samedi 3 mars 2007

La fonctionnaire et l'éleveuse de chèvres

Une réflexion qui fait suite à ce billet, ou plus simplement et plus généralement, qui parle du travail.


Oui ça fait un paquet d'années que je me pose des questions sur mon travail, sa place dans ma vie, ce que je veux en faire et ce que je veux faire d'une manière générale. Et puis hier soir j'ai pensé à quelque chose que j'avais lu l'autre jour, je ne sais plus où (zut zut, j'aime pas oublier mes sources) : si jamais je gagnais une énorme somme d'argent qui me mettait à l'abri (moi et ma famille) de tout besoin financier pour toute ma vie, qu'est-ce que je ferais de mes journées ?


C'est vrai, en général la question qu'on se pose dans cette hypothèse porte plutôt sur ce qu'on ferait de tout cet argent, et puis on oublie qu'aussi, finalement, on se retrouverait avec du temps (libre, à proprement parler) et que ça changerait tout au niveau du déroulement de nos activités.


La réponse m'est parue évidente : je continuerais à chercher à travailler dans ce que je fais actuellement. Mais avec l'esprit incontestablement plus léger parce qu'il n'y aurait pas d'enjeu de survie qui y serait attaché.


Mine de rien, ça a été une vraie révélation pour moi, un genre de libération spontanée. Ce qui me chagrine dans mon travail, ce n'est ni mon travail en soi ni ce qu'il implique, ni ses difficultés, ses défauts etc., mais le fait qu'il soit lié à un enjeu de survie financière. C'est ça qui gâche tout là-dedans pour moi, parce que ça lui donne une dimension indésirable, artificielle, qui vient interférer avec le simple plaisir de l'exercer.


Quand je l'ai raconté à mon mari il m'a dit "Tiens c'est bizarre, tu préférerais pas aller élever des chèvres ?"... et je n'y avais même pas pensé, en fait. En un instant j'ai fait la différence entre un doux rêve que je fais pour me fabriquer un autre monde possible, et puis une volonté de quotidien qui me tenaille, qui me tient réellement à coeur et que je me sens capable de faire. Ceci dit, et comme je l'ai toujours dit, l'un n'empêche pas l'autre, c'est-à-dire que concrètement je n'ai pas envie, raisons financières ou non, de vouer la majeure partie de mon temps à mon travail ; mais je ne veux pas l'abandonner entièrement non plus, pour quoi que ce soit.


Bon, ça c'est la théorie. Maintenant il reste la pratique... mais au moins, j'y vois plus clair et ça m'aide à me sentir mieux dans ce que je fais. C'était tout bête, mais ça m'a fait un bien fou de le faire.


6 Commentaires :

mowglinomade a dit...

J'ai eu la même révélation il y a quelques jours, à l'occasion d'une exeprience dont je parlerais dans quelques jours, quand j'aurais le fin mot de l'histoire...

et j'aime beaucoup le cartoon....

Mimille a dit...

Mhhh, j'ai hâte de lire ça !

Anonyme a dit...

Bonne question.
La réponse est claire : j'arrêterai de faire ce que je fais et je me remettrai à la recherche historique.
Je fais mon boulot, que j'aime bien, tout simplement parce que je n'avais pas envie de me lancer dans la course de la recherche universitaire (allocations impossibles dans mon labo de rattachement, commissions et guéguerres internes, merci mais non).
Je n'exclus pas de m'y remettre un jour. En attendant, je dois encore quelques années de travail à l'Etat qui a financé mes études dans ses grranndes zécoles. Comme dit mon namoureux : "ben attends que je sois le plus jeune agrégé* de France et doyen de la fac' à 32 ans" ;o).
*agrégé du supérieur, c'est comme ça chez les juristes.

Anonyme a dit...

Je suis contente pour toi ... et un tout petit peu envieuse aussi (ouh la vilaine)

Anonyme a dit...

La réponse en ce qui me concerne : d'abord je consacrerais beaucoup de temps au KODU à faire de la micro-agriculture biointensive pour mon KANA jusqu'à que l'autosuffisance alimentaire soit assurée. Et puis un peu me promener à pied ou à vélo, et rêvasser, et lire. Une fois que la bouffe est assurée, développer la même chose au niveau du BOLO, voire à plus grande échelle, pour contribuer à avoir un environnement humain plus calme.
Parce-qu'avoir plein de sous c'est bien, mais ça garantit pas d'avoir durablement à bouffer ;-), et je ne fais pas confiance à la filière agro-alimentaire actuelle pour cela, que ce soit pour la nature de la bouffe ou pour la quantité disponible à moyen terme. Et puis cultiver un KODU c'est tellement chouette. En fait la question que je devrais me poser c'est si je continuerais à le faire si jétais sûr d'avoir de la bonne bouffe à volonté toute ma vie... ;-)

ps : pour les mots bizarres que j'emploie c'est une vieille ébauche de langue véhiculaire, voir ici :
http://www.lyber-eclat.net/lyber/bolo/ibu.html
http://www.lyber-eclat.net/lyber/bolo/bolo.html
http://www.lyber-eclat.net/lyber/bolo/kodu.html
http://www.lyber-eclat.net/lyber/bolo/kana.html

Mimille a dit...

Hé oui, ça ne m'étonne pas de toit ça, Koldo :-)
Et puis il est bien le site que tu mets en lien.