vendredi 30 mai 2008

Le fil et le thé

Parfois, j'ai envie de.


D'enfiler l'immense vieux K-way de mon père qui n'est plus étanche depuis belle lurette, une paire de bottes de pluie que je n'ai pas mais dont j'avais regardé les prix (trop élevés) dans une jardinerie il y a quelques semaines, et d'aller marcher sous la pluie pour me remplir de ses effluves.


De trouver quelques cartons et d'y ranger tous les bibelots de la maison, comme je l'avais lu dans L'art de la simplicité.


De ré-ré-réorganiser le séjour encore une fois pour y faire un coin "création" avec un bureau, un ordi, la machine à coudre, les cahiers les crayons les pinceaux, et surtout des rangements (que je n'ai pas) (et de toute façon je n'ai pas la place de le faire).


D'aller acheter du tissu pour faire cette jupe dont j'ai trouvé le patron et que je pourrais sans trop de peine adapter à mes formes du moment. Du tissu de couleur vive, pas du beige ou du marron passe-partout. Et d'acheter du tissu aussi pour faire des rideaux à la tonnelle dehors. Et un nouveau hamac. Et réparer notre vieux transat dont il ne reste que le squelette. Mais je n'ai pas la voiture - et le seul tissu qu'on a en stock est pour refaire le canapé. Remarquez, je pourrais me lancer dans la réfection du canapé, je n'y avais même pas pensé ; sauf qu'on n'a pas de biais pour faire les bords.


De vendre tout ce qu'on a de superflu, de dénoncer notre bail, et de partir nous installer en Haute Provence. Vieux rêve qui donne le vertige...


D'être satisfaite de ce que j'ai. De fabriquer un cadeau pour mon mari, pour le lui offrir quand il rentrera du travail, quelque chose qui lui ferait vraiment plaisir. Je n'ai aucune espèce d'idée de quoi.


...


Finalement, je vais plutôt me faire la fin du thé et essayer de travailler un peu, de faire ce que l'on a convenu avec mon collègue qui est passé hier.

mardi 27 mai 2008

Sur le quai


Je me sens un peu comme la femme d'un marin qui partirait sur un baleinier pour les mois à venir alors que moi je reste là à le regarder partir sans bouger...


Ou alors comme quand j'étais plus jeune et que je préférais être derrière la scène que devant. Quand je passais tout le spectacle de l'école dans les coulisses parce que je préférais être derrière que sur le devant de la scène. Comme quand je refusais de monter un cheval qui gagnait les concours et que je me bornais à monter les vieilles carnes et les plus peureux, question d'être sûre de ne pas me retrouver sur le devant de la scène. Ou alors que si jamais je m'y retrouvais, je pourrais être certaine que c'était vraiment parce que les gens trouvaient que je valais quelque chose que je ne mettais pas en avant - que je m'évertuais à cacher, même. Et j'en suis toujours restée, du coup, à la grande question : est-ce que j'ai ce quelque chose et que je le cache, ou alors simplement est-ce que je ne l'ai pas et que c'est pour ça que je ne gagne pas ?


Tous les ans je me trouve avec de nouveaux copains de galère, à la recherche d'un poste. Et tous les ans je les vois trouver un poste. Et pas moi. Ensuite on peut dire tout ce qu'on veut, on peut rester conscient du fait que c'est un grand tirage au sort qui nous dépasse très largement nous, les candidats, il n'empêche que ça fait un sacré pincement au coeur.


Ça ne m'empêche pas du tout d'être très contente pour les bonnes nouvelles que je reçois. Pour celle que je viens de recevoir, en l'occurrence. Vraiment, ça me remplit de joie et le sujet de cette bonne nouvelle peut être fier de lui, il l'a bien mérité. Et moi, je suis fière de lui, même si je n'ai rien à voir avec sa réussite.


