Deux jours de silence, bien involontaires, je n'avais que peu d'inspiration et guère plus de temps.
Hier soir on a été invités à l'anniversaire d'une copine-de-copines que l'on n'avait pas vue depuis 8 ans. Avec les copines en question, l'une que l'on ne voit qu'une fois par an parce qu'elle vit à l'autre bout du monde, et l'autre idem même si elle est restée en Europe.
Et puis, mis à part les 10 premières minutes qui étaient complètement euphoriques, de se retrouver comme ça, toutes ensemble, après les embrassades et les "Alors !!!! Qu'est-ce que tu deviens ?", plus rien.
J'exagère un peu tout de même. On s'est bien amusés, on a fait quelques connaissances, et on a bien rigolé. Mais il s'agissait d'une grosse fête. Il y avait une trentaine de personnes, pour fêter la trentaine de la copine. Les invités avaient grosso modo le même âge. Et à le vivre, j'avais l'impression qu'ils fêtaient plutôt ses 20 ans. Comme s'ils voulaient encore se prouver qu'ils étaient capables de faire la fête comme avant. Qu'ils étaient capables de faire un peu les cons. Mais je n'ai pas trouvé ça drôle, je ne pouvais pas regarder la scène sans y voir un énorme décalage.
Ce n'est pas la première fois que je vis ça, à vrai dire ça faisait plusieurs années que mon mari et moi on évitait soigneusement ce genre de fêtes parce qu'on savait que ça allait se passer comme ça, et qu'au bout de deux heures on en aurait ras le bol, mais que l'on devrait rester tout de même, faire comme si on s'amusait, parce que ça la fichait mal de partir si vite. Et là, ça faisait tellement longtemps, on était tellement ravis de les voir, qu'on y est allés. Et c'était pareil qu'avant.
Je ne saurais même pas dire à quoi cette impression tient exactement. Je ne saurais pas donner d'exemple de choses qu'ils faisaient, ou disaient, qui m'ont fait penser ça. Pourtant c'est bien ce que je ressens. Alors je me dis que c'est moi qui ne sais plus m'amuser. C'est possible aussi, quoique pourtant ça m'arrive de m'amuser jusqu'au bout de la nuit, sans problème, mais dans d'autres ambiances, même si je ne saurais pas dire en quoi elles sont différentes. Juste que ça me semble être des fêtes entre adultes, alors que hier soir, non.
Et puis il y avait des décalages. L'une des copines qui nous annonce que les vols en avion ne coûtent rien pour allez là-bas et moi qui réponds instinctivement qu'on ira en train. L'autre copine qui ouvre de grands yeux dans un "Ah bon ?" et moi qui réponds que c'est complètement absurde de prendre l'avion pour faire quelques centaines de kilomètres au-dessus d'un continent, et la première qui ironise sur le fait que pfff c'est vrai qu'on est écolos, en haussant les épaules.
Et puis quelques autres. Et je vois que l'on a tous beaucoup changé depuis le temps où l'on habitait à Aix et que nos quotidiens étaient entremêlés. Que l'on a pris des directions fort différentes, qui font que l'on est heureux de se voir parce qu'on s'aime, mais que l'on n'a plus grand-chose à se dire parce que nos vies ne se parlent plus. Elles sont devenues citadines quand on se met à chercher une maison en plein Verdon. Elles sont restées mondaines quand on est devenus des ours. Elles s'amusent dans des fêtes où l'on se lasse très vite.
Hier soir en me posant ces questions, je repensais à une fête où l'on était allés, il y a quelques années, parce que l'on séjournait chez une amie à Paris qui y était invitée et nous y avait emmenés. C'était une grosse fête, un anniversaire du même ordre que celui d'hier soir, où beaucoup de gens étaient mêlés sans tous se connaître. Sauf qu'au bout d'une demi-heure on avait parlé à tout le monde et fait un peu plus amplement connaissance avec dizaine de personnes. La différence tient uniquement à des détails infimes, la fête s'était en gros déroulée selon les mêmes étapes : on boit l'apéro trop longtemps, on se jette sur les antipasti, on dévore un petit plat chaud bienvenu en continuant à boire, certains commencent à danser et à solliciter les autres pendant que l'on sert un gâteau avec trop de chocolat, et ça tout le monde se dit qu'il a trop bu mais que c'est pas grave. Sauf que ce soir-là on était dans notre élément, on se sentait à notre place, on se sentait entre adultes (et pour ne rien gâcher, un certain nombre d'entre eux étaient écolos, il y avait des gens qui bossaient à l'Ademe, etc.). On se comprenait très bien, on avait les mêmes envies en même temps. Comme quoi, je pense que mon impression ne vient pas que de nous. C'est juste que l'on est devenus trop différents pour apprécier ça.
Je suis un peu triste de penser que dorénavant, à chaque fois que l'on reverra ces amies on se retrouvera irrémédiablement confrontés à ces différences qui séparent nos vies actuelles. Mais en même temps, je suis assez sereine de constater que je ne vis pas mon changement de vie comme un problème, que ça m'a soulagée d'arriver à mettre des mots dessus, et que ces mots me conviennent. J'ai juste évolué différemment, et je ne suis pas anormale pour autant. Je le vis bien.
4 Commentaires :
Desfois je me dis qu'il faut que je sois à l'écoute des gens dont je diverge beaucoup parce-qu'ils auront toujours quelque-chose à m'apprendre, mais souvent je ne peux que consater que je ne les écoute pas, alors j'écoute mon manque d'écoute.
Koldo > En fait, le fait de se sentir différent n'empêche pas de les écouter. Mais par contre, on se lasse relativement vite.
On a pas mal discuté de ça ces derniers jours, c'était intéressant finalement, ça nous a appris (ou confirmé) pas mal de choses sur nous (notamment).
Moi je pense que les rencontres amicales doivent le rester ( amicales) . Si elles se mettent a nous peser plus moultes raisons possibles, il faut se dire que l'amitie est passee de bord; alors mieux vaut s'en aller petit � petit, a pas de velours, sans faire trop de vagues; et etre a l'ecoute d'autres personnes sur notre chemin d'aujourd'hui. La vie est tres tres courte. pas besoin de s'embarrasser d'obligations qui ne sont finalement que dans notre tete.
Coco, alias C6c6ile > Je suis bien d'accord. Et puis, on verra bien, on sait jamais ce qui peut arriver, ça ne sert à rien de s'obliger.
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