mercredi 14 novembre 2007

L'ami animal

La semaine dernière j'ai fait un crochet par mon ancien club de cheval. Parce qu'on était mercredi après-midi, que j'avais le temps, qu'il faisait beau et qu'on se rapprochait de l'heure du cours auquel j'allais à l'époque. Je pensais y retrouver au moins quelques personnes connues, mais non : toutes ont bougé, ou alors ne montent plus que le samedi (matin, je suppose, à moins que ça aussi ait changé). Même les chevaux eux-mêmes, difficile de retrouver ceux que je connaissais si bien, pour les avoir montés et m'en être occupés plusieurs jours par semaine pendant quelques années.


C'était il y a [...je réfléchis...] 4 ans environ. J'ai essayé de reprendre depuis mais la thèse me pompait toute mon énergie, toute mon envie. Et ce club... enfin, je pourrais en parler pendant des heures, tellement il y a des choses bien là-bas, tellement c'est un endroit profondément attachant.


J'ai enfin trouvé la monitrice, seule personne connue. J'ai discuté avec elle, on s'est raconté nos quotidiens. C'était chouette, et tout bizarre à la fois. Et puis elle m'a donné les dernières nouvelles équines.


Il y avait un cheval là-bas que j'avais beaucoup monté. On s'entendait très bien. Je m'en occupais beaucoup. Et, à force de le côtoyer régulièrement, de partager des tas de moments différents avec lui, on avait sympathisé. Je serais tentée de dire que l'on était devenus amis, autant qu'on puisse l'être avec un animal. Je le gratouillais partout et lui frottait sa tête contre mon dos, me mordillait des bouts de pull, me poussait pour me faire courir. Je lui soufflais dans les naseaux et ça l'hypnotisait. On jouait beaucoup.


Le mois dernier, il a eu une colique fulgurante. En quelques heures, même avec tous les soins possibles de la part du véto, c'en a été joué de lui. Je ne savais même pas que c'était possible une chose pareille. Sur le coup je n'y croyais pas, je pensais quand elle m'a dit ça : "Oui bon d'accord il est mort mais il est où là, que j'aille lui faire des gratouilles ?" Non, ce n'était pas possible. Il avait une quinzaine d'années, c'est jeune. Il était magnifique et toujours de bonne humeur, il avait de l'humour (non, c'est sérieux ce que je dis). Il n'était pas toujours très malin et était plutôt pataud, sans doute en partie parce qu'il était très, très grand. Il mettait du coeur à ce qu'il faisait. Il faisait des blagues, parfois. Il était très sociable.


Ça fait des jours que je veux faire ce billet et mettre quelques photos de lui, mais toutes mes photos sont des tirages papier alors il faut que je les retrouve et que je les scanne. Alors peu importe les photos finalement, je les mettrai quand je pourrai. Un ami animal est mort et je suis triste.

12 Commentaires :

Anonyme a dit...

Animal ou humain, l'absence d'un ami est lourde au coeur...
Douces pensées

jimex2nim a dit...

tu m'aides décidémment à être un "père". Anna venezia vient de passer son galop 7, elle a douze ans & depuis ces premières années n'est heureuse qu'auprès d'un quadrupéde : fallabella, poney, cheval. Je regarde de loin sans trop comprendre un tel attachement. Sa première grande peine a été aussi la disparition d'un "animal", elle s'est trouvée un rituel pour diriger ses pensées, à l'observer j'ai compris combien c'était sérieux. Je vais imprimer ta chronique pour lui envoyer.
L'écrit est le plus court chemin vers le net

malie a dit...

Lise > Oui, c'est bien ça. C'est bizarre, je ne le pensais pas, pas comme ça. Et pourtant, je réalise que j'y pense beaucoup depuis que je l'ai appris.

jm > Je la comprends bien, ta fille. Et puis 12 ans et un galop 7, waou... effectivement elle doit être sacrément mordue (moi je plafonnais au 5 à ce moment-là, j'ai difficilement poussé jusqu'au 6 il y a qqs années pour accompagner les "petits", et puis depuis, même plus je n'envisage le 7 !).