Est-ce que les souvenirs cités plus haut, et ce que je vis aujourd'hui, a un quelconque rapport en réalité ? Ou bien est-ce que c'est moi qui les relie, peut-être là aussi pour me conforter dans ce "si je ne brille pas c'est uniquement parce que je ne le cherche pas" ? Et si je ne le cherche pas, finalement, c'est parce que je ne veux pas risquer d'apprendre que je ne pourrais pas briller si j'essayais ?


Et puis pourquoi est-ce que je ressens ça, alors que finalement je ne suis pas si mécontente que ça d'être là où je suis, de faire ce que je fais ? Ça, je le sais : c'est parce que c'est bigrement difficile de mettre de côté ce satané esprit de concours, d'il faut être le meilleur pour être respectable, d'il faut faire un parcours sans faute. Moi j'ai fauté, et j'en accumule et de plus belles. Je ne suis plus dans le peloton de tête comme je l'étais, ou comme je croyais l'être, ou comme on croyait que je l'étais. Je joue en 2e division. Pas de quoi motiver mon réseau de relations, ils auront désormais toujours mieux à faire, meilleur à soutenir.


J'ai très, très longtemps baigné dans cette ambiance de concours. Et j'ai du mal à me sortir de ça, du mal à percevoir les choses différemment. Même si je sais que c'est possible. Même si je sais que la réussite n'a rien à voir avec la qualité. D'un autre côté, rien ne permet jamais de quantifier la qualité, et c'est d'ailleurs pas plus mal.


(Et tout ça n'a rien à voir avec l'enfantement. L'un n'empêche pas l'autre, et l'un n'apporte pas de soulagement, de remplacement à l'autre, ce sont deux choses différentes.)


(Heu... et je ne dis pas ça non plus pour m'apitoyer sur mon sort, ni pour qu'on me dise "mais si, t'es douée...", "mais si, tu vas finir par trouver...", "ne perds pas espoir...", tout ça. Juste parce que c'est vrai. C'est tout.)

Mal goupillé

Ben mince alors, depuis tout à l'heure je réponds à mes commentaires en me disant qu'ensuite je vais aller faire un petit tour dehors pendant qu'il y a un rayon de soleil...
...même malgré le vent à décorner les boeufs qui s'est levé entre temps...
...et voilà que je viens de finir...
...et que ça vient de tout se couvrir. Non mais vraiment !

lundi 26 mai 2008

L'orage se dégage mais ce n'est pas encore le retour du beau temps

Ces dernières semaines j'ai écrit pas mal de billets mais ne les ai pas publiés, parce qu'ils étaient trop hurlants de désespoir. Et ce désespoir que je voyais dégouliner malgré moi de tous les mots que je tentais de poser ici, ce n'est qu'une partie de ce que je ressens en ce moment, alors je ne voulais pas qu'il prenne toute la partie émergée de l'iceberg. D'ailleurs que j'aie des sautes d'humeur assez importantes, que je joue à Jean-qui-rit / Jean-qui-pleure, rien de plus normal vu les événements du moment. Ce n'est pas une raison pour en faire une généralité.


Ce matin je me suis réveillée en pensant à ça : l'autre jour, en commentaire d'un billet de Kalai Elpides, j'avais lu la chose suivante :


Toutes ces "révélations" ne vous interrogent-elles pas? Avez vous réellement envie de vous corrompre dans une Université? Voulez vous gâcher votre talent en vous corrompant dans une institution pourrie, en perdant votre éthique? N'avez vous d'autres choix? L'université n'est elle faite que pour se reproduire, elle et les privilèges de ceux qui la servent? Voulez vous plonger vos (futurs éventuels) étudiants dans le désarroi dans lequel vous êtes ou leur offrir un non avenir, les envoyer à l'abattoir? N'avez vous pas envie de lutter contre les dérives que vous dénoncez (de l'intérieur, vous ne pourrez jamais rien faire d'autre que de baissez votre culotte contre votre volonté).
Vous êtes encore intègre, vous avez du talent, beaucoup de gens vous aiment actuellement pour ce que vous êtes encore...
Faite le bon choix s'il vous plait, ne brisez pas nos coeurs en vous faisant acheter par une rente indue...

