vendredi 30 mars 2007

Tout pareil

Din-diu annonce qu'il a le bluegs, hé bien moi aussi.


Je croule sous le travail, pas le temps d'écrire, pas le temps de lire, pas le temps de réfléchir, pas le temps de prendre des photos... mais normalement, avec un peu de chance, ça va se calmer sous peu. Il y a des moments comme ça. C'est dur et lourd et épuisant, mais ça ne dure pas ; pas trop, en tout cas. Enfin j'espère.


D'aileurs même mon blog lui-même semble avoir le bluegs, plus rien ne s'affiche correctement... mais c'est la débandade ma parole ! Je tâcherai d'arranger ça (aussi...) quand j'aurai le temps (ah ! le temps !).


vendredi 23 mars 2007

La montagne

Je viens de la mettre dans un commentaire d'un billet du côté de chez Ma, mais je tiens à la mettre ici aussi, elle est tellement belle, tellement vraie, tellement troublante.



Ils quittent un à un le pays
Pour s'en aller gagner leur vie
Loin de la terre où ils sont nés
Depuis longtemps ils en rêvaient
De la ville et de ses secrets
Du formica et du ciné

Les vieux, ça n'était pas original
Quand ils s'essuyaient machinal
D'un revers de manche les lèvres
Mais ils savaient tous à propos
Tuer la caille ou le perdreau
Et manger la tomme de chèvre

Pourtant que la montagne est belle
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles
Que l'automne vient d'arriver ?

Avec leurs mains dessus leurs têtes
Ils avaient monté des murettes
Jusqu'au sommet de la colline
Qu'importent les jours les années
Ils avaient tous l'âme bien née
Noueuse comme un pied de vigne

Les vignes, elles courent dans la forêt
Le vin ne sera plus tiré
C'était une horrible piquette
Mais il faisait des centenaires
A ne plus que savoir en faire
S'il ne vous tournait pas la tête

Pourtant que la montagne est belle
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles
Que l'automne vient d'arriver ?

Deux chèvres et puis quelques moutons
Une année bonne et l'autre non
Et sans vacances et sans sorties
Les filles veulent aller au bal
Il n'y a rien de plus normal
Que de vouloir vivre sa vie

Leur vie, ils seront flics ou fonctionnaires
De quoi attendre sans s'en faire
Que l'heure de la retraite sonne
Il faut savoir ce que l'on aime
Et rentrer dans son H.L.M.
Manger du poulet aux hormones

Pourtant que la montagne est belle
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles
Que l'automne vient d'arriver ?

Jean Ferrat, La montagne. Elle me fait pleurer dès que je l'entends, toujours.


mardi 20 mars 2007

L'attachement aux lieux

J'avais commencé un commentaire au billet de Mary mais ça devient tellement long que je préfère en faire un billet.


Pensez-vous que ce soit possible de détacher son monde intérieur des paysages, des sons, des odeurs et des atmosphères qui l'ont façonné? (Koldo)

D'expérience personnelle... je dirais que non.


J'ai passé mes 18 premières années dans une maison à la campagne. Ce n'était pas comme dans la situation de Mary puisque elle avait été construite par mes parents, quand ils sont arrivés dans la région. Mais toute mon enfance ils m'ont élevée en m'expliquant que plus tard, cette maison ça serait la mienne. Quand j'étais toute gamine ça signifiait très clairement pour moi que jamais je ne la quitterais (même pas pour aller faire des études ou quoi ou qu'est-ce).


Donc, mon monde intérieur a été complètement façonné par cette idée, par cette intime et fondatrice certitude que quoi qu'il puisse jamais arriver d'autre, quelle que soit ma vie, quelle que soit la famille que je me construirais, quelles que soient mes activités, quels que soient mes choix divers et l'histoire que je me ferais... j'aurais toujours, absolument toujours ce repère qui serait cette maison. Une annexe de moi-même en quelque sorte.


