mercredi 26 décembre 2007

Echec (mais joli Noël)

Voilà, autant l'avouer tout de suite : je me suis dégonflée. Je n'ai pas fait mes cosmétiques de Noël, que j'avais prévu pour toute la famille.


On a eu trop de choses à faire les derniers jours, tout ça s'est vraiment très très mal goupillé, et puis ça m'énervait, rien n'était comme je le voulais, je voulais faire une jolie présentation et puis que mon mari me fasse des jolies étiquettes, et puis on n'a eu le temps de rien. Et puis ça aurait ressemblé à rien, si je m'étais forcée à tout finir à toute vitesse.


Et puis j'avais vraiment peur qu'on se fiche de moi. C'était pour ça que je voulais que ça soit vraiment joli, vraiment propre et bien fini, que ça ne fasse pas trop "fait avec les moyens du bord", mais tel que c'était parti je n'aurais pas réussi, donc j'ai laissé tomber.


Bon, c'est pas si grave, il me reste quand-même mon attirail et je pourrai m'y remettre quand je m'en sentirai plus capable. Et puis quelque part, ça me fait du bien de constater que le monde ne s'écroule pas quand je laisse tomber quelque chose.


A part ça, ben moi j'aime beaucoup le jour de Noël parce que c'est le seul jour de l'année où l'on se retrouve tous ensemble. Mes beau-frère et belle-soeur habitant chacun à un bout du monde, et leur marmaille ayant aussi tendance à la bougeotte, c'est la seule occasion que l'on a être tous rassemblés, alors ça fait du bien. Ça court partout, on n'a pas de place, y'a plein de bruits, on fait tous les idiots, c'est à celui qui fera le plus rire les autres, on s'embrasse, on s'intéresse à toutes ces personnes auxquelles on n'est liées que parce que c'est la famille, ... ça fait du bien. Je n'avais pas connu ça dans ma famille "de sang", sans doute en grande partie parce que j'étais trop jeune quand j'y allais ; là, je suis heureuse de connaître ça, et de le vivre chaque année.


Aujourd'hui, théoriquement on est censés y retourner pour profiter un peu de tout le monde. Mais je n'ai pas très envie d'y aller, parce qu'on a aussi des milliers de choses à faire avant de partir pour le jour de l'an et que l'on n'aura pas le temps de tout faire, et puis on pourra les voir au retour de notre voyage aussi, et puis parce que c'est le matin, et que le matin, je n'aime pas avoir la perspective de devoir faire des choses. Parce que j'aime bien me dire que j'ai le temps, et que je peux faire ce dont j'ai envie. En l'occurrence, et pour une fois !, j'ai envie de ranger la maison, de préparer le voyage. Bon, je verrai bien, j'ai le temps de décider.

La Mac family

Nous, des Mac addict ? Alors franchement, je ne vois pas où vous pouvez aller chercher une idée pareille...



C'était lors d'une visite de l'iMac bleu de ma mère. On lui a offert quelques barettes de mémoire en guise de cadeau de Noël, et il a fait la connaissance de notre nouvel iMac, tout gris et noir. Sacrée famille !



Un troisème Mac s'est caché dans cette image ; saurez-vous le retrouver ?


lundi 24 décembre 2007

Encore sans titre

Très mal dormi. Je voudrais raconter que tout va bien, et en même temps être capable de dire que tout va mal. Finalement ça se situe sans doute entre les deux ;-)


Peinture ce matin, piscine à midi, sorcelleries cosmétiques cet après-midi. Deux réponses positives à mes demandes de lettres de motivation, après trois négatives - ouf. Ça me rassure un peu, mais qu'un peu.


Je voudrais savoir quel va être mon programme de mercredi et jeudi, c'est ça qui m'embête le plus dans l'immédiat, et je n'arrive pas à en parler comme je le voudrais avec mon mari, et dans ma tête aucune possiblité ne me convient. Résulat, je me mets à tousser.

dimanche 23 décembre 2007

Sans titre

Tiens, je pourrais commencer par évoquer mon dossier de candidature parce que c'est lié (mais juste pour dire, hein !). J'ai tellement peur d'échouer que je me mets moi-même des bâtons dans les roues, je recule en faisant semblant d'avancer, j'hésite, j'oublie, je zappe, je désorganise.


Pour les cadeaux de Noël c'est pareil. J'ai tellement peur que ça soit râté, que ça ne leur plaise pas, que ça ne corresponde pas à ce que j'ai en tête (qui est, il faut le dire, trop grandiose pour être possible en vrai) que j'ai laissé filer le temps, oubliant des choses nécessaires, des étapes à préparer. Résultat on est à deux jours de Noël et je n'ai toujours pas peint mes boites en carton, qu'il faudra que je vernisse ensuite, et qui devront sécher un certain temps avant que je puisse les remplir de mes crèmes et onguents divers. Le tout pour mardi, si ça continue ça va être vraiment, vraiment mission impossible.


Tout ça parce que j'ai cette peur idiote de l'échec. Qu'il vaut mieux une intention grandiose avortée plutôt qu'un essai pas à la hauteur. A la hauteur de quoi, on se le demande, hein. Et à la hauteur de qui, aussi. J'ai peur que l'on n'aime pas ce que j'ai fait, mais j'ai aussi (et surtout je crois) peur de ne pas être moi-même satisfaite de ce que j'ai fait. Tant que c'est à l'état d'intetion ça peut être génial, fantastique, magnifique, mais dans la pratique je me retrouve toujours entravée par des considérations bassement budgétaires, du manque de matériel, des objets dont j'ai besoin et que je ne trouve pas.


Déjà, le fait de ne pas trouver exactement les boîtes que j'avais en tête ça m'a énervée, ça m'a déçue, ça m'a enlevé une bone partie de mon enthousiasme parce que je sais qu'au final ça ne ressemblera pas à ce que j'avais en tête du coup. Mais je sais aussi que c'est une bonne excuse que je tisse et que je développe pour ne pas faire, ne pas tenter, ne pas concrétiser malgré tout.


Alors je sais que Coco va répondre que non et que ça sera très bien et que c'est toujours bien ce que je fais et tout ça. Mais je n'ai pas cette perception-là au fond de moi. En surface non plus d'ailleurs ;-) Mais je ne m'en plains pas : je ne fais qu'essayer de passer outre ce blocage.


Ecrire, dessiner, fabriquer des choses très diverses, coudre à présent, cuisiner, inventer des rangements pour la maison, faire de la musique, créer des morceaux, tant de choses que je fais, parfois, mais trop laborieusement à mon goût, avec toujours cet arrière-goût de "j'aurais pu mieux faire", "c'est pas comme je voulais", "j'ai fait avec ce que j'ai pu mais ce n'était pas à ça que je pensais". C'est gâcher mon plaisir. C'est stupide.


Tiens, il est 11h et on a des amis qui débarquent pour déjeuner, il faudrait que je range la maison mais le fait de savoir que de toute façon je ne pourrai pas ranger vraiment, complètement, parce qu'on a trop de choses et pas assez de place me retire toute envie de faire un petit effort. Envie qu'il fasse beau. Envie que la maison soit accueillante mais impression de ne pas pouvoir y parvenir quoi que je fasse.


Il faut laver la chienne, hier soir elle s'est roulée dans un tas de fumier trempé, je ne vous raconte pas l'odeur c'est une infection.


Je vais mettre un peu de musique.

samedi 22 décembre 2007

Faux départ

Non non non mais ça ne va pas du tout, ça ! Bon, je la refais, moins crispée.


Vacances, j'oublie tout
plus rien à faire du tout...

Enfin si, quelques trucs à faire en fait, ranger la maison à fond, faire des balades (dès qu'il se remettra à faire beau...), faire des photos, préparer les cadeaux de Noël, faire des câlins, prendre le temps, bouquiner auprès du poële,...


Allez, c'est parti, et pour de bon cette fois.

Ça avance... mais sans contentement

Fini mon rapport d'activité, commencé mon projet de recherche... qui est tout de même pas mal avancé, mais se présente (sous sa forme montrable aux autres) sous forme de plan un peu développé pour l'instant. Il faut que j'envoie ça aux personnes à qui je veux demander une lettre de recommandation.


Je me mets à culpabiliser parce que j'aurais dû faire procéder autrement, leur envoyer mon rapport et mon cv dès que j'avais fini ça, plus tôt, et compléter avec mon projet maintenant. Ç'aurait été mieux. Mais je n'y ai pas pensé. Alors voilà. Et les vacances au milieu... c'est pas pratique. Vraiment. Le calendrier du CNRS est mal fait cette année. On serait presque tenté de penser que c'est fait exprès.


Et ce projet, je voudrais tellement qu'il soit génialement présenté que le fait de penser à cette contrainte me bloque. Il faut que j'arrive à le monter sans avoir ça à l'esprit, mais c'est très difficile.


Allez hop, c'est les vacances. J'ai vraiment beaucoup bossé cette semaine et je suis vidée intellectuellement.

mardi 18 décembre 2007

Devinette

Qu'est-ce qui doit bien faire dans les 3 fois mon poids, qui habite dans les forêts et d'habitude sort la nuit avec sa p'tite famille pour manger des racines, qui est brun et se déplace à quatre pattes,...


...et que ma chienne vient à l'instant de faire déguerpir du fond de mon jardin ?

lundi 17 décembre 2007

Tour d'ivoire

Quand je suis entrée au lycée - j'avais 14 ans - j'avais jeté mon dévolu sur un "grand", qui était au moins, houlà !, en 1ère. Je ne le connaissais pas, ni aucune de mes copines, je l'avais juste remarqué, parmi les autres. Comme je ne savais pas son nom on l'avait surnommé Val Kilmer avec ma grande copine, parce que je trouvais qu'il avait un petit air de.


Quand je suis entrée au collège - j'avais 10 ans - j'avais jeté mon dévolu sur un "grand", qui était au moins, houlala !, en 4e. Je ne le connaissais pas, je l'avais juste remarqué parmi les autres, mais il s'est avéré que c'était le pote du grand frère d'une copine. Je ne l'ai pas connu pour autant (tu parles, un grand de 13 ans, il ne risquait pas de s'abaisser à parler à des filles de 10/11 ans), mais j'en avais profité pour glâner quelques informations à son propos: son nom, sa classe, sa liste de profs.


