lundi 27 octobre 2008

326 pages* plus tard

(*) Pour dire qu'après mon commentaire au billet de Mowgli j'ai été vérifier ! Et elle fait plus de pages que dans mon souvenir...


Mowgli a fini de rédiger sa thèse. J'ai appris ça aujourd'hui. Et elle commence à se demander comment c'est, l'après-thèse. Alors ça me remet en tête ces questions que moi aussi je me posais, il y a 2 ans (bigre ! 2 ans déjà).


J'ai cru que j'aurais plusse de temps. Pour moi, pour les autres, pour la maison, pour les balades, les photos, le dessin, les envies, mon mari, la vie quoi. Ben non. Le temps gagné sur les recherches et la rédaction a été totalement réinvesti dans du temps de candidature. Je me rappelle, une semaine pile-poil après ma soutenance je devais rendre mon dossier de qualification, toute première étape d'un parcours (si bien décrit par Pandore) qui me parait aujourd'hui interminable. Le lendemain de cette deadline c'était l'ouverture du concours CNRS : un mois de travail acharné, vacances de fin d'année comprises. Quelques semaines à "souffler" en me demandant bien ce qui allait pouvoir sortir comme postes de maître de conférence, à tester mes chances là où le vent semblait me porter, à sentir comment le vent soufflait, tout en préparant mes auditions pour le CNRS. A peine revenue de celles-ci les postes MCF sont parus : re-dossiers. Puis ce fut la préparation des auditions où j'avais gagné mon ticket. Tout ça pour me retrouver, fin mai, avec rien (y compris dans le portefeuille...). Rien que du temps pour chercher un postdoc de toute urgence...


...Postdoc que j'ai trouvé, et que j'ai passé à écrire des articles jusqu'à fin novembre, puis à refaire des dossiers et re-préparer des auditions (entre deux contractions) jusqu'à fin mai. Tout ça pour rien, à nouveau. Et c'est reparti pour une recherche de postdoc.


L'après-thèse, c'est perdre l'entrain que l'on avait gagné pendant la rédaction, perdre l'étincelle de la recherche, dans les méandres des procédures de candidature. Juste après cette apothéose de la soutenance, ce moment magnifique, on se retrouve à patauger dans les descriptions de travaux passés présents et à venir comme si on y était, d'abord en y croyant à bloc et puis petit à petit tout ça devient de plus en plus abstrait, on se dit qu'on a envie d'écrire qu'on fera n'importe quoi comme recherche du moment qu'ils nous prennent, qu'on acceptera de bosser dans une ambiance pourrie avec des collègues blasés, dans une région inconnue et lointaine, qu'on passera sous toutes les fourches caudines du monde si seulement on nous en donne l'occasion. On s'embourbe avec le temps qui passe.


Cette année je voudrais recommencer mon dossier de candidature à partir de rien, plutôt que de repartir de la même base, qui semble-t-il n'est pas suffisamment séduisante malgré tout le bien qu'on a pu m'en dire (et pourtant c'est pas faute d'en avoir reçu, des félicitations à ce sujet). Le billet de Mowgli tombe à pic parce que c'est justement ce que je m'apprête à faire maintenant, dans le mois qui vient, pour me remettre dans le bain du travail, tout en gagnant du temps pour quand je reprendrai le travail et ne pas avoir à y consacrer tout mon temps d'alors. Et puis ça me permettra de faire le point sur ce que j'ai fait, ce que je sais faire et ce que j'ai envie de proposer. Mais pour l'instant ma volonté s'arrête là... à désirer me refaire un dossier tout neuf. Faire des dizaines de candidatures sans dans le même temps pouvoir faire avancer ses recherches, ses véritables travaux, la raison même pour laquelle on fait tous ces dossiers, c'est sacrément usant.

5 Commentaires :

mowglinomade a dit...

Merci beaucoup pour ton com et ton post. Parce que j'appréhende tellement la soutenance que je risque de passer à coté, et tu remet les choses à leur place (cf ma réponse sur mon post), et parce que je ne me fais pas trop d'illusions sur l'apres. J'ai quelques collègues qui sont dans l'après depuis 1,2,3,4 ans. De postdoc en précarité, sans compter la frustration de passer son temps à faire des dossiers, de candidature, de bourses. Et a entendre certains profs parler des commissions de recrutement, autant photocopier quelques pages de son roman favori en guise de dossier de candidature. ca n'est pas sur sa recherche qu'on est recruté, aujourd'hui en France, dans bien des disciplines, dont la mienne.

