J'ai fait mon marché du marché n°31 de Résurgences, le site de Jean Sur (comme je l'avais déjà fait précédemment). Décidément, lire ce site fait du bien. Morceaux (difficilement) choisis, dans l'ordre d'arrivée. Et puis j'aime bien faire comme si c'était une sorte de dialogue entre ses citations et mes réponses, c'est étonnant comme même sans le vouloir, ça marche à tous les coups.
Quant à "la main au cul du monde", c'est une phrase qu'il a écrite à propos de 1968.
La créativité a sombré dans le marketing. La parole s’est noyée dans la communication. Ça ne conteste plus, ça revendique, c’est-à-dire que ça a déjà cédé. Ça n’affirme plus, ça commente. Ça n’aime plus, ça respecte. Ça ne déteste plus, ça critique. Ça ne pense plus, ça s’informe. Ça ne vit plus, ça s’épanouit. Comme la tête de veau à l’étal du boucher, disait Clavel.
Il parle beaucoup des mots dans ce marché. Quand je lis "Ça n’affirme plus, ça commente" je pense que c'est effectivement ce que je fais : je commente (parfois, souvent ?) ce qu'il m'arrive de lire, d'entendre par ailleurs. Et puis dans le fond de ma tête j'ai des idées, des choses à affirmer. Mais je ne sais pas par quel bout commencer, je ne sais pas comment le faire, je ne sais pas quelle forme leur donner, et au final je n'en fais rien. Rien, je les laisse là dans ma tête. Et puis, un jour, j'en vois un bout, un tout petit bout apparaître au travers d'une autre source, et là je commente. Ou alors, même, uniquement, j'acquiesce, sans y mettre mes mots, sans y mettre ma vision.
Finalement, j'ai presque toujours fait comme ça. Mais est-ce que ce n'est pas complètement dérisoire, est-ce que je ne me nie pas au plus profond de moi-même en me refusant de me laisser aller à dire, à affirmer à ma façon personnelle, par peur de ne pas le faire comme il le faudrait ? Comment est-ce que je peux espérer suivre mon chemin si je ferme sciemment les yeux dessus ? Et même s'il est chaotique, et même s'il n'a ni queue ni tête, et même s'il est jalonné de bourdes plus grosses que moi-même, qu'est-ce que je pourrais bien avoir à perdre sinon la peur de mon fantasme du regard des autres ?
(Paradoxalement, c'est bien un commentaire que je suis en train de faire à l'instant même.)
Tenter de combler la béance, c’est notre aventure à rebours, bien plus secrète que l’alcôve ou l’isoloir. Nous ne cessons de faire comme si la vie était vivante : elle semble l’être si peu. Ou plutôt, comme si elle était vitale, alors que nous nous traînons d’artifice en artifice. Vitale, vivante, quelque part, elle l’est, bien sûr, sinon nous n’aurions pas si mal. Mais quoi ? L’espoir ? Trop biologique. Le désespoir ? Trop théâtral. Comprendre - flairer plutôt - que la vie ne passe ni par ici ni par là, qu’elle est, en chacun de nous, la puissance qui nous divise, qui nous fait éclater.
Là je repense à ce que disait Raffa dans un commentaire récent. Je pense au fait que la vie ne passe pas par ce que l'on a bien évidemment, ni même par ce que à quoi on l'occupe. Que nous sommes chacun en vie, que c'est ça qui est douloureux, parce que l'on a rendu cette force, cette puissance totalement incompatible avec toutes les contraintes que l'on s'impose. Des contraintes qui sont extrinsèques à la vie et extrinsèques à soi-même.
Et même en écrivant cela, je m'impose une contrainte. Je m'impose de vouloir en arriver à une conclusion bien précise. Je la connais déjà, cette conclusion, et je tourne autour comme le chien qui tourne sur lui-même avant de se coucher. Comme s'il ne savait pas dès le départ comment il allait se coucher ! Et cette conclusion, je me l'impose, volontairement et à demi-consciemment. A demi seulement parce que ça m'arrangerait d'arriver à la formuler et à l'appliquer une bonne fois pour toutes, mais dans le même temps ça m'arrange aussi de me trouver le cul entre deux chaises, à hésiter, parce que l'hésitation ça peut être un mouvement perpétuel, ça s'auto-entretient, et ça peut même être plutôt confortable.
