Premier jour de chômage. Et ça commence bien : pas moyen de m'inscrire aux Assedics par Internet : soit "le service est momentanément indisponible", soit "nous ne pouvons répondre à votre demande, veuillez téléphoner au NA-NA-NA". Quand je téléphone au NA-NA-NA, c'est fermé le week-end.
Bon, tant pis, ça retardera mon inscription de deux jours de plus, je le ferai lundi. C'est quand-même trop bête que l'on n'ait pas le droit de le faire avant le premier jour de chômage tout de même, surtout quand ça tombe un samedi.
C'est drôle, j'ai rêvé que j'enseignais, cette nuit. A force d'entendre parler de rentrée partout, voilà ce qui arrive. Mais cette année, s'il y a une chose que je ne risque pas de faire, c'est précisément ça. Et ce, uniquement pour des raisons légales.
Une nouvelle vie commence. C'est comme ça que je le vois, et c'est comme ça que j'ai envie de le voir. Aujourd'hui est l'aube d'une ère nouvelle où le champ est ouvert, où tout est possible (sauf de s'inscrire aux Assedic). Rien ne change au dehors, c'est dedans que tout est différent. Mes dimensions intérieures ont changé. Mon monde a changé.
C'est une nouvelle vie que, dans mon orgueil et ma fierté tant combattues, je n'imaginais pas vivre. Je pensais que moi, le chômage, jamais. Que j'étais dans le peloton de tête, celui qui gagne, celui qui ne finit pas sur la touche. J'espérais tant figurer parmi les exceptionnels qui sont recrutés juste après la soutenance. Ça faisait classe, c'était le top. Et puis ça n'a pas été le cas. Je n'ai pas beaucoup cherché, il faut dire, je ne me suis pas beaucoup débattue, pas assez en tout cas. Hier je me souvenais de ce jour où je devais trier un tas de papiers pour retrouver le compte-rendu de ma soutenance, pour compléter mes dossiers de candidature : j'avais fait deux tas, un à jeter et un à conserver, et puis je suis consciencieusement allée mettre le premier tas à la poubelle. Je me suis alors soudainement demandé où est-ce que j'avais bien pu poser le rapport...? Je l'ai retrouvé dans la poubelle. Ça m'a fait sourire, hier.
Je crains que ça soit un métier où si l'on veut s'en sortir il ne faut pas faire les choses à moitié. Et ne pas faire les choses à moitié, c'est faire comme que je faisais avant. Je crains un peu que m'y remettre au rythme que je choisis ne me mène qu'à des échecs. Bah !, on verra bien.
Mais j'ai beau faire la fière et puis affirmer haut et fort que je suis sûre de moi et qu'on verra bien et que quoi qu'il arrive j'y survivrai, j'ai tout de même pas mal peur, quand j'y pense, des fois.
6 Commentaires :
peur de quoi précisément ?
Je pensais que moi, le chômage, jamais. Que j'étais dans le peloton de tête, celui qui gagne, celui qui ne finit pas sur la touche.
pourquoi voir le chômage comme un échec ?
J'ai été engagée très vite et, très vite, je me suis demandé ce que je faisais là, j'ai espéré le chômage. Je n'aurais pas dû me précipiter. Attendre de savoir ce que je voulais, au fond de moi, vraiment faire de tout ce que j'avais appris : mes connaissances, mes compétences, mes méthodes de travail etc. Et surtout qu'avais-je encore envie d'apprendre ? Et qui je voulais être, ou plutôt ne pas être.
Le chômage n'est pas un échec. ET si tu n'as pas fait les efforts qu'il fallait pour ce métier, c'est sans doute parceque ce n'est pas le tien ou alors pas au même endroit. Il te reste à le découvrir, ce métier ou cet endroit.
Ne te fais pas avoir par le discours ambiant du "travailler travailler travailler... sinon t'es une merde". L'important n'est pas là (et en plus c'est une vision très courte). L'important est la réalisation de soi. La peur est une mauvaise conseillère.
Je comprends aussi cette petite pointe d'angoisse - je la vie en ce moment ;)
Jeudi je rencontre un "conseiller" ANPE youpiiiiiiiii !
Bonne chance dans cette nouvelle vie.
Je m'apprete a prendre ma voiture (berk) pour faire 80 kilometres (re berk), et aller signer lundi matin mon PV de prof du secondaire (avec tous les tracas adminsitratifs que ca comporte, genre essayer de changer de sécu en fin de grossesse, et je pas avoir les documents pour se réincrire en thèse - à Paris- avant novembre (ou je serais très légèrement occupée a accoucher)). Et je n'aurais jamais cru que ca m'arriverai un jour.
Mais je ne le vis pas comme un echec. Pas plus que toi, je n'ai pas ce sentiment en lisant ton mail. Juste une nouvelle phase dans les tribulations de l'apprentie chercheuse que je crois rester malgré tout.... mais le reste-t-on après ce genre d'experience?
