mardi 25 septembre 2007

Courir avec le loup (que l'on est)

Un billet que j'avais envie de faire depuis quelques jours mais pour lequel je n'avais pas encore trouvé le temps nécessaire. Et puis c'est drôle comme je vois tellement de choses qui s'articulent les unes avec les autres en ce moment !


Dans Femmes qui courent avec les loups, il y a un passage où il est question d'un rêve de femme où elle se fait surprendre, par un homme sombre qui surgit derrière elle. Parallèllement, quand j'ai parlé de l'un de mes rêves, Caco m'a fait remarquer que dans ces situations, tous les personnages sont des avatars de soi-même.


Tout cela m'a fait découvrir quelque chose que je pensais savoir, mais que je ne savais pas en réalité. Jusqu'à présent, j'étais consciente du fait que tous les personnages de mes rêves étaient motivés, guidés par moi, mais ça s'arrêtait là parce que je pensais que ça signifiait que c'était moi qui révélais ce que je pensais d'eux. Alors qu'en fait ce n'est pas du tout ça : tous ces personnages qui interviennent dans mes rêves ne manifestent pas ce que je pense d'eux, mais ce que je pense de moi-même, pardi ! Quand l'un d'eux fait quelque chose, c'est moi qui le fais et non lui ; c'est quelque chose que je me pense faire à moi-même.


Et puis, ce rêve dont Clarissa Pinkola Estés parle, je n'ai pas de souvenir très précis de l'avoir fait, mais par contre j'ai un souvenir très précis d'avoir eu cette impression lorsque j'étais éveillée. Classiquement, j'ai peur dans le noir. Et quasiment à chaque fois que je me trouve seule à marcher dans le noir (sauf quand je suis vraiment en pleine nature sauvage... bizarrement ! ou bien comme par hasard ?), j'ai cette sensation que "quelque chose d'effrayant" se rapproche de moi à toute vitesse et s'apprête à me sauter dessus. Je n'avais jamais fait de rapprochement avec les rêves, et pourtant il me semble à présent évident qu'il s'agit d'une forme de rêve, éveillée, dans le sens où il s'agit de l'expression d'un fantasme irréaliste, d'un sentiment refoulé qui prend la parole sous cette forme indirecte, onirique. Ça a été une vraie révélation pour moi de l'envisager sous cette forme, et de lire le passage de Femmes qui courent... à ce propos.


Or donc, cette "chose" (cette criatura comme le dit Estés) qui me poursuit et me saute dessus avec violence et empressement, est une manifestation d'une partie de moi-même, elle est moi et me le rappelle par ses propres moyens. Elle vient me rappeler qu'elle est là elle aussi, elle vient me saisir, me surprendre parce que le reste de moi-même l'ignore. Et elle me fait terriblement peur... et je me fais terriblement peur, donc ! Alors c'est drôle, parce que souvent, dans ces moments, je me mets à accélérer le pas, à courir même parfois. Et courir, finalement, c'est vif, c'est rapide, c'est beaucoup plus actif et instinctif que marcher, dans ce cas. La criatura réussit à me rappeler à moi-même, à me rappeler que je suis vivante, que je sais courir, que je peux courir. Et lorsque je cours, finalement, je sens que je suis infiniment plus à ma place dans la nature, que je fais comme il est naturel que je fasse, je suis en éveil, je suis pleinement consciente de tout ce qui se passe autour de moi, du monde, des choses, que j'en suis une pleine part. Alors que quand je marche, l'esprit occupé par ce que je suis venue faire, là je ne fais pas partie du milieu, je n'y suis pas vraiment, je ne fais que le traverser sans le voir. Et je ne suis pas entièrement à ce que je fais, à ce que je suis, à ce que je vois, à ce que je peux faire. Je ne suis pas en éveil.

6 Commentaires :

Moukmouk a dit...

La peur est LE réflex primitif. Savoir qu'on est une proie est la première condition de la survie. Le cerveau est d'abord une machine à construire de la peur, c'est l'origine de tous les dieux, toute la science et toutes les justifications.

j'aime particulièrement le lien que tu fais entre avoir peur et évaluer sa position dans le monde.

Mimille a dit...

Moukmouk > Merci pour ton mot ! Oui, ce lien m'est apparu d'un coup, comme une évidence naturelle, instinctive, et ça m'a fait un bien fou, l'effet d'une brusque libération !

Anonyme a dit...

"j'en suis une peine part"
Un lapsus, ou pas, très poétique en tous cas :)

Mimille a dit...

Caco > Rhôô, t'as l'oeil, toi !
Bon, je le corrige dans le texte (juste parce que c'est une faute), mais je le note... hum hum, merci !

Anonyme a dit...

Vraiment intéressant ton article !
En le lisant, je me suis rappelé ce rêve récurrent : j'étais dans une forêt, poursuivie par quelqu'un qui voulait me tuer. Je courais, me cachais, c'était long, difficile, laborieux même, et je savais que je serais rattrappée, très angoissant...
Il a maintenant disparu de mes nuits, depuis plusieurs années.
Aurais-je moins peur (de moi)?

Mimille a dit...

Lise > Peut-être que tu l'as laissé te rattrapper et qu'il fait partie de toi, à présent. Peut-être que tu l'as apprivoisé, peut-être que c'est lui (donc... toi !) a(s) qui tué ce qu'il (tu) voulait (voulais) tuer en toi.