jeudi 13 décembre 2007

Analyso, ergo sum

J'ai commencé un livre, L'auto-analyse de Karen Horney.



C'est remuant.


Ça faisait longtemps que j'avais entendu parler de ce livre, et que je voulais le lire. Malheureusement il n'est pas facile du tout à trouver. Et puis, et puis les choses ont fait que la conversation nous mené à lui il y a quelques jours, et qu'on l'a trouvé à vendre, d'occasion sur Amazon, alors on l'a commandé.


Dans ma vie, il a des choses que je sais. Notamment, je sais, j'ai toujours su dès l'instant où j'ai appris que ça existait, que je voulais faire une analyse. Pas parce que je me sentais mal dans ma vie (ce qui était aussi le cas mais ce n'était pas ma motivation première), mais parce que je voulais être sûre de moi. Me connaître vraiment. Effectuer cette introspection nue, complète, brutalement honnête. Aller au fond de moi-même voir ce qui se cachait au fond des placards. J'ai attendu des années avant de pouvoir le faire, parce que je ne gagnais pas ma vie, et dès que j'ai touché mon premier salaire, j'ai foncé voir une analyste.


Ça a duré 5 ans. Mais je tournais en rond. J'ai avancé mais seulement jusqu'à un certain point, et depuis je refais les mêmes tours de manège indéfiniment. Et puis finalement, j'ai beau y revenir tout le temps, les points de mal-être que j'ai cernés n'évoluent pas. Alors j'ai décidé d'arrêter (il y a quelques autres raisons aussi à cela, mais passons), et de prendre les choses différemment.


Ça a été sacrément difficile pour moi d'accepter d'arrêter alors que je sais que je n'ai pas fini, qu'un travail est en cours. Alors il a fallu que je comprenne bien que ce n'était pas le travail que j'arrêtais, mais la façon de l'effectuer que je modifiais. C'est en faisant la liste des options possibles qui s'offraient à moi que l'on a reparlé de ce bouquin, l'auto-analyse.


Je crois qu'en en commençant la lecture, et puis sans doute aussi vu les circonstances actuelles, la première chose que je remets en question ce sont les raisons qui m'ont poussée à faire une analyse, justement. Parce que vouloir me connaître, quelque part ça sous-entendait le fait que je voulais savoir qui j'étais et quels étaient mes travers mais en refusant de les changer. J'acceptais de voir quelles étaient les choses qui me rendaient malheureuse, mais sans vouloir les changer. Juste pour pouvoir m'apitoyer sur mon sort, les yeux ouverts certes, mais toujours cotinuer ainsi.


Et ça, je veux que ça change, déjà.


C'est super difficile d'en parler. Parce qu'une analyse c'est fichuement intime : pas seulement ce qu'on y dit évidemment, mais aussi le fait même d'en faire une. Je ne suis pas cliniquement atteinte d'affections mentales, alors c'est difficile d'expliquer le pourquoi je ressens le besoin de faire une analyse, c'est-à-dire (aujourd'hui) de connaître les mécanismes inconscients qui me font souffrir, pour apprendre à les bloquer. Parce que souffrances, si je les raconte, on va pouvoir me répondre que tout le monde les ressent plus ou moins. Oui mais quand on ressent le besoin de faire une analyse, c'est parce que ces besoins en viennent à prendre le pas sur tout le reste. Si on ne les satisfait pas, on croit que l'on va mourir, on panique, on ressent que toute vie est impossible sans eux. Même si l'on sait pertinemment que c'est faux, ça ne nous empêche pas de le ressentir : ces émotions sont plus fortes que nous, ce sont elles qui nous tiennent. Et je ne veux plus que ça soit ainsi. Donc j'ai commencé cette nouvelle piste, avec la lecture de ce bouquin, suite à ce que j'avais déjà fait, et je suis mon chemin, je verrai bien où ça me mènera. Au pire je n'irai pas plus mal, et au mieux... ouaahh...

17 Commentaires :

Valérie de Haute Savoie a dit...

