mardi 25 septembre 2012

J'ai vu

Des fermes immenses utilisées à même plus 10%
Des terrains agricoles abandonnés
Des villas très chic dans de grandes pinèdes
Un monsieur marchant au bord de la route, en serviette de plage, crâne rasé, sac de supermarché à la main
Un cabanon en pierres qui ne sert plus à personne
Des érables roussis
Des pistachiers violets
Un gros faisan qui a décollé juste sous mon nez
En roulant sur une petite route entre Rognes et Lambesc.

vendredi 14 septembre 2012

Le poor lonesome grammairien

Au lieu de me reposer pendant l'heure de la sieste je me prends à rêver... je rêve que je finis ma grammaire. Tiens, c'est drôle ça alors. Je ne sais plus en quels termes j'avais parlé de ça ici, déjà, et ce que j'avais tu, mais voilà.

Écrire une grammaire, c'est vraiment un travail solitaire. Quelque chose que l'on poursuit envers et contre tout. Quelque chose qui fait de soi un incompris. Quand j'y réfléchis, aujourd'hui... je commence un peu à comprendre pourquoi mon travail intéressait les gens, les intriguait, mais ça n'allait jamais jusqu'à me choisir moi, en premier, parmi les autres. Même parmi la communauté des "développeurs de grammaire" il y a tant d'incompréhension, aucun de nous ne travaille sur la même chose, aucun de nous n'est d'accord sur ce qu'est une grammaire finalement ! Combien de fois ai-je eu cette conversation, "Sur quoi tu travailles ?
— Je fais une grammaire.
— Une grammaire de quoi ?
— Du français.
— Oui mais une grammaire de quoi ?
— Ben, du français, oral, spontané, enfin je...
— Oui d'accord mais tu travailles sur quel phénomène ?
— Heu... un peu sur tout, je fais une grammaire, quoi.
[silence] Et toi tu bosses sur quoi ?
— Je fais une grammaire (au choix) [de la négation avec "guère" | de la conjonction "car" chez les non natifs francophones | de l'usage du mot "simplement" dans la littérature du XIXe siècle | de la coordination de plus de 3 éléments en français médiéval | etc.] — Ah oui, ok.
"

En somnolant, je me suis souvenue de quelques "développeurs de grammaire" qui faisaient un peu la même chose que moi. Chacun d'eux était un peu vu comme un solitaire, qui avait tout fait tout seul, qui avait dû apprendre à développer tous les aspects de son travail lui-même, incapable de trouver quelqu'un qui aurait pu le suivre. C'était leur caricature... et je crois que ça aurait pu devenir la mienne si j'avais continué, tiens.

Hé hé, je me voyais bien comme ça moi, en chercheure solitaire... ;-)

Et puis blague à part, j'aimerais vraiment finir ce que j'avais commencé dans ma thèse. L'avantage de repenser à tout cela comme ça, aujourd'hui, c'est que je me dis que je n'ai pas besoin des autres, de l'environnement, pour y arriver : que c'est toujours un travail solitaire. Donc peu importe que je baigne dans le milieu ou non.

Manque plus qu'à me fabriquer un petit temps rien que pour ça. Ce serait tellement chouette, j'aimais tellement ça.

jeudi 13 septembre 2012

Ma vie à moi

Quand j'ai repris ici je me suis dit (entre autres) "Allez, ça va te changer, tu ne vas pas parler QUE de ta fille tout le temps..." Oui, bon. Mais de quoi parler alors que ça fait 2 ans que je ne fais que ça ? Jour et nuit, 24 heures sur 24, tous les jours. Plus de métier, plus d'envies, plus de temps, de courage, de force, d'énergie... plus d'envie.

Au début c'était chouette. Pouvoir me consacrer à mon bébé autant que je le voulais. Pouvoir répondre à tous ses besoins sans jamais me demander comment gérer d'autres priorités en même temps. C'était toujours elle avant tout.

Puis, progressivement, c'est devenu elle à la place de tout. Chéri, tu fais à manger ou tu t'occupes de la petite ? Tu fais les courses ou tu t'occupes de la petite ? Ok, je m'occupe de la petite. Elle pleure ? Ok, passe-la moi, je m'en occupe. Elle se réveille la nuit ? Pas de problème, je la fais téter, elle va se rendormir. Elle a du mal à s'endormir ? Ok, je m'en occupe.
Je m'en occupe.
Je m'en occupe...

