jeudi 31 mai 2007

Presque rien

Aujourd'hui, je suis allée à mon ancien laboratoire, où j'essaie de reprendre quelques contacts pour avoir un lieu de travail (tout bénévole soit-il, mon travail) l'an prochain.


Essayé de travailler...


Fait un p'tit tour pour aller dire bonjour dans les bureaux de mes amis. Discuté avec une copine qui fait sa thèse en cotutelle avec l'Ecosse et qui est là pour quelques jours. Elle est en train de rédiger, pour soutenir en novembre-décembre. Elle m'a raconté qu'elle avait fait une demande de bourse UK qui permet, d'après ce qu'elle m'a dit, d'être payé pendant un an à exploiter les résultats de sa thèse, faire des publis etc. On reste affilié à son labo d'origine et tout ce qu'on nous demande c'est de publier. Et on peut avoir le droit à 3 mois de rallonge des fois qu'on voudrait en profiter pour faire un séjour à l'étranger. C'est pas dingue, ça ? (En gros c'est exactement ce qu'ils demandent au CNRS pour compléter le dossier sauf qu'eux, ils ne payent pas l'année en plus...)


Essayé de travailler...


Eté boire un café au resto du coin parce que je n'avais pas de monnaie pour la machine, et que j'avais envie d'un vrai bon café. Lu Libé en diagonale, discuté du bout de gras avec le patron.


Essayé de travailler...


Eté déjeuner. Avec deux copines pas vraiment proches. Certains ont mangé un sandwiche devant leur machine parce qu'avaient du travail, d'autres, ceux avec qui d'habitude je déjeune toujours (ma fine équipe, en somme) étaient en réunion avec des niçois et bien trop occupés. Et puis ça ne se fait pas, quand certains ont des invités, de s'incruster comme ça. Alors va pour un déjeuner entre copines pas trop proches, ça change et c'est sympa quand-même. Croisé mon (ancien) chef qui commandait un sandwiche à toute vitesse avant d'aller courir : il prépare le Marseille-Cassis.


Essayé de travailler...


Commencé à ranger mon bureau. Ça devient une manie ! Là aussi ça devait bien faire un an que je n'y avais pas touché, que j'avais pris l'habitude de simplement tout jeter sur les côtés au fur et à mesure, alors j'avais comme sur la photo d'hier, mais sur le bureau (et dessous aussi, et sur l'étagère aussi... houlala), et sans avoir pré-trié... et avec un an de poussière en plus. Donc j'ai pris mon courage d'une main et la poubelle de l'autre, et hop au boulot. Ensuite j'ai posé la poubelle, j'ai changé mon courage de main (pour respecter l'alternance) et j'ai saisi une éponge de l'autre. Résultat : tout vide, tout propre, au prix de quelques éternuements. Ça fait du bien, là aussi.


J'ai retrouvé le texte de ma soutenance de thèse dans les papiers. C'était drôle ! J'ai aussi enlevé tous mes souvenirs, les babioles collées sur les murs. Question de recommencer sur de nouvelles bases, je crois que j'en avais vraiment besoin.


Essayé de travailler...


Commencé mon diaporama pour ma présentation de mardi à la conférence. Plutôt que de suivre strictement mon article j'ai envie de faire un truc un peu différent maintenant que je maîtrise bien le sujet. Alors j'ai pris un papier, un crayon, et j'ai réfléchi à comment est-ce que je voulais présenter la chose. C'est bizarre. J'ai tellement pris l'habitude ces derniers mois de devoir présenter tout mon travail en 10 mn, que d'un coup avoir juste une partie à présenter en 20 mn ça me fait tout drôle...


Reçu un coup de fil d'une copine maître de conférences à qui il est arrivé des tas de choses pas chouettes. Elle croyait que j'étais aussi déprimée qu'elle, je crois que ça l'a désarçonnée un peu que j'aie déjà repris du poil de la bête. Alors j'ai fait ce que j'ai pu pour lui remonter le moral un tout petit peu, autant que je pouvais comme ça, au téléphone dans le couloir du labo. Me suis sentie un peu insuffisante, sur ce coup, mais je ne savais pas trop quoi faire de plus.


Essayé de travailler...


Bon, c'est dur. Je me sens toute vide dans ma tête. Je suis sans doute vraiment vide, ce n'est pas qu'une impression. Pourtant il va bien falloir que je fasse encore un petit effort. Et puis ça va bien se passer, elle est chouette cette conf', "on est en famille" comme me le disaient des collègues l'an dernier. Je suis contente d'y aller ; j'ai juste du mal à faire encore une présentation, une belle, une bonne, intéressante, efficace, ouverte. Difficile de faire encore un truc nouveau avec toutes ces choses que je répète une nième fois. Difficile de trouver encore de l'entrain pour ça. Mais j'ai encore du temps, ça ira.


Enfin... faudrait que je m'active un peu tout de même, là, on est jeudi soir et tout le WE je serai occupée.


mercredi 30 mai 2007

L'insoutenable légerté du rangement de paperasse

Ça y est ! Je l'ai fait !



Après avoir laissé trainer tout ça pendant une bonne année (au bas mot), après avoir tant et tant de fois laissé s'accumuler toute la paperasse, après n'avoir jamais pris le temps de faire le tri de chacun de mes dossiers pour en jeter les vieilleries... hier après-midi j'ai pris tous les tas de papiers de la maison et j'ai fait des paquets thématiques. Ensuite j'ai pris un à un tous les dossiers que j'avais, je me suis débarassée de toute ce qui avait plus de 5 ans et j'ai tout rangé le reste !


Le résultat est frappant : l'équivalent d'un bon carton de papiers inutiles en moins pour notre prochain déménagement (on dirait pas, mais ce tas de papiers à jeter sur la photo il fait une bonne quinzaine de cm d'épaisseur), et d'ici là déjà tout plein de place dans le placard !



Ah, je me sens plus légère, je vous raconte pas.


Maintenant, il ne me reste plus qu'à traiter le tas "urgent"... avec des factures à régler d'urgence, la déclaration de revenus, la facture de l'appareil photo numérique que j'ai enfin retrouvée pour le faire réparer sous garantie, notre ancien bail pour faire la saisie du greffe pour réclamer la caution à notre propriétaire, les deux ans de feuilles de soins de mon mari pour qu'il aille se les faire rembourser... hum hum, que des joyeusetés. Oui mais, au moins, tout est là, trié, rangé, prêt à être fait, et à se dégager enfin de mon esprit encombré d'inutilités !


Je peux donc dire que j'ai presque rempli le point 100 de ma liste des 101 :


100. Me désencombrer de mes papiers.

Presque, parce qu'il faut encore que j'en fasse autant avec tous mes brouillons de thèse. Et ils occupent encore plus de place que la paperasse administrative ! Mais il faudra que j'y consacre une journée rien que pour ça, parce qu'il faut que je relise quelques trucs que je veux garder, de veilles idées que je n'ai pas casées dans ma thèse mais que je veux conserver quand-même, des idées, des essais qui n'entraient pas dedans mais qui étaient bien quand-même, tout ça.


Aaaaaaah c'que c'est bien !


mardi 29 mai 2007

Ce que...

Envie de raconter un peu ma vie ce matin (encore ?!! ben oui, encore).



...je lis


La maison Harkonnen, de Brian Herbert et Kevin Anderson, traduit de l'anglais par Michel Demuth.



C'est le deuxième volet de la trilogie "avant Dune", initiée par le fils de Franck Herbert et un écrivain fan, après la mort de l'auteur, à partir des notes qu'il avait laissées. Apparemment, il s'est agi d'un travail colossal.


C'est plutôt bien écrit (et c'est pas plus mal vu que chaque volume fait plus de 600 pages en grand format), et ça respecte bien le style d'Herbert-père. En un peu moins compliqué tout de même : j'avais adoré tout le cycle de Dune, que j'avais dévoré en moins de deux mois. Je me souviens que je prenais des notes tout le temps ; là, j'en prends moins.


Je ne raconte pas l'histoire parce que personnellement je déteste connaître ne serait-ce que le synopsis de quelque chose que je vais lire (ou voir). Mais ça me plaît, et ça fait plaisir de retrouver l'univers de Dune, c'est tellement bien.


C'est juste un peu difficile parce que juste avant de l'emprunter à la bibliothèque j'avais commencé Tyrann d'Isaac Asimov et du coup j'ai des relents de l'univers de Fondation et autres Robots, alors je mélange un peu les deux mondes... qui ont, il faut le reconnaître, quelques points communs saisissants. A se demander, d'ailleurs, pourquoi donc.



...j'écoute


L'âge d'or : 1966-1967, recueil de chansons de Léo Ferré.



Je l'ai emprunté à la bib' (oui oui, je rentabilise bien mon inscription), parce que je ne connaissais que les chansons de Ferré d'après 68 et j'étais curieuse de découvrir ce qu'il avait fait avant. Ben c'est vachement bien. Ça ressemble beaucoup à ce qu'il a fait ensuite, mais avec un côté un peu moins chien enragé. C'est très parisien, ça parle de quartiers, de facs. De grèves, de vote. Et puis de filles, avec ses mots tellement sauvages et vifs. Bref, je conseille. C'est tellement vital, Ferré.