(original)

Autant dire qu'à quelques jour de mes auditions, dans cette période où tout est sans cesse remis en question et surtout les bases de toute ma vie, ça m'a fait pas mal cogiter. J'ai tâché de me poser la question, A quoi bon ?, en toute objectivité - ce qui, bien entendu, n'est guère possible à ce moment-là... mais j'ai essayé tout de même. Et ce matin, il m'est venu deux réponses :


  • D'une part, que si je veux faire ce métier, ce n'est pas pour le plaisir des concours de recrutement, mais c'est pour tout le reste. Enseigner, faire de la recherche, participer à des projets, se remettre sans cesse en question dans ce qu'on fait et pourquoi on le fait. Ça, ça ne nécessite pas de baisser sa culotte - du moins, pas tout le temps. Et c'est quelque chose que j'aime faire.

  • D'autre part, que de toute façon, il me semble évident que croire qu'il en serait différemment ailleurs serait se mettre profondément le doigt dans l'oeil. On ne va pas me faire croire que les recrutements sont plus justes dans le privé.


Cela étant dit, je ne sais pas si je continuerai la course pour autant. Parce que je suis fatiguée de tout ça, parce que pour l'instant je ressens que ça fait deux ans que je m'ennuie dans mon travail, que je ne m'amuse plus autant qu'avant, que je ne fais plus ça que dans la perspective d'améliorer mon CV pour un éventuel recrutement, et que ce n'est pas comme ça que j'arrive à faire de bonnes choses, c'est-à-dire des choses qui me satisfont, qui me rendent heureuse d'exercer mon métier. Et parce que pour l'instant en tout cas, je n'ai plus la niaque. Je n'ai pas envie de re-re-refaire mon CV une nouvelle fois l'an prochain, de devoir repasser autant de temps à réfléchir à comment mettre au mieux en avant ce qui fait de moi une candidate à retenir. Tout ça m'ennuie, d'autant plus que dans ce milieu, l'activité de candidature occupe environ 5 mois de travail non stop, c'est beaucoup trop, c'est usant (surtout quand les résultats ne sont pas au rendez-vous, et encore plus quand ça n'a pas grand rapport avec notre dossier).


Et puis dans ces moments on voit, on entend tellement de choses dégoûtantes. Je n'en citerai pas, il y en a tellement déjà qui sont racontées au le web, ce serait inutile d'en rajouter, juste que l'on n'entend quasiment jamais parler d'un concours qui se serait bien passé, en respectant les règles du jeu, sans que les résultats soient connus d'avance ou bien qu'il y ait un subit Deus ex machina qui vienne chambouler un classement honnête pour des raisons tout à fait extérieures au fait présent. Je voudrais qu'un jour on m'annonce que je suis auditionnée dans telle fac et que l'on me donne dans le même temps la liste des autres auditionnés et la composition de la commission de spécialistes (et même la date à laquelle ils statueront) ; et je voudrais qu'après le concours on puisse me dire ce qui a été dit à propos de ma candidature, que l'on puisse me faire un rapport honnête et complet des points forts et faibles qui ont fait que j'ai été classée ou non, et que l'on me donne la liste des classés. Ça ne me paraît pas trop en demander... mais pourtant, pour l'instant, il semble que ça le soit. Et je ne voudrais pas entendre parler des dossiers passés à l'as pour de mauvaises raisons, des petites cuisines internes, des injustices criantes sous toutes leurs formes, et surtout pas du résignement crasse des membres des commissions de spécialistes qui déplorent tout cela et pourtant en font bel et bien partie, en jouent le jeu, ne remuent dans les brancards que dans les couloirs, ou devant les candidats, ou dans des blogs ou des articles de journaux, espérant se donner je ne sais quelle bonne consicence.


