vendredi 27 avril 2007

Au placard

Il y a plusieurs bagages que j'ai envie de poser depuis quelques jours. Valises remplies à craquer, qui explosent le soir au coucher quand les idées naviguent vers des cieux plus clairs... ou plus chargés. Je m'asseois dessus de tout le poids de ma raison, ma détermination, et je les referme tant bien que mal mais la fermeture a lâché à force.


Les mots coulent plus librement le soir, et là on est le matin. Ils viennent mieux les yeux fermés. Leur chemin est plus large quand le reste du monde est éteint. L'aube de la raison c'est aussi le crépuscule des divagations, alors j'oublie, je ferme mes yeux intérieurs sur ces choses. Mais voilà que j'ai une envie d'effort, j'entr'ouvre le grand placard de mes ombres intimes et voilà l'échafaudage instable et insensé des valises qui me tombe sur le coin de la gueule.


Désencombrer !


Sentiment furtif que je désquame. Mais, n'y étant pas habituée, je m'en défends. Je m'accroche à mon ancienne peau, veux l'empêcher de se détacher, et refuse de voir la nouvelle. Sentiment d'être aussi vive que cette peau morte.


Envie de comprendre. Quoi ? C'est ce que j'ignore. Peut-être, sans doute une fichue habitude de chercheuse, envie de voir émerger des régularités là où il n'y en a pas nécessairement, nécessairement pas. Envie de comprendre pourquoi ce que j'aime chez les gens que j'aime, c'est moi. Envie de comprendre pourquoi la seule personne pour qui ce n'est pas le cas, c'est l'homme que j'aime. Envie de comprendre pourquoi je ne m'aime pas quand c'est moi.


Besoin de parler, non : de dire. Mais ce n'est pas ça qui changera les choses. Pas avec les mots dont je dispose.


Reprendre les rênes, ce n'est pas ça. A cheval on a vite fait d'apprendre que les rênes, le seul effet qu'elles peuvent avoir c'est celui de leur propre poids. Ce n'est pas ça qui compte, c'est tout le reste du corps. Les rênes, il ne faut pas se crisper dessus : surtout pas. Faire avec tout son corps, son assiette, ses jambes. Le moindre mouvement du regard a un impact sur la direction et l'équilibre. Lâcher un peu les rênes et laisser aller dans le sens du corps, laisser la moindre plume imprimer son influence sur toute la masse.


Où sont mes rênes ?


Elles sont l'arbre qui cache la forêt. A tous les coups. Je n'en doute pas. Il faut bien commencer par un bout, pourtant. Mais il doit être sacrément haut cet arbre pour cacher toute ma forêt, même avec le jeu de perspective quand je suis à son pied. Un truc simple, alors. Quoi ? Dès que je m'attaque à un côté je finis par lâcher, immanquablement, toujours, je chute. Comme une laisse qui d'un coup sec me rappelle au pied du mur. Quelques pistes s'ouvrent à mes idées mais que je ne peux suivre, parce qu'elles demandent de relâcher des contraintes impossibles à surmonter actuellement ; le contexte compte aussi, on ne peut pas en faire abstraction. Bien pratique ? Sans doute.


Je sais ce que je voudrais faire en tout premier, mais j'ai bien peur que ceci ne puisse être que l'ultime dénouement. Il y aurait bien quelques moyens de contourner les obstacles mais c'est tellement trivial que je n'arrive pas à m'y résoudre. Pourtant "résoudre", ça serait bien. Mais j'ai déjà tellement honte ! Marre de porter tous ces poids, infiniment marre, désespérément marre, pathétiquement marre.


Il y a vraiment trop de choses dans ce placard.


Je prends tout ça à pleines mains, je jette en vrac dans le placard ces choses en équilibre instable et je pousse la porte, je force un peu, ça ferme tant bien que mal. La prochaine fois ça sera pareil. Inspiration silencieuse - soupir bruyant. Je ne sais ni ne ce que vais faire, ni ce que je devrais faire.


J'en serai libre, un jour.


2 Commentaires :

Anonyme a dit...

un conseil si je peux me permettre... te connaissant (un peu). Ce placard, pour le moment, laisse le ferm�. Tu sais qu'il existe, et , dans une petit peu de temps maintenant, un tout peu peu de temps, tu sauras quoi en faire, tu devras ouvrir ces valises pleines � craquer les unes apr�s les autres , ou bien toutes a la fois, tu verras; et ce qu'il y a dedans va trouver peu � peu sa place. et je pense meme que cela va se faire presque naturellement. Il faut parfois attendre un petit peu, ne pas se pr�cipiter, quand on veut regarder au fond de soi... courage;

Mimille a dit...

Evidemment que tu as raison, de toute façon je n'ai pas le choix, sous peine de me fermer un paquet de portes, à vie. Ce serait trop bête.

Mais je ne veux plus jamais recommencer ça.