...je me dis


Que le monde est petit.



En parcourant les blogrolls d'Obni, je suis tombée sur le blog (l'ancien blog... dommage) d'une doctorante (puis jeune docteure) en linguistique. Qui l'eut cru ?



...je vois


Par la porte-fenêtre, le bleu dément du ciel de mistral.



Aujourd'hui le vent a changé de sens, et les nuages se sont évanouis. Cette nuit notre belle tonnelle tout juste posée s'est déchirée sous l'insistance des bourrasques, la structure elle-même s'est en partie désolidarisée du mur. Et je ne peux même pas aller récupérer la toile qui reste accrochée par un côté : je m'envole quand je la saisis. Je n'ai pas envie de me retrouver de l'autre côté de la nationale en une raffale. Alors il faut attendre que le temps se calme.



...je sens


L'odeur du café tout chaud.



Il est un peu tard pour ça, mais je me suis levée tard parce que j'avais (encore) très mal dormi. C'est comme un stigmate de ces derniers mois, pour me rappeller ce qui s'est passé, pour que tout ne s'efface pas si vite. Hier soir j'ai pensé que la semaine prochaine je serai en conférence, et que tout le monde va y aller de son petit "Et alors, qu'est-ce qui s'est passé ?" (ben... j'ai pas eu de poste, voilà), "Pourtant ce poste, il était fait pour toi ?" (faut croire que non), "Et qu'est-ce que tu vas faire maintenant ?" (je vais pointer au chômage, ça arrive à tout le monde), "Et tu le vis pas trop mal ?" (bizarrement, non), "Mais tu sais des fois ça dépile, moi aussi j'étais classé à tel rang et tu vois je l'ai eu le poste" (oui ben si tu veux tout savoir j'espère autant pas que ça dépile, je suis bien comme ça).


Il va falloir que je dise quelque chose à la nana qui a eu "mon" poste, qui pour la première fois depuis que je fréquente cette conf' (qui est LA conférence du domaine, pourtant) y sera présente. Hier mon mari m'a soufflé de lui dire "J'espère que tu as bien pensé à valider ta candidature au moins !", et je crois que oui, c'est exactement ce que j'ai envie de lui dire.


Hier j'ai reçu un mail d'un ami du labo où j'aurais dû être affiliée, qui voudrait que l'on travaille tout de même ensemble sur un projet qu'on avait commencé à mettre en place. Ce matin, un autre mail d'une autre nana de ce même labo qui me dit la même chose à propos d'un autre projet. Et c'est précisément ça qui compte : je les aimais, ces projets, et je suis heureuse de constater qu'ils vont continuer à se faire quel que soit mon statut académique. C'est le boulot qui me plaît, pas spécialement le poste.



...je vais faire de mon après-midi


Puisqu'il fait tempête dehors, j'ai deux options :


  • soit je prépare le diaporama de ma présentation de la semaine prochaine à la conférence : il faudra bien que je le fasse à un moment donné,

  • soit je commence à ranger ma paperasse, comme j'en avais parlé l'autre jour.


Je ne suis pas encore décidée. Et puis l'un n'exclut pas l'autre. Je verrai bien.


Finalement, ce qui m'embête le plus dans cette journée c'est la chienne : elle voudrait bien prendre l'air mais elle a peur du vent, alors si je la laisse sortir elle va se barrer, et je n'en ai pas envie (d'où ma remarque d'hier, d'ailleurs). Alors je ne sais pas trop quoi faire pour elle...


lundi 28 mai 2007

Brrrr

Un vrai temps à ne pas mettre un chien dehors.





Pourtant que la montagne est belle

Après mes quelques lectures de ces derniers temps, empruntées à la bib' ou glanées sur Internet, j'ai envie de faire une petite série sur l'histoire des révoltes de 1851 en Provence contre le coup d'état de Louis-Napoléon Bonaparte. Je vais commencer aujourd'hui par rappeler les faits, et dans de prochains billets de parlerai d'une part des effets que ces événements ont eu sur la population locale, les effets que je peux en voir aujourd'hui, et puis d'autre part des résistances que cela a engendré, ou bien avec un peu de chance et de travail (d'information, de réflexion, de construction), que cela pourrait engendrer.


Je me rends compte que j'ignorais tout ça. D'abord parce qu'à l'école je n'aimais pas l'histoire, je trouvais ça nul et inintéressant (notamment parce que sortis de l'apprentissage par cœur des dates et des noms, on ne nous encourageait pas du tout à essayer de comprendre ce qui était en jeu et encore moins à le mettre en perspective avec le présent), et puis ensuite parce que de toute façon cette partie de l'histoire, plus locale, plus directe (et plus féroce aussi), est complètement passée sous silence, y compris sur les lieux même où cela est arrivé (et si l'on jette un oeil sur la Wik', on constate qu'il n'y est pas non plus fait mention de tout cela). Il y a quelques années j'avais acheté le numéro de Géo consacré à l'Occitanie, et dans un article sur l'histoire occitane j'avais lu un paragraphe sur cette période. Il y était question d'une Armée démocratique du Var, qui s'était insurgée, qui avait lutté, qui s'était levée spontanément pour résister. J'étais tellement fière ! Et tellement heureuse d'apprendre quelques éléments de l'histoire des lieux où je me balade, où je vis, où j'ai grandi, apprendre ce que les murs que je croise ont vu se dérouler, les histoires que les fontaines sussurent au milieu de places des villages, les cris que le peuple a pu pousser sous les grands chênes qui restent.


Et puis il y a eu l'incompréhension. Comment est-ce qu'un tel peuple a pu engendrer ce qu'il est aujourd'hui ? Je suis restée longtemps dans le questionnement, jusqu'à lire encore, et réflechir, et aboutir à une hypothèse : j'y reviendrai dans les prochains billets sur ce thème. Hypothèse explicative, et pistes pour répondre à l'autre grande question : et maintenant ? Mais pour l'heure, commencons par faire un petit rappel historique, en guise de mise en jambes.



L'histoire nationale


En 1848, la monarchie de Juillet a été renversée par le peuple parisien.


Horace Vernet, La Barricade de la rue Soufflot, Paris, Février 1848.


Elle est remplacée par la IIe République. Elle voit s'établir le suffrage universel masculin, l'abolition de l'escalvage dans les colonies, la procalmation du droit au travail. Elle voit aussi apparaître la lutte des classes lors des émeutes de juin 1848 faisant des milliers de morts parmi les ouvriers, puis l'élection de Louis-Napoléon Bonaparte en décembre 1848 (dont la candidature, selon Victor Hugo, a été "un immense quiproquo").


Louis-Napoléon Bonaparte.


La France politique était alors (grosso modo) divisée entre royalistes (dits conservateurs ou "blancs" : légitimistes et orléanistes) et républicains (dits démocrates socialistes ou "rouges"). Bonaparte s'attache les voix des premiers, alors politiquement paralysés, celles des nostalgiques de l'empire du fait de son ascendance, et celles des ouvriers en adoptant quelques mesures populistes dans son programme. La gauche, divisée en plusieurs candidats, payait les pots cassés de son attitude ambiguë lors des émeutes de juin. A noter toutefois que si Bonaparte l'emporte largement du point de vue national, il n'a pas conquis la majorité en Provence (qui fait alors exception).


Sous Bonaparte, chef du "parti de l'Ordre", et après des législatives remportées clairement par la droite et marquées par une abstention record de 40%, on voit passer la loi Falloux qui renforce les droits de l'Eglise sur l'enseignement secondaire et permet la création de 200 collèges privés catholiques, ainsi que la loi du 31 mai 1850 qui restreint drastiquement les règles d'inscription sur les listes électorales (on passe de 9,6 millions à 6,8 millions d'electeurs).


Puis arrive le mois de décembre 1851, où le mandat du président arrive à son terme, alors que la constitution lui interdit de se représenter juste à la suite son mandat en cours. C'est là que l'opération Rubicon se met en place : Bonaparte a préparé son coup d'état depuis le mois de septembre, et le met en action le 2 décembre, anniversaire du couronnement de Napoléon 1er. Il dissout l'Assemblée Nationale, violant la constitution, il abroge la loi du 31 mai 1850 espérant ainsi rallier les ouvriers à sa cause, et proclame l'état de siège. Dans la nuit précédente, les initiateurs possibles d'une réaction populaire de même que politique ont été séquestrés.



Les Républicains font appel au peuple :


Louis-Napoléon est un traître, il a violé la Constitution. Il s'est mis lui-même hors la loi. Les représentants rappellent au peuple les articles 68 et 110 de la Constitution ainsi conçus. Le peuple désormais est à jamais en possession du suffrage universel, le peuple qui n'a besoin d'aucun prince pour le lui rendre, saura châtier le rebelle. Vive la République ! Vive la Constitution ! Aux armes ! (Victor Hugo)

Ernest Pichio, Alphonse Baudin sur la barricade, 1857.