C'est pour cela que j'ai invité ma famille àma soutenance, avant de le regretter surement quand je recevrait les rapports. Parce que même si je n'aime pas mélanger vie pro et vie privée, c'est peut-être la seule fois, la dernière fois, que j'aurais l'opportunité de leur montrer ce que je fais, ce que j'ai fait, ce que c'est que la recherche.

Cette soutenance aura certainement des odeurs de fin plutot que de commencement. Mais il n'y aura pas le regret de l'inachevé, c'est toujours ca.

Anonyme a dit...

"L'après-thèse, c'est perdre l'entrain que l'on avait gagné pendant la rédaction, perdre l'étincelle de la recherche, dans les méandres des procédures de candidature." Et je rajouterais "et la pression de publier et de faire rentrer l'argent..."

Je connais bien ce sentiment, même si le système nord-américain est quand'même beaucoup moins hostile que le système français (d'après ce que j'en lis et que me raconte ma famille en France). C'est vrai que ma thèse était très stressante, mais c'était le seul moment de ma vie où j'ai vraiment pu travailler sur un projet juste "pour moi." Ca me manque beaucoup.

Je te souhaite beaucoup de courage, et à Mowgli aussi, et à moi aussi :)

Moukmouk a dit...

Peux-tu penser à l'étranger? La crise fait mal à certains endroits mais ailleurs plusieurs universités cherchent des candidats.

malie a dit...

Mowgli > "C'est pour cela que j'ai invité ma famille àma soutenance, avant de le regretter surement quand je recevrait les rapports. Parce que même si je n'aime pas mélanger vie pro et vie privée, c'est peut-être la seule fois, la dernière fois, que j'aurais l'opportunité de leur montrer ce que je fais, ce que j'ai fait, ce que c'est que la recherche."

C'était aussi pour ça que j'avais invité ma mère à ma soutenance, pour qu'elle puisse voir une fois à quoi ressemblait mon travail, au moins un peu. Au début je ne voulais surtout pas mélanger ces deux mondes, boulot et famille, j'avais une peur bleue que ça fasse des étincelles, et puis finalement ça m'a beaucoup aidée de la voir présente ce jour-là. J'avais besoin de visages connus, elle en faisait partie, ça m'a soulagée et encouragée de lire la confiance qu'elle avait en moi dans son regard, pendant que je me concentrais, juste avant le début de la soutenance.

Dr CaSo > "Et je rajouterais "et la pression de publier et de faire rentrer l'argent..." "

Ah que oui... j'avais oublié ces "petits détails" ;-) parce que ces derniers mois je me suis pas mal retirée de ce monde... mais àpeine y ai-je osé un pied il y a quelques jours que l'on m'a tout de suite rattrapée à coups de "...et alors il te faudrait X publis pour montrer que tu n'as pas chômé pendant ton congé maternité..." (ben oui mais moi, j'ai chômé, pendant mon congé maternité... j'ai pas écrit d'article, justement)

Quant à la recherche de sous, à présent ça paraît tout aussi prenant pendant la recherche de travail qu'une fois que l'on a trouvé un poste, avec tout le temps qu'ils passent à monter des dossiers de projets machin-chose. Sauf que là au moins, le salaire est assuré... enfin, jusqu'à la prochaine réforme :-/

"C'est vrai que ma thèse était très stressante, mais c'était le seul moment de ma vie où j'ai vraiment pu travailler sur un projet juste "pour moi." Ca me manque beaucoup."

Oui c'est apparemment vrai, en tout cas ça se vérifie pour moi et pour mes amis dans ce cas, et puis je me souviens que c'était un peu ce que me disais mon directeur de recherches : profite bien de ce moment, c'est le seul où tu auras le temps de faire ce genre de chose, ensuite ce sera fini tout ça !

Moukmouk > "Peux-tu penser à l'étranger? La crise fait mal à certains endroits mais ailleurs plusieurs universités cherchent des candidats."

A vrai dire je regarde les annonces qui passent dans mon domaine dans le monde entier. Et y'a pas plus de place ailleurs qu'ici. Et puis je préfère largement me retrouver au chômage en Provence un pu plus tôt qu'au chômage n'importe où dans le monde à peine quelques mois plus tard, à tout bien peser !

Anonyme a dit...

c'est pas trés réjouissant sur l'avenir de la recherche chez nous ! il parait que ça manque de budget ? vous semblez confirmer les filles