samedi 22 juillet 2017

Encore un tour de manège

Avant, il me suffisait d'ouvrir cette page "nouvel article" pour que les mots coulent tout seuls.
Mais ça, c'était avant.
Aujourd'hui c'est comme si je devais courir juste après avoir traversé un champs plein de boue et que j'avais des tonnes d'argile collées sous les godasses, comme s'il n'y avait plus de connexion entre ma tête et mes mains... ou entre mon coeur et mes mains, plutôt.
Aujourd'hui, comme avant, j'ai toujours cette envie d'écrire ici qui ne m'a jamais quittée tout ce temps. Mais je n'ai plus pu ; sur les derniers articles j'avais le sentiment de ne plus rien avoir à écrire, de ne parler que de futilités, de sujets qui n'avaient pas leur place ici.

Ça fait deux ou trois nuits que je me rends compte que l'un des facteurs de mes insomnies récurrentes, c'est le simple fait de dormir chez moi. Pas simple à solutionner, ça ; vers les 4h du matin je me suis demandé si je dormirais mieux en plantant la tente dans la forêt à côté... mais sans doute pas. Parce que ce n'est pas le lieu qui compte, c'est ce qu'on y fait. Et c'est bien ce que je fais chez moi (ce que je dois faire, ce que je n'ai pas le temps de faire, ce que je devrais arriver à faire, ce que je m'en veux de ne pas faire, ce que j'ai oublié de faire) qui me réveille la nuit. Présentement je ferais mieux de, au choix, faire mes comptes, ranger la cuisine qui en a grand besoin, réaffuter ma faux pour pouvoir me remettre à faucher la prairie qui m'attend, enfiler un pantalon et descendre voir les chevaux au petit matin, finir une à une toutes les choses urgentes en retard sur ma to-do list professionnelle, écrire un article vachement intelligent pour le boulot, préparer mon futur nouveau diaporama,... voire, soyons fous, retourner me coucher.
Mais non, je suis là. À boire du café depuis 4h du mat' et à fumer des clopes en me fustigeant d'avoir repris et de ne plus arrêter. À lire des files de commentaires-fleuves totalement inintéressants sur Facebook en me demandant comment diable des gens peuvent se dire "Tiens je vais écrire ça, ça va être vachement bien". À repenser à une amie-blogueuse d'ici à qui je pense souvent (je ne dirai pas qui ^^). À ouvrir/fermer la porte de la cuisine pour faire entrer/sortir les chats. À regarder le jour se lever ; premier matin depuis notre retour où l'on voit les rayons du soleil. À sortir l'écouter aussi, ce jour qui se lève : chiens qui aboient au loin, oiseaux qui s'appellent, (...chats qui grattent à la porte...,) le calme avant la tempête des cigales qui couvre tout.

J'ai relu quelques posts ici, et je me dis que décidément, on ne change pas. Impression de refaire indéfiniment le même tour de manège. J'ai eu beau changer tout le contexte, me donner l'impression de tout recommencer sur des bases plus saines et que ma vie maintenant était si différente, les questions de fond restent et je n'ai guère avancé sur mon propre chemin. J'ai sans doute fui encore une fois, manifestement, tout en oubliant consciencieusement les quelques éclairs de compréhension que j'avais pu avoir. Ah ! C'est sans doute pour ça qu'encore une fois je sens que tout doit changer, que tout va changer. Et je suis là à me débattre dans un courant sur lequel je n'ai par essence aucune prise, et ma lutte m'épuise et ne fait que m'empêcher de voir ce que je devrais faire, de me voir moi-même là-dedans, tout simplement. J'ai pourtant bien expérimenté le total lâcher-prise il n'y a pas si longtemps, quand les événements étaient trop pour que je puisse "faire face", et j'avais bien vu que c'était la seule solution pour tenir, pour rester debout. Mais le geste n'est pas acquis pour autant. Je cherche parce que j'ai envie de trouver, je n'ai pas le courage d'attendre que ça se présente alors que je sais que ça se présentera dès que j'arrêterai de chercher. Encore un tour de manège, donc. Je voudrais pouvoir prendre du recul sur ma propre vie et regarder tout ça de plus loin, voir ce qui s'en dégage.

Ah, quand-même, une chose que je retrouve avec plaisir, c'est ça et là les mots d'amour que j'exprime pour mon homme.