C'est particulièrement confortable de se dire qu'on aimerait être bien mais que pour l'heure on cherche comment faire. Pour l'instant, on continue à s'encombrer de contraintes artificielles (peu importe qu'elles soient concrètes ou abstraites, ça revient exactement au même). On se maintient en stand-by, on attend. Quoi ?
Propos, tout cela, manière de dire et, pour un peu, pose. La vie est bien plus dure, le corps crie bien plus fort, le cœur saigne bien plus rouge. Ce n’est pas le noir, le monde où nous vivons : la noirceur, disait Gaston Miron, l’étouffement progressif et cruel de la lumière. Oh ! si nous anticipions, si nous cessions de nous étonner de nos vilains rêves, si nous avions un jour, d’emblée, admis ensemble ce que nous sommes tous et si, loin de nous condamner à la délectation morose de nous-mêmes, tout cela que nous sommes sans vraiment vouloir l’être nous était envie de danser, nous était raisin à fouler gaiement !
Ouvrir grand les fenêtres que l'on a docilement condamnées sur prescription sociétale et puis voir que le monde ne s'arrête pas aux murs qui existent autour de nous ? Que la vie est naturellement possible autrement. Ça s'est une phrase simple, dite et redite, mais son sens est là : que vivre ça n'a rien à voir avec ce qu'on a bien pu nous inculquer, même si c'était avec la meilleure volonté du monde. Et surtout, surtout, que le vertige que l'on peut ressentir quand on se trouve au bord des limites acceptées, quelles que puissent être ces limites (ça dépend de qui l'on est, d'où l'on nait, de l'époque dans laquelle on se trouve et de tant d'autres choses), ce vertige est, reste, et restera toujours un artifice. Un mirage ! Une construction de l'esprit qui déforme et borne notre vision du monde, et donc de la vie, puisque la vie c'est au final le seul médium que l'on a pour appréhender le monde.
Tant de gens sur le même navire ! Chacun en tête à tête avec son drame, comme si les autres étaient des touristes. La parole qui libère serait en nous ? Nous pensons comme Booz : « Comment se pourrait-il que de moi ceci vînt ? » La peur ne fait plus trembler, tant elle paraît raisonnable. L’architecture de la peur. La peur à petit feu. Les illusions « d’où rien ne peut naître ». Parler, parler, parler. Sauver, sauver, sauver. La peur, peur, peur. Les autres comme des balises. L’humain comme contrôle, garde-fou. La mauvaise foi, cette mauvaise mère. Notre histoire, mieux vaudrait ne pas mourir avant de l’avoir reconnue.
Comment est-ce que l'on peut accepter une (soit-disant) moyenne humaine et sociale, attachée un à contexte donné, comme devant être l'état d'équilibre personnel vers lequel chacun de nous doit tendre ? Comment peut-on se retrouver perdu dans une immensité qui ne peut pas nous contenir, et encore moins nous infinir comme le dit Jean Sur ? Et si l'on essaie quand-même, si l'on plie si l'on ploie, alors pourquoi ne voit-on pas que c'est forcément le cas pour tout le monde ? Mais qu'est-ce que c'est que ce moule ?
Chaque vie comme une épopée intime, une dentelle si fragile qu’on n’ose même pas la saisir. Comment parler d’une autre existence quand on ne sait rien dire de la sienne ? Par contre, devant nous tous, comme un fumier formé de toutes ces peurs, l’énorme mensonge collectif. Aussi massif, aussi cynique, aussi lourd, aussi impudique que notre destin individuel est évanescent. Un mensonge en fanfare, en gros titre, en grosse peur.
Et que l'on coupe tout ce qui dépasse. Qu'on l'enlève du montage, ça ne rentre pas, ça ne se fait pas, c'est en dehors, au-delà. Ça ne rentre pas dans quoi, qui nous impose quoi, de quoi cela est-il né ?
