vendredi 7 décembre 2007

Il y a jour, il y a un an, il y a une éternité

Tiens c'est drôle, je viens de regarder dans les archives parce que je ne me souvenais plus du tout ce que j'avais bien pu raconter à ce propos... et la raison pour laquelle je ne m'en souvenais pas, c'est parce que je n'avais simplement rien dit à ce propos.


L'an dernier, à cette date, je soutenais ma thèse. Alors, quelque part ça fait tout bizarre de m'en souvenir, que ça fasse déjà un an, c'est passé tellement vite. Et c'était une journée tellement importante, tellement joyeuse.



Ce dont je me souviens en quelques mots :


  • Le footing impératif du matin au réveil (brrrr) pour que je ne me laisse pas envahir par le stress

  • Mes vêtements : une jupe longue un peu chaude, un petit pull en laine vert (que je porte aujourd'hui...), mes bottes noires.

  • Ma bouteille d'eau où j'avais mis du Rescue et à laquelle je buvais régulièrement quelques petites gorgées

  • L'un de mes membres du jury qui avait une chemise orange sous un pull gris clair sans manches

  • Ma maman qui était là d'un coup alors que je n'ai plus le souvenir de quand est-ce qu'elle est arrivée

  • Les affiches avec les indications pour la soutenance que je suis allée scotcher dans les couloirs de la fac

  • Les cent pas avant le début, dans la salle des profs. Quelques sourires que je voyais qu'on me lançait

  • Quelques personnes chères que j'ai vues entrer dans la salle à ma grande surprise

  • Mon directeur qui, la veille, m'avait envoyé ses dernières recommandations, parmi lesquelles "ne fume pas trop : ça empêche de réfléchir". Alors j'avais veillé à le suivre scrupuleusement

  • Le début de ma présentation, où j'ai dirigé la télécommande vers l'écran sur le mur au lieu de vers ma machine pour passer au slide suivant, et la brusque sensation que j'étais vraiment très, très stressée. Mais contente

  • Les débuts des commentaires des membres du jury. Plein de sourires, plein de compliments, quelques remarques qui m'ont fait rire, quelques questions acides aussi (mais je m'y attendais)

  • Mon directeur qui, à un moment donné, m'a fait un signe pour que je me redresse sur ma chaise parce que je m'étais un peu trop affalée pendant les questions

  • Son accent quand il a pris la parole. Je ne me souviens plus du tout de ce qu'il a dit, mais je me souviens à quel point j'étais touchée, et que j'avais presque les larmes aux yeux

  • La pause au milieu de la soutenance, où mon directeur de maîtrise, linguiste de la vieille école que j'adore mais qui devient de plus en plus bourru, vient me voir et me dit, assez fort pour que ça s'entende : "Mais pourquoi vous avez choisi ce jury ? Enfin, ils comprennent rien ! C'est même pas des linguistes !"

  • L'attente pendant les délibérations. La descente pour fumer une cigarette avec un ami, puis la remontée (au bout de même pas 5mn parce que tout de même...) et les compliments magnifiques du directeur du département (qui finalement n'ont engagé que la bonne poire qui y a cru... mais bon, j'ose penser que sur le coup c'était sincère)

  • Le président du jury qui, parce qu'il me tutoie d'habitude mais voulait faire dans la grande pompe, a parlé de moi à la troisième personne pendant son speech

  • Ah, oui ! Sa tirade introductive sur "la saison des soutenances" fi novembre-début décembre à cause de la qualif' et que c'est tout de même un monde que la thèse ne suffise pas à rendre les docteurs aptes à concourir sur des postes d'enseignant-chercheur. Et qu'en plus on ne puisse le faire qu'une fois par an en décembre. Ça avait fait rire tout le monde

7 Commentaires :

Anonyme a dit...

Mirza, merci beaucoup pour ce témoignage. Je passe ma soutenance de thèse mercredi prochain. Alors de lire cela, ça me fait quelque chose. Je sais que ce sera un moment très fort.

Lise a dit...

Nostalgie ? amertume ? irréalité ? que ressens-tu à cette évocation ?

malie a dit...

Anne-Laure > Oui, c'est une journée magique. Tout le monde s'active autour de toi, toi tu ne calcules rien, la soutenance elle-même passe trop vite, c'est sans doute le jour où tu recevras le plus de compliments sur ton travail, et même le seul jour où tu pourras en parler vraiment !

Et puis c'est simplement génial. Moi ne tout cas, j'avais adoré. Vivement l'HDR ;-)

Lise > Nostalgie, oui bien sûr, j'en avais parlé un peu .
Amertume, non.
Irréalité, un petit peu, parce que ça passe tellement vite et que c'est un jour tellement spécial...

C'était également une journée importante parce que c'était le dernier jour de ma vie d'étudiante, - qui a été sacrément longue ! Parce que là, je recevais le plus haut diplôme possible, pas moyen de continuer, d'aller au-dessus, il fallait que je change. De vie, d'activité (j'entrais dans le monde du travail en plein, en vrai, entièrement), de rythme.

Et puis du bonheur, tout simplement. :-)

Anonyme a dit...

Ton récit est très émouvant. Tu sais, lorsqu'on a des enfants et qu'ils optent aussi pour ce type d'études longues… Le plaisir de te lire est double :)

Ce blog est vraiment à part pour moi. Merci Mirza de l'écrire tel quel.

malie a dit...

Obni > Merci à toi. Ça me touche beaucoup ce que tu écris là.

n-talo a dit...

les faits , rien que les faits mais l'émotion est encore bien perceptible

malie a dit...

N-talo > Je donne les faits parce que c'est vrai que rien qu'à les dire, ça me rappelle toutes mes émotions. Si je n'avais donné que les émotions, j'aurais eu l'impression de pouvoir parler d'autre chose...