samedi 3 novembre 2007

Je reprends possession de mon temps

A force de tourner autour, de chercher partout partout, de le lire, de l'entendre, de le penser sans trop savoir ce que ça pouvait bien vouloir signifier dans la réalité, de ne le ressentir que comme un absolu, à force d'essayer de l'exprimer avec mes mots pour pouvoir enfin le ressentir vraiment, concrètement, je crois que j'ai trouvé.


Ça s'est passé à l'instant, en plein milieu de la lecture d'un email. J'en ai arrêté la lecture et j'ai écrit :


Là tout de suite, enfin depuis une demi-heure à peu près, je suis en train de me rendre compte que ces derniers temps et de plus en plus, j'ai *beaucoup* trop consacré ma parole à permettre celle des autres. Ça peut paraître bizarre ce que j'écris là, et/ou sans rapport avec la choucroute, et/ou même un peu fort de ma part, moi qui parle si souvent [et moi qui tiens un blog, de surcroît], mais pourtant justement, moi j'y vois quelque chose de très précis qui vient de m'apparaître.

Raison pour laquelle, oui je saurais faire [XXX], mais je ne le ferai pas. Je saurais aussi [XXX], mais je ne le ferai pas non plus. Parce que depuis maintenant des années, dès que je vois qu'il se cherche quelque chose et que j'en suis capable, je me propose de le faire. Quelque soit mon degré de disponibilité. Mais ça me prend tout mon temps, et mon temps, il est avant tout pour moi. Là je n'en ai plus du tout pour moi. Je veux changer cela, et même là tout de suite je prends cela en mains : je change cela, présentement.

Je crois que je viens de comprendre la différence entre mon temps, et le temps pour moi. Depuis des années et de plus en plus, je donne mon temps. Evidemment j'y gagne des choses, des satisfactions, et je ne l'engage pas à n'importe quoi mon temps : c'est moi qui choisis à quoi je l'affecte. Mais dans tout cela je n'ai plus de temps pour moi, tellement plus que je ne sais même plus ce que ça peut bien vouloir dire, du temps pour soi ! Cette situation complètement dérisoire doit s'arrêter, et ce dès à présent. Je choisis, pour l'instant qui vient, de ne pas m'occuper de faire quelque chose que j'ai à faire pour une raison extérieure, ni de ne rien faire en me disant que je suis malade et en pensant à toutes ces choses que je devrais faire mais ne viennent pas de moi ; je choisis de faire quelque chose uniquement pour moi, dont moi seule ai l'initiative et dont moi seule tirerai un plaisir.


- - - - - - - - -


Et pendant ce temps, le prunier commence à jaunir à sa cîme...

6 Commentaires :

Anonyme a dit...

Si tu as remarqué que le prunier commence à jaunir, c'est que tu es sur la bonne voie! Continue !

Anonyme a dit...

S'occuper de soi d'abord, c'est une sacré révolution, et aussi le débit d'une certaine sagesse ;-)

Moukmouk a dit...

Oui et non, le temps est peut-être, mais ce "je" auquel je veux me consacrer, a une existence bien floue, et certainement culturelle. Oui à un "je" comme aspiration à être quelqu'un quelque part, dans une communauté... mais l'autre versant, ce "je" centre d'un monde qui n'a de but que le servir et le glorifier, ( le "je" post-moderne) n'est-ce pas la première marche de la maladie dépressive? je n'ai pas la réponse, mais cette question m'obsède.

malie a dit...

Tiphaine > C'est bon signe tu crois ? Moi oui, je le crois. :-)

Lise > Ça, je ne pourrai le confirmer qu'une fois que j'en aurai pris le pli ! Mais en tout cas je l'espère bien :-)

Moukmouk > En fait, ce n'est pas le "je" mais plutôt le "moi" dont il est question ici. Et peut-être que ça change tout, je ne sais pas. Personnellement je ne me conçois pas en dehors du monde dans lequel j'évolue, et prendre du temps pour moi ne revient pas, dans mon idée, à nier le reste du monde.
Pour tenter de reprendre l'image de la meute de loups (ps facile !), imagine un loup qui ne se nourrit jamais, qui ne prend jamais soin de sa santé, parce qu'il est tout le temps en train de donner des coups de main aux autres, parce qu'il sait le faire. Je ne pense pas que ça soit une bonne façon de faire perdurer la meute, qu'en penses-tu ?

Anonyme a dit...

"Temps de sueur humaine", comme n'a pas écrit Queneau.

Anonyme a dit...

Ça rappelle ce que tu disais ici dans le dernier paragraphe.