Mais dans la capitale, moteur des réactions de masse, les foules sont brisées par les événements de juin 48, et divisées par l'abrogation de la loi restreignant le suffrage universel et l'indemnité parlementaire jugée tout à fait exhorbitante. L'insurrection patine, et capote rapidement : dès le 5 décembre, l'ordre est rétabli à Paris.



L'histoire locale


En province, les nouvelles ne circulent pas rapidement et la population n'est mise au courant des événements qu'entre le 3 et le 5 décembre. L'insurrection populaire se fait à l'initiative des Montagnards, partisans de la "République démocratique et sociale", dans le nord du Massif Central, dans quelques petites villes le Sud-Ouest, et surtout en Provence : dans le Var, les Basses-Alpes (les actuelles Alpes de Haute Provence), le Vaucluse, dans la Drôme et en Ardèche.


Carte des élections législatives de 1849 et insurrections locales suite au coup d'état de 1851.


Les Montagnards avaient effectué depuis des années un travail de longue haleine pour informer le peuple de leurs propositions et rassembler l'opinion autour de leurs idées de réformes sociales, à travers la diffusion à grande échelle de la presse. Beaucoup savent à présent lire, et lire en français, et les journalistes se déplacent de lieu en lieu pour générer de grands débats populaires dans les auberges (lieux de rencontres, d'information et de débat). La voix du peuple à Marseille (rebaptisé plus tard Le peuple), Le démocrate du Var à Toulon, etc. sont autant de titres à la large diffusion à l'époque.


Le cercle Républicain de Besse sur Issole.


Parallèllement beaucoup de sociétés secrètes (chambrées, cercles et autres clubs, dont la Nouvelle Montagne) agissent (plus ou moins), en sous-marin puisque la liberté de réunion et d'association n'existait pas à l'époque. Elles n'avaient aucunement pour but de préparer un coup de force, mais étaient régies par une volonté d'information et de débat à large échelle pour tout ce qui concernait la chose publique.


Aux Mées.


A la nouvelle du coup d'état, les citoyens se massent devant les mairies, réclament la départ de Bonaparte et le rétablissement des autorités déchues, organisent rapidement des comités de résistance. Le peuple s'arme, avec ce qu'il trouve. Le 5 décembre, alors que la nouvelle s'est enfin répandue partout, dans les villes les plus grandes (Toulon, notamment) la réaction de l'armée est rapide et les mouvements sont vite étouffés : il faut dire que tous les militants "rouges" ou présumés tels étaient fichés sur une "Liste des démocrates exaltés", suivis, régulièrement inspectés, et ce depuis des années. Dans les campagnes, des colonnes se forment pour marcher sur les sous-préfectures, au départ de Vidauban à partir du Luc, de la Garde-Freinet, de Brignoles. Cuers, Besse, Saint Maximin, Saint Zacharie, Salernes, Barjols, Aups et les communes alentours se joignent aux républicains. Dans les Basses-Alpes, la préfecture de Forcalquier est tombée aux mains des insurgés alors qu'une colonne marche sur Sisteron. Dans le Vaucluse, une colonne se forme à Apt et se fait route vers Avignon. Hommes et femmes se joignent aux convois pour sauvegarder la Rébublique et la liberté, et tiennent les armées préfectorales en déroute.


A Sainte Croix du Verdon.


Puis à partir du 9 décembre c'est la débandade. Dans le Vaucluse, la colonne est brisée devant Cavaillon. Dans les Basses-Alpes, après une première victoire aux Mées, le courage des républicains s'effrite devant la nouvelle des échecs par ailleurs et le groupe se disperse. Dans le Var, la colonne dirigée par Duteil, victime d'une erreur de jugement, s'écroule à Aups devant les troupes. Peu à peu les places gagnées par les républicains sont récupérées : Sisteron, Digne, et finalement Barcelonette qui a tenu, seule et isolée, jusqu'au 14.


A Aups.


Dans sa Proclamation, le préfet Pastoureau félicite l’armée et les bons citoyens du Var : "Le parti de l’anarchie et des brigands" est écrasé, l’autre triomphe, "celui des lois, du travail, de l’ordre, de la justice, de la paix, celui du pays honnête". On chasse l’insurgé dans tout le département. Le dernier contingent d’insurgés arrive à Riez (Basses-Alpes) le 11 au matin, il continuera vers le Piémont. (René Merle)

Aux Mées.


Les insurgés, pris les armes à la main, ont été systématiquement fusillés. 27 000 arrestations eurent lieu dans toute la France ; 10 000 personnes furent déportées dans les bagnes de Cayenne et en Algérie, d'autres furent expulsées du territoire, certains furent guillotinés. Quelques-uns avaient eu le temps de s'enfuir.


A Vidauban.


Un an plus tard, le 2 décembre 1852, le "prince-président", après avoir été largement réélu malgré son coup d'état, ayant clairement manipulé les foules en divisant les troupes des protestataires potentiels et en adoptant régulièrement quelques mesures démagogiques (comme il l'avait fait pour le rétablissement du suffrage universel), proclame le Second Empire, et devient Napoléon III.


A Mane.



Documentation



A Correns.


dimanche 27 mai 2007

Réponsiculture

Aujourd'hui, Meerkat a répondu au questionniculture d'Obni. C'est drôle ces questionnaires, j'en suis friande (comme beaucoup il me semble), surtout lorsqu'il n'y a rien à gagner qu'un peu d'introspection et de découverte des autres.


Mais plutôt que d'y répondre à mon tour, j'avais envie de faire l'inverse : prendre les réponses de Meerkat et y poser les questions que ça m'évoque. Finalement, l'exercice revient au même, c'est une sorte d'association d'idées, pour voir ce que ces quelques mots, en dehors de leur contexte, font sonner en moi. Alors voyons voir.



1. Que savez-vous de la nature ?


Je sais souffler à travers une feuille d’herbe pour faire le bruit du vent, c’est tout

2. Qu'est-ce que vous ne comprenez pas dans la vie ?


Le goût des rondes

3. Savez-vous faire quelque chose de vos dix doigts ?


Non parce que j’ai besoin de mes doigts pour siffler, et mes mains sont occupées à me savonner

4. Qu'est-ce qui est bien rangé chez vous, en dépit des apparences ?


Ma bibliothèque

5. De quel instrument ne jouait pas Boby Lapointe ?


Le hautbois

6. A quoi tient la différence entre les hommes et les femmes ?


Un mystère de la vie

7. Quel est votre meilleur et votre pire souvenir d'adolescence ?


Le slow, quelle question

8. Pourriez-vous vous fabriquer votre chez vous à partir de rien ?


Je le voudrais bien, oh oui, mais la nouille technique qui est en moi se déclare incompétente

9. Quelle est la petite phrase qui vous trotte dans la tête en ce moment ?


Là, tout de suite, "It’s all a lie" de Keren Ann que je me passe en boucle (tout son dernier album en fait)

10. Savez-vous voir la magie du quotidien ?


Non, mais j’ai vu plusieurs spectacles de saltimbanques, de funambules, de chevaux, de trapézistes

11. Citez un film auquel vous ne pensez jamais.


Elephant de Gus Van Sant que j’ai revu à la télé

12. Que pensez-vous de la comedia dell'arte ?


Un haut lieu du maquillage, mais j’apprécie beaucoup le spectacle des beaux acteurs

13. Citez une création humaine qui vous émeut.


La Vallée, le libre jardin en mouvement de Gilles Clément, « pour faire un jardin, il faut un morceau de terre et l’éternité »

14. Si l'on vous proposait de chanter sur la scène d'un meeting politique, quel morceau pourriez-vous choisir ?


Power To The People de John Lennon, mais ce serait dur, je ne sais pas chanter ni parler anglais et je n'aime pas le karaoke

15. Citez un auteur qui figure dans votre bibliothèque mais que vous n'avez jamais lu malgré tout le bien qu'on vous en a dit.


Giraud, ahah Blueberry, mon cœur vacille

16. Comment rythmez-vous votre vie ?


C’est la java bleue, la java la plus belle, celle qui ensorcelle…

17. Que cultivez-vous dans votre jardin secret ?


L’art de ne rien faire, l’heure étant au travailler plusse pour gagner plusse, c’est précieux

18. Qu'est-ce qui rime avec imagination ?


Pantalon

19. Qu'est-ce qui peut vous faire sortir de vos gonds ?


Quand j’entends le mot Culture avec un grand C, je sors mon fusil (d’accord, je n’ai pas de fusil) !

20. Citez un son qui vous a une place évidente dans votre vie.


Le chat
« Non, il n’est pas d’archet qui morde
Sur mon cœur, parfait instrument,
Et fasse plus royalement
Chanter sa plus vibrante corde »
(Baudelaire, un autre artiste en somme)


Ce qui pourrait être drôle, ça serait que quelqu(es-)'un(s) réponde(nt) à ces questions à présent, et puis que d'autres inventent les questions que leurs évoquent leurs réponses, etc. Non ?


Des volontaires inspirés ?


Les petites choses

Comme je le disais hier, ces jours-ci j'ai donné de la tête (et du corps !) dans plein de petites choses différentes, qui ont fait que je n'ai même pas pris le temps de venir raconter diverses choses ici. Donc voici un petit aperçu de ces petites choses qui m'ont tant accaparée.



