jeudi 28 mai 2009

De jolies choses aussi

Parce que la vie ne s'arrête pas .



Ophrys fuciflora (je crois !), Lac de Sainte Croix, avril 2009.

Il y a eu le retour du soleil, quelques apéros de fin d'après-midi entre amis, la tendre présence quotidienne de mes voisins, de nouvelles amours équines si touchantes, l'amour de mon mari au travers des tempêtes qui nous tansent, la musique, le potager qui n'en finit plus de pousser, des sourires, des fleurs, les incroyables senteurs du printemps.

Protégez-moi de mes amis

Tu dis ça, mais tu ne tiendras jamais, ça va trop te manquer.
Et puis tu ferais quoi, hein ?
Mais non, faut pas lâcher, va y avoir plein de postes dans les années qui viennent.
Tu sais, Machin, il a eu son poste au bout de 4/5/6 ans...
Si tu lâches maintenant, tu es bien consciente que ça sera ex-trê-me-ment difficile de revenir dans la course ensuite, tu le sais, hein tu le sais ?
Non, c'est pas ça qu'il faut faire ; ce qu'il te faut, c'est des publis.
Et un postdoc à l'étranger. Y'avait Truc qui te proposait quelque chose, c'est une super fac, qu'est-ce que tu attends ?
T'aurais dû déménager, ça a été ta première erreur.
C'est sûr que si tu le prends comme ça, je veux / je veux pas, tu y arriveras jamais... il faut savoir ce que tu veux !
Mais non c'est pas si dur ! C'est juste qu'il y a beaucoup de bons candidats, c'est tout.
Et puis on sait jamais, regarde Bidule, elle a été recrutée alors que personne ne l'aurait imaginé.
On passe tous par des moments difficiles, mais ça va passer, faut garder courage.
Et puis regarde, tu enchaînes les postdocs, c'est tout de même super. Y'en a qui n'ont pas cette chance.
Et pourquoi tu tenterais pas le privé ?

...


Mes ennemis, je m'en occupe. Mais ça !

mercredi 27 mai 2009

Ce qui ne nous tue pas, etc.

J'aurais voulu titrer "Une nouvelle vie s'ouvre", et même que, d'une certaine façon, je pourrais le faire. Mais ce n'est pas exactement ce que j'attendais. Ce que mon orgeuil attendait en tout cas. Ce que mon naïf espoir dans les contes de fées où le héros gagne à la fin, attendait.


Campagne de recrutement enfin terminée. La troisième. Toujours rien. Et j'y ai cru encore cette année, j'ai cru en lisant certains descriptifs de postes que je saurais être la bonne dans 2, peut-être 3 cas. On ne m'a laissé ma chance que dans un seul, qui s'est finalement conclu un peu comme les autres, par une déception, toujours un peu la même, toujours pour ces mêmes raisons que la majeure partie des jeunes docteurs en recherche de poste connaissent, ce qui fait que l'on devient usé avant l'âge, blessé, vaincu, amer, blasé, haineux parfois. Pour des raisons qui n'ont rien à voir avec le travail.


Alors en l'espace de quelques heures, je suis passée de la colère (envie de claquer la porte de mon labo — qui n'avait pas grand-chose à voir avec la situation — en hurlant ma rage), au fatalisme (j'aurais pas dû y croire, je sais trop bien comment ça fonctionne, ben si c'est comme ça j'arrête, puisque je n'arriverai jamais à être la personne arrivant dans les conditions — politiques, disons — requises), puis au désespoir (j'ai gâché ma vie jusqu'ici, j'ai consacré 30 ans à constuire quelque chose qui est sans espoir, comment est-ce que ja vais bien pouvoir réussir ma vie à présent, je suis foutue), et finalement à la simple tristesse (je suis dégoûtée, donc j'arrête, je prends le temps de me reconstruire, je prends du recul, et puis si jamais un jour j'ai envie de tenter le coup à nouveau on verra bien, mais pour l'avenir immédiat c'est fini).


Tristesse de devoir abandonner quelque chose qui me tient à coeur, depuis longtemps, quelque chose dans laquelle j'ai beaucoup investi. Mais c'est un peu comme dans Les invasions barbares, quand la junkie constate que tout ce que le héros aime dans la vie ce sont des choses dont il ne peut plus jouir à présent, et que donc cette vie-là qu'il aime, est révolue : ce n'est pas ce que j'ai fait ces dernières années qui m'a plu, c'est ce que je faisais avant. Depuis que j'ai commencé à faire des choses contre lesquelles je m'élevais au départ (faire des contrats courts, écouter les autres qui me disaient qu'il fallait être mobile), je me suis usée. J'y ai perdu mon temps, mon énergie, mon entrain, mes capacités à m'investir (comment faire des choses constructives quand on est là pour un an et qu'il faut ce temps-là au moins pour prendre ses marques quelque part, pour s'imprégner du lieu et de ses us ?), ma volonté, mon imagniation et mes idées.