Il y a pour moi une relation évidente entre cette escroquerie politique et la volonté d’en finir avec 68. Tout est bon pour reboucher la faille, surtout les grands sentiments. Non que je me fasse trop d’illusions sur l’ouverture de l’esprit et du cœur de beaucoup de nos concitoyens. La crasse raciste, ça existe. Et, de façon bien plus générale, une incroyable, une maladive fermeture. Hier encore, je me promène dans mon quartier. Une rue tranquille, une dame âgée trottine devant moi. Sur l’autre trottoir, marchant en sens inverse, deux adolescentes. L’une d’elle traverse, vient à moi et, sur un ton d’indifférence presque professionnel, me demande cinquante centimes. Refus et tentative d’explication. La gamine bougonne un peu et s’en va. Mais la veille dame l’a entendue, elle la poursuit d’imprécations furieuses. Pour l’apaiser, voyant dans sa main une enveloppe toute semblable à celle que je tiens dans la mienne, je lui dis en riant que nous allons au même endroit : aux impôts. Deux cents mètres nous en séparent. Rien ne la calmera. Une haine abominable, une incroyable fureur, une méchanceté d’une extrême lucidité. Certes, comme elle, elle l’a vu, je réprouve le comportement de cette fille. Mais le monde dans lequel nous vivons, la difficulté d’y vivre ? Rien du tout, aucune excuse. Et quand ils apprennent qu’on peut toucher des millions d’euros pour avoir mis une entreprise par terre ? C’est peut-être un peu trop, mais ça n’a rien à voir. Les jeunes, Monsieur, les jeunes ! Et d’autres, vous me comprenez, qui feraient mieux de rester chez eux ! Elle en tremble. Dans sa voix, je n’entends pas Le Pen, j’entends le malheur, j’entends une abominable frustration. Je n’entends pas les jeunes, j’entends 'la vie', j’entends 'ma vie', j’entends 'ma solitude', j’entends un esprit qui tourne à vide, un cœur qui ne sait plus pour quoi il bat. Elle n’est pas un danger, cette dame. Pas plus que moi, en tout cas. Pas plus que vous, peut-être ?
Ça me rappelle l'épisode du vol de portable que j'avais relaté. Bien que je n'approuvais pas du tout le geste de ces gamins, je ne pouvais pas les en voir coupables. C'est leur milieu, c'est ce qu'ils vivent, c'est ce qu'on leur a rabâché toute leur vie, c'est les phrases de justification qu'ils scandaient comme des slogans, des marques de fabrique, c'est leur accent qu'ils avaient travaillé pour mieux coller à l'image de bad boys qu'ils avaient choisie parmi la liste qu'on leur a proposée, une fois barrées toutes les options que l'on ne leur permettait pas de prendre a priori. Ils ont choisi par défaut dans une liste fermée. C'est nous qui les avons fermés, nous qui nous fermons aussi nous-mêmes de la même façon. C'est nous-mêmes qui avons volé ce portable.
Trois milligrammes cinquante de Marx dans le sang, plus quelques plaquettes de socio, c’est peu pour comprendre la manœuvre. Eh oui ! Les marcheurs anti-Le Pen ont marché ! Fatigue des pieds et docilité du cerveau. Le vrai est qu’eux aussi, ils souffrent, ceux d’entre eux, au moins, que n’anesthésient pas d’excessives ambitions. Eux aussi étouffent de ressentiment : champions de toutes les libertés le temps d’une manif, ils rampent toute la semaine devant un sous-chef. Chantres des générosités publiques et caissiers des intérêts privés. Eux aussi, dès qu’ils cessent de se monter la tête avec ces récits de cow-boys dont Le Pen est le mauvais Indien, se retrouvent perdus dans le désert, comme la petite dame sur la route des impôts. Eux aussi ont droit à l’amitié, à la compréhension. Eux aussi sont enfermés dans un univers d’idées sèches. Eux aussi, comme elle, quémandent un peu d’amour. Tout le monde en est là, aujourd’hui, nom de Dieu, pourquoi faites-vous semblant de ne pas le comprendre ? Quel cadavre protégez-vous ? Tout le monde en est là, sauf ceux qui ont déjà basculé dans le grand refus, qui ont déjà tiré sur eux tous les verrous. Nous vivons tous sous le même règne, vous ne voyez pas ? Vous tenez vraiment à défendre votre boutique d’idées ? La dame hurle sa détresse ; les marcheurs brament leur triste bonne conscience. Même musique. Le chapiteau du cirque est tombé sur eux tous. Projection, contre-projection, ils se bagarrent là-dessous sans trop savoir contre qui. Aucune solution. Changer d'ordre.
Et l'on nous parque dans des casiers, et il n'y a pas assez de place pour tous les casiers dans l'étagère. Pousse-toi de là que je m'y mette. Mais ton tiroir prend trop de place ! Au lieu d'agrandir les tiroirs au pire, de les virer ou même, au mieux, de détruire l'étagère. De sortir du tiroir, de descendre de l'étagère, d'aller se poser à côté, là où l'on en a envie.