Mais mes parents étaient de piètres gestionnaires et ont dû finir par vendre la maison quand j'avais 17 ans. Ils ont racheté une maison de lotissement en crépi rose avec ce qui restait une fois remboursées les dettes, et moi je suis partie à Aix, et puis mon père est mort, la forme de la famille a changé, cette maison sans âme (i.e., sans attachement personnel) a été troquée contre une autre toute pareille... et mon héritage de pierres a disparu, totalement, avec mes racines profondes. Je considérais pourtant que c'était le seul qui avait la moindre valeur, et à vrai dire je n'imaginais même pas qu'il puisse y en avoir d'autre.


C'est un peu comme les gens qui se font amputer d'un pied et qui continuent à avoir ce pied qui les gratte : "ma" maison n'est plus là, et pourtant j'ai toujours cette certitude qui revient par vagues, par moments. Elle est devenue complètement saugrenue mais elle existe toujours, et elle creuse mon être en me rappelant à chaque fois qu'elle n'existe plus.


Sans doute que l'on peut finir par se détacher de tout ça, finalement, mais à mon avis quand on l'a vécu (ça ne doit pas être le cas de tout le monde parce que ça dépend j'imagine autant des personnes que des situations), pour s'en détacher il faut trouver autre chose à quoi se rattacher pour remplacer.


Concrètement, dans ma vision des choses, ça voudrait dire trouver une autre maison qui prendrait cette place devenue inoccupée de "maison de famille", et qui demande à être comblée parce qu'elle a été façonnée avec force et évidence dans mon enfance. Et le plus drôle, c'est que quand j'y pense, je me surprends souvent à l'imaginer exactement au même endroit que ma maison de jeunesse... d'ailleurs je ne sais pas ce qu'a ce village mais je ne suis pas la seule qui n'arrive pas complètement à s'en défaire : finalement, je connais assez peu des jeunes du village (de mon âge) ainsi que de leurs grands frères et soeurs qui ne sont pas passés par un retour dans ce village une fois adulte. Comme un lien invisible et tenace, réel et presque palpable.


dimanche 18 mars 2007

A la bougie

Je viens de faire un tour sur le forum SV où j'ai répondu à ce sujet, qui s'intitule "SV : retour en arrière ?"


Et puis comme souvent quand je lis un forum, je passe d'un sujet à l'autre, je lis je lis, et à la fin j'ai des idées et des images des différents sujets qui se croisent.


Alors là il est question d'expliquer les différences entre simplicité volontaire et retour en arrière. Et ça me fait rigoler doucement cette caricature de "retour en arrière" que l'on fait de la décroissance et autres avatars du refus de la croissance à tout prix. Enfin, quand je dis doucement rigoler, je devrais plutôt avouer que ça m'énerve, et pas que doucement. Parce que (je colle ce que j'ai mis dans le forum, en précisant un peu) :

Quand on parle de retour en arrière pour caricaturer la SV, est-ce qu'on pense au retour en arrière social, culturel, humain que l'on est aujourd'hui bel et bien en train de vivre ? On n'est plus dans la caricature là, mais dans la réalité, dans le présent : les caricatureurs éclairent leur humanisme, leur culture, et toute leur propre vie à la bougie du conformisme béat.

J'ai ajouté à cela la préface d'un livre que je suis en train de lire, que j'ai emprunté à la bibliothèque du village (qui est plein de choses vachement bien !). Il s'agit de S'y retrouver dans les étoiles, de Marc de Gouvenain, paru chez Actes Sud :



Dans les programmes télévisuels, dans les préoccupations sociales, dans l'alimentation, dans le discours sur un mode de vie idéal comme dans les appréhensions, la mise en scène ou en valeur économique de la nature s'est imposée.
Et pourtant... nous ne disposons plus des repères, nous n'avons plus les automatismes, les réflexions, les questionnements qui appartenaient au bagage des Anciens confrontés au milieu naturel.
Rien, cependant, ne sert d'être en campagne pour s'approprier une succession de données nouvelles sans développer quel systèmes les relie, ou pour n'en rien retenir, lot de notre société qui consomme de la nature comme de tout. Vite appris, vite oublié. Alors que nos ancêtres fondaient leur connaissance sur l'expérience personnelle, bâtissant sans soupçonner qu'ils construisaient, revenant voir, excluant des possibilités, établissant des liens avant de les modifier, s'émerveillant de trouver des concordances...