Chaque détail que j'arrivais à apprendre sur l'un ou l'autre prenait pour l'importance d'un cadeau précieux. De l'un, j'avais réussi à dégoter son cahier de musique, et j'ai passé des heures et des heures à le feuilleter, tentant de décoder son intimité dans son écriture de pré-adolescent. De l'autre, j'ai fini par avoir un regard de temps à autre, quand on se croisait au self ou en permanence. Je présume qu'il se moquait de moi, je ne sais pas, je ne l'ai jamais su. Ce que je sais, c'est que ces gens-là n'existaient pas en fait: c'était une image, un cadre que je prenais pour dessiner mon imaginaire. Eux n'avaient aucune importance, c'était juste qu'il fallait qu'il y ait quelqu'un, sinon ça n'aurait pas été crédible auprès des copines. Alors surtout quelqu'un de lointain, d'inconnu, d'inaccessible, surtout qu'il ne risque pas de devenir un copain, un de ceux que l'on apprend à connaître et qui n'ont rien à voir avec l'image que l'on se construit.


C'étaient mes princes charmants à moi, et j'étais à la fois la princesse endormie dans sa tour d'ivoire et la veille sorcière jeteuse de vilain sort. Le seul personnage qui ne figurait pas dans mon casting c'était la bonne fée. Vous savez, celle qui donne une qualité à la princesse, celle qui s'émeut, celle qui aide ou qui soutient.


S'il y avait eu une bonne fée j'aurais peut-être fait leur connaissance. J'aurais peut-être jeté mon dévolu sur des princes abordables, sur des garçons qui auraient ne serait-ce qu'imaginé monter me sauver de mon sommeil profond. Mais non, je dormais tranquillement, installée confortablement dans l'abri de ma solitude faite de rêves, de poésies et de fantasmes. Et j'aimais ça; en tout cas, c'était ce que je cherchais alors.

Chargée (idéalement, de recherche)

Encore sur le thème de l'emploi du temps - qui manque cruellement.


Semaine bien (trop) remplie dès le départ, dans un ordre qui n'est pas idéal mais je n'ai guère le choix, et puis week-end à fabriquer les cadeaux, ensuite Noël puis départ en vacances pour le jour de l'an, retour, et une dernière grosse semaine de travail avant l'envoi du dossier.


Ça devrait le faire. Ça va le faire. Ça sera comme ça. J'espère juste que je ne suis pas déjà trop écœurée pour faire ça avec tout ce que je peux y donner.

dimanche 16 décembre 2007

Du gel

Je serais bien allée faire un tour complet du jardin... mais il fait trop froid ! Par contre je n'ai pas résisté à aller prendre une photo des traces de mirza sur la table de la terrasse,



et puis des quelques objets qui trainaient sur le canapé juste à côté.




Mais je ne me suis pas aventurée plus loin que ça.



Les vignes sont toutes blanches, c'est magnifique. Mais quel froid !

samedi 15 décembre 2007

Une pression s'il vous plaît (pour changer)

Ne pas craquer. Ne pas sombrer. S'organiser.


Toutes les choses importantes arrivent toujours en même temps, mais c'est parce qu'il arrive toujours plein de choses importantes, tout le temps. Ne pas le perdre de vue. Et ne pas se perdre de vue là-dedans.


S'organiser.


Le postdoc qu'il faut avancer, pour de vrai, et vite, d'ici à Noël. Et puis parce qu'il va me falloir une lettre de recommandation de mon chef, et qu'il lui faut de la matière pour savoir quoi y dire.


Des publis à faire. Et des bonnes, en revue. J'en ai envoyé une déjà, mais ce n'est pas du tout suffisant, pour bien faire il m'en faudrait une seconde dans une autre revue à publication rapide (en croisant les doigts pour avoir une réponse avant le mois de mars), et une autre dans une super grande revue à publication plus longue (dont je n'aurai pas la réponse avant perpette, mais ça serait super la classe). Le tout avant le 8 janvier.


Et le concours CNRS qui a ouvert. 4 postes de CR2 en section 34, 2 en section 45, ça fait un de plus dans chaque section par rapport à l'an dernier. Statistiquement, mes chances augmentent donc d'une manière non-négligeable ;-) Et ça veut dire refaire mon dossier, mieux que l'an dernier. M'y replonger à fond pour faire truc encore mieux, mettre mon rapport d'activité à jour intelligemment pour y faire entrer mon postdoc de manière cohérente et constructive, faire un nouveau projet de recherche, mieux que le précédent, un truc qui épatera tout le monde, un truc génial, révolutionnaire, passionnant, intéressant à tous points de vue.



L'an dernier, rien que l'établissement du dossier m'avait pris le mois entier. Cette année j'ai le reste à faire aussi en parallèle... et je pars en vacances pour le jour de l'an, donc il y aura ça de moins dans le temps possible de travail. Certes je n'ai pas à le refaire à partir de rien (ou de pas grand-chose), mais tout de même, il faut que je le relise intégralement, que je corrige tout ce que je peux, que j'ajoute des infos, que je le repense intégralement. Et que je ponde un projet au plus vite pour pouvoir l'envoyer à ceux à qui je vais demander des lettres de recommandation. Sauf que le projet... c'est long à faire ! Et qu'il me faudrait mon rapport d'activité aussi, pour ces demandes.


Tout est à faire en même temps, tout est urgent, et chaque chose dépend de tout le reste. J'aurais pu le prévoir et m'y mettre plus tôt. Mais plus tôt, j'avais d'autres choses urgentes qui me prenaient tout mon temps, et dont chacune dépendait de toutes les autres...


Et hier soir, mon mari me dit que la thèse déforme les gens parce qu'elle leur fait croire que travailler au moins 10h par jour 7 jours sur 7 c'est la moyenne normale... je lui ai répondu que dans l'absolu il avait raison mais que dans cette situation précise, on n'a pas le choix. Et je ne me fais plus guère d'illusion sur un hypothétique moment futur où toute cette pression se calmera.


Par contre il faut absolument que je me fasse un calendrier pour ne pas me retrouver subitement noyée sous la terreur de ne pas m'en sortir, sous les événements qui s'enchaînent et ne m'attendent pas.

jeudi 13 décembre 2007

Analyso, ergo sum

J'ai commencé un livre, L'auto-analyse de Karen Horney.



C'est remuant.


Ça faisait longtemps que j'avais entendu parler de ce livre, et que je voulais le lire. Malheureusement il n'est pas facile du tout à trouver. Et puis, et puis les choses ont fait que la conversation nous mené à lui il y a quelques jours, et qu'on l'a trouvé à vendre, d'occasion sur Amazon, alors on l'a commandé.


Dans ma vie, il a des choses que je sais. Notamment, je sais, j'ai toujours su dès l'instant où j'ai appris que ça existait, que je voulais faire une analyse. Pas parce que je me sentais mal dans ma vie (ce qui était aussi le cas mais ce n'était pas ma motivation première), mais parce que je voulais être sûre de moi. Me connaître vraiment. Effectuer cette introspection nue, complète, brutalement honnête. Aller au fond de moi-même voir ce qui se cachait au fond des placards. J'ai attendu des années avant de pouvoir le faire, parce que je ne gagnais pas ma vie, et dès que j'ai touché mon premier salaire, j'ai foncé voir une analyste.


Ça a duré 5 ans. Mais je tournais en rond. J'ai avancé mais seulement jusqu'à un certain point, et depuis je refais les mêmes tours de manège indéfiniment. Et puis finalement, j'ai beau y revenir tout le temps, les points de mal-être que j'ai cernés n'évoluent pas. Alors j'ai décidé d'arrêter (il y a quelques autres raisons aussi à cela, mais passons), et de prendre les choses différemment.


Ça a été sacrément difficile pour moi d'accepter d'arrêter alors que je sais que je n'ai pas fini, qu'un travail est en cours. Alors il a fallu que je comprenne bien que ce n'était pas le travail que j'arrêtais, mais la façon de l'effectuer que je modifiais. C'est en faisant la liste des options possibles qui s'offraient à moi que l'on a reparlé de ce bouquin, l'auto-analyse.


Je crois qu'en en commençant la lecture, et puis sans doute aussi vu les circonstances actuelles, la première chose que je remets en question ce sont les raisons qui m'ont poussée à faire une analyse, justement. Parce que vouloir me connaître, quelque part ça sous-entendait le fait que je voulais savoir qui j'étais et quels étaient mes travers mais en refusant de les changer. J'acceptais de voir quelles étaient les choses qui me rendaient malheureuse, mais sans vouloir les changer. Juste pour pouvoir m'apitoyer sur mon sort, les yeux ouverts certes, mais toujours cotinuer ainsi.


Et ça, je veux que ça change, déjà.


C'est super difficile d'en parler. Parce qu'une analyse c'est fichuement intime : pas seulement ce qu'on y dit évidemment, mais aussi le fait même d'en faire une. Je ne suis pas cliniquement atteinte d'affections mentales, alors c'est difficile d'expliquer le pourquoi je ressens le besoin de faire une analyse, c'est-à-dire (aujourd'hui) de connaître les mécanismes inconscients qui me font souffrir, pour apprendre à les bloquer. Parce que souffrances, si je les raconte, on va pouvoir me répondre que tout le monde les ressent plus ou moins. Oui mais quand on ressent le besoin de faire une analyse, c'est parce que ces besoins en viennent à prendre le pas sur tout le reste. Si on ne les satisfait pas, on croit que l'on va mourir, on panique, on ressent que toute vie est impossible sans eux. Même si l'on sait pertinemment que c'est faux, ça ne nous empêche pas de le ressentir : ces émotions sont plus fortes que nous, ce sont elles qui nous tiennent. Et je ne veux plus que ça soit ainsi. Donc j'ai commencé cette nouvelle piste, avec la lecture de ce bouquin, suite à ce que j'avais déjà fait, et je suis mon chemin, je verrai bien où ça me mènera. Au pire je n'irai pas plus mal, et au mieux... ouaahh...

Une vie de... chef d'entreprise

Allez lire ce texte, chez Cuverville. Une vraie vie de...


lundi 10 décembre 2007

Irrrrrrrésistible

Comment garder votre concentration quand non seulement le chat vous monte sur les genoux, mais qu'en plus il vient s'aggripper à votre épaule en se frottant la tête contre votre menton et en ronronant avec insistance ?


Hein ?


Non mais j'vous l'demande !

dimanche 9 décembre 2007

Big bazaar d'un dimanche pluvieux

Il pleut. Des cordes. Ça faisait longtemps qu'on attendait ça... mais aujourd'hui ça tombe mal : on avait des choses urgentes à faire dehors. Bah, c'est la vie. En tout cas c'est joli, ça sent bon, ça donne envie d'aller se balader...