Et même dans chaque casier ça remue. Dans la nuit de samedi à dimanche, des agriculteurs de nos voisins se sont fait voler l'un de leurs énormes rouleaux d'arrosage. Qui peut avoir besoin d'un truc pareil, qui peut s'organiser pour voler un tel objet (avec tous les détails techniques qu'un vol de ce genre peut demander à mettre en oeuvre), à part un autre agriculteur ? Quel agriculteur peut s'imaginer ne serait-ce qu'une seule seconde que les autres sont mieux lotis que lui ? Quelle serait la réaction du voleur si on lui avait fait subir ce qu'il a fait ? Mais comment ces gens peuvent-ils bien se percevoir les uns les autres pour en arriver à des actes pareils ?
Le silence primordial : le mot est peut-être un peu majestueux pour l’époque. C’est l’instant - de joie ou de souffrance - où l’on ne se définit pas par les circonstances, où l’on ne se définit plus du tout, où on se laisse, pourrait-on dire, 'infinir'. Pas l’expérience mystique, pas la défonce. La conscience est là, elle discerne le monde, les autres, elle se pressent elle-même. Rien de spectaculaire, du très banal. Quitter l’étage des rayons étiquetés et descendre dans les réserves. La parole perd ses repères, en trouve d’autres, élémentaires, forcément corporels, qui la déconcertent. Faites ça quand vous êtes heureux, quand vous êtes entourés de vrais amis, quand vous travaillez dur à quelque chose qui vous importe, en un mot quand ça souffle du bon : entre la conscience et le monde, c’est une réciprocité de caresses, une courte échelle de compréhension, un va-et-vient de gratuité, de reconnaissance, d’encouragements. Faites ça quand rien ne souffle, quand le sens s’est barré, quand les relations sont foireuses : elle grince, la conscience, elle proteste, elle geint, elle renâcle, elle devient une petite fille mal élevée que la menace d’aucune fessée n’impressionne car elle sait qu’elle a raison.
Oh que oui c'est déconcertant. C'est tellement gigantesque. Ma première vue est simple, évidente ; la seconde l'est tout de suite beaucoup moins. C'est qu'il y a quelque chose qui cloche. Je sais ce qui cloche, en plus ! Et j'ai envie de crier "Ce n'est pas si simple !!" alors que si, bien sûr que si. Ce n'est pas parce que c'est aussi grand que le monde que c'est compliqué ; c'est juste plus large que le terrain habituel.
Respect, travail, mérite. [...] Nicolas Sarkozy a raison d’avancer ces beaux mots. Ce n’est pas parce qu’il est de droite et que ses amis sont riches que je dirai le contraire. Oui, plusieurs de ses projets, sur l’Université notamment, me font frémir d’horreur. Oui, je lui reprocherai jusqu’à la fin des temps le voyage aux États-Unis et la poignée de main à l’Ahuri pétrolifère. Mais les mots sont à tout le monde. Il a le droit, et même le devoir, de parler de respect, de mérite, de travail. Les gens se méfient, bien sûr. Ils savent que, la politique, ça apprend à placer les mots dans la bonne case, ça rend très fort au sudoku des mots. Pourtant ce n’est pas ainsi qu’on devient leur copain, ce n’est pas ainsi qu’on les comprend vraiment. Les mots des gens, j’ai passé ma vie à les écouter, à les flairer, à les soupeser, à les débusquer. Respect, mérite, travail sont des mots de gravité et de liberté. Si vous en faites des matraques entre les mains des beaufs, ils vous reviendront en pleine face ; vous n’y gagnerez rien, nous non plus. Si vous les utilisez sans lire leur composition, vous en ferez des poisons. Un mot qui devient un slogan, c’est un mot mis au trottoir. Les mots ont des sens, donc forcément des sens interdits. Ils ne sont au service de rien. Ils pèsent par eux-mêmes. Ils ont une existence propre. On peut essayer de truquer un mot de temps en temps, on ne peut pas truquer tous les mots toujours, même si c’est l’illusion de tous les pouvoirs, même si elle se renouvelle toujours. Voyez. Responsabilité aussi est un beau mot, il ne faut pas lui faire dire le contraire de ce qu’il dit. Mme Roselyne Bachelot, par exemple, devrait être plus respectueuse de ce mot-là. Si c’est son job de défendre la franchise sur les dépenses de santé, qu’elle le fasse et mauvaise chance à elle : cette franchise est inique. Mais qu’elle nous explique que cette franchise doit « être entendue comme un facteur de responsabilisation des assurés », ça, c’est de la haute trahison des mots, ça ne se case nulle part dans le sudoku de la liberté, de la République, ni même de la démocratie qui, pourtant, n’est pas trop regardante. Il n’appartient nullement à Mme Bachelot de responsabiliser les citoyens à la responsabilité desquels elle doit précisément ses fonctions. C’est elle qui est responsable devant eux, non pas eux devant elle.
