mercredi 28 août 2013

Cigarettes à Paris

Je suis montée à Paris pour participer à une émission de radio. Après l'enregistrement, j'ai marché avec l'un des invités, la soixantaine, un chapeau, et une voix qui me donnait des frissons. On a marché longtemps, jusqu'à chez lui, il habitait dans un quartier très chic. Sur le trottoir, à un moment, j'ai croisé mon ex petit ami ; étonnant, je ne l'avais jamais revu depuis et il n'était pas censé se trouver là.

On parlait beaucoup, l'homme âgé et moi. Au détour d'une ruelle, mon ex m'a brusquement agrippée, il avait les mains pleines de boue et essayait de m'en barbouiller le visage en me traitant de salope. L'homme âgé m'en a dégagée.

On est allés boire un verre dans un café. Je le regardais. J'ai roulé une cigarette, il m'a dit de la lui offrir, en a roulé une de son tabac et me l'a donnée. Nous sommes allés fumer dehors. Son tabac était trop fort pour moi, mais c'était comme si j'avais son goût à lui dans ma bouche.

Il m'a dit "Bon, je te ramène en voiture." Nous sommes allés chercher sa voiture, il m'a raccompagnée, dans mon quartier beaucoup plus populaire. Il n'y avait pas d'électricité dans mon appartement, et mon ex nous attendait pour nous agresser à nouveau.

Le lendemain il y devait y avoir un énorme vide-grenier dans mon quartier, nous attendions ça avec impatience, ça promettait d'être une journée très sympa. Mais il a plu comme vache qui pisse toute la journée, et nous sommes restés dans notre café habituel, avec mes vieux amis. Des vieux amis avec qui j'ai passé une journée à retrouver les blagues d'il y a 20 ans, j'étais touchée mais je m'ennuyais terriblement, je ne me sentais plus à ma place.

Quand je suis rentrée chez moi il y avait un cheval en liberté qui broutait les quelques herbes devant l'entrée du bâtiment. La porte à côté de chez moi était entr'ouverte, il y avait une nouvelle locataire, une femme avec deux jeunes enfants dont un qu'elle portait dans son dos. Nous avons discuté ; elle m'a expliqué qu'elle me connaissait, qu'on avait été à la fac ensemble. Je n'avais aucun souvenir d'elle.

Elle faisait aujourd'hui une formation d'infirmière. Je lui expliquai que j'étais ici pour une année de DEA de philo, avant de commencer ma thèse, que j'avais pensé que c'était sans doute le seul moment de ma vie où je pourrais découvrir la vie à Paris et que c'était pour ça que j'étais venue faire cette parenthèse dans mon cursus.

Pour entrer dans mon appartement en travaux, il fallait que je contourne tout le bâtiment en escaladant les balustrades. Et arrivée presque au bout je me suis retrouvée coincée, j'ai dû faire demi-tour.

Je détestais cet endroit, cette ville, je m'y sentais horriblement mal à l'aise, décalée, jamais en sécurité. Je repensais à cet homme, à ce moment magique et plein de tension de nos cigarettes échangées. J'étais coincée sur la façade du bâtiment...

...c'est là que ma fille est montée sur le lit et m'a réveillée.