...mais point de balade au programme du jour : il faut d'abord que je termine mon fameux article, que je n'ai pas encore fini parce qu'on a eu un report de deadline sur lequel j'ai sauté. Donc, demain dernier délai, et c'est encore un gigantestque fouillis, il faut que je m'en occupe aujourd'hui. Ah, les week-ends à travailler !


Et puis hier on a acheté des petites boîtes pour faire les cadeaux de noël. J'avais les bouteilles, j'avais les ingrédients, mais il me manquait des boîtes. Et c'est une galère totale d'en trouver des suffisamment petites, en inox ou en verre. J'ai tenté les magasins de bricolage, les quincailleries diverses et variées, les magasins de décoration de maison, les parfumeries, les "tout-à-1€" divers, les magasins de fournitures de loisirs créatifs... en vain : pas moyen de trouver mon bonheur (faut dire, j'avais une idée relativement précise de ce que je voulais). Alors finalement je me suis rabattue sur des petites boîtes en carton, d'une bonne dimension au moins (parce que c'était pas gagné), que je vais peindre puis vernir, en espérant que ça fonctionne. Par contre, pas moyen de trouver des petits sprays vides - et, accessoirement, jolis. On m'a conseillé un vendeur suédois bien connu de meubles à monter soi-même, et c'est sans doute vrai que j'y aurais trouvé sans peine tout ce que je cherchais, mais je ne veux plus y aller depuis qu'ils ont décidé de planter leur hangar commercial sur une zone protégée des bords de l'étang de Berre où l'on trouve l'une des plus grandes diversités d'orchidées sauvages. Quelle galère, surtout quand je passais devant les vitrines des parfumeries et que je voyais tous ces petits pots qui me narguaient, juste de la bonne taille et jolis comme tout, mais... pleins !


On a aussi acheté (un petit plaisir !) le dernier John Scofield, This meet that, qui est pas mal du tout (avec une reprise des portes du pénitencier, entre autres...).



Bon, c'est pas tout ça...

vendredi 7 décembre 2007

Il y a jour, il y a un an, il y a une éternité

Tiens c'est drôle, je viens de regarder dans les archives parce que je ne me souvenais plus du tout ce que j'avais bien pu raconter à ce propos... et la raison pour laquelle je ne m'en souvenais pas, c'est parce que je n'avais simplement rien dit à ce propos.


L'an dernier, à cette date, je soutenais ma thèse. Alors, quelque part ça fait tout bizarre de m'en souvenir, que ça fasse déjà un an, c'est passé tellement vite. Et c'était une journée tellement importante, tellement joyeuse.



Ce dont je me souviens en quelques mots :


  • Le footing impératif du matin au réveil (brrrr) pour que je ne me laisse pas envahir par le stress

  • Mes vêtements : une jupe longue un peu chaude, un petit pull en laine vert (que je porte aujourd'hui...), mes bottes noires.

  • Ma bouteille d'eau où j'avais mis du Rescue et à laquelle je buvais régulièrement quelques petites gorgées

  • L'un de mes membres du jury qui avait une chemise orange sous un pull gris clair sans manches

  • Ma maman qui était là d'un coup alors que je n'ai plus le souvenir de quand est-ce qu'elle est arrivée

  • Les affiches avec les indications pour la soutenance que je suis allée scotcher dans les couloirs de la fac

  • Les cent pas avant le début, dans la salle des profs. Quelques sourires que je voyais qu'on me lançait

  • Quelques personnes chères que j'ai vues entrer dans la salle à ma grande surprise

  • Mon directeur qui, la veille, m'avait envoyé ses dernières recommandations, parmi lesquelles "ne fume pas trop : ça empêche de réfléchir". Alors j'avais veillé à le suivre scrupuleusement

  • Le début de ma présentation, où j'ai dirigé la télécommande vers l'écran sur le mur au lieu de vers ma machine pour passer au slide suivant, et la brusque sensation que j'étais vraiment très, très stressée. Mais contente

  • Les débuts des commentaires des membres du jury. Plein de sourires, plein de compliments, quelques remarques qui m'ont fait rire, quelques questions acides aussi (mais je m'y attendais)

  • Mon directeur qui, à un moment donné, m'a fait un signe pour que je me redresse sur ma chaise parce que je m'étais un peu trop affalée pendant les questions

  • Son accent quand il a pris la parole. Je ne me souviens plus du tout de ce qu'il a dit, mais je me souviens à quel point j'étais touchée, et que j'avais presque les larmes aux yeux

  • La pause au milieu de la soutenance, où mon directeur de maîtrise, linguiste de la vieille école que j'adore mais qui devient de plus en plus bourru, vient me voir et me dit, assez fort pour que ça s'entende : "Mais pourquoi vous avez choisi ce jury ? Enfin, ils comprennent rien ! C'est même pas des linguistes !"

  • L'attente pendant les délibérations. La descente pour fumer une cigarette avec un ami, puis la remontée (au bout de même pas 5mn parce que tout de même...) et les compliments magnifiques du directeur du département (qui finalement n'ont engagé que la bonne poire qui y a cru... mais bon, j'ose penser que sur le coup c'était sincère)

  • Le président du jury qui, parce qu'il me tutoie d'habitude mais voulait faire dans la grande pompe, a parlé de moi à la troisième personne pendant son speech

  • Ah, oui ! Sa tirade introductive sur "la saison des soutenances" fi novembre-début décembre à cause de la qualif' et que c'est tout de même un monde que la thèse ne suffise pas à rendre les docteurs aptes à concourir sur des postes d'enseignant-chercheur. Et qu'en plus on ne puisse le faire qu'une fois par an en décembre. Ça avait fait rire tout le monde

Le clan du néon

Ici, comme on est à la campagne, on n'en souffre pas vraiment. Pas directement en tout cas, puisqu'on ne les a pas sous les yeux. Mais il y a des citadins aussi... et j'aime ce qu'ils font là.



J'avais déjà parlé du fait que les éclairages des commerces la nuit, se justifiaient paraît-il par le fait que ce sont leurs assurances les obligent à laisser les lumières pour décourager les voleurs. Mais les néons, ça ne sert absolument à rien dans ce cadre.


Plein de vidéos, un manifeste et tout et tout, sur le...


mardi 4 décembre 2007

Ouf

Pas de nouvelles d'elle hier soir. Un vent à tout casser, des rafales énormes, un froid de canard, et pas de mirza. On a été dehors, on l'a appelée, mais pas de mirza.


Ce matin, au réveil, pas de nouvelles non plus, même en l'appelant. Mon mari me dit qu'elle a mangé ses croquettes, mais peut-être qu'elles se sont envolées aussi, on ne sait pas.


Et puis, à l'instant, un miaou de derrière la porte-fenêtre : ouf. Elle est toute froide, mais elle a eu droit à un gros câlin pour la peine. Non mais des fois.

lundi 3 décembre 2007

Mon amie la machine à coudre

Je suis super fière de moi. Hier, j'ai appris à me servir d'une machine à coudre, et j'ai réalisé une porte pour la salle de bains et un rideau. Et ils sont super réussis.


Alors vous allez peut-être rire à la lecture de ça, comment ça mirza elle savait même pas coudre, à son âge tout de même, et puis un rideau y'a rien de plus facile, tout ça. Ben oui, je n'avais jamais cousu à la machine, parce que les choses sont ainsi : ma mère avait une très vieille Singer, vous savez les machines mécaniques qu'on trouve dans les brocantes, alors elle s'en servait pas souvent, et ensuite je n'en ai jamais eu, pour apprendre. Ça coûte cher une machine à coudre, alors ce n'est pas un truc qu'on achète facilement. J'avais tout de même, des fois, essayé de me fabriquer des vêtements, mais je cousais tout à la main, et même si je ne suis pas la plus empotée ce n'était tout de même pas idéal - et puis ça prenait des heures pour faire un vague ourlet.


Au lieu d'apprendre à coudre, pendant toutes ces années, j'ai appris des tas d'autres choses. Mais coudre, non. Et hier, enfin, oui. Et j'ai trouvé ça génial. C'est très gratifiant, de faire des jolies choses en un rien de temps. Ça m'a donné plein d'idées et d'envies, je regarde chaque détail de la maison d'un autre œil, à présent... de l'œil de quelqu'un qui peut coudre !


Prochaine étape, moins facile : refaire les housses du canapé...

samedi 1 décembre 2007

Sainte Victoire, Crête de marbre

La scène : Sainte Victoire, la crête de marbre (dont j'avais déjà parlé dans ce billet-là).



Végétation bleutée



Et pierres oranges rouges.




vendredi 30 novembre 2007

In memoriam

Mon pommeau de douche a rendu l'âme, rongé de l'intérieur par le calcaire, il a rompu d'un coup net. Y'a des jours comme ça, on se dit que la vie est un peu triste.


Fred Chichin, 01/05/1954-28/11/2007.

mercredi 28 novembre 2007

L'angoisse du chercheur au moment de la rédaction de l'article

Ecrire... écrire un article pour une revue, sur mes recherches personnelles, d'ici à la fin de la semaine. Ne pas râter l'occasion, cette fois, c'est important. J'ai eu du mal à me fixer sur un sujet, puis j'ai trouvé après pas mal d'essais/échecs (assez cuisants), et depuis j'essaie. J'essaie.


Comment introduire le thème ? Comment en venir au fait ? Par quoi commencer la rédaction ? Sous quelle forme m'y mettre, papier ou ordi ? Comment arriver à me concentrer vraiment comme il faut ? Comment me motiver pour écrire alors que personne n'est plus responsable de moi, que je n'ai plus mon directeur pour me faire un sourire pétillant de fierté quand je lui annonce que j'ai été retenue, fier mais faisant mine de rien, cachant sa satisfaction comme si ça n'était que normal, que j'avais eu intérêt à ce que ça marche. Comment ne pas tomber dans mon éternel travers de me dégonfler parce que finalement c'est pas si bien que ça ? Comment penser que c'est une bonne idée que je tiens, que je n'ai qu'à l'exposer clairement, simplement et que tout ira bien ? Comment me remettre à écrire sans retomber dans ces phrases que j'ai tant et tant énoncées toutes ces années ?


Comment relancer une bonne fois mes recherches personnelles ?