S'il y avait une chose à modifier immédiatement pour sauver l'enseignement supérieur et la recherche, ce serait le mode de recrutement. Certainement pas dans le sens de la réforme qui nous pend au nez, non. Mais ne serait-ce qu'en obligeant les recruteurs, puisqu'ils ne semblent pas le comprendre d'eux-mêmes, que c'est non seulement la carrière des gens qu'ils ont en face d'eux mais aussi l'avenir de la construction et de la diffusion des savoirs en France qu'ils mettent en jeu dans leurs petites tractations de couloir. Que quand on auditionne 5 ou 6 candidats on peut se permettre de consacrer 5 minutes par personne à la sortie de la commission pour leur donner les résultats, même par email si l'on ne veut pas (risquer de ?) le faire par téléphone, même le lendemain si l'on ne peut pas le faire le soir même, même déléguer cette lourde tâche si l'on a prévu de partir en week-end dès la fin de la journée. On peut le faire, on peut deviner que c'est important pour les candidats qui ont dépensé de l'argent, du temps et de l'énergie et plein de volonté pour venir présenter leurs travaux, et leur motivation sans cesse remise en question. On peut devnir que ce petit geste qui ne coûte pas grand-chose ferale plus grand bien à ceux qui galèrent de l'autre côté du miroir, pendant que les titulaires se gargarisent de crachats dans la soupe - qu'ils finissent par avaler, comme tout le monde, même s'ils font la grimace, du moment que ça ne met pas leur poste, leurs facilités, leurs acquis en danger.


(Oui, il y en a qui se bougent vraiment, qui osent risquer de se mettre eux-mêmes dans une situation inconfortable pour faire changer cela. Mais honnêtement, il y en a combien ? J'en connais un, en tout et pour tout. Et il a dû tout faire tout seul parce qu'il ne trouvait personne pour l'épauler, même au niveau national.)


Mhhh, j'avais dit que je ne voulais pas paraître désespérée... :-/


Mais c'est parce que le centre de ce billet, c'est que j'ai retrouvé ce pourquoi je voulais faire ce travail. Je ne l'éprouve plus en ce moment, mais je sais de quoi il s'agit malgré tout. C'est déjà ça.



...A part ça, l'orage de hier / ce matin s'est très lentement dissipé, a laissé place à une tentative de rayon de soleil vers 11h30, puis à un grand souffle de mistral depuis une demi-heure. Qui n'a même pas la force de pousser les nuages, on dirait... dites, c'est quand le printemps ?

jeudi 22 mai 2008

Epistolarité et images à venir

Je ne sais pas pourquoi, mes emails sont toujours trop longs. Je fais ce que je peux, mais j'écris toujours beaucoup. Serait-ce que parce que j'ai toujours beaucoup à raconter ? Ou que je ne sais pas le faire sans détails ?


Sinon, j'ai plein de photos à mettre en ligne ici, mais je n'ai pas le temps encore. Peut-être ce week-end.

mardi 20 mai 2008

Un peu de bien

Merci à tout le monde pour tous les gentils petits mots de ces derniers jours (semaines !). Je n'ai pas pris le temps de répondre mais j'ai tout lu au fur et à mesure, et ça m'a beaucoup touchée.


Oui, les nouvelles sont bonnes. D'abord, l'épisode précédent avait été causé par le stress professionnel, donc depuis je m'efforce vraiment d'apprendre à le gérer, à le laisser passer sur moi sans y laisser de trace, parce qu'à présent l'enjeu ne concerne pas que moi (qui m'en remettrais), mais aussi bon bout de chou en construction (pour qui ça serait moins sûr). C'est loin d'être gagné mais je fais tout mon possible, j'y consacre toute mon énergie.


