Voilà. C'est paru dans le magasine Choc, et ça a été repris sur Loup.org, là où j'ai copié la vidéo. Il y a aussi un extrait de l'article de Choc et une discussion à propos de la vidéo, toujours sur Loup.org, ici.
Source et réactions sur : www.loup.org
Je préfère, ici, ne même pas décrire précisément ce que l'on a dit de la scène, parce que plein de choses sont sujettes à caution, je ne sais pas et je ne peux pas savoir exactement de quoi il s'agit. Juste qu'il s'agit d'une scène filmée, où l'on voit le massacre d'un animal. A regarder la vidéo, on ne peut savoir ni de quel animal il s'agit, ni qui sont ces gens, ni pourquoi ils font ça. Ni même, en fait, s'ils ont réellement tué la bête en question. Le fait est, par contre, qu'on les voit assez clairement donner des coups de pieds sévères à un animal, le faire tournoyer autour d'eux avant de le lâcher, et d'autres choses encore. La scène est tellement dégoûtante que son pouvoir de suggestion est assez imressionnant, et que l'on peut imaginer toutes sortes de choses à partir de ce que l'on y voit, et je veux essayer autant que possible d'éviter cela. J'essaie juste de rapporter ce que j'y ai vu, moi. Pour ce qui est des commentaires etc., allez voir sur les liens que j'ai donnés plus haut, si ça vous intéresse.
Et sans commencer à entammer une discussion sur les bergers, sur les Pyrennées, sur les ours et compagnie, donc en tâchant de me libérer de tout ce contexte qu'on a dessiné autour de cette vidéo, moi ça me fait penser au massacre des animaux en général. On sait que ça arrive, que des hommes frappent des animaux bien plus que de raison. On sait que parfois la mort de l'animal est au rendez-vous. Je suis intimement convaincue que ça arrive. Il y a bien des gens qui tuent leurs parents, leurs frères et soeurs, leur conjoint, leurs enfants. Alors pourquoi pas des animaux.
Il y a eu des jours où j'étais énervée. J'étais tellement excédée que quand mon chien ou mon chat faisait une bêtise, je lui hurlais dessus. Je hurlais, réellement. Ça durait juste le temps de m'entendre, et alors je me disais que c'était fou que je puisse contenir une telle violence en moi. Je me disais que je serais capable de saisir le chat et de l'envoyer de toutes mes forces contre le mur. Mais jamais, jamais je ne l'aurais fait : je me disais juste que dans l'absolu, par énervement, j'en aurais été physiquement capable. Tout comme par instants il m'est arrivé de me servir de ma pâte à pain comme d'un punching-ball parce qu'elle ne prenait pas la consistance que je voulais, ou de déchirer une feuille avec furie parce que je n'arrivais pas à y écrire ce que je voulais. Pour des raisons tout à fait extérieures au fait qui canalisait ma violenceà cet instant-là, je me retrouvais à détruire rageusement ce que j'avais sous la main.
Et je conçois que ça puisse arriver quand c'est un animal que l'on a sous la main. Même si, justement, quand il m'arrive (extrêmement rarement, tout de même) d'être sous l'emprise de la violence, pour ma part je reste consciente de ce sur quoi je passe ma colère : si c'est de la pâte à pain ou si c'est une feuille de papier, ce n'est pas bien grave. Jamais je ne me laisserais aller à déverser ma hargne sur un animal, ni même sur une plante (ni même sur un objet ayant de la valeur, d'ailleurs). Il doit y avoir un seuil de conscience, ou quelque chose de cet ordre-là. Une limite à garder à l'esprit. Peut-être que les gens qui massacrent des animaux ont perdu de vue cette limite. Ou peut-être qu'ils n'ont pas la même que moi, c'est aussi possible. Parfois quand j'apprends ce qui peut se passer autour de moi, les bras m'en tombent. Je me dis que tous les gens, quoi qu'ils fassent, réfléchissent un minimum à ce qu'ils sont en train de faire, qu'ils ne sont jamais totalement insconscients quand ils agissent. Et je ne comprends pas certaines choses, je n'arrive pas à les concevoir, je n'arrive pas à comprendre comment est-ce que l'on peut en ariver à faire certaines choses. Après, des fois on me répond que non, tout simplement certaines personnes ne réfléchissent pas, mais je ne sais pas, ça ne me paraît pas possible. Je me dis que c'est un décalage, un verrou de salubrité qui saute, un point de non retour qui est dépassé. Je me demande pourquoi ça arrive, dans quelles conditions, à qui, à quel moment. Est-ce que ça peut arriver à n'importe qui n'importe quand ? Est-ce que ça se fait progressivement, est-ce que l'on peut endiguer le flot avant qu'il ne nous noie ? Est-ce que ça peut arriver à d'autres animaux ou est-ce que c'est typiquement humain ? Et comment est-ce que l'on peut lutter contre ça ?
5 Commentaires :
Après, des fois on me répond que non, tout simplement certaines personnes ne réfléchissent pas, mais je ne sais pas, ça ne me paraît pas possible
à moi cela paraît très possible, c'est même un des premiers constats que j'ai faits lors de mon premier jour en école maternelle. Je l'ai mal vécu à l'époque, mais aujourd'hui je m'y suis fait, mon expérience me dit que les gens sont plus ou moins capables de réfléchir, et dans ce plus ou moins, pour certains c'est extrêmement peu, je fais en sorte de me tenir assez à l'écart de ceux-là.
je n'arrive pas à comprendre comment est-ce que l'on peut en ariver à faire certaines choses
Quand les émotions (en l'occurence la rage) l'emportent sur la raison. Ce qui est systématiquement le cas si la raison est faible.