On en revient aux mots. En user, en user honnêtement, c'est une façon de rester au monde, d'y adhérer quand bien même d'aucuns nous reprocheraient le contraire, prenant leurs vessies artificielles pour des lanternes absolues. Ça permet d'être avec les autres, et en nous-mêmes à la fois.
Mais les mots aussi on peut les enfermer dans un moule. Les contraindre. Et puis on peut les libérer, aussi, parce qu'ils sont à tout le monde, même et peut-être même surtout à ceux qui sont descendus de l'étagère.
Respect, travail, mérite. Que ces mots-là reviennent au premier rang, c’est bien. Cette apparente régression est un progrès. J’espère seulement qu’on va comprendre que, cette fois, il ne faut plus faire les malins avec eux, qu’il faut les laisser dégorger ce qu’ils ont en eux de désir et de souffrance, et la cruauté dont ils ont été blessés, et la lâcheté qu’ils ont favorisée. Ces mots-là ne sont pas à prendre à la légère, à la stratégie. Il faut en faire l’inventaire pour comprendre en quoi ils nous font vivre et en quoi ils nous empêchent de vivre. Regarder nos mots en face, voilà notre programme de travail ; devant ce chantier, comme devant tout ce qui est vaste, nous sommes profondément égaux.
Respect : Accepter que le regard que l'autre porte sur le même monde que soi soit nécessairement différent de celui que l'on a, dans la réciprocité.
Travail : Activité dont le résultat est supérieur à la somme des parties mises en jeu.
Mérite : Conséquence directe ou indirecte de ce que l'on offre au monde.
Evidemment, il ne s'agit ici que de définitions personnelles...
10 Commentaires :
1) si tu commentes plus que tu n'affirmes, c'est peut être que souvent dans ta vie le scientifique prend le pas sur le citoyen (et je n'ai pas la solution. La recherche m'a rendu totalement indécise, impropre à l'engagement. Comment choisir quand on voit des nuances de gris à l'infini)
2) on peut effectivement enfermer des mots. Ce que Sur dit sur le respect, le travail, le mérite, me rappelle qu'on ne peut pas dire, aujourd'hui en France, que "travail-famille-patrie" est une devise, sinon bonne ("patrie", ca sonne daté pour moi, c'est juste une sensation diffuse. Mais je crois qu'on pourrait y trouver une analogie nourricière utile, une idée de don-contre don, de donner la vie-rendre la vie, de fidélité. A voir. bref...), du moins interessante. Parce que Petain a enfermé ces mots, les a frappé d'ignominie. Pourtant, ces mots pris un à un pourraient faire l'objet de reflexion, non?
Merci de m'avoir fait découvrir Jean Sur, un presque contemporain (il a 3 ans de plus que moi) et ce qu'il porte comme histoire et engagement;il exprime bien l'importance de la date de 68 a pour notre génération de trentenaires de l'époque, déjà engagée dans la vie. Que quelqu'un comme lui s'exprime encore maintenant avec cette lucidité et cette franchise en utilisant Internet et qu'il soit lu et commenté par des jeunes de l'an 2000 est un encouragement à rester "idéaliste" malgré tout et jusqu'au bout.
En tout cas je vais continuer à le lire: "Résurgences",beau titre et belle métaphore.
Merci pour cette découverte que tu partages. Je viens de démarrer "une alternative au management, la mise ne expression". C'est si criant de cette vérité que je ne supporte plus...
Jean Sur est le philosophe de nos jours qui sait depasser les limites dont il parle pour venir a nous simplement afin que l'on puisse venir a lui aussi simplement qu'un blog par ex. N'est-ce pas cela la vraie philo-sophie ? ( sagesse pour tous ?). En tous cas, merci , Mirza, de nous en faire partager la lecture. ( commenter... oui, souvent; on ne va tout de meme pas toujours tout "inventer"), d'ailleurs n'est pas inventeur , createur qui veut...
