jeudi 1 mars 2007

Dégout

Je suis en train d'écouter Là-bas. C'est édifiant. Je ne trouve pas les mots. C'est le comble de l'inhumanité, de l'immondice, de la monstruosité. C'est le boulot des employés de Carrefour.


Je me dis que c'est décidé, je refuse d'acheter quoi que ce soit dans une grande surface à partir de là, maintenant que je sais ça. Immédiatement après je me dis que je ne peux pas ne plus du tout y aller, qu'ils me tiennent. Mais non. En fait c'est faux. Il me donnent l'impression de me tenir tout comme ils donnent la même impression à leurs employés, qui racontent là comment ils se filent tous les uns les autres, comment ils ne s'en veulent même pas de se faire virer pour des raisons qu'ils inventent parce qu'ils savent qu'ils sont dans le même bâteau. Et moi j'y inteviens comme cliente, même occasionnelle. J'ai l'impression qu'ils me tiennent, mais non, non, non. C'est faux. On peut faire sans, on peut. Je ne veux plus participer à ça. Je ne sais pas encore exactement comment je vais procéder mais je ne veux plus. J'arrive déjà à vivre sans le moindre problème sans donner de sous à Mac Do et à toutes les chaines de restos diverses et variées, aux grandes marques type Danone, Nestlé et compagnie, aux marques d'aliments pour animaux... je veux faire pareil avec les grandes surfaces, et aussi avec les petites surfaces de la même enseigne parce que c'est donner des sous aux mêmes. J'en ai marre de cautionner ça silencieusement. Je veux pouvoir me regarder dans un miroir sans me dire que moi, là, avec tous mes beaux discours sur l'université et la solidarité populaire, je jette tout ça aux chiottes là où j'ai vraiment l'occasion d'exprimer largement mes convictions : au supermarché.


Ecoutez l'émission, écoutez-la, écoutez-la. Sortez de la cale, montez sur le pont, venez voir le monde, l'équilibre auquel on participe, venez voir ce qu'on nous fait croire normal, banal, inévitable. Ensuite c'est à chacun de faire en son âme et conscience, mais là, il faut savoir ce que l'on soutient quand on achète des choses dans les grandes surfaces. Sinon toute la SV, toute l'écologie, toute la décroissance du monde ne sont rien.


De mon côté, je n'ai pas l'intention de m'insurger, pas l'intention d'aller leur crier mon dégoût intense pour ce qu'ils font, pas l'intention d'organiser des rébellions. Juste, je sais ce que je peux faire : ne plus leur donner le moindre sou ; plus de présence, plus de revenus, plus rien de moi. Faire marcher mon imagination, la vraie et pas celle qui est conditionnée par les média et les pubs et les habitudes et les panneaux d'affichage, inventer ma vie, faire mon quotidien en accord avec moi. Construire ce que je veux, au lieu de me contenter de détruire ce dont je ne veux pas. Et juste le signaler ici, sans prosélitisme, simplement le dire publiquement en expliquant ce que je fais et pourquoi je le fais. Agir en conséquence, et en témoigner ici.


7 Commentaires :

Anonyme a dit...

Bravo ! Bravo ! Bravo !
C'est ma troisième semaine sans M*p*x, alors je veux le fêter aussi !

"Construire ce que je veux, au lieu de me contenter de détruire ce dont je ne veux pas." --> Ca c'est une phrase qui me touche, je suis heureuse de la retrouver ici et chez d'autres "simples". Tant d'organisations militantes se contentent de décrier sans proposer de modèle alternatif, quoi qu'ils en disent... Faisons-le nous-mêmes, et construisons ensemble tranquillement, et exigeons qu'on soit constructif et non gratuitement destructeur.

Anonyme a dit...

Je viens d'écouter cette émission avant d'aller faire un gros dodo, y a de quoi faire des cauchemars... cela fait un mois que je me borne à éviter carrouf (comme tu le sais, seulement un ou deux choses passent encore à la trappe une fois par mois, je trouverais une alternative). Je comprends mieux pourquoi l'ambiance est si difficile là bas... Les salairiés doivent etre bien malheureux enfermés dans cette spirale.
Merci encore, ça me confirme dans mes choix.