Et le bout de chou en question, on a enfin pu faire sa connaissance de visu il y a une semaine. Ça sera un petit mec (ce qui signifie que ce test a donc fait erreur). Un parfait petit gaillard avec tous ses membres et tous ses organes, et apparemment très vif puisque depuis un moment maintenant il bouge tellement que non seulement je le sens très clairement mais mon mari aussi le sent, et on peut même le voir quand il tape vers la surface de mon ventre. On a une image de l'écho où il attrappe son pied avec sa main, un grand classique mais c'est tellement émouvant quand c'est le nôtre à soi qu'on voit faire ça.


Et non seulement il bouge, mais apparemment il réagit même à nos sollicitations : quand on fait une légère pression des doigts sur mon ventre il répond d'un petit coup au même endroit. Je me demande d'ailleurs comment ça fonctionne parce que, quand bien même il aurait un embryon de conscience (ce dont on ne sait rien, finalement), il ne peut avoir aucune conscience de l'existence d'un au-delà de ce monde monoplace dans lequel il est plongé, et encore moins d'un autre qui existerait dans cet au-delà, alors je me demande bien pourquoi il réagit, est-ce qu'il conçoit ça comme un stimulus et si oui de quel ordre, si ça l'amuse, si c'est un réflexe, si c'est une défense, ou tout autre chose ou bien tout à la fois.


Un étrange moment que cette échographie. Je sais bien que le job de ce spécialiste-là est de détecter toutes les malformations possibles et qu'il est donc focalisé là-dessus, mais quand c'en est au point de passer à côté de toute l'émotion que vivent les futurs parents au même moment, grâce à ce qu'il est en train de faire, je trouve ça vraiment dommage. Je sais bien qu'on ne l'a vu qu'une vingtaine de minutes, mais ce type qui était là à nous réciter qu'il pouvait y avoir plus de 500 malformations rien que pour le coeur du foetus, je suis sûre qu'il serait vachement plus profondément heureux s'il profitait ne serait-ce qu'un tout petit peu de la joie que son métier peut procurer aux gens, aussi, même en restant conscient que ce n'est pas ça le centre de sa tâche.


A part ça j'ai un mal de dos de tous les diables, ça, ça ne s'arrange pas. J'attendais avec impatience le 19 mai pour que la piscine du village d'à côté ouvre enfin ses portes pour la saison, mais il fait un tel temps de chien que je ne suis même pas allée voir si elle avait bel et bien ouvert, finalement. Mais j'ai hâte, je sens bien que ça me fera un bien fou.


En attendant, j'ai repris les balades, ce qui est bien agréable (et c'est fou toutes les orchidées que je n'avais pas vues autour de la maison, il y en a partout de plein de sortes) mais je commence à tourner un peu en rond. Heureusement que je peux reconduire sans crainte, maintenant que l'on a vérifié que tout allait bien, je vais pouvoir élargir un peu mon champ de marche. Mais ce n'est pas pour tout de suite.


Pour l'instant j'ai d'autres choses à faire, inattendues et professionnelles, qui m'obligent à me remettre à travailler pour les jours à venir, mais qui peuvent en valoir la chandelle... Ou bien non, on verra bien. Je pense que je garderai donc encore un silence quasi-complet pendant quelques temps, parce que j'ai la tête à trop de choses à la fois, et que je ne suis pas souvent d'humeur à venir écrire ici. Soit parce que je suis trop triste (j'ai de sacrées sautes d'humeur), soit parce que je suis trop occupée faire autre chose. Mais ça reviendra.

vendredi 9 mai 2008

Un peu de mal

Une bonne frayeur ces derniers jours. Ce week-end on a un peu baroudé, invités par ci par là, lundi et mardi j'ai fait mes 3h de trajet quotidien pour aller travailler, et puis mardi soir on est sortis avec un ami, on a bu un coup et dîné au restau... je ne sais pas très précisément ce qui a le plus joué là-dedans, mais le lendemain j'avais mal à l'utérus. Comme j'étais crevée, j'ai passé presque toute la journée à dormir, et puis en fin de journée, comme les douleurs ne passaient toujours pas, je suis allée marcher un peu. Ça s'est soulagé. Et puis c'est revenu pendant le trajet en voiture qui nous amenait chez nos amis, où l'on était invités le soir. En en discutant avec mon mari, il m'a conseillé de téléphoner à la sage-femme au cas où.