Bonne chance en particulier pour ton organisation au jour le jour. J'imagine que ce n'est pas plus facile de travailler sans "cadre institutionel" et dans deadline précise que de travailler sous pression, comme tu viens de le faire pour la fin de ta thèse.
Raffa > "peur de quoi précisément ?"
--> Peur de ne faire que des choses à moitié, peur de ne pas trouver de travail dans mon domaine (mon domaine a priori) et de le regretter, peur de ne pas me plaire dans une vie différente... tu sais, toutes ces choses qui font hésiter et empêchent de changer... ;-) (à tort ou à raison, ça dépend des fois)
"pourquoi voir le chômage comme un échec ?"
--> Parce que je voulais être dans le peloton des "winners", ceux à qui tout réussit dans le travail. Parce que c'est quelque chose qui m'a été indiciblement intimé, de le concevoir de cette façon.
Mais à présent, et à vrai dire dès l'instant même où je savais que j'allais être au chômage, je me sentais plutôt soulagée. Curieusement, contrairement à ce qu'on m'avait fait croire (ou à ce dont je m'étais +/- volontairement laissée convaincre), le monde ne s'était pas écroulé.
Et puis depuis, il a même tendance à se reconstruire. La "faute" au chômage ou pas, ça j'en sais rien !
"Attendre de savoir ce que je voulais, au fond de moi, vraiment faire de tout ce que j'avais appris : mes connaissances, mes compétences, mes méthodes de travail etc."
--> Oui sauf que je crains que ça ne soit pas possible en fait, de s'arrêter pour se donner le temps de réfléchir à ce qu'on veut. En tout cas, si jamais finalement on choisit de recommencer ce que l'on avait arrêté.
Me souviens de la tête de mon médecin quand je lui ai expliqué que j'allais être au chômage mais tout de même continuer à travailler...
"ET si tu n'as pas fait les efforts qu'il fallait pour ce métier, c'est sans doute parceque ce n'est pas le tien ou alors pas au même endroit. Il te reste à le découvrir, ce métier ou cet endroit."
--> Quelque part, c'est exactement ce que j'espère. Mais s'il s'avère qu'en réalité c'est bien ce métier que j'aime... ça risque d'être compliqué.
(Comme quoi, du coup, je pourrais en déduire que ça ne l'est pas, justement, oui mais j'ai la tête dure moi !!)
"Ne te fais pas avoir par le discours ambiant du "travailler travailler travailler... sinon t'es une merde". L'important n'est pas là (et en plus c'est une vision très courte). L'important est la réalisation de soi. La peur est une mauvaise conseillère."
--> Tu as infiniment raison. J'essaie de ne pas le faire.
Je te remercie pour ton commentaire. Il me touche beaucoup. Surtout commençant à un peu connaître deux-trois choses de toi en lisant entre les lignes parfois ;-)
Valérie de Haute Savoie > Je penserai à toi jeudi dans ce cas ! Moi, toujours pas moyen de m'inscire et d'ouvrir mes droits...
Mowgli > Merci.
Toi aussi tu vas avoir des prochains mois... mouvementés, disons :-)
"Juste une nouvelle phase dans les tribulations de l'apprentie chercheuse que je crois rester malgré tout.... mais le reste-t-on après ce genre d'experience? "
--> C'est une fichtrement bonne question. Justement, je me dis parfois que c'est un parcours du combattant, type Highlander "il ne peut en rester qu'un". Et admettre que cet "un", ça n'a pas été moi, c'est un peu dur à avaler en fait. Un peu dur à avaler que j'ai peut-être fait mon temps en tant que chercheur. Qui sait. Pas moi en tout cas, ou alors pas encore !
"J'imagine que ce n'est pas plus facile de travailler sans "cadre institutionel" et dans deadline précise que de travailler sous pression, comme tu viens de le faire pour la fin de ta thèse."
--> Je n'en sais encore rien, mais je me dis que dans tous les cas ça ne peut pas être pire ! ;-)
Ben, je me dis qu'on verra bien. Je vais tâcher surtout d'écrire des articles pour des revues. Parce que c'est faisable, parce que j'en manque et parce que finalement ça sera un truc "facile" à faire (sans financement). Pour le reste, il faudra que je jongle avec les pressions que l'on essaiera de me mettre malgré tout, et là ça risque de ne pas être facile.
Tout en acceptant de ne plus pouvoir m'investir dans l'administration comme je le faisais avant, puisque je n'en ferai plus partie...
La derni�re phrase de ton commentaire (cf administration), est-ce que cela veut dire que tu ne feras plus partie de ton Syndicat � Paris ,? cela serait dommage! mais enfin cela peut revenir plus tard... les commentaires ci-dessus sont vach'ment interessants et reconfortants. Tu n'es pas seule dans cette analyse de ton "au jour le jour" et cela c'est tres important et constructif pour toi..; courage!
Coco > Ce n'est pas un syndicat, c'est une association. Et ça je le continue, heureusement ! Pour ça je n'ai pas besoin d'être affiliée officiellement à quoi que ce soit, il me suffit d'être volontaire (et active :-)
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