dimanche 30 avril 2006

Sainte Baume

Première balade herboristique récupérée sur feu le site de l'Amicale OPLF. Je l'antidate pour conserver une chronoligie normale (mais je fais paraître ce texte ici le 19/01/07).


Il y avait un bois sacré, qui, depuis un âge très reculé, n’avait jamais été profané. Il entourait de ses rameaux entrelacés un air ténébreux et des ombres glacées, impénétrables au soleil. Il n’est point occupé par les Pans, habitants des campagnes, les Sylvains maîtres des forêts ou les Nymphes, mais par des sanctuaires de dieux aux rites barbares ; des autels sont dressés sur des tertres sinistres et tous les arbres sont purifiés par le sang humain. S’il faut en croire l’antiquité admiratrice des êtres célestes, les oiseaux craignent des percher sur les branches de ce bois et les bêtes sauvages de coucher dans les repaires ; le vent ne s’abat pas sur les futaies, ni la foudre qui jaillit des sombres nuages. Ces arbres qui ne présentent leur feuillage à aucune brise inspirent une horreur toute particulière. Une eau abondante tombe des noires fontaines ; les mornes statues de dieux sont sans art et se dressent, informes, sur des troncs coupés. La moisissure même et la pâleur qui apparaît sur les arbres pourris frappent de stupeur ; ce que l’on craint ainsi, ce ne sont pas les divinités dont une tradition sacrée a vulgarisé les traits ; tant ajoute aux terreurs de ne pas connaître les dieux qu’on doit redouter ! Déjà la renommée rapportait que des tremblements de terre faisaient mugir le fond des cavernes, que des ifs courbés se redressaient, que les bois, sans brûler, brillaient de la lueur des incendies, que des dragons, enlaçant les troncs, rampaient ça et là. Les peuples n’en approchent pas pour rendre leur culte sur place, ils l’ont cédé aux dieux. Que Phébus soit au milieu de sa course ou qu’une nuit sombre occupe le ciel, le prêtre lui-même en redoute l’accès et craint de surprendre le maître de ce bois. (d’après Lucain, la Phrasale, 49 av.J.C.)


Avant de recevoir le nom de Sainte-Baume, le massif était connu comme Le Gargare. Garganos, héros celte bon vivant dont Rabelais s’inspira librement, a prêté son nom à bien des sommets de nos contrées, de la Normandie à l’Italie du Sud. (source)


En arrivant sur le plateau du Plan d’Aups, dit le frère Philippe Devoucoux du Buysson (ancien gardien de la grotte), le visiteur s’émerveille d’abord devant la majesté de la longue barre rocheuse qui s’allonge au dessus de lui sur 12 Km de long d’Est en Ouest. Au centre de cette barre exposée au Nord, le regard est principalement attiré par une falaise légèrement incurvée, de près de 150 mètres d’à-pic. Au coeur de celle-ci s’ouvre une ténébreuse caverne appelée «baoumo» et devenue «sainte Baume» depuis le séjour solitaire qu’y aurait effectué sainte Marie Madeleine. Le nom a, depuis, englobé tout le massif dont la ligne de crête culmine à plus de 1000 mètres…
Le pèlerin ou le visiteur devra, dans un premier temps, monter pendant plus d’une demi-heure à travers une forêt épaisse et inquiétante où les rayons du soleil, pourtant éclatants en Provence, ne pénètrent jamais. Les chênes et les hêtres y sont plusieurs fois centenaires, et certains ifs, dit-on, seraient âgés de mille ans. Partout l’eau suinte, noire, dans l’étrange forêt. Tout est sombre et silencieux. Le poète Lucain, au 1er siècle donne de ce bois sacré une description détaillée dans La Pharsale. (source)


Quelques arbres gigantestques de la forêt





Le flanc nord du massif de la Sainte Baume est caractérisé par une longue falaise haute de plusieurs centaines de mètres au pied de laquelle s’étend une forêt inhabituelle en Provence, une forêt druidique aux essences variées et plusieurs fois centenaires. (…)
La forêt de la Sainte-Baume fut probablement un bois sacré chez les Gaulois et la tradition qui en faisait un lieu respecté a survécu. Celle-ci est, depuis longtemps, “hors coupe”, c’est-à-dire qu’on n’y retire que les arbres morts. (source)


Cette forêt fait 140 hectares. Abritée par la falaise et protégée depuis longtemps, on y trouve des essences rares en Provence, et des arbres d’une taille rare.

Le massif est strictement réglementé : pas de moteurs, pas de vélos, pas de chiens, pas de portables, pas de cris, pas de feu, pas de camping, défense de ramasser les plantes,… et la surveillance est assurée par des gardes à cheval depuis des siècles.

Les feuilles d’érables de Montpellier repoussent







Et celles des érables champêtres aussi



Des feuilles de chêne blanc qui repoussent



Un fruitier en fleurs, je ne sais pas si c’est un poirier ou un pommier



Un alisier torminal d’une bonne quinzaine de mètres de haut



Le massif de la Sainte-Baume comporte des biotopes très différents du fait de l’orientation est-ouest de la chaîne et de son altitude élevée pour la Provence (point culminant: le massif des Béguines, 1147m) Sur le flanc nord, la célèbre forêt de la Sainte-Baume avec sa hêtraie constitue les derniers vestiges des forêts qui couvraient la Provence il y a 10.000 ans. (source)


Petite fleur (une anémone hépatique, je crois)



Un bouton d’or (renoncule)



Du tamier, ou de la salsepareille je me souviens jamais



Des hellébores en fleurs



Un genre de sauge, je crois



Une narcisse des poètes



Une orchidée pourpre





Un orchis olbiensis (orchis de Hyères)



Une fleur inconnue (et minuscule de surcroît). Un polygale peut-être?



Une asphodèle





Et un joli pissenlit en âge d’être soufflé





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