Je trouve cette entrée en matière tellement vraie, elle correspond exactement à ce que je vis : je suis passée d'une enfance où l'on pouvait m'apprendre quelques truc sur la nature mais rien qui me passionnât au point d'en garder un souvenir impérissable, à une partie de ma vie où j'ai très vite oublié tout ça, pour finalement en revenir à une période où j'apprends. J'apprends en lisant et en marchant. En ouvrant les yeux, en tentant de me souvenir si j'ai déjà entendu cet oiseau, si j'ai déjà vu cette plante, si je sais à quoi elle sert et comment on l'utilise, et chaque nouvel élément que je retiens est lié à un lieu, à un jour, à un état d'esprit que j'avais à ce moment-là, à la couleur du ciel,... et parfois je me trompe, et je m'en rends compte plus tard, et je le retiens parce que je me souviens ce que j'ai confondu avec quoi, et comment je m'en suis rendue compte. Et quand je réponds à une nouvelle question, quand j'identifie une nouvelle plante ou un nouvel animal, quand j'acquière un des ces nouvelles connaissances je suis tellement ravie, ensuite j'en cherche partout, et j'en apprends encore plus.


En gros c'est tout bêtement de l'apprentissage. Je réinvente la poudre, je retrouve des connaissances qui étaient (et sont encore parfois) le b.a.ba de nos aïeux, pas si loin que ça. Et pas seulement ceux qui s'éclairaient à la bougie. Et ça me prend du temps, et il faut que je cherche, et je ne trouve pas toujours de quoi répondre tout de suite à mes questions. Et ça n'a rien d'une connaissance technologique, ça n'est pas "diplômant", ça ne me rapporte rien d'économiquement viable... juste de la joie et un sentiment de remettre les choses à leur place.


A côté de ça on me parle de retour en arrière, et moi je me demande où est la sensation de progrès quand on s'est déjà soigneusement assis sur les connaissances de nos parents. Sur beaucoup de points qui ne se mesurent pas j'ai la nette impression qu'on a très largement reculé, et que la SV, à partir de ce recul, est justement un pas en avant.


Le tour du jardin, 5

Encore une nouvelle semaine de passée, où le jardin change de visage à la vitesse du cheval au galop dans la baie du mont Saint Michel.


Le poirier sauvage a les bourgeons qui s'ouvrent.



Une fumeterre officinale (Fumaria officinalis). Alors là, je suis super contente d'en avoir trouvée une à côté de la maison parce que je n'en avais pas vu l'an dernier. Faut dire, elle est toute petite. Mais c'est tellement joli ! Et puis c'est peut-être normal vu que c'est censé se développer à partir d'avril.



Accessoirement c'est également utile, la fumeterre:


Pharmacopée
  • Partie utilisée : sommités fleuries

  • Mode d'emploi : décoction, infusion.

Comme l'indique le nom les propriétés médicinales de la fumeterre sont connues depuis longtemps. Elle permet l'élimination des toxines, étant à la fois cholagogue, diurétique et dépurative. Elle est également apéritive et tonique.
En utilisation externe, la fumeterre permet de soigner les dartres et l'eczéma.

L'une des plantes que l'on appelle indifféremment "genêt" (ou bien argelas), mais qui est en réalité un calycotome. Durant les hivers plus classiques que cette année, en février ils couvrent toute la jupe du Cengle de leur jaune vif que l'on peut embrasser de loin dans le vallée.



Ça, c'est la grosse déception de la semaine : je m'en doutais un peu en observant le bouton, mais ma jonquille, elle est complètement tchernobyl. Bon c'est pas si grave, elle est belle quand-même mais... à sa façon.



Une abeille goulue sur le prunier. On les entend s'agiter dans l'arbre du fond du jardin tellement elles sont nombreuses à s'y affairer, c'est chouette.



Dans le prunier il n'y a pas que des abeilles, des papillons et des gros bourdons. Il y a aussi quelques coccinnelles. En tout cas il y en a au moins une, et je l'ai vue !



