Je n'avais pas vu le labelle, c'est pour ça. J'essaie de retenir ça, alors. Mais je n'en avais pas vu ailleurs (mais je ne connais pas les stations d'orchidées, même près de chez moi, quand j'en trouve c'est toujours une surprise).
Le "truc bizarre" n'est pas une tige, c'est l'ovaire ! Et quand il sera mûr (et sec) il s'ouvrira, et des miliers de petites graines en sortiront. Et si tout se passe bien (infestation par le champignon, germination, enfouissement et croissance de la plantule...), de nouvelles plantes fleuriront dans 5-7 ans !
Le Cephalanthera, c'est rubra, pas un rubis ! (bien qu'il soit très beau comme une pierre précieuse et que l'origine des 2 noms soit la même = rouge, bien sûr...)
@+
Le "truc bizarre" n'est pas une tige, c'est l'ovaire ! Et quand il sera mûr (et sec) il s'ouvrira, et des miliers de petites graines en sortiront. Et si tout se passe bien (infestation par le champignon, germination, enfouissement et croissance de la plantule...), de nouvelles plantes fleuriront dans 5-7 ans !
--> Ah oui, voilà. Ça en fait des étapes, pour la reproduction dis-donc. Et les ovaires prennent cette forme sur toutes les orchidées ? J'ai du mal à imaginer un orchis pyramidal, p.ex. (ou n'importe lequel avec plein de petites fleurs très proches les unes des autres), avec des ovaires de cette forme-là (quoiqu'après tout pourquoi pas ?).
Le Cephalanthera, c'est rubra, pas un rubis ! (bien qu'il soit très beau comme une pierre précieuse et que l'origine des 2 noms soit la même = rouge, bien sûr...)
--> Heu oui, pfff, voilà ce qui arrive quand on ne se relit pas... Merci pour la correction !
je m'incline dedant la science "orphisesque"... mais je croyais pouvoir te dire que les premiers de ta liste c'�tait un ZYGOPETALUM ( Luisedorf") que j'ai sous les yeux. En tous cas c'est tr�s ressemblant (meme fleur, meme feuille, memes couleurs) ! enfin bon. Je garde le specimen sous la main , d'autant plus que j'en ai un pied que j'ai essaye de sauver d'une grande surface. (chic, j'arrive enfin a collectionner quelques photos que je retire des tiennes pour ma collection .( je suis fi�re d'y arriver enfin)... tout arrive.
Mhhh, ça m'étonnerait qu'ils se mettent à vendre des orchidées sauvages dans les supermarchés. D'autant plus que ça doit être super interdit. Et puis elles sont minuscules, aussi. Ça ne ressemble pas du tout aux grosses orchidées exotiques que l'on trouve dans les magasins.
Mais c'était bien essayé ! :-)
pour mirza : les ovaires ne sont pas tous aussi gros que ceux des O. apifera, mais ils ont à peu près la même forme. Même pour les Anacamptis !
pour com'enfinco : malgré le réchauffement planétaire en cours, les Zygopetalum n'ont pas encore quittés leur Amérique natale pour coloniser les Gorges du Verdon !! A voir dans quelques siècles ??? ;-)))
Dingue ! Je sais ce que je chercherai à voir à la prochaine saison alors ;-)
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