Et là, catastrophe : d'après ce que je lui raconte elle m'explique que ce sont des contractions, que ce n'est pas forcément grave mais que par contre c'est très sérieux, qu'il faut que je prenne du Spasfon et que je me coule un bain. Ne pouvant pas le faire puisque je ne suis pas chez moi, elle me conseille de passer à l'hôpital de la ville, qu'ils vérifieront ce qu'il se passe, et qu'au pire ils me garderont 48h sous perfusion de Spasfon. Panique, on file à l'hosto, je commence à être sérieusement terrorisée, je m'en veux à mort de ne pas avoir su détecter ça. Et pour couronner le tout à l'hôpital c'est du grand n'importe quoi. Les urgences maternité sont vides, alors on va jusqu'aux aux urgences normales, qui nous disent d'y retourner et de sonner à la porte. On sonne, on nous indique d'aller sur notre gauche (alors que dans l'entrée les urgences mat' sont indiquées à droite... à gauche c'est les urgences pédiatrie...), on entre dans la maternité (comme dans un moulin, on croise deux mecs un peu louches de je ne sais quel service qui se baladent alors qu'on passe devant des salles avec des couveuses...), on tombe sur une infirmière et on lui explique, elle nous répond que non non, il faut aller au service gynéco (c'est d'une logique imparable, bien sûr). On y va, on tombe sur une infirmière, qui nous explique tant bien que mal où est la salle des urgences gynéco, et nous annonce que l'obstétricien n'est pas disponible pour le moment parce qu'il en train de faire une césarienne... Bon. On va attendre devant la salle en question (franchement bien cachée), on attend on attend, toujours rien, j'angoisse à mort, ce qui n'arrange rien, je ne sais pas si je dois rester assise ou debout, je me sens toute contractée, je me retiens de pleurer tant bien que mal. Au bout d'un moment la dernière infirmière passe, nous voit et nous demande "Ben ? Il est toujours pas revenu ??
- Non.
- (...)
- Y'aurait pas moyen de voir quelqu'un d'autre ?
- Ben... qui donc ?
- Je sais pas moi, une sage femme par exemple.
- (l'air étonné) Ah non alors, les sages-femmes ne font pas ça !"

Bon bon. Je n'en peux plus, mon mari non plus, il sort rappeler à la sage-femme pour savoir ce qu'on doit faire, si l'on n'a pas une autre option que de rester là comme des cons dans cet endroit où je n'ai confiance en personne, je les vois déjà me faire toutes sortes d'examens inutiles et dangereux pour le bébé en me déclarant que c'est obligatoire, et finir par m'annoncer qu'on doit m'accoucher que ça sera mieux, et moi je n'ai pas confiance, je n'ai pas confiance, je veux rentrer à la maison, je repense au fait qu'initialement la SF m'avait juste dit de me plonger dans un bain, je veux rentrer chez moi et prendre un bain, et dormir contre mon chéri, à la maison, au calme, tranquilement, me reposer chez moi. La SF, apprenant que l'on n'a toujours pas été pris en charge est outrée, et nous conseille effectivement, si je me sens de rentrer (évidemment que je me sens ! Tout sauf continuer à attendre dans cet endroit infâme !), de le faire. Puis de me reposer absolument pendant 48h, sous Spasfon régulièrement, sans rien faire.


J'ai donc passé deux jours de repos complet, allongée à ne rien pouvoir faire de plus que me lever régulièrement pour aller faire pipi... parce que le bougre ne m'appuie pas moins sur la vessie pour autant. Hier les douleurs ont commencé à se calmer... pour être remplacées par des courbatures (ben oui, 48h à être contractés, les muscles, ça fait un sacré effort) et un mal de dos à m'empêcher de dormir. Et depuis cette nuit s'est ajouté à ça un mal aux fesses et aux épaules, qui deviennent elles-mêmes toutes tendues.