Je ne sais pas les identifier mais j'ai bien peur qu'elle ne soit pas un si bon présage que ça : espérons qu'il ne s'agisse pas d'une coccinnelle asiatique ! Sinon je pencherais peut-être pour une Hippodamia, variegata ou convergens.



Une attaque en règle.



Côté jardin, ça pousse (enfin !).



Du neuf avec du vieux : un fenouil,



une laitue sauvage,



et un... genre de ronce?



Le peuplier, au fond du jardin, nous expose sa débauche de chatons rouges. C'est vraiment étrange comme arbre.




Pour finir, cette dame d'onze heures (Ornithogalum umbellatum, la star of Betlehem des fleurs de Bach), en train de découvrir ses boutons, cachée au pied d'un pin au milieu des muscaris.



samedi 17 mars 2007

Première livraison printanière

Aujourd'hui j'ai enfin réussi à trainer mon mari faire ma balade préférée. Je la connais presque par coeur, je sais ce que je vais trouver au détour de chaque virage, derrière chaque rocher, sous chaque arbre. Mais j'aime ce chemin, toujours désert, infiniment calme, on est enveloppés dans les chênes, les érables et les alisiers, cachés du vent, et on passe en une seconde de décors humides à des étendues arides.


J'ai arpenté ce chemin seule, en famille, entre amis. En toutes saisons. Sous le plein soleil de l'été. Sous une pluie battante les pieds dans la boue au mois de mai. En hiver sous 40 cm de neige. Quand le printemps est éblouissant de couleurs. Dans les couchers de soleil de l'automne rouge feu. C'est mon chemin, celui où je sais que je me retrouve, toujours.


Je le connais si bien et portant cette fois, encore, j'ai été étonnée. D'abord parce que ça faisait lontemps, cette fois, que je n'étais pas venue. Ensuite parce que j'ai eu quelques surprises : majoritairement des bonnes, et puis quelques mauvaises aussi.


Ma première surprise est une mauvaise surprise : des chênes ont été coupés. Coupés pour faire du bois de chauffage je présume, mais coupés sans le moindre souci de préservation de la forêt. Ils ont coupé à la hache des troncs de chênes vivants, au hasard de ceux qu'ils rencontraient, taillant à un mètre de hauteur, et n'ont apparemment même pas eu l'occasion d'emporter le bois qu'il ont laissé là, gisant sur place.



Mais ce n'était rien à côté de ce qui m'attendait quelques mètres au-dessus. Voici la dimension de la connerie humaine :



A vrai dire je n'ai même aucune idée de comment est-ce qu'ils ont bien pu amener cette voiture jusque là : le chemin est barré par une grosse pierre en bas. Et quand bien même, comment auraient-ils pu retourner la voiture ? J'ai levé la tête, les arbres autour n'ont pas bougé. Je ne sais pas. Mais ils l'ont amenée là, ils l'ont retournée, et ils l'ont brûlée. Dans une forêt qui est, pour le coin, absolument exceptionnelle en termes de flore et même de faune. Et maintenant ils bloquent l'accès aux pompiers avec leur énorme cadavre calciné.


Bravo.


Bon, tout de même, les surprises suivantes ont été de bien meilleur goût, et ça tombe bien parce que c'était plutôt pour ça que je voulais précisément faire cette balade, cette semaine.


Il y a quelques années, lors d'une de nos premières balades ici, c'est le premier endroit où l'on a trouvé des fraisiers. En fait il y en beaucoup, mais on ne s'y attendait pas parce qu'on s'était habitués à la flore de la Sainte Victoire et de sa garrigue, et ce n'est pas franchement fréquent par là-bas. Alors depuis, à chaque fois que l'on passe dans un certain virage, on se souvient de nos premiers fraisiers des bois.



Après ce virage on sort du couvert des chênes, et le côté gauche du chemin se dégage en un ensemble pierreux très ensoleillé et bien à l'abri du vent froid. C'est là que ça commence à devenir intéressant. Mais comme c'est un peu tôt encore, il faut ouvrir l'oeil.


A quelques dizaines de mètres du chemin, en hauteur et cachés derrière une grosse touffe d'asphodèles, voici les premiers iris nains.