Fatigue d'entendre qu'il faut être mobile, sortant de la bouche de maîtres de conférence qui se recrutent en local sur les postes de profs (...et où ils avaient déjà été recrutés localement en MCF). Fatigue de l'entendre encore et toujours, même alors qu'on l'est depuis 3 ans. Fatigue de constater que ça ne sert à rien puisque de toute façon, un énorme dossier ne sert, au mieux, qu'à passer derrière des candidats à qui l'on ne demande ni d'être extérieur, ni d'être mobile, ni même d'être forcément meilleur. Au pire, ça sert à être écarté d'un concours pour éviter la concurrence.


Alors j'ai pleuré, pleuré, souvent depuis 36 heures, pour diverses raisons.


Ça fait tellement bizarre de penser que ça y est, j'y suis, le moment est arrivé de passer à autre chose. Et puis ça ne se fait pas vraiment comme je l'avais pensé, puisque j'ai devant moi quelques mois de bonheur scientifique en perspective, quelque chose d'inattendu mais qui tombe à pic, de quoi finir en apothéose (et sans la pression des concours, cette fois), de quoi retrouver mes plaisirs initiaux à ce métier juste avant de le mettre de côté.


C'est à la fois très chouette et effrayant.

jeudi 21 mai 2009

Deux secondes

Je prends à peine le temps de laisser une petite trace.


De nouvelles choses qui se préparent, et la préparation m'occupe quasi continuement. Le reste du temps, je prends un peu l'air, le soleil qui commence enfin à chauffer un peu, je regarde le jardin pousser, et le potager, je fais quelques photos d'orchidées (mais je n'ai même pas le temps de les mettre ici pour l'instant, pourtant j'en ai des nouvelles, j'ai hâte !), je m'évade dans le Verdon dès que j'ai une demi-journée de libre (...dès que je m'impose une demi-journée, plus exactement).


Tout cela est très chouette, quoique épuisant pour l'instant, mais d'ici quelques semaines ça devrait devenir moins prenant. Mais pas moins intensif !

samedi 2 mai 2009

Toujours en retard !

Je ne compte plus les jours de retard que j'ai pris ;
j'y ai pensé, souvent, très souvent, dans le train, sous la douche, en sursaut en pleine nuit, le matin au réveil alors que je sais qu'il n'est pas encore debout,... toujours à des moments où je ne pouvais pas le faire ;
j'y ai pensé la veille, j'y ai pensé le lendemain, le surlendemain et encore depuis.


Mais je n'y ai pas pensé le jour J.


En même temps, c'est comme ça tous les ans depuis qu'on se connaît, je crois qu'il en a pris l'habitude... et j'en suis tellement désolée.


Pourtant, lui, il a toujours su être présent, malgré la géographie. Ça ne fait pas si longtemps que ça qu'on se connaît quand on y pense, et pourtant j'ai souvent l'impresssion qu'on est des amis d'enfance tellement je me sens bien face à lui. J'aime sa façon de voir les choses, de dire, de faire, sa présence au monde. J'aime l'écouter parler de ce qu'il aime, j'aime discuter avec lui de ce que l'on n'aime pas, j'aime l'entendre expliquer ce en quoi il croit (même lorsqu'on n'est pas d'accord !). J'aime quand il téléphone et qu'on reste une heure à papoter, j'aime quand on s'échange des petites suites d'emails dans la journée, j'aime quand il m'explique tout simplement une recette de patisserie extraordinaire, j'aime quand il me fait écouter de la musique que je ne connais pas. J'adore quand il se met à chanter, n'importe quand, n'importe où.


Il y a un jour, un instant dont je me souviens particulièrement. On rentrait d'une conférence, on prenait le RER qui nous ménerait vers la gare, il faisait soleil et je n'avais quasiment pas dormi. Il a commencé quelques mots d'une chanson Mathieu Boogaerts, et on a chanté, affalés sur le quai sur nos sacs de voyage. C'était juste un instant parfait.


Parce que j'ai comme toujours râté la bonne date, je veux lui souhaiter aujourd'hui malgré tout un heureux anniversaire, de tout mon coeur.