Les chaises


Il y a quelques années, on avait trouvé des chaises dans le cafoutche d'une grande maison abandonnée. On a pu en charger quatre dans la voiture pour les ramener à la maison. Elles étaient neuves, mais vieilles : neuves parce que n'avaient jamais été utilisées et n'étaient même pas finies, et vieilles parce qu'avaient dû passer un paquet d'années laissées là en plan. Alors on les avait cérusées, et puis je m'étais lancée dans leur rempaillage. Pour ce faire, j'avais fait avec les moyens du bord : en observant comment c'était fait sur les chaises du même ordre, et puis comme on n'avait pas les moyens pour acheter les matériaux bien orthodoxes pour faire l'affaire on avait tout bêtement acheté une bobine de sisal.


Mais l'inconvénient majeur du sisal, c'est que ça se détend à la vitesse du cheval au galop dans la baie du Mont Saint Michel, et comme je n'avais pas pensé à bourrer l'intérieur du paillage avec une matière quelconque, ça n'a très vite plus ressemblé à grand-chose. Alors j'ai entrepris de les défaire et de les refaire, et j'ai commencé à dépailler l'une d'elles. Puis, il s'est écoulé quelques temps de l'ordre de plusieurs années (...), et cette chaise n'était toujours pas rempaillée, le sisal avait depuis le temps était utilisé à diverses autres fins, et puis j'avais complètement oublié (sauf les fois où l'on avait besoin de cette chaise et où je me disais que quand-même, il faudrait que je la refasse).


Finalement, cette semaine j'ai enfin pensé à racheter une bobine de sisal, et je me suis remise au boulot. Ça fait un peu mal aux mains, et puis je n'ai pas vraiment le matériel nécessaire, et pour finir ce n'est pas vraiment une méthode très académique que je suis, mais au moins elle sera bientôt finie. Je dis "bientôt", parce que j'y ai passé ma première bobine en entier (je pensais que 45m suffiraient mais pas du tout !), et je n'ai eu que la seconde bobine qu'il y a quelques jours et que depuis je n'ai pas eu le temps de m'y remettre pour finir. Mais qu'à cela ne tienne, ça a déjà bien avancé, on peut considérer que c'est une affaire qui roule.



La tonnelle


Sur la terrasse de notre maison il y a une tonnelle en métal. Lorsque l'on avait emménagé il y a maintenant quasiment un an, on s'était dépêchés d'y mettre un tissu pour nous protéger du soleil. Alors on avait été acheter du tissu assez résistant au mètre et puis on avait été coudre le tout aux bonnes dimensions chez belle-môman, et enfin on avait mis des oeillets tout autour pour l'attacher à la structure. C'était efficace et joli. Toutefois, comme la structure elle-même n'est finalement pas très bien pensée pour ce genre de dispositif, et surtout comme la maison est placée dans un couloir de vent qui fait que les raffales nous arrivent toujours au double de la moyenne annoncée, notre belle tenture avait fini l'été en se déchirant.


Alors cette année rebelote : on a récupéré le tissu déchiré, on a découpé les parties abimées et on a recousu des bandes de tissu en bon état à la place, on a refait des oeillets, et hop en place. C'est super agréable, ça nous ferait presque une pièce en plus à la maison, et c'est tellement plus joli.


Je ovus accorde volontiers que le résultat n'est pas hyper esthétique, mais on a fait avec le tissu qu'on avait, qui n'a pas tout à fait la même teinte, mais c'était ça ou racheter du tissu, ç'aurait été trop bête. Et puis même s'il n'est pas mieux installé que l'an dernier et que l'on sait donc à l'avance ce qui l'attend, c'est déjà pas mal de lui donner une seconde vie, toute brève soit-elle.



La maison


Saisis d'un subit "ras-le-bol de tout c'bordel", on a aussi fait une hénaurme session de nettoyage-rangement de l'intérieur de la maison. C'est pas grand, mais on a tellement de choses dedans que ça se met très vite à ressembler à un champ de bataille, alors là tout y est passé : le séjour, la cuisine, la chambre, les toilettes et la salle de bains. Ça fait un bien fou !


Cela étant dit, je ne suis pas encore satisfaite, parce que cette histoire de désencombrement continue à me trotter dans la tête, et l'une des choses à laquelle j'ai vraiment très envie de m'atteler, c'est à faire un gros tri dans mes vêtements. J'en avais déjà parlé, et vraiment, ça me titille de plus en plus ; je crois que je ne vais pas tarder à mettre toutes ces bonnes paroles en action.


Un autre truc auquel il faut que je m'attaque dans la semaine qui vient, c'est m'occuper de la paperasse. On avait tellement de choses à faire cette année que l'on a très vite fait d'accentuer jusqu'à la caricature notre vilaine habitude de laisser traîner les diverses factures et compagnie, et aujourd'hui ça devient urgent : il faut que ça cesse ! Non seulement parce qu'on a du coup toute l'année payé des frais de retard et compagnie, mais aussi parce que tout ça occupe une place folle dans notre "placard à paperasse" qui commence à déborder, et puis tout ça n'est même pas rangé donc quand on cherche une chose précise c'est devenu mission impossible. Alors ma mission de la semaine, si je l'accepte, sera de ranger tous ces trucs pour dégager mon placard, et mon esprit par la même occasion.



Le jardin


On a rajouté quelques plantes dans le potager, que l'on a trouvées en allant au marché de Gardanne la semine dernière : deux piments, quatre courgettes, une douzaine de salades (pour 1,5€ !).


On a aussi, encore une fois, taillé ce qui nous fait office de pelouse et qui en fait est constitué de plants de spigaous divers, que l'on s'efforce de tenir courts. Ça pousse à une vitesse dingue en ce moment : j'ai taillé ça lundi soir, et aujourd'hui dimanche il faudrait déjà recommencer. Bon, ça attendra uelques jours quand-même. Et puis il faut aller tailler les herbes folles autour du terrain aussi, parce qu'on n'a pas envie que la maison brûle des fois qu'il y aurait une départ d'incendie, et on ne peut pas compter sur les propriétaires d'à côté pour s'en occuper.



La tête


Enfin, puisque j'avais pas mal été secouée professionnellement il y a une dizaine de jours, j'ai profité de tout cela pour me changer un peu les idées, et pouvoir faire le bilan de ce qui m'est arrivé, et de ce que je veux faire pour l'année qui vient. J'en ai aussi discuté avec pas mal de gens impliqués de façons différentes (le président de la commission de spécialistes de ma fac de Bordeaux, mon directeur de thèse, mon mari, des amis-collègues, etc.), et finalement commencent à se dessiner des projets relativement précis. Ça va prendre forme petit à petit, je sais à peu près quel chemin je veux suivre. Reste à bien accepter que toutes les choses qui me touchent ne dépendent pas entièrement de moi, et tout ira pour le mieux.


Encore quelques semaines de mise en route de projets, de prises de contact, de conception de calendrier parce qu'il faut calculer pile-poil pour que tout s'organise pour le mieux, et puis je prendrai, pour la première fois depuis... houlà, depuis le début de ma maîtrise au moins (hum, ça nous fait depuis l'été 2000 donc), je prendrai deux mois de vacances. Après tout, mon mari sera en vacances à ce moment-là (c'est bien le seul avantage de sa boîte, ils ferment tout l'été) alors y'a pas de raison pour que je n'en profite pas moi aussi. De quoi me refaire une santé pour de vrai, et perdre une bonne fois pour toutes ces satanées cernes qui me barrent le visage depuis des années.


(Almost) Towel Day

Et voilà, à faire tant d'autres choses, cette année je l'ai encore raté ! Et pourtant ce n'était pas faute de l'avoir noté sur mes petites tablettes.


Towel Day :: A tribute to Douglas Adams (1952-2001)


Il y a deux jours c'était le Towel Day (voir aussi ici), journée d'hommage à Douglas Adams, le génial auteur du fantastique Hitch-Hiker's Guide to the Galaxy, mort en mai 2001. Si si, souvenez-vous, Mowgli en avait parlé il y a quelques temps déjà.



Et pourquoi donc une serviette ? Je vous le donne en mille, c'est tiré de sa "trilogie en cinq volumes" :


A towel, it says, is about the most massively useful thing an interstellar hitch hiker can have. Partly it has great practical value - you can wrap it around you for warmth as you bound across the cold moons of Jaglan Beta; you can lie on it on the brilliant marble-sanded beaches of Santraginus V, inhaling the heady sea vapours; you can sleep under it beneath the stars which shine so redly on the desert world of Kakrafoon; use it to sail a mini raft down the slow heavy river Moth; wet it for use in hand-to-hand-combat; wrap it round your head to ward off noxious fumes or to avoid the gaze of the Ravenous Bugblatter Beast of Traal (a mindboggingly stupid animal, it assumes that if you can't see it, it can't see you - daft as a bush, but very ravenous); you can wave your towel in emergencies as a distress signal, and of course dry yourself off with it if it still seems to be clean enough.

