dimanche 15 avril 2007

A la chasse aux orchidees

Hier après-midi nous sommes (enfin !) allés nous balader au-dessus de la maison, entre Rousset et Puyloubier. Finalement, j'avais beau m'affoler en voyant les clichés de Pierre-Michel, il semble que les orchidées soient plus en retard ici que chez lui. Ou alors qu'on n'en ait que peu ici qui fleurissent début avril... ouf ! Nous voilà donc à scruter chaque recoin dans l'espoir de retrouver les quelques espèces que l'on avait rencontrées à cet endroit l'an dernier... (manque de pot je n'ai pas encore remis ces photos-là en ligne, j'essaierai de le faire bientôt, après tout celle-là est de saison)



Les débuts sont décevants. On marche, on marche, le nez par terre, on essaie assez désespérément de retrouver l'endroit exact où l'on avait trouvé nos premières orchidées sauvages, et pas moyen de remettre la main dessus. On voit bien quelques touffes de feuilles basales qui y ressemblent mais rien de fleuri ni de concluant, loin de là. Alors on se dit tant pis. On commence à changer de coin, on prend des photos de ce qu'on trouve. Des tapis d'iris nains en pleine floraison,




Des petites fleurs jaunes qu'on trouve partout mais que je n'ai pas identifiées,



Des touffes pas encore fleuries mais qui ressemblent à des doigts de sorcières,



Un étrange petit conifère (?) rampant,



Une petite fleur qui ressemble à une mini tulipe,



Des euphorbes characias en pleine floraison (voir aussi ici pour d'autres euphorbes),



Du thym qui de défend bien aussi en matière de fleurs,



Mais rien qui ressemble à l'ombre d'une orchidée. On se dit que c'est trop tôt, mais quand-même, l'idée de rentrer bredouille alors que j'attendais cette balade avec la plus grande impatience me déçoit complètement.


Et c'est alors que surgissent les premières orchidées. Bon rien de fantastique, non. Juste un genre d'orchis, déjà fané. A mon avis ce sont des Barlia de Robert comme j'en avais déjà vues près de la maison, mais ici elles sont plus petites. Enfin, vu leur état je n'y mettrais pas ma main à couper non plus.



Autour de ce pied, quelques touffes de la même, qui n'ont pas fleuri ou qui sont encore plus fanées.


Alors je reprends le chemin, un peu plus guillerette quand-même, et je me remets à chercher de plus belle. Mais la malédiction recommence, plus d'orchidées.


Le chemin est bordé de tout un tas d'entrées de terriers qui ont l'air assez récents, et j'en vois un qui m'a l'air encore plus frais que les autres : je m'approche, mais je ne vois rien d'extraordinaire (à vrai dire je ne sais pas à quoi je m'attendais, mais c'est la curiosité qui m'en a fait m'approcher). Sauf que, juste à côté du trou il y avait... ta-taaaam... un opryhs bécasse (ophrys scolopax) !



Il était vraiment tout petit, quelque chose comme 5 cm de haut, mais il dressait fièrement son unique fleur, au milieu de ses congénères en train de pousser, et que tout d'un coup je trouvais partout à mes pieds, à l'abri contre les petites touffes de chênes kermès et de filaires à feuilles étroites.


Ici, ça a brûlé. Je ne sais pas quand, mais ça ne doit pas être très vieux vu que tout est encore très petit. A peine quelques touffes des divers arbres d'une garrigue très classique, et puis des populations de plantes originales par ci par là (i.e., que l'on ne trouve pas très souvent dans les environs, comme le muscari à toupet ou la lavande stoechas, qui sont sur mes photos de l'an dernier qu'il faut définitivement que je remette en ligne !). On voit régulièrement dépasser de vieux troncs calcinés au gré du paysage.


Avec cette découverte de ma première orchidée (en fleurs...), l'euphorie était presque à son comble. J'avais enfin retrouvé celle que je cherchais, et on avait, comme l'an dernier, passé un quart d'heure à admirer cette mini merveille sous tous les angles en disant que quand-même la nature, c'est super fort ce qu'elle peut faire. Mais on n'était pas au bout de nos surprises du jour, puisque quelques dizaines de mètres plus loin j'entends mon mari qui m'appelle, pour m'en montrer un autre.