Je suis à un moment où j'hésite beaucoup entre penser qu'elle va se réguler elle-même et que spontanément, lorsqu'elle aura moins besoin de moi, elle me réclamera moins, et que l'accompagner autant que je le peux est la meilleure façon d'en faire une personne confiante, sûre d'elle, sereine ; ou alors penser qu'elle ne va pas d'elle-même décider d'arrêter de s'endormir au sein parce que c'est trop bon, décider de se mettre à jouer un peu seule parce que papoter toute la journée avec maman c'est trop bien, décider d'aller vers les autres parce que maman elle est toujours patiente et disponible et aimante (enfin c'est une maman, quoi).
Je ne peux évidemment pas me fier à des lectures, ni à des témoignages, ni à des avis personnels. J'aime entendre les témoignages, les histoires des autres, parce que ça me rassure de constater qu'il existe de telles différences ! Chaque histoire est unique.

Mais alors, dans notre histoire à ma fille et moi, c'est quand que je peux reprendre un tout petit bout de vie rien qu'à moi ?

mercredi 12 septembre 2012

Gaston et Gustave

Je ne sais pas comment introduire ce jour, mais c'est un bon jour pour parler de ce billet paru sur le blog projetdenaissance : Gaston et Gustave.

Il s'agit d'un livre d'Olivier Frébourg, un témoignage sur le deuil périnatal. La lecture du billet de Sophie Gamelin m'a bouleversée. J'ai réalisé que je n'en avais pas fini ; qu'en tout cas, je n'aurais pas la force de lire un tel livre aujourd'hui.

Extrait.

Cet amoureux de l’ailleurs s’est vu précipité dans un voyage au bout des limbes avec la naissance prématurée de ses jumeaux. L’un survivra, l’autre pas. Olivier Frébourg signe le parcours d’un père combattant sous le signe de Flaubert est c’est simplement magnifique.
(...)
Pour ne pas devenir fou, l’écrivain convoque l’ombre de Flaubert dont la lecture l’a foudroyé à 14 ans, et dont la statue l’accueille tous les jours à l’entrée du CHU de Rouen où Gaston est hospitalisé. Flaubert, ce « dégoûté de la vie », a-t-il eu raison de tout sacrifier, son bonheur en tête, pour l’amour de la belle phrase ?

Le va-et-vient entre Gaston et Gustave est justement conduit, oscillation constante entre la vie et les livres. « Il n’y a pas d’autre issue que la joie car il n’y a pas d’utilité au malheur », écrit finalement Olivier Frébourg dans ce récit d’une fureur de vivre qui échappe à tout sentiment morbide où la consolation a pour noms Arthur, l’enfant des limbes, Martin et Jules, les fils aînés, et Gaston, joyeux rescapé des ténèbres.


Je viens de relire ce que j'avais écrit à l'époque. Je n'en reviens pas à quel point ça sonne toujours aussi juste dans mon cœur. La vie avance, mes émotions ont bien sûr évolué. Mais je voudrais en parler simplement à ma fille et je ne sais pas comment faire. Et je ne pense pas que mon homme le voudrait.

lundi 10 septembre 2012

Ma décision est prise (enfin... il me semble bien)

Je vais la sevrer. C'est décidé.

Ça fait 36.000 fois que je prends cette décision... et que je n'ai pas envie de la prendre. Je voulais tellement aller jusqu'au servage naturel. Je me disais que même si on régulait, un peu, beaucoup, on ferait ça en trouvant un compromis entre nos besoins, à elle et moi.

Elle aime tellement ça, elle réclame à téter tout le temps. Pas moyen de la faire diminuer, toutes les excuses sont bonnes, maman je me suis fait un bobo je veux faire du néné (c'est encore plus dur quand ils ont la parole !), maman je veux une tétée câlin, et une tétée dodo, et pour se rendormir quand on fait une insomnie, et quand on est chez des amis, et quand on est fatiguée dehors, et quand on s'ennuie, et quand on a fini de manger... tout le temps.