C'est ce que j'ai intérêt à trouver dans la journée. C'est urgent. Dont acte. Je lance TexShop et c'est parti, pas de répît tant que je n'aurai pas sérieusement avancé.

lundi 26 novembre 2007

Le tour du jardin, 15

Non non, nous ne rêvez pas !


Quoique je n'ai pas eu énormément d'inspiration. Mais les couleurs sont jolies. Et c'est même étonnant, parce que si l'on regarde autour du jardin, les environs, on dirait que l'automne est beaucoup plus avancé tout autour que dans notre petit périmètre.


Dans l'ordre : le petit pommier du potager qui nous fait une débauche de couleurs magnifiques (c'est presque aussi joli que quand il est en fleurs),



un chêne blanc qui porte encore du vert,



et le poirier sauvage du haut du jardin qui a perdu toutes ses poires (au grand bonheur de la chienne qui en raffole).



Et puis une petite vue des vignes autour : vers le sud d'abord (où l'on vient bien la boue - si si, il a enfin plu ! Juste deux jours, mais tout de même, c'est mieux que le rien absolu de ces derniers mois),



et puis vers le le nord où elles ont déjà été taillées alors que leurs feuilles n'avaient pas encore fini de tomber (moi, on m'a pourtant dit que... mais no comment).


dimanche 25 novembre 2007

Sullen girl

Quand j'étais au lycée, un soir, pour noël ou mon anniversaire je ne sais plus, mon père m'avait offert Tidal, le premier album de Fiona Apple qui venait de sortir (parce qu'il en avait lu bonne critique dans Le Monde je suppose). Cet album je l'écoute toujours, jamais très souvent, mais régulièrement. Est-ce que je l'ai aimé parce qu'il me parlait, ou est-ce qu'il m'a infuencée dans ma perception de certaines choses ? Sans doute un peu des deux.




Sullen girl


Days like this, I don't know what to do with myself
All day and all night
I wander the halls along the walls and under my breath
I say to myself
I need fuel to take flight

And there's too much going on
But it's calm under the waves, in the blue of my oblivion
Under the waves in the blue of my oblivion

Is that why they call me a sullen girl, sullen girl
They don't know I used to sail the deep and tranquil sea
But he washed me shore and he took my pearl
And left an empty shell of me

And there's too much going on
But it's calm under the waves in the blue of my oblivion
Under the waves in the blue of my oblivion
Under the waves in the blue of my oblivion
It's calm under the waves in the blue of my oblivion



Vous voulez que je vous dise ?


Mon père me l'a offert en me racontant sa bio. Ce qui est bizarre c'est qu'il était évident qu'il y avait là-dedans comme une tentative d'identification, parce que si je me souviens bien on a pas loin du même âge (entre autres points communs, genre ses yeux immenses sur la couverture de l'album, le fait qu'elle écrit ses textes et moi qui écrivais encore à l'époque des tas de poèmes, le fait qu'elle soit pianiste alors que moi, dans la théorie, j'aurais dû l'être au moins un peu aussi,...). Pourtant, l'un des trucs qui est systématiquement cité dans son histoire publique (et que mon père m'avait raconté dans sa présentation), c'est qu'elle a été violée quand elle était gamine (apparemment, d'après les biographes c'est important pour ce qui concerne sa carrière musicale, allez comprendre). Du coup, je n'ai jamais trop su où arrêter (ni finalement où commencer) la comparaison. Bon, bref. Ou comment semer le trouble en deux secondes dans l'imaginaire d'une adolescente ayant une tendance lourde à la fragilité et au romanesque échevelé.

samedi 24 novembre 2007

La nuit dans le bus

mercredi 21 novembre 2007

Tomber le masque

Comme toujours, quand on va au travail, en enfile le costume de notre personnage professionel (ou alors aussi). On est habituée à ce costume, on l'a soigneusement taillé à la mesure de notre caractère, enfin... de ce que l'on accepte d'en montrer, et puis aussi à la mesure du travail que l'on fait, de nos collègues, du fonctionnement des lieux, de la place que l'on est censée occuper. Tout se met proprement en place, tout adhère parfaitement et on est tellement rodée à l'exercice que l'on ne se rend même plus compte que l'on porte un costume. Tout va bien, c'est la situation normale d'une journée de travail, tout est en place.


Et puis un jour, on parle avec un de nos collègues de travail (il est aussi) et brusquement, on se voit, là, toute ridicule avec notre costume qui n'est pas du tout adapté à la situation. On se rend compte que ce n'est pas à notre personnage qu'il parle, mais à nous, bien cachée là tout en-dessous. On réalise que si l'on lui parle de dedans notre armure, on perd quelque chose, on perd la rencontre. Alors on se retrouve toute conne avec notre masque à la main, que l'on essaie tant bien que mal de remettre quand on parle aux autres, on se demande pourquoi c'est si lourd, pourquoi on fait ça, pourquoi ça ne marche pas à tous les coups, et qu'est-ce qu'il a celui-là d'abord à ne pas être dupe comme les autres, à ne pas accepter ça, et puis pourquoi est-ce qu'il va voir directement sous l'armure, comment il fait, on est pourtant si bien cachée.


Ça m'est déjà arrivé, plusieurs fois, de devenir amie avec des collègues de travail. Peu à peu ils ont appris à me connaître sans mon armure professionnelle ; mais elle ne les dérange pas et je peux la porter devant eux, ça fonctionne. Là c'est très différent : mon costume me gêne quand je parle avec lui. Tout ce que j'ai appris à paraître pour protéger mes façons intimes, mes élans naturels, tombe irrémédiablement à l'eau ; le seul truc qui marche c'est d'être complètement spontanée. C'est à la fois très surprenant et tellement agréable, je n'imaginais pas que c'était possible.

lundi 19 novembre 2007

Cher Papa Noël...

(source)

En souscription : le Var et sa flore. Plantes rares ou protégées


Parution prévue en avril 2008. Commandes par chèque de 40 euros plus 8,10 euros de port à l’ordre d’INFLOVAR, à adresser à : INFLOVAR c/o Naturalia Publications, immeuble Transfaire, 04250 Turriers (les chèques ne seront encaissés que lors de l’envoi du livre). Le prix public provisoire après publication est de 60 euros.


A l’occasion du centenaire de la publication du Catalogue des Plantes vasculaires du Var d’Albert et Jahandiez, l’association INFLOVAR, qui collecte depuis douze ans des données sur la flore du Var, prépare sous la direction de R. Cruon, dans la collection « Conservatoires botaniques nationaux alpin et méditerranéen » un ouvrage de 528 p. au format 21 x 28 cm, relié toile sous jaquette. Après une présentation du département, comprenant notamment une importante synthèse phytogéographique, et une histoire de la botanique dans le département, 328 espèces rares ou protégées sont traitées par une vingtaine de rédacteurs, à raison d’une page par espèce, avec photographies, carte de répartition, description, écologie, chorologie et évolution depuis cent ans. Suivent quelques chapitres sur des milieux particulièrement intéressants et une importante bibliographie sur l’ensemble de la flore du Var.


Alors piske le père noël il existe pas, et pisk'il sera pas sorti pour Noël de toute façon (c'est le père pâques qu'il me faudrait), hé bé je vais me le commander rien que pour moi, voilà ! Non mais, des fois ! Y'a pas d'mal à s'faire du bien non plus, hein. Z'imaginez les balades herboristiques que je pourrais vous concocter avec cette merveille ?

dimanche 18 novembre 2007

Sentier des pêcheurs, septembre 2007

Ça faisait longtemps que je n'avais plus fait de balade herboristique, hein !


Il y a ces quelques photos que j'avais faites sur le sentier des pêcheurs à la fin du mois de septembre. Ce même sentier que j'avais déjà parcouru au printemps, et qui a largement changé de couleurs entre temps. C'était le tout début de l'automne là-bas, les sols étaient couverts de petites scabieuses rose clair (qui étaient plus probablement des knauties (knautia), mais comme je suis une grosse maline je n'ai pas pensé à regarder les feuilles, ce qui m'aurait grandement aidé à les identifier...) et puis d'un millepertuis qui n'est pas le perforatum habituel, mais que je n'ai retrouvé ni sur la Wik', ni sur Floréalpes.



Je n'ai pas su choisir parmi les photos, mais mon mari m'a dit qu'elles étaient très jolies. Moi, je ne les avais pas mises en ligne parce que je ne les trouvais pas particulièrement belles... je vous laisse juges, donc ! Et j'en profite pour tester Pisasa, pour une fois, pour voir.

samedi 17 novembre 2007

Coca-Cola au CA des facs

Ce matin est encore paru quelques articles dans Libé concernant le mouvement étudiant contre la loi LRU. Voici ce que l'on peut y lire, et voici ce que j'ai envie d'y ajouter.


Au cœur du mouvement de protestation étudiant, il y a la loi Pécresse, dite loi LRU (sur les libertés et responsabilités des universités). Votée par les parlementaires dès juillet et promulguée le 10 août, c’était l’une des priorités de Nicolas Sarkozy. Aujourd’hui, les plus radicaux des étudiants, – autour de SUD ou de la coordination –, réclament son abrogation, estimant qu’elle signe la fin du service public d’enseignement. L’Unef reconnaît, elle, qu’une réforme de l’université est indispensable mais que cette loi est mauvaise. Tous se retrouvent autour de grandes inquiétudes que le gouvernement juge infondées. Revue des cinq craintes les plus discutées dans les assemblées générales.


LE DÉSENGAGEMENT DE L’ETAT


Ce que dit la loi. Toutes les universités auront acquis d’ici cinq ans leur autonomie et géreront leur budget. Les présidents deviennent les véritables patrons, avec des pouvoirs renforcés – droit de veto sur les nominations, distribution de primes, etc. Le conseil d’administration est resserré (le poids des élus, notamment étudiants, diminue) et il peut créer des fondations afin d’attirer des capitaux privés. L’Etat prévoit des exemptions fiscales pour le mécénat.


Ce que craignent les protestataires. Ils estiment qu’avec des universités autonomes et recourant aux fonds privés, l’Etat en profitera pour se retirer. Alors que pour remédier à la grande misère des universités, il devrait faire le contraire. La ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, le conteste : avec 1 milliard d’euros supplémentaires pour l’université dans le budget 2008, l’Etat n’a jamais fait un tel effort. Faux répliquent les étudiants : l’essentiel va à des crédits d’impôts, des retards de paiements, des investissements dans l’immobilier. De plus, aucun poste n’est créé alors qu’il en faudrait pour lutter contre l’échec en licence (40 % au cours des deux premières années).