Cet autre est aussi un ophrys (je vais revenir plus bas sur ce qu'est un ophrys parmi les orchidées), mais pas un scolopax : il s'agit (il me semble bien en tout cas) d'un ophrys provincialis, surnommé (à tort) orchis de Provence (par abus de langage, parce que les oprhys et les orchis c'est pas du tout pareil ! mais j'y reviens, j'y reviens).



Lui aussi est tout petit. Mais il y en a toute une colonie. Tous ne sont pas fleuris, mais il y a beaucoup de boutons.



A ce moment je suis vraiment super contente, parce que des comme ça, je n'en avais jamais encore vus en vrai. C'est vraiment super joli aussi, c'est incroyable ces petites choses. Et puis la balade continue. On avance, et là mon mari m'appelle à nouveau et me montre un coin du doigt : deux orchis pourpres (orchis purpurea) se dressent au-dessus des fleurs rampantes.



L'orchis pourpre est l'un des plus simples à reconnaître (parmi ceux que je connais, en tout cas). Il a des tas de petites taches pourpres (ça tombe bien) sur son plus gros pétale.



Et c'est là que je peux revenir sur la différence entre les orchis et les ophrys. Je préviens que je me base sur le site de Pierre-Michel spécialisé dans les orchidées de Provence.


Dans la famille des Orchidacées (orchidaceae), il y a 5 sous-familles, dont l'un d'elle est largement majoritaire sous nos latitudes : les Orchidioïdées. Chez ces dernières (permettez-moi de ne pas retaper le nom...), les fleurs sont composées de 3 pétales et de 3 sépales (les sépales, ce sont les éléments qui constituent le calice et qui protègent les pétales en les recouvrant quand elle est en bouton). En gros, on a l'impression de voir 6 pétales mais 3 d'entre eux n'en sont pas (et toujours en gros, quand on regarde la fleur de face on voit s'alterner un sépale, un pétale, un sépale, un pétale, etc.).


Les sépales sont les 3 les plus simples, quasiment identiques les uns aux autres. Parmi les pétales par contre, il y en a un qui est très différent des autres, et qu'on appelle le labelle : c'est celui qui en général est orienté vers le bas et a une forme très remarquable. Le labelle peut avoir plusieurs lobes et peut avoir aussi un appendice à son extrémité ; chez certains ophrys il peut avoir aussi des bosses sur les côtés, qu'on appelle des gibbosités (on en voit sur l'ophrys provincialis plus haut). Parfois, le labelle est prolongé derrière la fleur : on appelle ça un éperon (mais je n'ai pas d'exemple de ça sous la main pour aujourd'hui). Et sur sa surface il peut apparaître une macule (dessin plus ou moins brillant). Parfois, les deux petits pétales et le sépale du haut son réunis, et on appelle ça un casque (comme on peut le voir sur les orchis pourpres plus haut).


Et dans tout ça, les ophrys ce sont ceux qui ont le labelle poilu (ophrys ça vient du grec "sourcil"). Et c'est ce même labelle qui prend la forme d'un insecte, et/ou émet des phéromones aminales pour attirer les pollinisateurs.


Bien. Reprenons notre balade. Nous avons grimpé en haut de la butte qu'on voyait sur la première photo, et de là on a admiré le payasage. Au sud, l'extrémité du plateau sur lequel on est, et puis dans le fond la chaîne des monts Auréliens, avec le mont Aurélien tout à gauche de la photo en bleu, et le mont Olympe (si si !) qui fait un petit pic un peu plus à droite. L'Aurélien est sur la commune de Pourrières mais plus proche de Pourcieux, et l'Olympe est presque au-dessus de Trets. Encore un peu plus dans le fond il y a le massif de la Sainte Baume mais on ne le voit clairement que les jours de mistral, quand les reliefs se détachent nettement du ciel.