Autour des iris, quand on laisse un peu divaguer son regard, on a vite fait d'aperçevoir les premières jonquilles naines. Ce n'est pas encore le tapis jaune qu'il y aura dans quelques semaines, mais ça arrive, ça arrive.



Je redescends de mon coin et me retouve sur le chemin, et là j'ai la plus grande surprise de la balade puisque je n'en avais encore jamais vu ici : quelques anémones hortensis. Elles sont absolument splendides, avec leur dessin net et fragile, et leur couleur claire mais intense en même temps.



Un peu plus loin, à la limite entre chênes et garrigue découverte, les coucous (primevères officinales) sont en bouton. Un peu tôt, aussi...



... mais quelques-unes sont déjà en fleurs. C'est pas joli, ça ?



Là c'est plutôt un retardataire : un crocus bigarré, caché sous un lit de feuilles et de branches dans un des coins les plus sombres et humides du chemin. J'ai failli passer à côté sans le voir !



Les euphorbes aussi sont en fleurs. Mais ce ne sont pas les mêmes que dans le jardin.



Et pour finir, un portait de l'artiste vue du puits ;-) (et de son mari à côté)


vendredi 16 mars 2007

Echec cuisant

J'ai beau être dégoûtée, je n'arrive pas pour l'instant à éviter les supermarchés. Tout y passe en ce moment, c'est la débandade absolue : chips, pizzas toutes faites, légumes pas bios (mais bon, de saison tout de même, pas faut pousser), huile pas bio non plus, biscuits pour le train... la cata totale.


Y'a des périodes comme ça où on s'en sort pas. Surtout quand on n'a ni énergie, ni temps, ni argent.


mercredi 14 mars 2007

Dysrythmie

J'ai pensé à quelque chose ce matin. Depuis le mois de septembre je suis une enseignante nomade, devant faire 700 km pour aller sur mon lieu de travail. Et c'est nul, éprouvant, épuisant bien sûr de faire tous ces kilomètres. Mais ce matin, j'ai réalisé que ce n'est pas tout.


Cet été, juste avant donc, je rédigeais ma thèse. Puisque c'était en juillet-août je n'avais pas d'obligation de présence à la fac, et j'avais pris un ryhtme on-ne-peut-plus régulier : lever 7h-7h30 ; café ; jogging ; café ; boulot jusqu'à 13h30 ; déjeuner dehors avec mon mari et très souvent son collègue luthier ; café ; boulot jusqu'à 18h ; pause jardinage d'une demi-heure ; boulot juqu'à 21h ; dîner ; boulot jusqu'à sommeil. Je faisais ça absolument tous les jours (quand j'y repense, quand-même...). C'était pas toujours facile mais j'avais pris le coup, et puis c'était pour la bonne cause et j'étais tellement contente d'avancer que ça excusait la monotonie.


Et même avant cette période j'avais des semaines assez simplement rythmées. Du lundi au vendredi au labo de 9h à 18h-18h30, le week-end repos à la maison. Quand j'avais envie de rompre la répétition je passais une journée à travailler à la maison.


Et de ça, de cette vie que je menais finalement depuis quatre ans, je suis passée directement non pas à un autre rythme, mais à la conjonction de plusieurs rythmes qui selon ma perception personnelle sont finalement incompatibles. Je passe deux grosses demi-journées dans le train, entre lesquelles je suis soit dans un apparte quasiment vide à Bordeaux où je me sens un peu comme une passagère clandestine, soit à la maison à devoir travailler plus ou moins intensément suivant le nombre de dates limites de remises de dossiers de candidature (qui ont la bonne idée de tomber toutes à peu près en même temps à chaque fois : qualif' et candidature CNRS en décembre-janvier, dossier MCF et auditions CNRS à préparer en mars).