Ce que j'en dis. Tout d'abord, Libé a oublié de signaler que le président avait également le droit de créer des contrats (précaires, ça va de soi) de droit privé. Je suis d'accord avec ce qui est dit à propos de l'utilisation de l'argent donné aux Universités : on n'en a pas vu la couleur, en tant que personnel. En fait, j'entends pas mal dire que ce qui est appelé "autonomie des Universités" ne sera pas une autonomie, mais une dépendance financière par rapport aux investisseurs, qui seront d'intérêt privé. Hier, j'ai entendu une belle image à ce propos, très parlante : "On va faire entrer Coca-Cola dans le conseil d'administration." En fait, ce problème en fait émerger plein d'autres : le fait que les entreprises ne seront certainement pas intéressées (dans leur majorité en tout cas) par le financement de philosophes (effectivement, comme c'est dit plus bas) ; le fait qu'il y aura deux poids deux mesures parmi les personnels de la fac (CDI publics vs. CDD privés) ; le fait que la loi encourage le recours à de plus en plus de contrats précaires parmi toutes les classes de personnels (et donc, entre autres !, un large problème de pérennisation de l'enseignement, par exemple) ; le fait que le président pourra sans problème s'opposer au recrutement de certaines personnes, à lui tout seul et sans s'en justifier (je m'explique : par exemple, je ne peux pas me permettre de donner mon avis publiquement sur les listes d'expression de la fac parce que sinon, rien n'empêche plus le président de noter mon nom, et puis de refuser mon recrutement si jamais je suis classée première à un concours de maître de conférence - donc, tous les précaires ne peuvent absolument plus risquer de donner leur avis, i.e. de participer à la vie de leur lieu de travail) ; le fait qu'il ne pourra plus y avoir de politique nationale de l'enseignement supérieur, tout simplement : tout sera géré régionalement, et peu importe les inégalités, peu importe les pertes que ça pourra engendrer en matière de formation : on ne considérera que ce qu'on a à portée de main. Et j'en passe, j'en passe.


DAVANTAGE DE SÉLECTION


Ce que dit la loi. La LRU rend obligatoire l’orientation active, testée à la va-vite cette année: chaque bachelier devra déposer un dossier de pré-inscription dans la fac où il postule et recevra une réponse argumentée, l’encourageant ou non à s’inscrire.


Pour les protestataires, cela conduit droit à une sélection, rêve non avoué des grandes universités qui, à l’instar de Paris-Dauphine, ne voudraient prendre que les meilleurs. Mais alors que la France manque de diplômés du supérieur, ce serait un pas en arrière. L’orientation active aggravera en outre les inégalités sociales : les étudiants défavorisés seront plus impressionnés que les autres par un avis négatif et risquent d’abandonner.


Ce que j'en pense. Il s'agit d'un problème de fond beaucoup plus important que ce qui est dit : sélectionner à l'entrée de facs, ça remet complètement en question la nature même de l'Université. Personnellement je m'oppose à toute forme de sélection à l'entrée à l'Université (qu'elle soit due au montant des frais, ou alors à un concours demandant un certain niveau), parce que c'est jeter fièrement aux ordures l'une des finalités essentielles des facs : apporter de la culture, des connaissances, des savoirs à toutes les personnes qui le souhaitent. Et pour les ceusses qui n'auront pas le niveau, on fera quoi ? On les renverra à nouveau dans des formations que l'on jugera par là moins bonnes, moins bien, moins valorisantes ? On classera encore les futurs actifs en fonction d'une échelle de niveau scolaire qui n'a strictement rien à voir avec la réalité de la vie ? Si t'es pas assez bon pour faire une grande école tu vas dans une école d'ingénieur, si tu n'es pas assez bon pour ça tu vas à la fac, et si tu n'es même pas assez bon pour la fac tu vas faire plombier ? C'est ridicule, encore plus que la situation actuelle.


LA HAUSSE DES FRAIS D’INSCRIPTION


Ce que dit la loi. Il est inscrit dans une loi plus ancienne que l’Etat fixe le montant des droits d’inscription. La LRU stipule que le recteur devra veiller à ce que les universités ne demandent pas de rallonges aux étudiants (chaque année l’Unef fait la liste des universités qui abusent).


Pour les protestataires, c’est une déduction logique : les universités, lâchées par l’Etat, chercheront de nouvelles recettes propres du côté des étudiants.


Ce que j'en pense. Ben, c'est l'évidence même : il n'y a qu'à voir ce que les Régions subissent depuis leur "autonomisation" : on prévoit des sous pour eux dans le budget de l'Etat mais ces sous ne sont jamais versés. Il paraît évident qu'il en sera de même pour les facs, et que donc elles devront bien se procurer de l'argent ailleurs. Et comme les entreprises ne donneront sans doute pas assez pour faire tourner les machines, il faudra aller chercher l'argent chez les étudiants (ou alors d'autres possibiltés : ouvrir des commerces dans les facs ? Y installer des panneaux publicitaires ? Tout ça fait rêver, hein ?). Je trouve ça complètement dément, que l'on puisse demander aux familles de dépenser encore plus que ce qu'elles payent déjà dans leurs impôts pour assurer juste un minimum de connaissances absolument nécessaires à leurs enfants.


LA SUPPRESSION DE FILIÈRES


Ce que dit la loi. Rien.


On se demande bien pourquoi ;-)


Côtés protestataires, il s’agit d’une interprétation. Dans les AG, les étudiants prédisent que «l’an prochain, le département de philo sera fermé car il n’intéresse pas les entreprises». Les facultés mobilisées sont d’ailleurs pour l’essentiel celles de sciences humaines et de langues, filières «non rentables» où la peur du chômage est la plus grande. Au ministère, on répond que les directions d’université répartiront elles-mêmes les fonds alloués par le privé.


Derrière cette crainte, il y a aussi le refus de la professionnalisation des filières, des licences pros trop liées aux besoins du marché, et la volonté de défendre une université lieu de transmission du savoir.


Ce que j'en pense. Oui, les Universités répartiront les sous donnés par le privé... qui n'aura pas son mot à dire, évidemment, hein, on s'en doute. Mais alors pourquoi est-ce qu'une boite irait donner des sous à une fac ? Le ministère ne donne pas de réponse à cette question. Non plus.


C'est drôle comment même Libé utilise un vocabulaire que l'on ne peut que voir comme une façon de vouloir orienter les avis du public (rien que le fait d'opposer "loi" et "protestataires"... ça aurait pu être exprimé de plein d'autres façons, plus neutres) : ce n'est pas "la professionalisation" en soi qui est redoutée dans les AG, c'est la peur qu'il n'y ait plus que ça. Que toutes les filières n'existent et ne soient conçues que pour coller très strictement aux besoins immédiats des marchés qui financeront les formations. De là, il est facile d'imaginer ce que ça va pouvoir donner. Et la formation à la recherche dans tout ça ? Je suppose que l'ANR ne fera pas partie des financeurs des Universités...


L’UNIVERSITÉ À DEUX VITESSES


Ce que dit la loi. Elle ne fait pas de distinctions entre campus. Au contraire : sous la pression notamment de l’Unef, l’autonomie qui devait être optionnelle sera finalement dévolue à toutes les universités.


Pour les protestataires, la différence qui existe déjà entre une grande université parisienne et une petite de province risque de se creuser. Les grandes vont en effet se réunir dans de puissants Pres (pôles de recherche et d’enseignement supérieur) où la recherche de pointe va se concentrer et où les capitaux afflueront. Les petites feront de l’enseignement avec des cursus plus courts et de la recherche appliquée.


Ce que j'en pense. Les PRES ne sont pas le mal absolu en soi : il n'y a qu'à lire ce que proposent d'en faire, p.ex., les trois sociétés savantes de Maths, Physique et Chimie dans le texte dont j'ai parlé l'autre fois, pour se rendre compte qu'ils pourraient être utilisés à très, très bon escient, par exemple en en faisant un moyen de créer des passerelles réelles et efficaices entre grandes écoles, écoles d'ingés et universités, passerelles à la fois pour les étudiants qui pourraient changer de formation en cours de route, qui pourraient bénéficier de formations mixtes (et, in fine, chacu serait formé à ce dont il a envie, ce en quoi il a des facilités, et on aurait beaucoup plus de diversité dans les profils des personnes sur le marché du travail, qui ne pourrait que s'en retrouver enrichi), et puis pour les enseignants aussi, c'est-à-dire que ceux qui sont à la pointe de la recherche (je veux dire les enseignants-chercheurs des facs) iraient donner des cours de pointe dans les écoles d'ingés et vice versa, les enseignants très techniciens des écoles d'ingés pourraient venir faire des cours généraux basiques aux étudiants des facs. Ça pourrait être très bien fait. Mais ce n'est pas du tout ce qui est prévu.


Il y a encore d'autres choses qui sont très graves et que Libé ne signale pas du tout. Je cite un exemple, peut-être le plus flagrant mais pas l'unique : la modification appliquée aux UMR. Une UMR, c'est une Unité Mixte de Recherche, qui est chapeautée doublement et par la fac qui l'accueille, et par le CNRS. Ici, le ministère prévoit que les UMR ne seront plus gérées que par les facs, argumentant d'une simplification des tâches administratives (ce qui, de toute façon, sera un gain parfaitement illusoire). Ce que ça va faire, c'est que les UMR deviendront des structures locales, et que plus aucune politique de recherche à l'échelle nationale ne sera possible (ce qui était assuré, a minima, par le CNRS, même avec les autres réformes). Parallèlement est prévu une réorganisation des labos CNRS, qui viendront s'opposer aux UMR, appartenant aux facs. Beaucoup d'enseigants-chercheurs sont tout à fait ravis du fait de travailler conjointement avec des chercheurs à plein temps, ils sont pleinement conscients que ce statut est absolument nécessaire pour faire des recherches vraiment avancées, qu'eux ne peuvent pas faire parce qu'ils croulent sous les charges de cours et d'administration des cours (je peux développer l'emploi du temps d'un maître de conférence s'il y en a qui doutent, ou se demandent). Le fait de séparer les deux aura plein de conséquences néfastes directes, et du point de vue de la formation à la recherche : les enseignants seront à la bourre en recherche, perdront leur niveau, et la formation sera par conséquent de moins bonne qualité, et du point de vue de la recherche elle-même : les chercheurs ne baigneront plus dans l'univers de la formation, ils n'auront plus accès aux étudiants, et évidemment auront encore moins de moyens pour conduire leurs recherches. Il y a encore plein de raisons au fait de s'opposer à ce genre de mesure (mais c'est déjà long, là, pour cette fois).