Tu commences une analyse mais je crois que tu ne l'a finie jamais. Pour ce qui est de faire ou non une analyse, c'est tellement personnel ce désir de vouloir être mieux avec soi qu'il n'y a pas à le justifier. Bien sûr certaines personnes vivent "bien" avec ce qui toi te rends la vie moins pleine, mais on ne sait jamais ce que l'autre vie vraiment. Ton bouquin m'intéresse, je garde la référence pour le cas où il serait de nouveau disponible sur amazone.

Valérie de Haute Savoie a dit...

Ce que l'autre vit (bien sûr)... je souris, parce qu'en voyant la faute j'ai instantanément cherché le pourquoi de celle-ci :)

Anonyme a dit...

Ca m'a l'air intéressant ce livre, c'est peut-être ce dont j'aurais besoin en ce moment...

Je viens de le trouver à pas cher (5€ frais de port compris) sur price minister :

http://www.priceminister.com/navigation/se/category/sa/kw/Karen+Horney

Anonyme a dit...

Pfiiiiouuu... quelle richesse ce billet ! C'est mon interrogation principale depuis que je vois ma psy : comprendre les mécanismes, c'est (relativement) facile, en tout cas possible, mais ensuite, comment les changer ?
Je vais jeter un oeil à ce bouquin qui se trouve 2 étages sous moi (quelle chance de bosser dans une grande bibliothèque...)

Anonyme a dit...

"de connaître les mécanismes inconscients qui me font souffrir, pour apprendre à les bloquer."

J'aurais plutôt dit à les débloquer.. si tu les bloquent ils restent...
Enfin moi ce que j'en dit je suis là de passage ;-) et je suis pas psy ;-)

malie a dit...

Valérie de Haute Savoie > Je crois qu'on peut finir une analyse, dans la mesure où c'est une démarche très spécifique. Mais par contre, que l'on continue à savoir d'analyser par la suite.

(c'est vrai qu'il est mignon comme tout ton lapsus ;-)

Lntoo > Bienvenue ici ! Contente que ce billet ait pu te donner une idée. Oui, personnellement je trouve que ce bouquin est vraiment intéressant. Donc si ça peut servir à d'autres, tant mieux !

Mariesondêtre > Je suis super d'accord avec ta question, je n'ai pas arrêté de me la poser pendant mes années de consultation. Qu'est-ce que ça a pu être difficile ! Mais... je n'ai toujours pas la réponse. Par contre, je fais ce que je peux pour la trouver, en empruntant des chemins de traverse, un peu :-)

Pour la bib' : sacrée veinarde, va !!! Ça c'est vraiment un job en or, je crois que j'aurais adoré faire ça.

Sublime > Bienvenue aussi !

Ta remarque me fait penser au yoga, je ne saurais pas expliquer clairement pourquoi, une idée de lâcher prise ou quelque chose comme ça. Tu as sans doute raison. Ou en tout cas, c'est sans doute une piste à suivre...

Dis, au fait, on s'est pas déjà croisées sur OPLF par hasard ? C'est ton forum-femmes qui me fait dire ça, il y avait eu une conversation à propos d'un forum comme ça là-bas... c'était celui-là ?

Valérie de Haute Savoie a dit...

Ah oui quand je dis que l'on ne la finit jamais c'est bien dans le sens que l'on continue soi même bien sûr :D sinon pfou cela ne deviendrait pénible - J'ai commandé le bouquin (mais 25€ pour moi :))

malie a dit...

Valérie de Haute Savoie > Ben dis-donc, je vais relancer la vente de ce bouquin si ça continue !! (mais c'est bien, c'est bien :-))

jimex2nim a dit...

l'auto analyse ?
& pourquoi pas l'auto transfert?
J'ai ce sentiment que l'analyse est moins une réappropriation de soi qu'un devenir, une transcroissance ;
moins une connaissance de soi qu'une translation hors d'un symptome.
Souvent j'entends "oh moi je n'ai pas besoin du divan, je m'auto-analyse", il fut un temps j'en riais sous pesant que l'acuité de l'épreuve n'était pas arrivée à maturité. Maintenant je pense que nous ne parlons pas de la même chose.

malie a dit...