C'est quelque chose qui se définit vraiment très difficilement, l'attachement que l'on peut avoir pour un cheval (ou pour la race entière). Je ne sais pas si ça peut exister avec les autres animaux, ma foi pourquoi pas, mais le fait est que p.ex. chez moi ça n'a rien à voir, il y a les chevaux d'un côté et le reste des animaux de l'autre. Et je ne suis plus assez jeune pour penser que c'est une vision de petite fille passionnée. C'est vraiment un truc qui continue à se construire même quand on est adulte. Y'a qu'à voir d'ailleurs tous les âges qui se côtoient dans ce milieu, de même que toutes les origines sociales (hé oui, contrairement à ce qu'on aurait pu croire a priori). Je n'ai jamais été aussi attachée à un animal que j'ai pu l'être à certains chevaux, on construisait vraiment des relations étonnantes, qui se passaient de beaucoup de choses et en même temps en demandaient beaucoup d'autres.

C'est drôle, je ne me suis jamais expliqué ça. Juste, c'est là, je vis avec. Je sais que quand je vis trop loin de chevaux trop longtemps (comme c'est le cas depuis que j'avais commencé ma thèse, donc il y a 5 ans aujourd'hui), il y a une part de moi qui sombre. Parce que cette partie ne peut plus communiquer, je pense. Quelque chose comme ça. En tout cas je sais qu'elle reste présente tout de même, qu'elle ne meurt pas, qu'elle attend de se réveiller, de se rouvrir. Je pense qu'elle sera toujours là. Et dès que je le pourrai (en termes de temps, d'argent, d'organisation de l'espace etc.) j'offrirai un cheval à cette part de moi-même, qui l'aura bien mérité ;-)

malie a dit...

Ah oui, je voulais ajouter : moi aussi ça m'a pris très jeune. Je n'ai pas le souvenir qu'il ait eu un seul moment de ma vie où je n'ai pas ressenti ça. Je ne sais pas avec quoi je pourrais comparer cette sensation, pour te donner une idée de sa présence.

Si ma maman pouvait témoigner je pense qu'elle irait dans ce sens, mais je ne sais pas, son fournisseur d'accès à internet lui fait des misères, elle n'arrive plus à laisser des commentaires.

jimex2nim a dit...

éh bien toujours très prolixe!
Ce qui m'épate est de mesurer que son plaisir n'est pas tant de monter mais de s'occuper de l'animal, de son environnement, nettoyer les stalles, charger les bottes de fourrage & ce quelque soit le temps, comme quoi la passion redimensionne les notions d'effort, de pénibilité : le mistral à ces moments lui semble un zéphyr.
bon demain je joue la corde à angers 13,11 ,3,4,5 à chacun son avoine

Anonyme a dit...

Je suis désolée :(
Oui, les animaux ont un caractère. Oui, ils communiquent avec nous pour peu qu'on les écoute et leur réponde.
Gros bisous, Mirza.

Moukmouk a dit...

Mais tous les animaux sont comme ça! certains ont de l'humour, ou grognon, certains sont habiles, certains sont rêveurs... Les animaux ont des caractères, des façons de voir, de la joie, de la peine. Ils sont vivants tout simplement. Il n'y a pas des plus vivants ou des moins vivants, sauf chez ceux qui refusent de voir la vie et s'enferment en eux-même. Merci pour ce billet.

malie a dit...

jm > Hé oui, toujours très !
Oui pour la plaisir, c'est bien ça, s'en occuper, partager avec lui etc. Monter fait partie du plaisir, mais c'est loin d'être le tout. Moi, il y en a des avec qui je m'entendais très bien à pied, mais alors je ne les montais jamais, pas moyen... ;-)

Caco > Ho que oui alors. Merci.

Moukmouk > Sans doute, en fait. Sauf que je me demande, en fait, si par contre tous les hommes arrivent à se mettre en contact avec tous les animaux. P.ex., c'est ce que je disais dans un commentaire plus haut, moi j'ai vraiment un lien très spécial avec les chevaux, que je ne retrouve pas avec les autres animaux, ce qui ne m'empêche pas de les aimer aussi a priori, mais ce n'est rien de comparable.

Anonyme a dit...

un ami c'est precieux, qu'il parle ou qu'il nous comprenne que par le regard!!
un article de moi sur le blog de maman!!!

Anonyme a dit...

La même attention à l'animal pour l'étrangère qui décide de rejoindre une équipe humanitaire dans un pays déshérité, alors que rien ne la prédisposait pour ce genre d'action, parce qu'un homme et un chat l'avaient quitté, le premier pour sa femme, le second pour le paradis des chats.
Sept pierres pour la femme adultère,de Vénus Khoury-Ghata

Anonyme a dit...

l'avaient quittée
Les lecteurs auront corrigé d'eux-mêmes

malie a dit...

L'ado de n-talo > Alors je vais aller voir ça !

Yves > Un nouveau conseil de lecture ? C'est joli en tout cas.