J'en rajouterai encore. Là, c'est déjà un premier point. Encore tellement de choses à ajouter... Pendant ce temps, la fac de lettres d'Aix est toujours fermée sur décision de "la Présidence", les personnels ont réclamé sa réouverture, les étudiants anciens bloqueurs, dégagés par l'intervention des CRS la semaine dernière (une douloureuse première historique à Aix), sont présents à l'entrée de la fac tous les jours vers 7h du matin pour informer les gens qui passent ; mardi matin, ils me faisaient remarquer qu'ils seraient vachement contents de reprendre les cours, ça serait nettement moins difficile que de dormir à même le sol dans des amphis ou de se lever à 6h tous les jours pour venir se geler devant l'entrée de la fac (je dis ça pour contraster avec les ceusses qui se plaignent de la "poignée d'étudiants qui profitent de n'importe quelle occasion pour arrêter de travailler"...). Les AG continuent, sur le parking faute d'autorisation d'accès au parvis.

vendredi 16 novembre 2007

Chaipu

Choc émotionnel hier. Une amie de mon nouveau labo (mais que je connaissais d'avant parce qu'elle faisait sa thèse en co-direction avec mon directeur) soutenait sa thèse. Autre labo, autres traditions pour la fête de soutenance. Ses collègues lui avaient préparé non seulement des cadeaux (ça, je connaissais déjà), mais aussi un diaporama-souvenir, une vidéo de la part de jeunes docteurs expats qui ne pouvaient être présents, un déguisement et un petit happening. Toute la journée, j'ai bien vu que j'étais presque aussi stressée que le jour de ma propre soutenance, mais c'est au moment du diaporama que j'ai été le plus bouleversée.


Je voyais les images qui défilaient, chronique photographique de meilleurs et de pires moments, et puis je riais, à gorge déployée, comme tout le monde, il y avait de quoi. Mais il y avait en même temps un bout de moi que je voyais en transparence là-dedans, un bout de moi il y a un an, le jour qui mettait un point final à ces années de thèse qui sont un moment tellement important, tellement à part, tellement cher. Hier soir je pensais surtout au fait que ça rappelait à quel point moi aussi j'avais pu m'investir dans la vie du labo à ce moment-là, et à quel point je ne le faisais plus aujourd'hui malgré ce que je pouvais en penser, pas par envie mais plutôt par blessure, et puis par volonté de sauvegarde aussi parce que tout cela me prenait tout mon temps au détriment de tout le reste comme j'en ai tant et tant parlé ici déjà.


Ce matin je vis ça comme un deuil. Je me souviens que mon directeur me disait souvent de profiter de ma thèse parce que quoi qu'il puisse en être ça resterait toujours le meilleur moment de ma carrière. Depuis que j'ai commencé mon postdoc je pensais qu'il se trompait parce que faire un postdoc c'est un peu la même chose mais en mieux puisqu'on n'a pas la pression du diplôme à la clé. Mais là, hier soir, j'ai compris ce qu'il voulait dire, à ma façon, je crois. J'ai compris à quel point ça devient différent quand on n'est plus doctorant. A quel point on change de point de vue sur ce que l'on fait, sur comment on doit le faire à la fois pour se faire plaisir mais aussi pour se préserver de cette machine qui attend de nous dévorer au premier faux pas. Je sais, ce matin, que cet investissement aveugle, naïf, absolument intégral dans quelque chose est fini pour moi. Je me suis rappelé que c'est arrivé, et que ça n'est plus. Je l'avais oublié.


Ça s'est mis à me manquer comme une part de soi que l'on retrouve brusquement et dont on se demande comment on a fait pour vivre sans pendant tout ce temps et que l'on comprend mieux pourquoi l'on se sentait incomplet. Sauf que ça ne reviendra plus, cette fois, et que c'est cela qui est normal -- ou tout au moins, qui ne peut être autrement. Tout à coup je ne me voyais plus comme une postdocteure comblée mais comme une ancienne thésarde ayant perdu sa flamme. Comme une âme blessée de la recherche, errant vainement dans une vie qui n'est plus et ne peut plus être, perdue entre deux eaux, hantant ma propre vie.


Cette soutenance m'a ouvert les yeux sur un deuil que j'ai à faire, et dont je n'étais pas consciente. Au-delà de tous les petites détails que je voyais il y a ça, aussi, surtout et avant tout. Je ne veux pas devenir amère, et c'est pourtant peut-être le chemin que j'ai pris jusque là. Peut-être que ça explique plein de choses, peut-être pas. Mais les larmes que je versais hier, me cachant par honte, par terreur de n'être pas comprise (étrange tout de même, alors que j'étais entourée de thésards et de docteurs - mais bon, il y a des émotions que l'on craint de dévoiler, parce que l'on ignore profondément si ces émotions sont universelles ou non), ont eu une importance capitale, on marqué quelque chose, ont ouvert une porte.


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Sinon, il a neigé hier sur toute une partie des Bouches du Rhône et du Var et la Sainte Victoire est encore un peu blanche, mais tout juste comme l'hiver dernier, et je n'ai même pas envie d'en faire une photo. Il faudra que j'en reparle de ça aussi, de ma difficulté ces jours-ci à faire des photos (pas à en prendre, à en faire).

mercredi 14 novembre 2007

L'ami animal

La semaine dernière j'ai fait un crochet par mon ancien club de cheval. Parce qu'on était mercredi après-midi, que j'avais le temps, qu'il faisait beau et qu'on se rapprochait de l'heure du cours auquel j'allais à l'époque. Je pensais y retrouver au moins quelques personnes connues, mais non : toutes ont bougé, ou alors ne montent plus que le samedi (matin, je suppose, à moins que ça aussi ait changé). Même les chevaux eux-mêmes, difficile de retrouver ceux que je connaissais si bien, pour les avoir montés et m'en être occupés plusieurs jours par semaine pendant quelques années.


C'était il y a [...je réfléchis...] 4 ans environ. J'ai essayé de reprendre depuis mais la thèse me pompait toute mon énergie, toute mon envie. Et ce club... enfin, je pourrais en parler pendant des heures, tellement il y a des choses bien là-bas, tellement c'est un endroit profondément attachant.


J'ai enfin trouvé la monitrice, seule personne connue. J'ai discuté avec elle, on s'est raconté nos quotidiens. C'était chouette, et tout bizarre à la fois. Et puis elle m'a donné les dernières nouvelles équines.


Il y avait un cheval là-bas que j'avais beaucoup monté. On s'entendait très bien. Je m'en occupais beaucoup. Et, à force de le côtoyer régulièrement, de partager des tas de moments différents avec lui, on avait sympathisé. Je serais tentée de dire que l'on était devenus amis, autant qu'on puisse l'être avec un animal. Je le gratouillais partout et lui frottait sa tête contre mon dos, me mordillait des bouts de pull, me poussait pour me faire courir. Je lui soufflais dans les naseaux et ça l'hypnotisait. On jouait beaucoup.


Le mois dernier, il a eu une colique fulgurante. En quelques heures, même avec tous les soins possibles de la part du véto, c'en a été joué de lui. Je ne savais même pas que c'était possible une chose pareille. Sur le coup je n'y croyais pas, je pensais quand elle m'a dit ça : "Oui bon d'accord il est mort mais il est où là, que j'aille lui faire des gratouilles ?" Non, ce n'était pas possible. Il avait une quinzaine d'années, c'est jeune. Il était magnifique et toujours de bonne humeur, il avait de l'humour (non, c'est sérieux ce que je dis). Il n'était pas toujours très malin et était plutôt pataud, sans doute en partie parce qu'il était très, très grand. Il mettait du coeur à ce qu'il faisait. Il faisait des blagues, parfois. Il était très sociable.


Ça fait des jours que je veux faire ce billet et mettre quelques photos de lui, mais toutes mes photos sont des tirages papier alors il faut que je les retrouve et que je les scanne. Alors peu importe les photos finalement, je les mettrai quand je pourrai. Un ami animal est mort et je suis triste.

dimanche 11 novembre 2007

Des courants de bien-être

Ça pourrait être l'épisode suivant les frustrants imprévus. J'ai attendu, attendu, bien plus que ce que je m'en pensais capable (sinon, quoi ?), bien plus en tout cas que ce dont j'avais envie.


Comme quand j'étais toute petite et qu'à l'approche de Noël je savais quand mes parents avaient été m'acheter les cadeaux que j'attendais. Quand les quelques jours (voire, semaines !) qui me séparaient de la découverte de mes nouveaux moments de jeux étaient pour moi une éternité, véritablement insoutenable alors que je savais si bien qu'ils étaient là, rangés en bas à gauche dans le placard de ma mère, et dès que j'en avais l'occasion volée je filais les y voir, m'imaginant à quel point ce serait bien de pouvoir enfin jouer avec. Je trouvais cela moins insoutenable que complètement absurde : tous les éléments étaient réunis déjà pour qu'un instant de joie intense se produise, mais l'on devait attendre parce que celui-ci devait coïncider strictement avec une date donnée du calendrier. La joie en était-elle plus intense ? Je ne l'ai jamais trouvé. Qu'est-ce que j'ai pu argumenter avec mes parents sur ce point, dans les faits moins que dans ma tête, afin d'arriver à leur faire admettre à quel point cette situation était absurde, et qu'il serait tellement plus logique, tellement plus évident d'en profiter dès que l'occasion se présentait plutôt que d'attendre ! Et d'attendre quoi d'abord, puisque de toute façon l'instant aurait lieu, alors à quoi bon le retarder ? Evidemment, ça ne marchait jamais. Et je ne saurais dire à présent si je le regrette ou pas, parce que ça n'a aucune importance : en revanche je sais qu'aujourd'hui, j'offre ce que j'ai envie d'offrir si tôt que j'en ai l'occasion, et peu importe le respect du calendrier.


Et quand je parle d'offrir, je parle aussi bien de cadeaux matériels que d'amour, au sens large. D'ailleurs pour moi il s'agit de la même chose : un cadeau que je veux faire, peu importe qu'il soit matériel ou non, ne doit pas attendre, ne peut pas attendre sinon il est comme un soufflé qui retombe ; à quoi bon attendre pour offrir un cadeau puisque l'on n'attend pas pour dire à quelqu'un qu'on l'aime (ou alors, c'est en tout cas quelque chose que je n'ai jamais pu accepter !). Et qu'est-ce que l'on pourrait bien attendre, d'ailleurs ? (Il y a plein de réponses possibles à cette question, réponses que j'ai entendues à maintes reprises, et jamais, jamais je n'en ai trouvé une seule justifiée.)