Anonyme a dit...

j'écoute l'émission d'une oreille, il est temps ! il faut le crier haut et fort ! j'habite un village dans le parc régional périgord limousin et nos élus ont eu une idée géniale pour faire vivre le village : demander l'implantation d'un leclerc ! oui tu lis bien, c'est la panacée pour eux : des emplois (de m...) et des gens qui vont venir dans le village, sauf que le leclerc il sera en dehors du village à 500 m du chateau classé ! heureusement ! l'architecte des monuments historiques s'oppose farouchement à cette implantation mais il risque d'avoir un procés pour entrave au commerce. leclerc plus jamais. bien sur que l'on peut se passer d'y aller en tant qu'individu (je dis pas que c'est facile) ces gens là sont les plus grands menteurs démago que je connaisse, sous prétexte de favoriser la consommation des petites gens : ils les ont étranglés pour mieux s'enrichir

mowglinomade a dit...

Merci pour ce post. je l'ai lu hier soir à la fin d'une grosse journée de travail (le fameux papier), et en rentrant à 21 heures à Montparnasse, plutot que de l'habituelle M**** qui est la seule chose ouverte à cette heure là (c'est comme ca qu'il nous tiennent pas les couilles...), je me suis dit que c'était pas possible, que c'était justement l'occasion de démontrer qui si, c'est possible de faire sans dans toutes sortes de situation. Et 5 minutes apres, je passait devant une petite épicerie bio encore ouverte. Du coup, j'ai pris des photos pour mon blog.
Merci encore à toi et ceux de la ligne simple de nous "macher la prise de conscience" avec des articles vibrants. Une fois en situation, ca nous prend aux tripes et on commence doucement à changer son comportement.

Anonyme a dit...

J'ai entendu l'émission aussi - je vais essayer de limiter mes achats chez ces requins...

Anonyme a dit...

Une conférence de l'auteur de "les coulisses de la grande distribution", ça fait peur.
http://spheerys.free.fr/Christian_Jacquiau-Les_coulisses_de_la_grande_distribution.mp3

Pour ma part, je en vais presque plus en grandes surfaces (enfin, des superettes), a part pour les produits non consommables (vinaigre blanc, allumettes ...)

Mimille a dit...

Isolde,
Merci. Moi aussi je suis contente, soulagée, rassurée, de trouver précisément ce type de connexion avec les blogueurs de la ligne simple... entre autres.

Mary,
Oui moi aussi je me suis dit que ça expliquait les attitudes que les employés avaient dans ces magasins. Je n'en reviens pas, c'est fou.

N-talo,
Il faut vous battre ! Dans mon ancien village il y a des zones commerciales déjà à quelques kilomètres, dans chacune des petites villes à l'est et à l'ouest. Et ces zones continuent à être étendues, alors même que celles existantes ne sont pas remplies. Malgré ça, leur grand projet était de couper une partie de la splendide forêt qu'ils ont pour en faire... une zone commerciale ! Je ne comprends pas ce genre de chose.

Mowgli,
J'espère que tu es contente et soulagée d'avoir bouclé ton papier, d'abord. :-) (moi j'ai repensé hier que j'en avais un à faire pour le 16... pfff, entre les dossiers MCF et les auditions CNRS à préparer, je sens que je vais passer un bon mois de mars !)
Ensuite, c'est l'avantage des (grandes) villes quand-même, d'avoir (même !) des épiceries bio ouvertes tard le soir. Sinon en campagne, faut s'organiser ;-)
Merci pour tes commentaires.

Merci à Anna aussi, et courage !

Madeinearth,
Je connais bien l'émission de Christian Jacquiau, oui ! C'est très intéressant. Je connaissais déjà les aspects "clients et fournitures" des supers, mais je ne connaissais pas du tout l'aspect "employés" de la chose. C'est fou.
Y'a pas moyen de trouver des alumettes et du vinaigre dans les supérettes ? (à condition qu'elles soient indépendantes et non pas affiliées à Casino & Co.)