JM > Ah, je suis contente d'avoir ce type de commentaire ! Parce qu'effectivement, moi aussi j'ai souvent entendu dire ce genre de chose "pfff, moi je m'analyse tout seul, ça marche très bien", et que ça venait toujours de personnes qui n'avaient strictement aucune idée de ce que c'était qu'une psychanalyse et de la différence que ça faisait avec une introspection telle qu'ils pouvaient le faire.

En fait (et c'est la raison pour laquelle je voulais ce bouquin et pas un autre qui parlait d'auto-analyse), ce bouquin est écrit par une psychanalyste qui donne quelques clés de l'analyse afin que l'on puisse l'appliquer à soi-même, tout en étant très clair avec ce que l'on gagne et ce que l'on perd par rapport avec une "analyse professionnelle", i.e. avec un analyste.

Pour ce qui est du transfert, elle dit qu'il se fait en partie sur soi-même, en partie sur les autres. En fait, elle explique que le seul truc qui manque vraiment dans l'auto-analyse c'est le fait qu'il y ait quelqu'un qui soit là, qui aide ne serait-ce que par sa présence (pour le reste, ça dépend de l'analyste et de l'analyse), et elle dit que ça peut aider d'avoir un vrai ami à qui l'on peut confier de temps en temps le fait que l'on avance, ou alors d'aller voir un analyste de temps à autre pour faire le point.

Personnellement, vu où j'en suis de mon analyse, à apprendre ce que j'y lis, ça me semble une piste non seulement intéressante, mais même carrément très utile. Mais en sachant bien que ça n'a rien à voir avec une introspection occasionnelle ou quelque chose qui resterait en surface : il faut être, dès le départ, très clair avec ce que l'on est sur le point d'entamer.

Anonyme a dit...

euh..je ne sais ce qu'est OPLF.
Forum-femme est jeune il est là depuis moins d'un an et il est venu d'une envie perso et du fait que je fréquentais bcp de forum-feminin qui ne me donnaient plus ce que je cherchais.
Nous sommes peu et au fils des mois de vraies amitiés sont nées entre nous sans que nous nous connaissions.

Bref les filles viennent et repartent à leurs guise , on ne fait la chasse que aux spammeurs (j'adore cette espace très répandue sur le web) et on ne tolère pas les insultes.

Je trouve que les forums sont aussi une aide importante lorsque la solitude et les questions ou les doutes vous assaillent.

Anonyme a dit...

je n'ai pas fait d'analyse et je n'ai rien contre !..au contraire, ..j'ai fait une thérapie "gestalt" durant 3 ans et cela m'a beaucoup aidée...cela me permet d'y voir plus clair , d'avancer, j'ai pris de la confiance en moi, j'analyse rapidement ma situations , beaucoup moins de souffrances, bref je ne regrette pas du tout cette démarche , lorsque je suis arrivée chez ma thérapeute pour un simple entretien pour qu'elle m'explique sa façon de travailler au bout de quelques minutes elle a vite compris qu'il y avait urgence et nous avons commencé aussitôt car le vase débordait .....!! bonne continuation ..

malie a dit...

Esmerald-art > Je connais très peu la Gestalt, mais effectivement, quand il y a urgence... ;-) :-)

Anonyme a dit...

je pense qu'une auto-analyse pendant ou apr�s une analyse, c' est tr�s bon signe; cela permet de faire le point sur tout ce qui s'est passe (ou pas) et aussi cela confirme le fait que l'on se prend ( ou reprend en main), que l'on est capable de prendre un peu de recul sur soi-meme et sur les autres , la vie quoi! c'est tr�s bon tout cela!...

malie a dit...

Coco > Si tu pourrais dire la même chose de l'analyse "professionnelle", alors oui. Sinon, c'est tout de même tout autre chose qu'une introspection, même intensive... il y a une méthode, c'est très intensif, enfin c'est un vrai travail, quoi.

Anonyme a dit...

a�e! "si tu pouvais..."

malie a dit...

Coco > Argh, mais comment ai-je pu faire une faute pareille ?!??