Mais je n'en peux plus. Ce matin j'ai réalisé (mais ne l'avais-je pas déjà réalisé plein de fois et aussitôt jeté aux oubliettes ?) que toutes les tétées sont devenues un calvaire pour moi. Je pensais réduire et ne conserver que les tétées-plaisir... mais à bien y réfléchir, et pour être tout à fait honnête, des tétées-plaisir je n'en ai aucune. Avec du plaisir pour moi je veux dire ; parce que pour elle...

Et justement, tiens. Qu'est-ce que je lui transmets à toujours accepter à contrecœur, à en être mécontente, à avoir mal, à repousser, à refuser ces moments qui sont censés être un moment de plaisir partagé ? Est-ce qu'elle en retire un de ces trucs biaisés, une histoire de masochisme, un lien émotionnel malsain entre elle et moi où elle apprendrait que quand elle se fait plaisir (et que JE veux lui faire plaisir !) ça me fait du mal, quelque chose que je voudrais à tout prix éviter comme expérience pour elle ?

Je ne supporte pas les commentaires du genre "Tu l'as déjà allaitée 2 ans, c'est déjà génial, c'est super long par rapport à la moyenne, ses besoins élémentaires sont assurés maintenant ce n'est plus que pour le plaisir..." etc. Et même si ce n'était "plus que pour le plaisir", pourquoi est-ce qu'un enfant n'aurait pas le droit de profiter de tous les plaisirs procurés par un allaitement, aussi longtemps qu'il en ressent le besoin ?

Comment je vais le vivre quand je vais voir mes copines allaiter ? Quand ce sera des enfants plus âgés que ma fille ? Et moi qui suis déjà émotionnellement sur le fil du rasoir, est-ce que ça ne va pas me fragiliser encore plus ? Comment le savoir à l'avance ? Et comment je vais faire pour l'aider à s'endormir alors que déjà avec le sein c'est la croix et la bannière ? Et comment vais-je faire pour ne pas me sentir coupable d'avoir mis fin à cet allaitement parce que je n'aurai pas fait les bonnes choses aux bons moments ?

Je suis je suis tellement fatiguée. Je recule cette échéance de lui apprendre à s'endormir sans téter parce que toutes les fois où j'ai essayé il ma fallait de considérables ressources d'énergie pour l'accompagner pendant les quelques 2h où elle pleurait toutes les larmes de son corps en réclamant désespérément (ressources que son père n'a pas, alors je suis la seule à pouvoir le faire). Je ne sais pas si j'ai la force d'entreprendre ça. En même temps, si je veux retrouver de la force, il faudrait sans doute que je commence à m'écouter et à tenir compte de mes besoins. Et même si ça m'emplit les yeux de larmes rien que de l'écrire ici, j'ai besoin d'arrêter d'allaiter. Je n'en peux plus, c'est trop pour moi. Je n'en suis plus capable.

Punaise qu'est-ce que c'est dur la vie de maman.

dimanche 2 septembre 2012

Ça cartonne

C'est drôle, j'ai l'impression que ça fait si longtemps que j'ai arrêté de bloguer ! Et pourtant je me souviens, les matinées passées à lire et répondre, à composer mes billets, assise à mon bureau dans la chambre du haut. Dans cette maison que j'habite encore aujourd'hui.

Mais plus pour longtemps. quoique le cartonnage est long, laborieux, peine à démarrer réellement. On se stresse, on s'affole en voyant que le temps passe mais que les cartons ne sont pas remplis ; puis on se dit que ce ne sera pas si long que ça, qu'on a le temps. On veut trier : trier notre éternel cafoutche ? La bonne blague !

Quand on avait quitté notre premier appartement commun, on avait utilisé des cartons d'un magasin plus bas qui ma faisaient beaucoup rire parce que sur le scotch il y avait écrit "Fuck You I'm in Love". C'était en 2000 je crois. Hum... on a encore certains de ces cartons au fond d'un recoin. Avec encore dedans des choses qui n'en sont plus sorties depuis ce premier déménagement me semble-t-il !

Certaines personnes trainent toute leur vie un lourd bagage familial. Nous, on traine nos éternels cartons.