Ah ben voilà, moi qui pensais vous noyer sous la lecture, y'en a qui ont tout de même trouvé le courage de rajouter un commentaire en plus ! ;-) Merci à vous, ça me fait super plaisir de partager ça avec vous.
Mowgli > Tu donnes un vachement bon exemple de l'ignominie de certain mots attachés à leur contexte et non à leur vrai sens. Bon cela dit, je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi (sur le fait que ça ferait une bonne devise), mais sinon je comprends bien ce que tu veux dire, et ça je suis bien d'accord.
Jean-Pierre > Je suis ravie de t'avoir fait découvrir quelque chose, pour une fois que ça n'est pas le contraire !
Personnellement je trouve que ses textes sont criants, de vérité, d'honnêteté, d'amour, de liberté. Ça fait comme une grand bol d'air, quelque chose de nécessaire à la vie. Il me fait toujours beaucoup penser à Raoul Vaneigem (tu connais Vaneigem, j'imagine ?), sauf que lui au moins je n'ai pas besoin de relire 4 fois chaque phrase pour comprendre ce qu'il veut dire... ;-)
Lise > En fait, je trouve ce qu'il dit tout aussi fort que l'effet que m'avaient fait les images de Earthlings.
(Tiens c'est drôle, je viens de me rendre compte que ci-dessus j'ai dit que c'était "criant" et je viens de voir que toi aussi tu avais utilisé ce terme. C'est vrai, je trouve que ce sont des textes qui devraient se crier.)
Coco > Il y a un truc qui me touche aussi beaucoup chez lui, c'est qu'il me semble bien, à le lire, qu'il vit réellement ce qu'il écrit. Il est en plein dedans. Il sait donc pertinement de quoi il parle. Ça, c'est infiniment précieux, parce que finalement il se donne dans ses textes.
Tout à fait d'accord, c'est bien aussi violent et scandaleusement inhumain.
Ce lien que tu m'offres résonne très fort en moi, et avec cette histoire de mon passé que j'exhume aujourd'hui.
Une nouvelle renaissance à espérer, à inviter, à construire.
Juste un petit rectificatif.
Je ne voulais pas dire que "travail-famille-patrie" pourrait faire une bonne devise (si je devais choisir trois mots comme boussole dans la vie, ca ne seraient probablement pas ceux là, et cela ne serait probablement pas les mêmes toutes ma vie (genre famille me parle bien ajourd'hui, hasard, mais pas il y a 5 ans, et peut-être pas dans 10 ans). Simplement que ce sont des mots "tachés" par l'histoire.
Lise > Ton commentaire me fait l'effet d'une bouffée d'énergie positive ! Merci !
Mowgli > C'est vrai que de toute façon, une devise pourrait difficilement rester identique tout le temps d'une vie. Alors de là à en faire quelque chose sensé représenter la voie d'un peuple tout entier sur plusieurs générations...
Jeu me sens en phase avec le constat et votre duo l'exprime avec grande pertinence... :)
Dans mon expérience, la souffrance vient de la comparaison entre "ce qui est" et "ce que jeu voudrais qui soit"...
Et finalement, jeu vois en quoi c'était une chronologie plus pertinente de lire ce texte après celui que j'ai lu hier de toi. A mon sens, celui-ci répond à ta réponse à mon commentaire... ;)
Ton autre texte témoigne de ce qui t'as été efficace de FAIRE pour dépasser une peur et découvrir un autre univers... Ca marche pour toutes les autres, tu sais.
Amour...
Lohey > "Ton autre texte témoigne de ce qui t'as été efficace de FAIRE pour dépasser une peur et découvrir un autre univers... Ca marche pour toutes les autres, tu sais."
Hé bne tu sais quoi ? Depuis la dernière fois... oui, justement je sais ! :-)
Bon, c'est pas encore gagné, mais plus je fais, plus je sais (en fait, c'était pas encore le haut de l'échelle, mais je m'en rapproche, beaucoup beaucoup).
Merci pour la qualification de "duo", waou ça me touche beaucoup :-) Je ne voyais pas ça comme ça en le faisant, mais je comprends que cette image apparaisse, et ça me plaît bien !
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