Donc après avoir passé un moment de joie intense avec quelqu'un, après avoir ressenti comme une bouffée d'amour qui se crée de manière tout à fait surprenante (parce que toujours, nécessairement inattendue), jamais je n'ai envie d'attendre pour que cela se reproduise. Qu'est-ce qui pourrait bien justifier une telle attente ? Je n'ai jamais trouvé de réponse qui me satisfasse, ni même qui me permette d'attendre sereinement, au moins. D'où la frustration des imprévus qui viennent temporiser mon bonheur, qui viennent retarder si injustement des flots de bonheur qui m'envahissent et gonflent mon cœur. Frustration et sentiment d'injustice : ce sont toujours, par définition, des événements futiles qui m'en empêchent, en comparaison de ce que j'ai à ressentir. L'amour, la joie, le bonheur sont toujours prioritaires sur tout, sinon la vie n'a plus de sens.


[ Cette dernière phrase, je devrai la relire plus tard. ]


Et cette primauté absolue est pourtant sans cesse violentée, ignorée, brimée par les faits. Parce que la vie, parce que le quotidien dans la vie, parce que le travail dans le quotidien et puis toutes les choses à faire et aussi le fait que le bonheur et l'amour ne coïncident pas toujours parfaitement : en l'occurrence, l'amour est multiplié par le bonheur de la nouveauté, de la surprise qu'il vienne apparaître là où l'on ne l'attendait pas. Alors tout l'amour que l'on ressent par ailleurs reste toujours là et tout aussi présent, mais c'est l'étourdissement de cette nouvelle rencontre que l'on veut retrouver, dont on veut profiter, que l'on veut sentir en soi.


Evidemment je parle là d'amour au sens large. Pas uniquement du "sentiment amoureux". Je tiens à le préciser (mais si je savais pourquoi...).


Il s'est passé plus de dix jours pour que cette suite de frustrants imprévus en finisse de mettre mon bonheur en veilleuse. J'avais un trac fou d'être déçue, de m'être fait une montagne. Et je me raisonnais en me disant que c'est mon ressenti qui compte pour moi, que ce qui est important pour moi c'est la façon dont je le perçois, que je n'ai qu'à agir, être en conséquence de ce que je ressens et que tout ira bien, que je ne peux pas être déçue par mon propre état et qu'il n'y a que lui qui compte en la matière. Mais rien n'y faisait : plus le temps passait plus j'étais saisie d'une peur de m'être mis le doigt dans l'œil, d'une peur de me retrouver face à une situation comme si la rencontre à laquelle je donnais une telle importance n'avait pas eu lieu. Combien de fois ça m'est arrivé, ce genre de chose ! Sans doute en (grande ?) partie parce que justement, je n'étais (n'agissais) pas conformément à ce que je ressentais.


Avec ma façon caricaturale de ne jamais être sûre de moi, je ne pourrais m'autoriser à affirmer que la rencontre s'est confirmée. Ce que je peux dire, c'est que j'ai à nouveau ressenti autant de bonheur. Je n'en demandais pas énormément finalement, je ne demandais pas des heures de conversation en tête à tête pour que l'on se raconte toutes nos vies et nos idées, mais je voulais juste pouvoir profiter des petits instants accessibles au quotidien pour porter un certain regard, avoir certains mots, dont je ne savais pas si la situation les permettrait. Et je ne sais pas si c'est la situation ou alors moi-même qui les ont permis finalement, mais j'ai pu le faire. Je ne saurais parler non plus de ce que j'ai reçu, parce que je n'oserais à aucun prix mettre des mots sur ce que je ressens des autres, mais ce que je sais c'est que j'en ai été heureuse. Heureusement surprise, encore une fois. Heureusement touchée. Comme une confirmation de confort, d'un confort dans ma possibilité, mon "droit" d'user de mon amour et de le prodiguer comme bon me semble. C'est très difficile pour moi. Mais ça a été tellement agréable.

samedi 10 novembre 2007

Un texte en vitesse

Parce que je n'ai pas le temps pour l'instant de disserter dessus, mais je veux le garder sous le coude pour en reparler. C'est un texte rédigé par des membres de l'Université de Caen (me semble-t-il du moins), paru le 7 novembre, à propos des motivations des étudiants à bloquer la fac :


Pourquoi bloquons nous ?



L’université publique est aujourd’hui attaquée. Nous nous organisons pour la défendre. Une mobilisation nationale est amorcée depuis trois semaines, nous comptons plus d’une dizaine d’universités bloquées ainsi que de nombreuses autres en lutte.


Nous sommes face à un gouvernement autiste qui a fait passer cette loi sans concertation le 4 août dernier, alors qu’une contestation importante existait déjà.


Occuper notre lieu d’étude n’est pas un acte neutre, c’est le seul moyen d’action efficace. Tout d’abord parce qu’il libère du temps pour agir et réfléchir ; ensuite parce que cela permet aux étudiants boursiers de se mobiliser sans être pénalisés.


Le temps nous presse (application de la loi en février 2008) et nous devons créer un rapport de force massif et déterminé afin de mettre à mal cette loi qui n’est pas faite pour le plus grand nombre.


Les conséquences seront :


  • Les filières «non rentables» seront amenées à disparaître ou leurs financements seront réduits (article 14).

  • La dégradation des conditions d’enseignement (précarisation du personnel enseignant et non enseignant, baisse des financements pour l’entretien des bâtiments).

  • L’accroissement des inégalités entre universités (à région riche, fac riche ; à région pauvre, fac pauvre).


Plutôt qu’être autonomes, les universités seront complètement dépendantes du financement apporté par les entreprises locales. Celles ayant un avantage à investir, participeront au financement de l’université. Or les facs qui ne sauront attirer les investisseurs, seront amenées à augmenter considérablement les frais d’inscription :



Tous les étudiants en subiront les conséquences !



Et nous ne sommes pas seuls, nous assistons à une accélération de la casse des services publics et à la dégradation des conditions de vie de la majorité de la population (hausse du coût de la vie, recul de l’âge de la retraite, suppression massive de postes dans la fonction publique, franchises médicales…).



C’est maintenant qu’il faut se mobiliser !


Discussion à venir... mais pour l'heure il est temps d'aller à la bib'.

mercredi 7 novembre 2007

Où en est-on ?

Il y a quelques années, l'agence Capa était apparue dans les locaux de mon labo. Ils venaient tourner un reportage sur l'état des facs en France. Ils ont passé beaucoup de temps chez nous, trouvant tout un lot d'images, et quelques personnes pour leur expliquer certaines situations.


Le documentaire s'est intitulé "Facs : carton rouge !", et a été diffusé le 17 janvier 2005 sur Canal Plus. Je l'ai vu. J'avais eu peur de son visionnage, parce que je pensais que le montage aurait déformé la réalité : en ce qui concerne ce que j'ai vu se faire, il n'en a rien été. Le reste a donc été effarant pour moi, qui pourtant en connaissais une partie !


J'ai repensé à ça, en passant dans mon ancien labo aujourd'hui, et puis parce qu'il y avait une AG des étudiants pendant ce temps, et puis parce que les réformes, parce que l'état du bâtiment est encore pire aujourd'hui qu'il ne l'était au moment du tournage (en tout cas, de ce qu'on peut en voir), parce que... je me demande ce qui a changé depuis. Si la moindre chose a changé.


Voici un extrait du résumé du documentaire que l'on peut trouver sur le site de Capa :


"Facs : carton rouge !"
Réalisation : Sylvie Chabas
durée : 52 minutes



A l'université de Marseille, un labo de recherche conçu pour 8 personnes fait travailler aujourd'hui 70 étudiants et chercheurs dans des conditions dignes d'un atelier de confection clandestin. Un peu plus loin dans la même université, il pleut sur des livres rares pourtant rassemblés dans une unité de recherche flambant neuve. Selon une commission d'enquête du Sénat, le tiers des cités U françaises sont des « taudis dangereux». A l'université de Reims le président a du fermer 4 amphis sur 6 à la veille de la rentrée. Ils menaçaient de s'écrouler sur les étudiants. Et c'est le doyen en personne, un prof de grec, qui est contraint à la dernière minute de passer des heures au téléphone pour trouver des chaises pour asseoir les élèves de sa fac.

Alors que l'Etat ne cesse de rappeler que la recherche et l'enseignement supérieur sont une priorité nationale, l'agence Capa mène l'enquête sur la réalité concrète des universités et du sort qui est fait aux étudiants et aux chercheurs. De Marseille à Reims ou à Paris, ce film nous entraine dans les coulisses du systême universitaire de formation des élites en France. Prè d'un million et demi d'étudiants sont concernés.

Le constat est accablant : locaux vétustes ou insalubres, laboratoires d'enseignement et de recherche sous-équipés, amphis surpeuplés, manque de personnel, cadres impuissants ou désabusés.


Pire, une partie des établissements sont aujourd'hui dangereux pour leurs usagers, étudiants et professeurs.

Faute d'une gestion cohérente entre l'état, les collectivités locales, les administrations et les responsables universitaires. Faute aussi, et surtout, d'argent. La France ne consacrre qu'un peu plus de 1% de son PIB à l'enseignement supérieur, contre plus de 2% aux Etats Unis. Cette situation souvent désastreuse, les responsables politiques et administratifs la connaissent. Sans pouvoir - ou vouloir- la traiter. Par delà le constat d'une université en crise, cette enquête remonte les fils des décisions et des responsabilités et interroge les décisionnaires de tous niveaux, responsables administratifs locaux, présidents d'université, recteurs, maire, préfecture. Jusqu'au plus haut niveau du pouvoir politique. Le film interpelle les responsables du cabinet du ministre de l'éducation nationale François Fillon. Quand, face au constat, la langue de bois n'est plus permise.

Le "labo de recherche conçu pour 8 personnes [qui] fait travailler aujourd'hui 70 étudiants et chercheurs dans des conditions dignes d'un atelier de confection clandestin", c'était mon labo. Aujourd'hui, il accueille une centaine de statutaires, et presque autant de doctorants. Je crois que cet état de fait se passe de commentaires.


