dimanche 18 mars 2007

A la bougie

Je viens de faire un tour sur le forum SV où j'ai répondu à ce sujet, qui s'intitule "SV : retour en arrière ?"


Et puis comme souvent quand je lis un forum, je passe d'un sujet à l'autre, je lis je lis, et à la fin j'ai des idées et des images des différents sujets qui se croisent.


Alors là il est question d'expliquer les différences entre simplicité volontaire et retour en arrière. Et ça me fait rigoler doucement cette caricature de "retour en arrière" que l'on fait de la décroissance et autres avatars du refus de la croissance à tout prix. Enfin, quand je dis doucement rigoler, je devrais plutôt avouer que ça m'énerve, et pas que doucement. Parce que (je colle ce que j'ai mis dans le forum, en précisant un peu) :

Quand on parle de retour en arrière pour caricaturer la SV, est-ce qu'on pense au retour en arrière social, culturel, humain que l'on est aujourd'hui bel et bien en train de vivre ? On n'est plus dans la caricature là, mais dans la réalité, dans le présent : les caricatureurs éclairent leur humanisme, leur culture, et toute leur propre vie à la bougie du conformisme béat.

J'ai ajouté à cela la préface d'un livre que je suis en train de lire, que j'ai emprunté à la bibliothèque du village (qui est plein de choses vachement bien !). Il s'agit de S'y retrouver dans les étoiles, de Marc de Gouvenain, paru chez Actes Sud :



Dans les programmes télévisuels, dans les préoccupations sociales, dans l'alimentation, dans le discours sur un mode de vie idéal comme dans les appréhensions, la mise en scène ou en valeur économique de la nature s'est imposée.
Et pourtant... nous ne disposons plus des repères, nous n'avons plus les automatismes, les réflexions, les questionnements qui appartenaient au bagage des Anciens confrontés au milieu naturel.
Rien, cependant, ne sert d'être en campagne pour s'approprier une succession de données nouvelles sans développer quel systèmes les relie, ou pour n'en rien retenir, lot de notre société qui consomme de la nature comme de tout. Vite appris, vite oublié. Alors que nos ancêtres fondaient leur connaissance sur l'expérience personnelle, bâtissant sans soupçonner qu'ils construisaient, revenant voir, excluant des possibilités, établissant des liens avant de les modifier, s'émerveillant de trouver des concordances...

Je trouve cette entrée en matière tellement vraie, elle correspond exactement à ce que je vis : je suis passée d'une enfance où l'on pouvait m'apprendre quelques truc sur la nature mais rien qui me passionnât au point d'en garder un souvenir impérissable, à une partie de ma vie où j'ai très vite oublié tout ça, pour finalement en revenir à une période où j'apprends. J'apprends en lisant et en marchant. En ouvrant les yeux, en tentant de me souvenir si j'ai déjà entendu cet oiseau, si j'ai déjà vu cette plante, si je sais à quoi elle sert et comment on l'utilise, et chaque nouvel élément que je retiens est lié à un lieu, à un jour, à un état d'esprit que j'avais à ce moment-là, à la couleur du ciel,... et parfois je me trompe, et je m'en rends compte plus tard, et je le retiens parce que je me souviens ce que j'ai confondu avec quoi, et comment je m'en suis rendue compte. Et quand je réponds à une nouvelle question, quand j'identifie une nouvelle plante ou un nouvel animal, quand j'acquière un des ces nouvelles connaissances je suis tellement ravie, ensuite j'en cherche partout, et j'en apprends encore plus.


En gros c'est tout bêtement de l'apprentissage. Je réinvente la poudre, je retrouve des connaissances qui étaient (et sont encore parfois) le b.a.ba de nos aïeux, pas si loin que ça. Et pas seulement ceux qui s'éclairaient à la bougie. Et ça me prend du temps, et il faut que je cherche, et je ne trouve pas toujours de quoi répondre tout de suite à mes questions. Et ça n'a rien d'une connaissance technologique, ça n'est pas "diplômant", ça ne me rapporte rien d'économiquement viable... juste de la joie et un sentiment de remettre les choses à leur place.


A côté de ça on me parle de retour en arrière, et moi je me demande où est la sensation de progrès quand on s'est déjà soigneusement assis sur les connaissances de nos parents. Sur beaucoup de points qui ne se mesurent pas j'ai la nette impression qu'on a très largement reculé, et que la SV, à partir de ce recul, est justement un pas en avant.


3 Commentaires :

Unknown a dit...

La semaine dernière j'ai écrit dans mon journal de Carême, "tous ces jardins que j'ai fréquentés et traversés sans jamais rien y voir."
Pendant très longtemps, je ne me suis intéressée qu'aux créations de l'esprit ou de la main (arts, littérature essentiellement). La nature commence à entrer dans ma vie.

Anonyme a dit...

Je suis tout à fait d'accord avec toi Mirza. Je trouve vraiment très caractéristique de notre époque notre si grande ignorance des moindres choses, même celles qui nous touchent au plus près et pour lesquelles on s'en remet toujours aux "spécialistes-qu'ont-fait-les-études" sans accorder aucune confiance à nous-mêmes. A commencer par notre propre corps (dès le moindre bobo on court chez le médecin et on avale des drogues sans comprendre le premier mot de ce que l'on fait). Mais c'est aussi le cas pour 99% des objets que nous utilisons... ce qui fait que dès que c'est abimé, on jette au lieu de réparer.

Mimille a dit...

Merci isolde de nous faire partager ton évolution en la maitère. Tiens c'est drôle quand j'y pense, moi aussi quand j'avais fait une croix sur ma connaissance de la nature, je m'intéressais surtout aux arts et autres créations de l'esprit et de la main.

Mona, hier matin j'entendais sur Inter un gars qui disait que lui, quand il était petit, il jouait sans cesse avec les insectes, les plantes. Mais qu'aujourd'hui ça semble moins fréquent, du coup les jeunes générations auraient, selon lui, moins de connaissance et donc moins d'attachement à la nature, et par exemple si les abeilles disparaissent, dans la mesure où beaucoup n'en ont jamais "vu", ça ne leur fera ni chaud ni froid.

Si jamais ce gars a raison dans son analyse, ça fait carrément froid dans le dos pour l'avenir, quand nous, nous aurons disparu et qu'il ne restera plus que ces générations-là. A moins qu'il y ait à nouveau un changement entre temps...