lundi 20 avril 2009

Toujours plus

Je parle de ceci pour ne pas aborder cela.


Lire dans des yeux nouveaux la pétillance d'un sourire.
Partager un instant de connivence inattendue.
Parler, doucement, calmement. Rire.
Se laisser même, parfois, aller à un profond silence, sans besoin de le combler.
Pouvoir laisser voguer son regard sans se poser de question.
Réaliser que l'on est entré dans le cercle proche.


Mais, aussi, en vouloir trop, tout de suite, à tout prix.
Vouloir que le temps soit déjà passé.
Craindre d'effrayer par trop de franchise, trop de mots.
Attendre, trop. Hésiter. Attendre encore.
Ne pas savoir l'autre. Tâtonner.
Se retenir pour ne pas effrayer, par peur de commettre une erreur.


Poser des questions / se poser des questions. Vouloir des réponses que l'on a déjà. Ne pas savoir lire, voir, entendre, ni en soi ni dans les autres. Hésiter, hésiter tout le temps, ne pas savourer le présent, ressasser indéfiniment, se cacher alors que l'on veut se montrer, craindre qui l'on est et qui l'on pourrait être, craindre l'autre alors qu'on voudrait le connaître. Peser, repenser, se demander, réviser, remettre en question, comprendre une chose puis son contraire, et s'interroger à nouveau.


J'ai besoin en excès qu'on me manifeste que l'on m'aime parce que j'en suis incapable moi-même. Mais j'y reste aveugle et j'en veux toujours plus. Je veux du voyant, du débordant, de l'intarissable, du nouveau, de l'inattendu, du généreux, sans cesse. J'y étouffe ma spontanéité, mon naturel, ma confiance en moi et dans les autres.

3 Commentaires :

zelda a dit...

Chaque mot pourrait être mien. Chaque mot.
"J'ai besoin en excès qu'on me manifeste que l'on m'aime parce que j'en suis incapable moi-même. "
Un jour nous le serons. Et moi j'aime beaucoup la femme que je devine sur ce blog, même quand elle me ressemble jusqu'au trouble ...

malie a dit...

Zelda > ...et j'ai longuement pensé à toi en écrivant ça. Un billet de toi que je commentais récemment, où je te disais que j'avais appris à mettre des mots. Certains, parfois. Mais pas toujours, pas là. Parce que je disais aussi que certains parfois ont peur des mots. Des mots, des gestes, des regards aussi. Des gens, peut-être. Enfin, je ne sais pas. Je ne sais pas, justement.

Ton commentaire me met les larmes aux yeux. Dans le bouquin d'Odoul dont je parlais dans un billet précédent, il dit aussi que l'on voit dans les autres un miroir de soi-même. Il ne l'a pas inventé évidemment, mais il l'a dit d'une façon que j'ai cru comprendre.

Et comment peut-on en arriver à aimer l'autre, à aimer ce que l'on voit de soi en l'autre, tout en le repoussant lorsque ça vient de soi ?

Et comment pouvoir espérer comprendre ce que l'on voit de l'autre si ce n'est qu'à travers soi-même qu'on le reçoit ?

Qu'est-ce que j'aimerais que l'on soit géographiquement plus proches. Pour voir. (Y arriverait-on, à voir, cette fois-ci ?)

malie a dit...

Et j'en ai encore une : Peut-on faire totalement fausse route sur ce type de chemin ?