Un truc dont je me suis rendu compte quand j'ai fait de la philo en terminale, c'est qu'il y a un gros tabou dans nos sociétés, où on tend à considérer tout le monde comme capable de raisonner, je me suis dit que ceux qui croient ça doivent vivre dans un monde à part où il n'y a pas de perchés, pas d'alcoolos, pas de drogués, pas de gros bourrins aux réactions imprévisibles, pas de gros abrutis qui font tout le temps des trucs complètement stupides. Du coup ils doivent s'imaginer que tout le monde peut philosopher, que tout le monde agit sur des bases rationnelles etc. et ils se font une idée complètement faussée de l'humain.
Koldo > En ce qui me concerne, je me dis que tout le monde doit bien pouvoir réfléchir un tant soit peu, même un tout petit peu, même de temps en temps. Que même les alcoolos, les perchés, les drogués de toutes sortes etc. ne sont pas tout le temps dans un état second.
Je me dis ça pour me rassurer, quelque part. Parce que sinon, le suffrage universel ne serait qu'un exemple d'une absurdité totale, et on aurait vite fait de verser dans l'eugénisme gluant.
Concernant l'enseignement de la philo, mis à part la question des programmes et tout, je me dis qu'au mieux c'est censé apprendre un petit peu à réfléchir, et non pas juste tenir compte de ce que le public sait déjà, ou ne sait pas faire en la matière.
En ce qui me concerne, je me dis que tout le monde doit bien pouvoir réfléchir un tant soit peu, même un tout petit peu, même de temps en temps.
Oui tout le monde peut réfléchir dans l'absolu, ma perception étant toutefois que pour certains c'est très peu, et si en plus ce sont des gens pouvant avoir des émotions très fortes le peu de réflexion se retrouve complètement noyé. Et si les émotions en question sont du genre colère ça peut amener des sales trucs genre des génocides à la machette. Si on veut éviter que ça se reproduise indéfiniment il faut d'abord comprendre comment certaines choses peuvent se passer dans la tête de qqn.
Concernant l'enseignement de la philo, mis à part la question des programmes et tout, je me dis qu'au mieux c'est censé apprendre un petit peu à réfléchir, et non pas juste tenir compte de ce que le public sait déjà, ou ne sait pas faire en la matière.
Oui c'est ce que c'est censé faire, est c'est une bonne chose (encore que dans mon cas perso tous les cours de philo que j'ai eus étaient des cours magistraux où seule la prof parlait, mais c'est pas partout comme ça encore heureux) mais le problème est que ça ne tient pas compte de la variabilité entre gens en ce qui concerne la capacité à raisonner et à agir en fonction.
Ne pas tenir compte de ça et faire comme si tout le monde était dans le haut de la fourchette en ce domaine c'est de l'aveuglement. Si on en tenait compte, si en plus d'apprendre aux gens à réfléchir, on essayait de leur apprendre à reconnaître ce qui peut obscurcir leur réflexion au lieu de faire comme si ça n'existait pas, ça serait un grand pas en avant. Mais pour l'instant c'est une branche absente de la philosophie, un angle mort en quelque-sorte.
Et en parlant de suffrage universel justement, si tout le monde avait accès à des savoirs permettant de mieux distinguer la part rationnelle et la part autre que rationnelle des choses en général et de leurs choix en particulier, il y a tout un tas de propagandes et de manipulations qui ne passeraient plus. Mais ça serait peut-être un peu trop subversif.
Je souscris assez a l'analyse de Koldo. EN fait les etre humains sont tous doues +/-d' intelligence mais il y a tellement de deviations , de maladies de l'intelligence, de deformations des savoirs , de l'imagination, du ressenti, que souvent cette partie de l'iceberg nous echappe. Oui, je pense qu'on devrait avoir une formation basique et continue la-dessus aussi et pas seulement quand on le veut bien en lisant un livre la-dessus ou en ecoutant , par hasard une emission la dessus, etc. On est sans arret confrontes a la violence et on n'est pas prets a l'affronter. Et cela va a une vitesse vertigineuse de nos jours. comme si notre cerveau n'avait pas ete prepare a tout ce qu'il doit emmagasiner de connaissances d''informations de tous ordres qu'on a du mal a maitriser , meme en reflechissant sans arret... c'est le revers de l'information a continu qu'on nous deverse a tout instant meme quand on ne le demande pas? reflechissons, reflechissons au moins aussi pour ceux qui ne le font pas ou ne le font plus...
Koldo > "Si on veut éviter que ça se reproduise indéfiniment il faut d'abord comprendre comment certaines choses peuvent se passer dans la tête de qqn."
--> Oui, c'est bien pour ça que j'essaie de comprendre, que je me pose des questions.
Ce que tu dis sur les cours de philo, ça me fait penser aux enseignants de fac qui partent du fait que les étudiants sont censés avoir telle et telle base scolaire alors que tous ne les ont pas (et de moins en moins...). Alors ils ne préviennent pas que ça sera sanctionné, jamais ils ne formulent ce qu'ils demandent en considérant que c'est censé être implicite pour tout le monde, et après ils se plaignent que "le niveau baisse". Ben moi je trouve que dans ces conditions, c'est pas étonnant.
Et pour la fin du même paragraphe : Justement... ;-)
Coco > Tu soulignes quelque chose de surper important je crois : les grandes différences de ressenti qu'il existe entre les personnes. En fait il n'y a pas qu'à apprendre à réfléchir, il faut aussi apprendre à s'observre soi-même, à faire le tri entre les faits et les idées que l'on s'en fait. A "sortir du film", comme pourrait le dire Koldo.
Commenter