Je n'ose plus bouger, bien que j'aie moins mal, mais j'ai tellement peur que ça revienne. Je ne veux pas risquer d'accoucher maintenant, c'est vraiment beaucoup trop tôt ça serait l'horreur, mais en même temps c'est cette position couchée qui me fit si mal partout ailleurs, et puisle stress aussi, de ne pas sentir une réelle amélioration, que j'attendais plus rapide, plus franche. Là je n'ai plus vraiment mal (à part hier soir où j'ai eu une brève -mais intense- remontée), je crois que je n'ai plus de contractions (en tout cas rien de plus que les normales c'est-à-dire des légères de temps en temps), mais j'angoisse tellement que même les mouvements du bébé m'inquiètent, j'ai beau savoir que c'est lui ça me fait peur tout de même.


Et puis je voudrais que ça passe. Je ne veux pas non plus passer mes 5 prochains mois couchée, c'est l'horreur. Quand j'y pense, je sens bien à quels moments j'ai abusé, à quels moments je me suis forcée alors que je n'aurais pas dû, mais je n'ai tellement pas l'habitude que je ne m'en rends pas comtpe sur le coup. Déjà, je n'aurais pas dû faire tous ces kilomètres. Mais ça serait resté calme, je crois, si je n'avais pas reçu mardi une mauvaise nouvelle professionnelle. Une nouvelle qui m'a mis le moral complètement à zéro, qui m'a vraiment dégoûtée de continuer, qui m'a ôté tout espoir de trouver un travail pour l'an prochain. Et moi, parce que j'étais bloquée sur mon lieu de travail jusqu'au soir et parce que je ne voulais pas sombrer en larmes devant tout le monde (ni entendre des "Mais noooon... c'est pas si graaaave..."), j'ai pris sur moi. Même le soir j'ai dû en faire autant, parce qu'à peine rentrée du boulot on avait rendez-vous avec un ami et qu'on a passé la soirée à discuter de plein de choses passionnantes, mais pendant ce temps l'angoisse me dévorait de l'intérieur sans que je puisse l'extérioriser pour ne pas qu'elle s'installe. Ben c'était une belle connerie, puisque ça m'a tellement stressée, tellement tendue intérieurement, qu'évidemment cette tension s'est reportée sur l'utérus et les contractions ont commencé.


Et à présent je ne sais pas trop quoi faire pour bloquer ça. Relativiser ? Je veux bien, je ne demande que ça même, mais ce n'est vraiment pas simple de n'avoir absolument aucune idée de ce que pourra bien être ma vie d'ici à quelques mois. La seule chose dont je reste sûre, c'est mon mari, et c'est déjà pas si mal (en tout cas j'espère, parce que sinon...). A part ça, non seulement ma vie ma totalement changer parce que je vais être maman (enfin... si je ne gâche pas tout avec mon stress d'ici là), mais en plus je ne sais pas ce que je ferai ni où je serai. C'est vraiment pas facile de ne pas pouvoir du tout me projeter, de ne pas avoir la moindre idée, juste petit à petit de barrer des possibles, et qu'il en reste de moins en moins dans la liste, à part la dernière ligne : "Autre".


Ce matin je me disais que j'allais tenter de faire un billet positif avec tout ça. Ben c'est pas facile. C'est d'ailleurs sans trop de doutes pour ça que je ne suis toujours pas remise sur pieds. Il faut que j'accepte ça et que j'arrête de me cramponner à... à je ne sais quoi, à tout ce qui me retient. C'était quoi qui était mieux dans ma situation de l'an dernier par rapport à celle de cette année, hein ? Qu'est-ce que je pourrais bien regretter ? On se l'demande.


Pour fêter ça, je ferais volontiers ma petite sieste de 10h30... sauf que j'ai trop mal au dos :-/