More importantly, a towel has immense psychological value. For some reason, if a strag (strag: non-hitch hiker) discovers that a hitch hiker has his towel with him, he will automatically assume that he is also in possession of a toothbrush, face flannel, soap, tin of biscuits, flask, compass, map, ball of string, gnat spray, wet weather gear, space suit etc., etc. Furthermore, the strag will then happily lend the hitch hiker any of these or a dozen other items that the hitch hiker might accidentally have "lost". What the strag will think is that any man who can hitch the length and breadth of the galaxy, rough it, slum it, struggle against terrible odds, win through, and still knows where his towel is is clearly a man to be reckoned with.


Donc le 25 mai, pour signifier son admiration au regretté ami Douglas, et en cas de besoin aussi, on porte une serviette. Mais cette année j'ai une fois encore loupé la date. Tant pis. J'y pense deux jours après c'est déjà mieux que rien, et puis je ferai mieux l'année prochaine !


samedi 26 mai 2007

Pas le temps

C'est fou comme parfois on a le temps, mais on n'a pas le temps.


Je me repose mais je fais plein de choses à la fois, alors je ne prends même plus le temps de raconter un peu ces choses ici. Aujourd'hui je n'en aurai encore pas le temps, il faut qu'on range bien toute la maison, qu'on arrange un peu le jardin, c'est important pour nous. Mais je reviens avec des photos et plus aussi plein de découvertes bientôt.


jeudi 24 mai 2007

[47] Mettre mes compétences de linguiste au service de mes convictions

Dans la perspective de ce point-là de ma liste des 101, en faisant le tour des différentes revues de linguistique que j'ai pu trouver, je suis tombée sur ça :



Language & Ecology is an online journal focusing on critical analysis of discourses implicated in environmental destruction, and exploration of alternative discourses and their potential to contribute to ecological sustainability. The journal also publishes articles which explore the application of ecolinguistics to Education for Sustainable Development.

Mhhhh, à creuser tout ça... c'est pas exactement dans ma branche directe mais je pourrais commencer par voir ce qui y a été fait. En tout cas c'est dingue, je n'imaginais pas une seule seconde qu'une revue puisse exister sur la question !


mardi 22 mai 2007

101 choses : le point

Du coup ça me donne envie de refaire le point, à 876 jours de la date fatidique.


14. Monter une AMAP ou une coopérative d'achat.

Ça, ça me démange depuis un moment, mais je ne voulais pas me lancer là-dedans avant de savoir où est-ce que j'allais bien pouvoir atterrir l'année prochaine. Alors puisque maintenant je le sais, je vais pouvoir œuvrer en ce sens. La première idée que j'ai eue, ça serait de tenter de monter une AMAP (ou assimilé) soit dans mon labo, soit dans le restau/snack à côté. Il y a pas mal de gens qui pourraient être intéressés, ça devrait pouvoir le faire en termes de clients ; reste à trouver les producteurs, ce qui n'est pas une mince affaire, mais bon ça doit pouvoir se trouver, ça serait une bonne excuse pour faire un petit tour d'horizon des diverses possibilités. Encore faut-il que je trouve par quel bout commencer, et puis je ne sais pas si je vais me lancer là-dedans avant l'été.


Ça dépendra aussi pas mal de ce qui va se passer ce matin, puisque je vais au labo et que c'est la première fois depuis ma dernière audition, et donc je vais voir un peu les réactions, si je suis toujours aussi encouragée à venir régulièrement bien que je ne sois plus officiellement affiliée, etc.


23. Ne pas acheter de romans, essais et CD avant d'avoir vérifié si je pouvais les trouver en bibliothèque.

Ça, ça marche nickel. En prime ça me permet de découvrir des tas de choses que je n'aurais pas osé acheter.


26. Connaître l'histoire (y compris contes et légendes) des endroits où je vais.

Je suis en train de finir la lecture de "La Provence des rebelles" de Maurice Pezet. J'en parlerai ici ensuite... et puis il y a eu aussi la balade au château de Valbelle, p.ex.



29. M'occuper des plantes vertes de mon intérieur.

Depuis que j'ai modifié l'agencement du salon, et aussi incroyable que ça puisse paraître, j'y arrive enfin !


Je ne sais pas si ça durera, mais pour l'instant ça roule. D'ailleurs, l'un de mes phalaenopsis est en train de me faire une nouvelles hampe florale, alors qu'un autre (mon tout premier, qui refleurit tous les ans mais que j'avais eu peur de perdre because il s'était pris un matelas sur le coin de la hampe tombé du premier étage pendant le déménagement...) nous étale ses fleurs depuis un bon mois et demi si ce n'est plus.


40. Apprendre à me servir des plantes sauvages.

Ce n'est pas spécialement quelque chose que je viens d'apprendre puisque je le savais déjà (et puis ce n'est pas vraiment une plante sauvage non plus...), mais j'ai eu l'occasion d'essayer : mon mari s'est à nouveau fait piquer par une scolopendre, et comme il ne voulait pas vraiment aller chez le médecin mais que quand-même, ça faisait une trace rouge qui lui remontait tout le bras depuis le poignet jusqu'à l'aisselle, je lui ai fait un cataplasme de feuille de chou. Bilan : super efficace.


75. Restaurer notre combi.

Ça, c'est en cours...



74. Inviter plus souvent des amis chez moi.

Z'allez dire que la saison s'y prête, mais ça commence à revenir aussi. Quelques barbecues, des apéros,... quelle joie de redevenir sociable.


77. Me débarasser des CD que je n'écoute plus.

Ce serait bien que je m'y attache prochainement.


78. Lire un livre conseillé par un ami.

Koldo m'a conseillé "Et la lumière fut", de Jacques Lusseyran. C'est noté.



81. Me baigner au moins 10 fois par an.

Maintenant il s'ajoute que c'est sur ordonnance médicale ! Dont acte. Mais où est-ce que je vais bien pouvoir aller ?


83. Apprendre 10 constellations.

J'avais commencé à m'y atteler avec "S'y retrouver dans les étoiles" de Marc de Gouvenain (dont j'avais parlé ici), mais je n'ai pas fini de le lire et je l'ai rendu à la bib'. Va falloir que je le reprenne, de toute façon ça me démange.


Tombée du lit

Insomnie, deuxième.


C'est drôle quand-même. Mon acuponctrice-homéopathe m'a donné des trucs pour calmer mes cauchemars, et ça a pas trop mal marché. Le problème, c'est que ça ne m'aide pas à dormir pour autant... pourtant, avec toutes les activités physiques que j'ai faites des derniers jours (ça peut paraître pas grand-chose mais je reviens de loin) je pensais que ça allait m'aider à dormir du sommeil du juste. Mais que nenni.


Réveillée depuis, à la louche, 3h du matin, j'ai encore écouté le temps qui s'écoulait, jusqu'à ce que je me lève, vers les 5h. En même temps, j'aodre me lever tôt, ça permet de profiter du silence du matin comme un passager clandestin dans sa propre maison. Le chien ne daigne même pas venir se coucher à mes pieds, il dort trop bien sur sa couverture. Et le jour se lève doucement, les couleurs arrivent touche par touche. J'ai ouvert la porte d'entrée : ça sent bon dehors ! Il y a un tracteur en bas de la vigne, avec des phares. Tiens, je l'entends qui se rapproche en remontant le rang.


Ce qui est bien le matin, c'est qu'on n'a même pas besoin de mettre de la musique : c'est la quiétude qui nous berce et nous apporte tous les sons dont pourrait avoir envie en cet instant-là. Toute autre source que la nature, agrémentée régulièrement du bruit de la cuiller dans la tasse, serait mal venue.


Le seul problème c'est que du coup je n'aurai dormi que quatre heures maximum ; c'est peu, pour une grosse dormeuse qui a besoin de se reposer. Bah, je rattrapperai bien ça plus tard.


lundi 21 mai 2007

[37] Prendre un orvet dans ma main

Alors là, je suis super contente.


En fin d'après-midi, après avoir commencé le rempaillage d'une chaise (faudrait que je prenne quelques clichés de ça, tiens), avoir commencé à ranger un coin de cafoutche du jardin (mais vite arrêté parce que je me faisais attaquer par les pince-oreilles de tous les côtés), j'ai été faire une petite balade orchidophile au-dessus de la maison. Il y aussi que, comme je le disais ce matin, j'ai retouvé le zoom de mon appareil argentique et ça me démangeait d'aller le tester en nature. Alors direction la petite piste qu'on avait vue l'autre jour en se baladant, en espérant ne pas trouver que des spécimens déjà brûlés (c'est quand-même le début de la fin de la saison, déjà).


J'en ai trouvé beaucoup. Et si la plupart étaient effectivement déjà fanées, j'ai trouvé aussi quelques scolopax en fleurs. Et puis à un moment est arrivé quelque chose que je redoutais puisqu'on était en train de progresser dans les herbes : mon chien a trouvé une bestiole. J'ai crié pour la faire arrêter, ne sachant pas si c'était venimeux ou pas, et puis une fois qu'elle a arrêté de bouger je suis allée voir. C'était un orvet !


