mardi 12 avril 2011

Mentir pour protéger

Je suis loin d'être une personne parfaite. J'essaie de m'améliorer régulièrement, malgré tout. J'essaie de me rapprocher de ce que je préférerais être, lorsque je ne suis pas heureuse de ce que je fais. Mais c'est difficile. Même de savoir ce que je préférerais m'est difficile, parfois.

On parle d'une situation sur un forum de discussion. Je raconte que, ne sachant pas comment faire autrement, j'ai préféré mentir à des amis pour protéger une minorité en danger. On me tombe un peu dessus : cela choque que j'envisage que mentir puisse être une solution possible. Je le comprends. Mais je trouve ça tellement minime par rapport à ce que j'avais tâché d'empêcher par mon mensonge !

Alors je me sens attaquée. Même si ce n'est pas vraiment le cas, j'ai un mal fou à supporter que l'on remette en question ce que je fais. Je sens bien que je deviens de mauvaise foi, même si j'essaie de ne pas l'être, même si j'essaie de rester honnête, c'est tellement difficile. Non, je ne me mets pas à mentir pour autant, mais... j'aime pas qu'on me dise que c'est pas bien ce que j'ai fait. Même si je suis d'accord ! (peut-être même surtout si je suis d'accord ?)

Je ne regrette pas d'avoir menti ce jour-là, dans cette situation-là. Ne serait-ce que parce que même si ce n'était sans doute pas la solution idéale, c'était alors la meilleure que j'avais trouvée et c'est celle qui aura causé le moins de mal, et c'était ça que je voulais. Donc, j'assume mon mensonge.

Mais je reste d'accord avec les filles qui me disent que mentir de doit pas être une solution viable, que mentir ne peut pas être la seule solution possible, qu'il y a toujours une alternative. Et là je me demande : qu'est-ce que j'aurais pu faire d'autre ? Si la situation se présente à nouveau, qu'est-ce que je pourrai faire pour ne pas mentir et pour ne pas causer plus de souffrance que si j'avais maintenu mon mensonge ?

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Et pendant ce temps, j'ai senti sous mes doigts un tout petit bout de quenotte qui a percé aujourd'hui dans la bouche de ma fille... tout cela passe si vite et j'ai un mal fou à réaliser que ça sera devenu de lointains souvenirs dans 10 ans, 20 ans, 50 ans... sa première dent.

Maman, c'était quand ma première dent ? C'était avant tes 8 mois ma chérie. C'était le printemps, un jour où le mistral s'est levé après déjeuner, des amis étaient venus manger à la maison. On avait bien ri, ton père avait discuté avec un vendeur de scie portative du Haut Verdon, tu avais fait une belle sieste dans l'après-midi et en te réveillant, tu avais ce petit bout de dent qui pointait dehors.

4 Commentaires :

Valérie de Haute Savoie a dit...

Si le mensonge peut ne pas faire souffrir, peut permettre à l'autre de continuer.. si le mensonge ne met pas l'autre dans une situation d'infériorité, de possible humiliation futures, alors oui moi aussi je suis prête à mentir, et je l'ai déjà fait.

Anna a dit...

Nous sommes imparfait, tu as raison, et nous vivons aussi dans un monde imparfait. Sans connaître la situation dont tu parles, je ne suis pas sûre qu'il y ait eu une meilleure solution ; on fait au mieux dans les circonstances où l'on vit, avec ce qui nous vient à l'esprit au moment crucial. Mentir n'est pas bien dans l'absolu, mais selon la situation ça peut être le "moins pire", si tu vois ce que je veux dire. Pas de quoi s'en vouloir dans l'absolu, à mon avis. :-)
Félicitations pour la première dent de ta fille, en tout cas !

Lise a dit...

Protéger mérite bien un mensonge, parfois :-)
Sinon on tombe dans le paradoxe suivant : tant qu'on fait ce qui est "bien" (ne pas mentir), on peut faire ce qui est "mal"(mettre en danger les gens).
Ah la première dent, quelle émotion :-)
Bises
Lise

malie a dit...

J'ai un peu de mal à reprendre le rythme, excusez-moi du retard dans mes réponses les filles.

Valérie de Haute Savoie > C'est exactement ça, oui.

Anna > J'aurais eu le temps d'élaborer autre chose, une autre façon de faire, mais vraiment je pense que la solution que j'ai adoptée, celle de mentir, était finalement celle qui engendrait le moins de souffrance. Même à présent que j'y repense à tête reposée et que j'ai eu l'occasion de revenir dessus.

Merci pour les félicitations (la 2e a suivi de près).

Lise > Ah, oui, voilà exactement ce à quoi je me trouvais confrontée en effet.

(Et que d'émotions tous les jours !!)