Quand je suis à Bordeaux je suis dans mon lieu de travail, qui se ne se résume pas seulement à la fac mais à toute la Gironde, finalement, et même au train Corail qui m'y emmène et m'en ramène. Si bien que j'ai l'impression de bosser en continu, 24h/24, du dimanche midi au mardi soir. C'est franchement épuisant. Et puis comme j'y suis sans mari, sans musique, sans radio, sans bibliothèque, sans mes collègues habituels, sans connaissance des règles tacites de l'endroit, sans mes endroits habituels aussi, sans mon climat,... et que même les heures de lever et de coucher du soleil changent considérablement, à cause de tout ça je suis continuellement sur le qui-vive. Finalement, je me fatigue sans doute moins pendant que je donne mes cours que pendant tout le temps qu'il y a entre les cours, où je passe mon temps à me demander ce que je vais bien pouvoir faire, est-ce que je vais encore aller voir mes amis ou est-ce que je vais les laisser tranquilles, est-ce que je vais travailler toute seule dans mon bureau de la fac, ou bien dans le labo dont je fais partie mais dont je n'ai pas le passe pour entrer, ou dans l'apparte mais sans le web... ce n'est vraiment pas une situation qui me convient, je ne sais pas m'adapter à ça.


Quand je suis à la maison, d'abord il me faut une bonne demi-journée pour me rendre compte que je suis rentrée. Une fois que j'ai repris contact avec le fait que je suis chez moi, il faut que je me mette à travailler. Mais comme je n'ai plus le rythme régulier que j'avais avant, j'ai un mal fou à m'y mettre. Et le temps passe. Et je n'ai pas mes collègues avec qui parler et refaire le monde. Quand mon mari part au travail, je passe toutes mes journées toute seule à la maison, avec l'ordi, le chien le chat, le jardin et l'appareil photo. Je n'ai pas de voiture et le village est à une demi-heure de marche : je me réensauvage. Et puis quelques jours sont déjà passés, il faut que je reparte à Bordeaux, et je me rends compte que je n'ai même pas défait mon sac de la dernière fois.


Cette situation est presque finie puisqu'il ne reste déjà (...enfin !!) que quelques semaines de cours. Mais je me rends compte qu'il n'y a pas que le trajet qui m'épuise dans cette situation, il y a aussi tout le ressenti que j'y mets, et puis le fait que je n'arrive pas à me dire que cette succession de quotidiens tellement différents et incompatibles, c'est ça mon quotidien normal pour l'instant.


Ce n'est pas grave. C'est juste que j'ai essayé, je l'ai fait, et que maintenant je sais très clairement que je ne veux plus jamais le faire. Certaines choses sont possibles, d'autres non : et ça, pour moi, ça sera toujours non à l'avenir.


dimanche 11 mars 2007

Pourrières, lieu dit "le fort"

Je ne sais pas pourquoi ça s'appelle le fort ici, il n'y a pas de fort du tout. La seule chose qui s'en approche à peu près ce sont les restes de l'oppidum celto-ligure du pain de munition, en haut de la colline. Mais on n'a même pas été jusque là : on avait simplement envie de prendre l'air, et puis on a flâné ne me marchant que quelques mètres, à regarder à nos pieds, puisque c'est si facile de s'émerveiller de la diversité de la flore dans cette forêt.


Bref, voici une courte balade herboristique autour d'un point dont la profondeur nous échappe encore...


...mais commençons par une vue générale de la forêt. Une majorité des chênes blancs, avec pas mal d'alisiers torminaux et des érables de montpellier (je reviendrai sur ceux-là quand ils auront leurs feuilles...). Il y a aussi des filaires qui ne perdent pas leurs feuilles en hiver.



Dès qu'on entre dans le bois, la première chose que l'on voit c'est que le sol est complètement saturé de violettes.



Ici aussi, les filaires commencent à se réveiller de leur sommeil. Mais contrairement à la maison, ici ce ne sont pas des filaires à feuilles longues, mais des filaires à feuilles rondes.



Ça c'est une plante dont je ne connais pas le nom, mais que l'on voit un peu partout ramper sur le sol.



Les ruines d'un ancien cabanon de charbonnier.



Dans cette forêt il faut faire attention où l'on met les pieds : le sol est très irrégulier, et l'eau a creusé des trous un peu partout. Il y a les petits trous, au pied des arbres...



...et puis les grands trous, entre les roches.



C'était précisément ce trou-là que l'on cherchait : on l'avait repéré lors d'un commando ramassage de bois cet hiver, et on voulait retourner voir s'il était aussi profond qu'il en avait l'air. Mon mari est un peu descendu dedans... et apparemment oui, il est plutôt du genre profond.