Il était assez grand (pour ce genre de bestiole), et il était complètement terrorisé par l'attaque du chien, malheureusement. Et puis, comme il avait probablement passé la journée à se dorer la pilue au soleil, il avait le sang chaud, et donc les réactions vives. Alors après lui avoir fait subir une petite séance photo, j'ai avancé doucement la main en espérant, enfin, remplir le point numéro 37 de ma liste des 101 : il a sursauté et comme ça, à coups de sauts impressionnants qui l'envoyaient à 30 cm à chaque fois, il est parti se cacher. Je n'allais pas en rajouter à sa frayeur alors je l'ai laissé tranquille. Mais je n'avais jamais vu un orvet faire des sauts comme un poisson hors de l'eau !


Donc c'est rapé pour mon point 37, mais quand-même je n'en suis pas passée loin, et puis j'ai eu le plaisir de voir un orvet, je n'en avais pas vu depuis des années et des années.


Des images de tout ça dès que j'aurai fait développer la pellicule... Ah ! les joies de l'argentique !


Le plus fort c'est mon père

C'est bizarre, initialement je n'avais pas spécialement l'intention d'aborder ça ici, mais dès la lecture des premiers mots de ce texte sur la Revue des Ressources, j'ai eu envie d'en parler, d'un coup.


Pas que ça ait un rapport avec l'histoire qui est contée dans le texte d'Antoine Dole. Non, pas du tout. Mais mon père est mort il y a dix ans, et je garde toujours des images du jour de l'enterrement dans ma tête. Sans doute ambîmées par le temps qui est passé, mais toujours présentes.


Je me souviens d'amis à moi, plein, des proches, des que je pensais pas assez proches pour venir mais qui sont venus quand-même. Il y en a qui m'ont serrée dans leurs bras et qu'on dit, les larmes aux yeux et la voix tremblante que jamais ils ne me laisseraient tomber. A la réflexion, je me demande pourquoi ils m'avaient dit une chose pareille, et ce n'est même pas parce que dès le lendemain ils avaient repris leur routine (le seul qui a été là après l'enterrement, c'en est un qui n'était pas là ce jour-là, et que je connaissais à peine). Sans doute parce que justement, ils savaient qu'ils allaient le faire et voulaient s'en excuser d'avance du mieux qu'ils le pouvaient. Après l'enterrement on est allés chez une copine parce que j'avais besoin de prendre l'air, et déjà c'était redevenu comme si rien ne s'était passé. Je me souviens de sa voiture et puis de la maison de son père que je voyais pour la première (et dernière) fois. Elle avait été ma meilleure amie pendant toute ma petite enfance, on était inséparables. Jusqu'à ce qu'on soit séparées.


Je me souviens de la famille de mon père. C'est simple, ça s'arrêtait à mon oncle qui est aussi mon parrain, et puis sa femme. Ni leurs enfants, ni ma tante et les siens. Et personne d'autre, de toute façon il n'y a personne d'autre dont j'ai jamais entendu parler : pas de cousins, d'oncles, de tantes à lui. Quelques temps plus tard, alors que ma mère les appelait souvent pour échanger des nouvelles, mon oncle lui a dit de ne plus téléphoner, de ne plus donner de nouvelles, de rompre le contact. (A présent il essaie de reprendre contact avec moi, c'est peut-être l'approche de sa propre mort à lui qui lui fait oublier ce qu'il a pu nous dire à ma mère et à moi.)


Je me souviens de la famille de ma mère. Je m'en souviens moins bien. Il y avait mon oncle aîné et sa compagne, qui sont repartis très vite (quelque chose comme juste après le déjeuner) parce qu'ils avaient de la route à faire, et à Valence ont fait demi-tour parce qu'ils avaient oublié je ne sais plus quoi à la maison, et sont repartis directement. Une ou plusieurs tantes à moi aussi, qui ont profité du départ du premier pour s'eclipser eux aussi sous le même prétexte. Ma mère, trop fatiguée pour préparer quoi que ce soit et dans sa manière à elle, avait commandé des tonnes de nourriture pour les invités : ils sont partis en n'ayant presque rien entammé, et ne lui ont même pas proposé de l'aider à ranger. Je ne parle même pas de la soutenir ou de lui tenir compagnie, non : juste l'aider à ranger.


Je me souviens d'autres en vrac, ma marraine et amie de ma mère, deux de mes anciennes instits (je ne sais pas exactement pourquoi, pour qui elles étaient là), des collègues de ma mère mais je ne sais plus lesquels. Sans aucun doute d'autres aussi mais je ne m'en souviens plus. Assez absents, finalement, distants en tout cas.


Je me souviens du silence implacable, d'à quel point personne n'avait quoi que ce soit à dire à quiconque ce jour-là.


Je me souviens du prêtre pendant l'office (mes parents étaient croyants) qui avait fait remarquer que mon père était défroqué. Défroqué, il avait prononcé ce terme, en disant tout le mal qu'il en pensait, mais tout de même il l'avait dit alors que rien ne l'y avait obligé, il aurait pu adopter le point de vue de l'amour pour ma mère, mais non, il avait dit défroqué.


Je me souviens que moi-même je n'ai rien fait pour aider ma mère. Je me souviens qu'elle m'avait forcée, quelques jours avant, à acheter des vêtements pour l'enterrement, parce que moi je ne voulais pas. On avait fini par trouver en catastrophe un jean noir, que je porte toujours aujourd'hui malgré les trous aux fesses, et un pull gris foncé trop grand pour moi que j'ai fini par refiler à mon mari. Mais j'y repense à chaque fois qu'il le porte.


Je ne me souviens pas pourquoi je ne voulais pas m'acheter de vêtements pour l'enterrement. Je ne me souviens pas pourquoi je n'ai pas aidé ma mère. Je ne me souviens pas si j'ai pleuré ce jour-là. Je me souviens que je ne captais trop rien de ce qu'il se passait. Je me souviens que j'avais hâte que ça finisse et que j'étais soulagée que la famille s'en aille. Je ne les aimais pas. On ne les voyait jamais que pour les mariages et les enterrements, et celui-ci n'en était qu'un parmi les autres, qui n'était exceptionnel que parce que cette fois ils avaient été obligés de descendre chez nous, eux qui ne venaient jamais nous voir.


Je me souviens que j'avais décidé que c'était la fin, que je ne les reverrais plus. J'ai mis près de dix ans à me remettre de ça et à redécouvrir ma famille. L'été dernier je suis allée passer une semaine chez mon oncle, celui qui avait fait un aller-retour. J'ai appris des choses que je ne savais pas à l'époque, des choses qui gisaient en sous-marins pourissants dans les relations familiales que j'ignorais, et qui ne me concernent pas. Mais ça fait du bien de l'apprendre, finalement. Ça aide à comprendre, et à reconstruire.


Reste mon oncle paternel qui veut me revoir et dont je ne sais pas si j'ai vraiment envie de faire l'effort. Après tout il a été déguelasse avec moi et avec ma mère. Après tout du peu que je comprenais de ses folles conversations avec mon père et des commentaires de ma mère quand on se retrouvait tous les trois, je ne crois pas que ça soit quelqu'un que j'estimerais si je le connaissais moi-même. Je comptais le faire jusqu'à récemment et puis j'en ai parlé à une amie qui m'a demandé pourquoi est-ce que j'avais envie de faire ça. C'est vrai que c'est étrange, et puis ce que je sais, c'est que j'ignore précisément jusqu'à quel point il m'a blessée quand j'étais gosse.


Et puis il y a mes amis de l'époque. Je n'en vois plus un. Bah, c'est la vie.


Reste que quand mon père est mort, j'ai senti le soulagement parce que ce qui nous menaçait depuis des années, ce qui nous avais bouffé les derniers mois, était enfin arrivé et que l'on n'avait plus à le redouter. Bien sûr que c'était triste, que c'était un déchirement, mais c'était tellement attendu que ne plus l'attendre était un apaisement. Il y a eu ce grand vide aussi, ce silence, ce rien à dire qui était tellement palpable le jour de l'enterrement. Et les jours, les semaines, les mois et les années qui ont suivi aussi d'ailleurs.


Finalement c'était un assez bon condensé de nos vies : ma mère essayant maladroitement mais sincèrement d'être entourée, se démenant en vain. Moi qui fuyais, mais sans méprise sur ce que j'étais en train de faire.


La peine, la tristesse, le grand vide n'ont creusé leur sillon que longtemps après. Et avec eux tous les manques, les incompréhensions, les non-dits, les questionnements qui jamais ne trouveront de réponse.


Insomnie

Cette nuit j'ai ouvert les yeux.


Il faisait nuit noire, silence presque absolu, à peine rompu par le ronron du chauffe-eau, par le chat qui hante la cuisine dès que l'humain n'y est pas. J'avais fait des cauchemars, comme toutes les nuits depuis quelques temps. De parfaitement troubles, ils sont devenus limpides : la nuit d'avant ma dernière audition je m'étais réveillée en criant "Mais alors ça ne sert même à rien que j'y aille !". Prémonitoire sans le savoir. Souvent je m'en souviens au réveil en sursaut au milieu de la nuit, je me les répète parce que c'est important et que je ne dois pas l'oublier, et puis le matin j'ai tout oublié sauf que j'aurais dû m'en souvenir.