Aujourd'hui donc, une AG étudiante a eu lieu à la fac de lettres d'Aix. Si je me souviens bien ce que j'ai reçu en fin de journée, ils ont voté le blocage. Début de grand ram-dam de la part de quelques personnels qui ne le veulent pas et le disent très fort, en s'arrêtant à l'exression de leur ras-le-bol plutôt qu'en exprimant des arguments, des positions, des *vraies* raisons (plutôt que "y'en a marre de ces étudiants qui m'empêchent de travailler à tout bout de champ").


En outre, un texte a été diffusé hier, co-écrit par la Société de Mathématiques de France, la Société Française de Chimie et la Société Française de Physique, et qui vaut vraiment d'être lu (ce qui peut se faire par exemple ici). Beaucoup, beaucoup de choses sacrément intéressantes là-dedans, pertinentes, etc. Mais j'y reviendrai.


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Et je profite de ce billet pour créer une nouvelle catégorie dans mon blog, Université mon amour, où je parlerai de ce que je pense de certaines choses, quant à l'engagement dans ce monde et à ce que ça implique, et tout ce genre de choses, en fonction des actualités, et de ce qui me viendra à l'idée.

Le grand déménagement

Aujourd'hui j'ai enfin fait une chose que j'étais censée faire depuis un mois, et même depuis presque un an en fait, mais pour laquelle j'avais jusqu'ici toujours trouvé des excuses. Je vais vider mon bureau de mon ancien labo, ramener mes derniers bouquins à la bibliothèque, et rendre ma clé.



Ça fait tout bizarre. J'ai fait toutes mes études dans la même fac, pendant 8 ans elle a représenté mon lieu de travail. Je l'ai apprivoisée progressivement, elle est tellement grande. Il y a des endroits que je n'ai découverts que les dernières années, et que je crois que je n'en connais pas encore tous les recoins ! Je me souviens que j'avais mis du temps à me repérer dans le bâtiment. Et puis, au bout de quelques années, quand je commençais à m'y faire, ils ont changé la numérotation des salles : tout était à recommencer.


Il y avait les préfabriqués loin en-dessous du site de la fac, après l'IUT, où l'on donnait des cours aux DEUG, qui aujourd'hui ont été enfin supprimés... et remplacés par de magnifiques choses tout en béton rose foncé. Les préfa' étaient constitués de très grandes salles sous-employées, pas chauffées, à peine isolées ; on y a appris à écrire avec des gants. Dès qu'il y avait un rayon de soleil on était installés plus confortablement dehors qu'à l'intérieur.


Il y avait les grands amphis avec des balcons, auxquels on accédait en montant au deuxième étage, qu'est-ce que j'étais contente le jour où j'ai réussi à trouver ça ! La première année, on y fumait : c'était interdit, mais toléré de fait. Les vitres de la fac étaient vieilles, certaines étaient cassées et menaçaient de tomber, guillotinant au passage quelques innocents étudiants. Un jour ils les ont toutes changées pour des choses en PVC anti-suicide ; certaines ne peuvent pas être ouvertes et donc, elle ne sont jamais lavées à l'extérieur, faute de pouvoir les atteindre. Et un autre jour, ils ont condamné les balcons pour en faire des salles autonomes : signe de la baisse des effectifs universitaires.


Il y avait la cafète, zone fumeur aussi, avec quelques tables hautes et rondes, où les places assises étaient encore plus chères qu'à présent, et puis tout le mur du fond était rempli de distributeurs surmontés par des télés qui passaient MTV. Aujourd'hui elle a toute été refaite, toute propre, non fumeur. Elle a même été refaite deux fois depuis que j'y suis.


La BU aussi a été refaite. Avant elle ressemblait à un hall de gare, toute sombre, aujourd'hui elle ressemble à un aéroport, toute claire mais toujours aussi peu accueillante. Je n'y suis entrée qu'une fois depuis qu'elle a changé.


L'amphi principal, jusqu'à il y a quelques années, était également d'époque. tables et fauteuils arrachés, néons rares, volets branlants, revêtements muraux à pleurer de tristesse. Mais les sièges étaient profonds et confortables ; petits certes, mais confortables. Tout cela a été changé en un amphi tout neuf aux couleurs pastels et aux chaises contraplaquées. Même là, le balcon a été fermé, réservé aujourd'hui aux cours de danse et aux expositions du personnel.


Il y a eu les grèves. Les AG, molles pendant toutes ces années, éternellement organisées par les mêmes étudiants, que l'on y voit toujours d'ailleurs..., et puis le brusque réveil de la conscience étudiante il y a deux ans. Aujourd'hui, pendant que j'y étais, 1300 étudiants ont décortiqué point par point la loi LRU tant décriée, puis proposé des actions et voté le blocage.


Il y a eu les cours séchés, les révisions de groupe organisées, tant et tant de copies d'examens, dont certaines perdues par les enseignants d'ailleurs, les fiches d'inscription aux unités d'enseignement qui se sont aussi appelées modules et autre chose, je ne me souviens plus, les plaquettes vendues dans les secrétariats pour une somme modique et à partir desquelles on devait constituer nos emplois du temps comme des cartes au trésor à coller bout à bout à partir d'indices savamment dispersés.


Il y a eu les cours que j'ai tant aimés. Quelques-uns que j'ai moins appréciés aussi, mais c'était assez rare finalement, et c'était plusse dû à un manque de connivence avec l'enseignant-e qu'à un manque d'intérêt pour le cours lui-même. Il y a eu la longue liste d'exemples de thématiques possibles de mémoires, à la fin de la licence, dont 80% me donnaient envie, mais il y a eu aussi la rencontre avec la syntaxe, dès la toute première année, et dont la passion ne m'a plus jamais quittée depuis.


Il y a eu les projections d'oeuvres dans les amphis noirs en cours d'histoire de l'art, les cours d'ethnologie le samedi matin où il fallait être sacrément motivé pour se lever, mes tous premiers cours d'informatique où j'ai découvert internet et puis tout le reste, les pièces de théâtre le soir, dont l'une de mes premières claques artistiques (on appelait ça "l'effet steack" : on était saisi tel le steack jeté dans la poêle chaude) avec une représentation de Visages d'Hubert Colas (j'espère que je ne dis pas de bêtise !) par une compagnie invitée dont j'ai oublié le nom, il y a peut-être 10 ans, et puis tout le reste, tout le reste, tout le reste.



Progressivement ce lieu est devenu mon lieu de travail, dans un autre sens. Je me suis mise à enseigner très tôt, et de plus en plus, et puis j'ai commencé à avoir un premier bureau (le meuble, pas la pièce !) de tous les jours, puis un autre, plus définitif, plus officiel. Mes enseignants sont devenus collègues, des visages inconnus mais tant croisés dans les couloirs sont devenus connaissances et même certains, amis. Des lieux jusqu'ici ignorés, les laboratoires, se sont ouverts à moi, et tout leur monde avec. J'ai appris un travail, plusieurs même à la fois, tant il faut de cordes à son arc pour être bien paré dans ce milieu.


J'ai appris les querelles de pouvoir aussi, les tensions internes, les légendes et puis les cadavres historiques cachés dans les placards (dont une fameuse histoire qui avait fait les grands titres à l'époque et dont un film a été tiré), et que les personnels actuels trainent encore docilement comme les dignes porteurs des casseroles de leurs aînés, rajoutant les leurs à l'occasion. J'ai appris pourquoi certain-e-s ne m'aimaient pas et que ça n'était pas dû à moi-même, mais à mon domaine, à mes directeurs, à mes idées, à cette vision du travail qui est d'année en année devenue la mienne.


Par là j'ai aussi appris à connaître l'extérieur : d'autres facs, d'autres personnes, d'autres modes d'enseignement et de recherche, d'autres conceptions du travail, d'autres idées directrices, d'autres éthiques, d'autres tensions interpersonnelles. Je n'ai rien trouvé d'aussi bien que ma fac.


J'en ai sans doute pris le pli. Ce vieux bâtiment post-soixante-huitard s'est inscrit en moi, à moitié écroulé, qui devrait depuis une dizaine d'années être fermé faute d'être aux normes de sécurité, avec tous ces recoins incroyables, ses morceaux de façade qui tombent usés par la rouille et ses filets qui tentent d'en limiter les dégâts potentiels et forment collection de chaises et autres objets du quotidien universitaire dont on se demande comment ils ont pu finir leur course à cet endroit, avec son fonctionnement de grosse machine aux dimensions qui n'ont plus rien d'humain, ses défauts et ses qualités, ses personnels tantôt merveilleux, tantôt insupportables mais c'est toujours tout un poème. Bientôt mon laboratoire disparaîtra lui aussi. Il est déménagé, on a besoin de la place, il part dans le centre-ville, pour des vieux bâtiments refaits à neuf (avec les moyens du bord... c'est-à-dire des bouts de ficelle et une infinité de temps et de dévotion de la part de ceux chargés d'attribuer ces quelques bouts de ficelle aux diverses priorités en jonglant entre contraintes légales et nécessités humaines).



J'ai rangé mes affaire dans 5 cartons, 4 que j'ai pris, 1 que j'ai laissé, rempli des copies de mes étudiants. Elles seront plus utiles là-bas que chez moi. J'ai ramené ma clé à la secrétaire, blagué sur le fait que ça n'est pas facile de se résoudre à le faire et que l'on a tendance à vouloir la conserver comme souvenir toujours, comme talisman parfois. Que peut-être on me la rendra bientôt - ponctué d'un clin d'oeil. J'ai été boire un café à la cafétéria des personnels sous les arbres du patio, en discutant de la réforme et en reaisant le monde de l'éthique universitaire avec un ami. On m'a demandé si je restais déjeuner : j'ai répondu oui, on a été dans notre cantine, le snack d'à côté. J'ai parcouru le couloir du 4e étage pour la dernière fois, rencontré encore quelques personnes, suis retournée boire un café avec elle, parlé beaucoup, déjà 15h. Suis retournée au parking récupérer ma voiture. J'ai quitté la fac qui m'a vue naître, vivre et grandir à ma vie d'adulte. J'ai quitté le laboratoire où j'ai tout appris. J'ai refermé une dernière fois toutes les portes, dit au revoir une dernière fois à tous les gens. Et je suis partie.


Demain, j'emmène tout ça dans mon nouveau labo. En sachant que je n'y resterai pas aussi longtemps cette fois, mais je m'y sentirai plus chez moi, même si ce n'est que pour un an, c'est mon nouveau labo, le mien à part entière.