On ne sait pas grand-chose de ces trous, comment ils se sont formés, pourquoi il y en autant dans cette forêt, mais il suffit de s'éloigner légèrement des sentiers balisés et on en trouve partout. Il paraît que c'est une rivière souterraine qui les a creusés, mais on ne toruve rien dans l'histoire du village qui parle de cette rivière. A moins qu'il ne s'agisse de la tune, auquel cas elle est désormais asséchée (une longue histoire et qui finit tristement, par la disparition d'un gouffre de 1200 m de profondeur classé par les spéléologues). Certains ont été comblés de pierres par les bergers, mais ceux dont l'entrée est relativement étroite sont toujours là. Malheureusement, apparemment les pourriérois se foutent de leur forêt (qui pourtant est une merveille, vraiment je ne les comprends pas), et aussi de son histoire. Tout ce que j'en sais, c'est qu'à l'époque où l'armée démocratique du Var s'élevait contre Napoléon, beaucoup des résistants se cachaient dans cette forêt, et logeaient dans ses nombreuses grottes.


Des touffes d'asphodèles poussent dans tous les coins. Vivement qu'elles fleurissent.



Des racines d'asphodèles. Il paraît que les bulbes se mangent. Ils dégagent une odeur assez puissante, et sont jaunes à l'intérieur.



Pour finir, une petite astragale en fleur. Je ne sais pas quelle sorte exactement, on en a plusieurs ici (dont celles de Montpellier, mais ce n'est pas ça puisque ces dernières ont des fleurs roses).



samedi 10 mars 2007

Le tour du jardin, 4

Quand j'étais adolescente j'ai lu un bouquin de Malcom Bosse, qui s'appelait les 79 carrés. Ça remonte à loin et je ne me souviens pas de tout, si ce n'est que d'une part, ça m'avait beaucoup plu (ça m'avait apporté comme un réconfort par rapport à ma vision de la vie et des rapports humains), et d'autre part la ligne directrice de l'histoire était un gamin qui passait tous les après-midi une heure dans un carré de 1x1 m délimité par des ficelles. Il observait tout ce qui s'y passait, et lui venaient plein d'idées sur tout. Peut-être que c'est un peu de là que me vient, comme tout naturellement, cette manie de prendre des photos du tout petit monde de mon jardin.


En tout cas voilà les photos de la semaine.


La semaine dernière je montrais une jungle d'ombellifères : cette semaine elles commencent à fleurir.



Par contre, une qui ne se décide toujours pas à fleurir, c'est ma petite jonquille. Elle continue à découvrir petit à petit les dentelles de ses pétales, mais alors... qu'est-ce qu'elle est frileuse !



La demoiselle sur fond de Sainte Victoire.



Jeudi je suis rentrée à pieds du village à la maison, ça m'a fait quelques kilomètres au bord de la route puis du chemin. Et là j'y ai vu mes premières orchidées de l'année : des orchis géants, ou Barlia de Robert (Barlia robertiana, ou plus exactement Himantoglossum robertianum).



Mine de rien j'ai eu du mal à les reconnaître, pour la simple et bonne raison que... je ne les connaissais pas. En leur passant à côté à hauteur d'homme, donc vus du dessus et à quelques mètres, je pensais qu'il s'agissait d'orchis brûlés en train de fâner (je me disais, pourquoi pas), mais c'est en retournant photographier l'un d'eux le lendemain (j'ai pas pu résister...) que j'ai réalisé que ce n'était pas du tout ça.



Alors j'ai cherché, j'ai cherché, et on m'a finalement bien aidé à trouver de qui il s'agissait. Oui parce que chez les orchidées, c'est vraiment frustrant de ne pas savoir à qui on a affaire, c'est tellement étonnant comme fleurs !



Même si ma jonquille ne veut pas se résourdre à ouvrir enfin son unique fleur, par contre à quelques mètres de là ça n'arrête plus.



L'amandier, lui, est définitivement passé au stade des feuilles, et même des petits fruits qui commencent à se former (miam !).