Là, dès le réveil aucun souvenir précis, juste une sale impression. Nuit noire. Silence. La présence de mon mari : je me sens bien ici. Les yeux fermés, je sens le temps s'écouler. Aucune idée de l'heure. J'ouvre les yeux : un peu de lumière, je les referme. Le temps passe. Je les rouvre : la lumière s'accentue, je les referme. Le temps passe. Mon mari se lève, il doit être à peu près 6h. Il me dit "Dors.", j'obéis, enfin.


Ce matin je suis seule et le temps est couvert. Après ce long week-end en amoureux et au soleil, ça sent presque le test pour voir si je m'en sors même toute seule, même sans lumière. Et même en pleine nuit. Jusqu'ici tout va bien. Je n'ai plus cette douleur vive au milieu de la nuque (mon médecin m'a dit l'autre jour "Faut dire, on vous a poignardée dans le dos quand-même"). Hier j'ai retrouvé le zoom de mon appareil photo argentique : envie d'en profiter maintenant que je peux m'en servir en conscience. Du coup ça tombe bien (*) que le soleil se soit caché, ça réduit les contrastes.


- - - - - - - -


(*) J'avais écrit "ça tombien", on dirait du brésilien.


dimanche 20 mai 2007

Le tour du jardin, 9

Vite fait, dans un petit coin du jardin.


Hier, pour la première fois de l'année, on a entendu une cigale. Ça leur fait un mois d'avance, d'habitude on les entend le 21 juin. L'an dernier on en avait entendu à partir du 15 juin, mais là c'était le 20 mai !


Reconnaissant vaguement les feuilles, j'avais laissé quelques touffes pousser en bordure de jardin pour vérifier de quoi il s'agissait. Ce sont des scabieuses.



Un genre de longicorne mais pas clairement identifié, qui essaie de grimper sur l'objectif de l'appareil photo quand que je l'approche. NB : Même si ça y ressemble un peu, ce n'est pas le même que sur les ornitogales.



Les lavandes sont en boutons.



Un petit lézard qui joue à cache-cache dans une traverse de chemin de fer (ne me demandez pas ce qu'on fait avec des traverses de chemin de fer à la maison : elles y étaient quand on est arrivés).



De l'oseille.



Je crains que mes pivoines ne fleurissent (encore) pas cette année... mais bon, elles poussent, c'est déjà bien. Un jour peut-être, on arrivera à les avoir en fleurs, faut garder l'espoir.



Quelques nouvelles

Parce que je n'ai rien écrit depuis deux jours.


  • Je suis allée voir mon homéopathe-acuponctrice que je n'avais pas vue depuis un an et demi. Grand soulagement après la séance de 'tites aiguilles : je n'arrivais même plus à marcher tellement je n'avais plus l'habitude de la position "normale" de mes articulations !

  • Nous avons décidé de faire l'acquisition d'un lave-vaisselle. Le nôtre, que ma mère nous avais donné il y a 5 ans à peu près mais qu'elle avait acheté à l'époque où je vivais encore chez mes parents, avait rendu l'âme peu de temps avant notre déménagement de l'an dernier, et comme notre cuisine est vraiment toute petite, on s'était dit que l'on allait essayer de faire sans. Bonjour la vaisselle du mariage !! Et puis, cette année a été vraiment très difficle et on a eu beaucoup de mal à s'en sortir, c'était le plus souvent l'entretien de la maison qui en faisait les plus grands frais. Alors l'autre jour, mon mari, après avoir cassé un saladier dans l'évier, s'est écrié "Bon, on va aller acheter un lave-vaisselle". Alors voilà, c'est fait. Il prend une place folle, mais tout de même, c'est 'hachte pratique.

  • Les travaux du Kombi avancent. On a presque fini de poncer et mastiquer les trous de la carrosserie, il faut encore passer le mastic de finition, souder quelques plaques de métal au sol là où la corrosion a traversé la tôle, et puis on pourra entreprendre la peinture. Ensuite : aménagement intérieur, on est en train de chercher quelque chose de simple et de pas cher pour se faire un système de lit / siège pliant, c'est pas si simple qu'il n'y paraît vu les contraintes des dimensions et de la forme intérieures.

  • On a décidé de chercher une nouvelle maison. Ici on est pas mal, mais c'est tellement petit que l'on n'a même pas pu caser nos meubles, qui du coup ont envahi le cafoutche qui à la base devait servir d'atelier de lutherie à mon mari. C'est bien beau de se dire qu'on s'en fout de la surface et que l'on n'a pas besoin d'avoir une grande maison quand on a un jardin, mais bon... on a peut-être un peu des goûts de luxe, allez, avouons-le. A ce niveau-là tout au moins. Le problème est que dans notre budget et vu les prix du marché actuellement, en théorie on a le choix entre un jardin avec une micro-maison ou alors une maison plus grande mais sans jardin. Ou encore un truc un peu plus grand et avec un bon jardin mais à plus de 50 km de nos lieux de travail... alors on se donne le temps de dégoter la perle rare, ça nous est déjà arrivé, si on trouve tant mieux, sinon, on attendra ici. C'est pas invivable non plus.


Je crois que ça fait un petit tour de mon horizon actuel. J'ai d'autres choses à raconter mais je n'ai pour l'instant pas le temps : on doit filer au marché chercher du papier à poncer pour le Kombi parce qu'on a déjà fini le nôtre... et on en profitera pour voir si l'on trouve quelques légumes apétissants, parce que ces jours-ci dans les supermarchés, on a le choix entre légumes de saison à sale gueule, ou alors légumes d'été garantis élevés sans la moindre dose de respect.


jeudi 17 mai 2007

Je reste !

Et pas n'importe où.



Soulagement. Tout un poids qui s'évapore. Mes yeux qui se rouvrent. Enfin.



Le cafoutche du MCF

Ce matin (de très bonne heure) je recherche des infos que j'avais trouvées sur le web il y a quelques mois, à propos des candidatures MCF. Vainement, je recherche. Tout au moins, il m'a fallu relire tout un tas de conseils que je connaissais déjà et que je ne cherchais pas, pour me rendre compte que non, ce n'était pas sur cette page-là que j'avais lu cette info tant recherchée.


Alors, maintenant que j'ai à peu près refait le tour des pages underground à ce propos (parce que les pages officielles ne sont pas franchement très informatives), voici un petit florilège, qui me servira de marque-page pour les éventuelles prochaines fois, et puis qui pourra peut-être également servir à d'autres, sait-on jamais.



Tout d'abord chez Olivier, maître de conf' en sciences de l'information et de la communication, on trouve plusieurs billets qui portent sur la question, dont j'en retiens deux qui sont pleins d'informations à garder sous le coude :


  • Un premier, tout chaud tout récent, qui parle du contenu des rapports de candidatures. Autant dire que ça tombe à point nommé.

  • un second, que j'avais déjà lu il y a quelques temps et qui fait partie de ceux que je recherchais, qui donne quelques impressions, conseils et témoignages d'auditions passées.



Vient ensuite ce billet de Caroline, qui fait un bilan de son travail. Ce qui m'intéresse surtout dans ce billet, et d'ailleurs c'était exactement ce que je recherchais ce matin (chouette), c'est ce qui est dit dans l'un des commentaires :


L'absence de rapports écrits est un motif d'annulation de la procédure (lien)
Je cite Le Guide de Fonctionnement des Commissions de Spécialistes : "Les rapports doivent impérativement être écrits, signés et datés : leur caractère communicable à l’issue du concours de recrutement implique que ces rapports doivent être rédigés avec la plus grande rigueur : tout manquement à ces règles élémentaires peut provoquer l’annulation d’un concours pour vice de forme."

Ouf, me voilà presque rassurée : reste encore à savoir ce qu'ils entendent par "à l'issue du concours de recrutement" : Est-ce que ça correspond à la date de la publication officielle des classements, ou alors à la date limite des choix d'affectation des candidats, ou alors plutôt à la fin des auditions ? Bon, en tout cas il y aura bien un moment où toutes ces dates seront passées et où je pourrai me permettre d'insister lourdement sur ma requête (j'ai déjà demandé les rapports dans les facs où j'ai été auditionnée, et aucune des deux ne m'a répondu à ce jour - même pas pour me dire "houlà, z'êtes bien pressée vous, attendez voir un peu").



Enfin, Baptiste rappelle quelques éléments importants (que dis-je importants, fon-da-men-taux) que tout candidat à un poste de MCF doit garder en tête :


  • Que les membres de la commission de spécialistes devraient être connus des candidats. Par exemple, à ma première audition on ne m'a pas proposé d'en prendre connaissance, alors pour la seconde j'en ai explicitement fait la demande, alors qu'apparemment ce n'était pas prévu (par contre, pas moyen d'avoir la liste des auditionnés, ce que j'ai trouvé super étonnant vu le secret de Polichinnelle que c'est : on se connaît presque tous puisqu'on est dans le même profil et que donc on se voit en conférences, dans des projets, etc., voire même des fois on est amis... mais bon).

