samedi 17 mars 2007

Première livraison printanière

Aujourd'hui j'ai enfin réussi à trainer mon mari faire ma balade préférée. Je la connais presque par coeur, je sais ce que je vais trouver au détour de chaque virage, derrière chaque rocher, sous chaque arbre. Mais j'aime ce chemin, toujours désert, infiniment calme, on est enveloppés dans les chênes, les érables et les alisiers, cachés du vent, et on passe en une seconde de décors humides à des étendues arides.


J'ai arpenté ce chemin seule, en famille, entre amis. En toutes saisons. Sous le plein soleil de l'été. Sous une pluie battante les pieds dans la boue au mois de mai. En hiver sous 40 cm de neige. Quand le printemps est éblouissant de couleurs. Dans les couchers de soleil de l'automne rouge feu. C'est mon chemin, celui où je sais que je me retrouve, toujours.


Je le connais si bien et portant cette fois, encore, j'ai été étonnée. D'abord parce que ça faisait lontemps, cette fois, que je n'étais pas venue. Ensuite parce que j'ai eu quelques surprises : majoritairement des bonnes, et puis quelques mauvaises aussi.


Ma première surprise est une mauvaise surprise : des chênes ont été coupés. Coupés pour faire du bois de chauffage je présume, mais coupés sans le moindre souci de préservation de la forêt. Ils ont coupé à la hache des troncs de chênes vivants, au hasard de ceux qu'ils rencontraient, taillant à un mètre de hauteur, et n'ont apparemment même pas eu l'occasion d'emporter le bois qu'il ont laissé là, gisant sur place.



Mais ce n'était rien à côté de ce qui m'attendait quelques mètres au-dessus. Voici la dimension de la connerie humaine :



A vrai dire je n'ai même aucune idée de comment est-ce qu'ils ont bien pu amener cette voiture jusque là : le chemin est barré par une grosse pierre en bas. Et quand bien même, comment auraient-ils pu retourner la voiture ? J'ai levé la tête, les arbres autour n'ont pas bougé. Je ne sais pas. Mais ils l'ont amenée là, ils l'ont retournée, et ils l'ont brûlée. Dans une forêt qui est, pour le coin, absolument exceptionnelle en termes de flore et même de faune. Et maintenant ils bloquent l'accès aux pompiers avec leur énorme cadavre calciné.


Bravo.


Bon, tout de même, les surprises suivantes ont été de bien meilleur goût, et ça tombe bien parce que c'était plutôt pour ça que je voulais précisément faire cette balade, cette semaine.


Il y a quelques années, lors d'une de nos premières balades ici, c'est le premier endroit où l'on a trouvé des fraisiers. En fait il y en beaucoup, mais on ne s'y attendait pas parce qu'on s'était habitués à la flore de la Sainte Victoire et de sa garrigue, et ce n'est pas franchement fréquent par là-bas. Alors depuis, à chaque fois que l'on passe dans un certain virage, on se souvient de nos premiers fraisiers des bois.



Après ce virage on sort du couvert des chênes, et le côté gauche du chemin se dégage en un ensemble pierreux très ensoleillé et bien à l'abri du vent froid. C'est là que ça commence à devenir intéressant. Mais comme c'est un peu tôt encore, il faut ouvrir l'oeil.


A quelques dizaines de mètres du chemin, en hauteur et cachés derrière une grosse touffe d'asphodèles, voici les premiers iris nains.



Autour des iris, quand on laisse un peu divaguer son regard, on a vite fait d'aperçevoir les premières jonquilles naines. Ce n'est pas encore le tapis jaune qu'il y aura dans quelques semaines, mais ça arrive, ça arrive.



Je redescends de mon coin et me retouve sur le chemin, et là j'ai la plus grande surprise de la balade puisque je n'en avais encore jamais vu ici : quelques anémones hortensis. Elles sont absolument splendides, avec leur dessin net et fragile, et leur couleur claire mais intense en même temps.



Un peu plus loin, à la limite entre chênes et garrigue découverte, les coucous (primevères officinales) sont en bouton. Un peu tôt, aussi...



... mais quelques-unes sont déjà en fleurs. C'est pas joli, ça ?



Là c'est plutôt un retardataire : un crocus bigarré, caché sous un lit de feuilles et de branches dans un des coins les plus sombres et humides du chemin. J'ai failli passer à côté sans le voir !



Les euphorbes aussi sont en fleurs. Mais ce ne sont pas les mêmes que dans le jardin.



Et pour finir, un portait de l'artiste vue du puits ;-) (et de son mari à côté)


2 Commentaires :

Anonyme a dit...

Merci pour cette belle balade et merci de savoir apprécier la nature à sa juste valeur!

Mimille a dit...

Merci à toi pour ce commentaire !