Quant aux chênes blancs, ils ne sont pas en reste. Evidemment ils sont plus tardifs que le reste, c'est normal, mais ça fait tellement plaisir de les voir reprendre doucement vie, ça veut dire que bientôt les quelques feuilles d'hiver qui restent seront remplacées par des feuilles toutes vertes de l'année. Et que l'été sera là.



Du côté du cognassier, ça bourgeonne au bout des branches et ça fait des petits boutons verts tous veloutés.



Finalement, même le filaire voit le printemps arriver. C'est drôle parce que je ne les regarde jamais de près, les filaires : c'est dommage. Maintenant je ferai plus attention.



Les fausses roquettes sont toujours omniprésentes les long des vignes.



Ça, c'est l'une des deux plantes dont j'avais pris la photo ici et que j'avais promis de prendre avec les feuilles, cette fois. Je ne sais toujours pas ce que c'est, il faut que je cherche.



L'autre que j'avais prise en trop gros plan, dans la même série.



Un ancien terrier d'animal, où l'on voit encore les restes d'un repas de glands.



Les vestiges du temps où notre petite maison était un cabanon de vigneron.



Un des premiers muscaris de l'année. Ici il y en a de deux grenres : le muscari à toupet (Muscari comosum), que je n'ai pas encore croisé cette année, et celui-ci qui est plus petit et plus fréquent, le muscari à grappe (Muscari neglectum). Les muscaris font partie de la famille des Asparagacées, au même titre que le muguet et le fragon (Etonnant, non ?).



L'absinthe qui commence à faire de nouvelles pousses.



Evidemment, elle n'est pas sauvage du tout. On en avait trouvé dans une jardinerie il y a des années et on s'était dit "Incroyable ! De l'absinthe ! Chiche on en achète.", et on avait été chiches : on était repartis avec deux tous petits pots. On les a plantés dans notre jardin de l'époque, où ils se sont développés tranquilement pendant un an, puis on a déménagé et on les a emmenés avec nous ; ils faisaient alors dans les 80 cm de haut chacun. Dans leur second jardin ils devaient se sentir rudement bien parce qu'au mieux de leur forme ils me dépassaient (donc, pas loin de 2 m de haut). Et puis ils ont commencé à envahir le village : leurs graines se sont envolées dans toute la rue, poussant dans chaque trou à côté des pariétaires, ainsi que dans notre jardin. On a dû en arracher tellement on ne savait plus quoi en faire à la fin. Et puis, avant de re-déménager, on en a emporté quelques petits plants, et on a laissé les grands en place. Ils ont trouvé leur paradis, tant mieux.


A part ça, on s'en sert pour frotter le chien en été contre les parasites, en alternance avec de la citronnelle. Ça sert aussi en décoction comme antiparasitaire interne (vermifuge pour les nanimaux). On n'a pas été vérifier le résultat mais personne ne s'en est encore plaint !


Ça, je n'ai jamais su comment ça s'appelle. Quand j'étais au lycée on les appelait des rhododendrons des amériques tellement ça nous énervait de ne pas savoir leur nom.



Edit du 23 avril 2007 : J'ai enfin trouvé le nom de ces petites fleurs ! Il s'agit de véroniques de Perse (veronica persica)


Un petit fenouil (deviendra grand).



Une minuscule bourse à pasteur (merci Pierre-Michel !).



Elle est utilisée en salades et en infusions pour les problèmes de circulation sanguine, et en application externe pour stopper les saignements.


Les cannes de provence qui commencent à pousser aussi.



Là c'est tout de suite moins printanier : un champignon ! Bon, c'est l'un des derniers qui pousse, et en plus il n'est pas bon (ou en tout cas on ne l'a pas identifié parmi les comestibles), mais quand-même ça fait un drôle d'effet.



Voilà pour cette semaine. Ça en fait, et pourtant il m'en reste une bonne moitié que je n'ai pas mise parce que je ne les ai pas identifées du tout. Je veux commencer par jeter un oeil à mes bouquins pour voir si j'en reconnais quelques-unes ; et en plus, je crois qu'il y a fort à parier que parmi elles, il y en ait une bonne partie de comestibles. Alors affaire à suivre...