  • Il rappelle qu'il ne faut pas hésiter à faire savoir si l'on se sent lésé par un recrutement. Sur ce point, le problème tel que je le conçois vient de deux points : 1/ Tout d'abord parce dans le panier de crabes dans lequel on essaie désespérément de rentrer, si l'on commence à ruer dans les brancards d'un côté, ça risque de se savoir partout... et paf, on passe vite fait pour l'emm** de service. 2/ Ensuite parce que, concrètement, je ne vois pas trop ce que ça pourrait changer, et comment. C'est vrai que je n'ai pas encore reçu mes rapports donc je ne peux pas savoir ce qu'il y a précisément dedans et si ça me donnera vraiment des infos sur ce qu'on a bien pu me reprocher, mais tout de même dans la mesure où d'une part je ne saurai pas ce que les candidats classés devant moi ont eu, eux, comme rapport, et d'autre part où les CS ne sont pas censées divulguer ce qui s'est passé pendant les débats... ben, je ne vois pas sur quoi je pourrais bien me baser pour critiquer ce qui a été fait. Z'allez me dire, c'est probablement fait pour ça, ben justement c'est tellement bien pensé que comme d'hab' c'est le demandeur d'emploi qui se retrouve lésé et sans aucun recours.


A part ça...



Une idée quelle est bien ici, tellement bien, tellement simple et lumineuse, que j'y avais même jamais pensé ! Imaginez : on aurait le droit de candidater sur des "vrais" postes (entendez, des pas précaires) à la condition que l'on ait obtenu notre doctorat avant l'entrée en fonction, et non pas avant la date de candidature. Pour rappel de la procédure actuelle :


  • 1/ On soutient notre thèse d'abord.

  • 2/ Ensuite on fait un dossier de demande de qualification.

  • 3/ Si on a obtenu notre qualification, on peut candidater sur des postes de MCF.

  • 4/ Si on a été classé, on fait notre choix parmi les classements, et l'on sera affecté dans le premier poste disponible dans l'ordre des choix que l'on a faits.


Dans le détail, les postes de MCF commencent en septembre dans la plupart des cas ; les choix se font en juin-juillet ; la procédure de recrutement a commencé en février, quand la liste des postes ouverts est parue au J.O. ; pour pouvoir répondre à ces appels, qui paraissent en février donc, il faut avoir été qualifié, et pour cela il faut avoir envoyé un dossier complet avant, pour 2006 p.ex., le 15 décembre (NB : c'est de plus en plus tôt, il y a quelques années c'était à la mi-janvier) ; et pour pouvoir envoyer ce dossier, il faut avoir déjà soutenu sa thèse, i.e. avant le 15 décembre (il faut aussi s'être pré-inscrit aux qualificiations en octobre parce que sinon c'est cuit, mais bon ça n'est qu'une procédure administrative, rien de compliqué, faut juste y penser). Pour un poste au mois de septembre suivant ! Alors, entre temps, on fait quoi ? Avec de la chance on réussit à trouver un job précaire. Avec moins de chance, on est au chômage. Si l'on pouvait candidater sur des postes moyennnant l'obtention de la thèse entre temps, on soutiendrait avant septembre et hop, à la rentrée on pourrait entrer en fonction directement. Mais ce serait trop simple, non ?


Pendant ma soutenance, le président du jury, ancien soixante-huitard qui n'a jamais baissé les armes, a fait tout un laïus là-dessus. Au-delà du fait que ça a fait rire toute l'assemblée, j'ai trouvé ça simplement génial et tellement humain et important de profiter de cette occasion-là, comme de toutes les autres, pour faire connaître ce qui se passe, pour expliquer, pour s'insurger.


Sur le même blog il y aussi l'histoire de Frédéric, candidat aux fonctions de MCF, qui est tout à fait classique et tellement désolante. A lire pour avoir des compléments d'info sur comment ça se passe dans ce monde qui reste inconnu des masses.


Et pour finir, voici le Guide du fonctionnement des commissions de spécialistes, à mettre entre toutes les mains intéressées.


mercredi 16 mai 2007

Appétit de lion

La thèse du lapin.


Scène : Une belle journée ensoleillée dans la forêt, un lapin est assis devant son terrier, tapant à sa machine à écrire. Vient alors un renard, sorti se balader.

Renard : "Sur quoi est-ce que tu travailles ?"
Lapin : "Ma thèse."
Renard : "Ahhh. De quoi s'agit-il ?"
Lapin : "Oh, je travaille sur comment les lapins mangent les renards."
(pause incrédule)
Renard : "C'est ridicule ! N'importe quel idiot sait que les lapins ne mangent pas les renards."
Lapin : "Bien sûr que si, et je peux le prouver. Viens avec moi."
Ils disparaissent tous les deux dans le terrier du lapin. Après quelques minutes, le lapin ressort, seul, et retourne taper à la machine.
C'est alors qu'arrive un loup qui s'arrête pour observer le lapin travailleur.
Loup : "Qu'est-ce que tu écris ?"
Lapin : "Je fais une thèse sur comment les lapins mangent les loups."
(rires bruyants)
Loup : "Tu n'espères pas publier de telles âneries, quand-même ?"
Lapin : "Pas de problème. Tu veux voir pourquoi ?"
Le lapin et le loup entrent dans le terrier, et à nouveau le lapin ressort seul, après quelques minutes, et retourne travailler.

Scène : Dans le terrier du lapin. Dans un coin, il y a un tas d'os de renards. Dans un autre, un tas d'os de loups. De l'autre côté du terrier, un énorme lion se cure les dents en rôtant.

(Fin)

Moralité : Peu importe le sujet de thèse que vous choisissez. Peu importe les données que vous utilisez. Ce qui importe, c'est qui est votre directeur de thèse.

Seconde morale : Il ne suffit pas d'avoir un lion comme directeur de thèse, il faut aussi qu'il ait plus d'appétit que les autres lions en jeu. Et aussi, qu'il dirige son appétit au bon endroit, et non pas qu'il change d'objectif en cours de route : on peut difficilement monter un nouveau parti politique, se présenter à la mairie d'une grande ville, et rester disponible pour ses ouailles fidèles et naïves.



La bonne nouvelle c'est que je ne suis plus une docteure nomade : je suis une docteure au chômage certes, mais une docteure provençale.


Il me semble que la misère serait moins pénible au soleil.
(Charles Aznavour)

dimanche 13 mai 2007

Le monde n'est pas si simple

Ce matin l'un de nos voisins vignerons vient voir ses vignes.


A notre premier contact on s'était engueulés avec lui, parce qu'il nous reprochait de ne pas laisser assez de place sur *notre* terrain pour qu'il puisse tourner avec son tracteur : on l'avait proprement envoyé se faire voir et il était parti en fulminant, en grognant que ça n'allait pas se passer comme ça. Quelques jours plus tard, quelqu'un avait creusé en notre absence un trou dans notre jardin pour dégager une grosse pierre enterrée, limite de terrain : notre jardin était plus petit que prévu, c'est l'agence immobilière qui s'est foutue de nous et pas eux... mais nos relations étaient parties sur un bien mauvais pied et ce serait hautement épineux de réparer la méprise.


On avait donc reculé les bordures en bois des petits massifs que l'on avait construits. Mais quelques mois plus tard, le vigneron a tout de même cassé lesdites bordures en passant. Et il les a laissées en plan par terre. (Ça explique la raison pour laquelle on avait fait des bordures : pour ne pas qu'ils roulent sur nos plantes avec leurs tracteurs...)


Et puis vendredi, il était venu labourer, et quand on est rentrés il avait fait tomber une partie de la restanque que l'on avait construite et avait tout laissé en l'état, une nouvelle fois... là c'en était trop, mon mari était furax. J'ai tenté de le calmer en lui proposant d'essayer de régler ça de la manière la plus diplomatique possible, en commençant par leur expliquer qu'on comprend que ça puisse arriver mais que la moindre des choses dans ce cas ça serait qu'ils réparent ce qu'ils ont détruit.


Et c'est ce qu'il a fait ce matin, quand le vigneron est passé voir son terrain : il est allé à sa rencontre et a discuté le plus cordialement possible avec lui. Et il m'a rapporté leur conversation ensuite. Il me raconte qu'ils ont bavardé pendant un petit moment, le gars voyant qu'il était dehors en train de réparer le Combi de bonne heure le dimanche il était tout content et lui disait que c'était bien, les jeunes qui se levaient tôt... alors moi j'y vais aussitôt de mon petit commentaire acerbe, résolvant péremptoirement la simple équation "agriculteur intensif" + "sud est" + "vieux" + "apprécie les gens qui se lèvent tôt" : "Ah, la France qui se lève tôt... Sarkozyste va !"


Hé bien figurez-vous que pas du tout. Ils ont aussi parlé des présidentielles. Le gars a estimé que c'était surper triste que les jeunes aient voté à droite et se soient laissés berner, il était dégoûté. Il est communiste depuis toujours.


Ben ça m'apprendra à avoir des a prioris, tiens.