Au nord, on voit bien sûr la Sainte Victoire. Devant elle, le plateau du Cengle au niveau de la brêche du Troncas (creusée par les Templiers pour assécher le plateau qui n'était qu'un marécage quand ils s'y sont installés), et dont on voit ici la partie de la jupe qui a brûlé au printemps dernier une semaine avant qu'on emménage (c'était donc fin mai). Encore devant, quelques champs (en ce moment c'est l'époque où les vignes commencent à faire quelques feuilles). Devant les champs, le lieu que l'on a arpenté à la recherche de nos orchidées, séparé des champs par l'aïgo vivo, petit cours d'eau qui descend traverser Rousset un peu plus bas (et qui, ici, est bordé d'arbres). Et au tout premier plan, le bout de terre sur lequel on a grimpé.



On redescend, on continue la balade et on rentre chez nous. Et puis... sur le bord de la route du retour je regarde les bas-côtés, et là je vois une nouvelle population d'ophrys, cachée entre les iris nains :



Il semble que ça soit encore des ophrys provincialis, mais je les trouve fort différents de ceux qu'on avait vus plus haut, non seulement dans la forme de la fleur (ça, je sais que ça peut arriver, mais là ils n'ont pas de gibbosités) mais surtout dans la taille des plants : est-ce que ça vient de la différence de lieu ? Ceux-ci sont nettement plus grands que ceux qu'on avait vus pendant notre balade !



Et puis, pour finir, encore plus cachée au milieu des ophrys et des iris : une toute petite marguerite ensauvagée.


5 Commentaires :

pmb a dit...

Bonjour Mirza,

Bravo pour cette balade ! La première petite fleur jaune est une Potentilla (Rosacées), le nom de l'espèce m'échappe. Le conifère n'en est sûrement pas un ! et la tulipe ce nomme Tulipa australis, elle n'est pas très en avance (il y en a plein dans la Plaine des Maures). Pour les Orchidées, l'Ophrys provincialis ne s'appelle pas Orchis, c'est bien un Ophrys ! L'Orchis provincialis c'est une autre plante, très jolie d'ailleurs, un des plus beau Orchis. En voici un exemple tiré de mon site : Orchis provincialis.

Pour la 2ème population d'Ophrys, si la photo de la fleur seule représente bien un Ophrys provincialis (pétales et épales verts, champ basal rouge, macule bordée de blanc...), la photo en pied (ophrys-de-provence-3.jpg) est pour moi un O. arachnitiformis (fin de floraison, sépales blancs...).

Quand à l'Ophrys scolopax, il est superbe !

Mimille a dit...

Merci merci pour les réponses à mes questions !

Le conifère n'en est sûrement pas un !
Oui je m'en doutais mais c'est ce que ça m'évoquait. ;-)

Pour les Orchidées, l'Ophrys provincialis ne s'appelle pas Orchis, c'est bien un Ophrys ! L'Orchis provincialis c'est une autre plante, très jolie d'ailleurs, un des plus beau Orchis.
Pfff oui tu as raison, c'est mon clavier qui a fourché... je m'en vais corriger la faute de frappe (alors même que je prends le temps d'expliquer la différence, ah ben bravo tiens !)

Pour la 2ème population d'Ophrys, si la photo de la fleur seule représente bien un Ophrys provincialis (pétales et épales verts, champ basal rouge, macule bordée de blanc...), la photo en pied (ophrys-de-provence-3.jpg) est pour moi un O. arachnitiformis (fin de floraison, sépales blancs...).
Il faut que je vérifie ça de plus près (mais là tout de suite j'ai du travail...). Effectivement la fleur et le pied ne proviennent pas de la même plante, mais j'ai une photo de près d'une des fleurs de la photo en pied. Donc je regarderai ça un peu plus attentivement.
Je partais du fait que je ne risquais pas de trouver encore une espèce diffénrente dans la même journée ! (et sur le même emplacement, en plus)

En tout cas merci mille fois pour ton coup de main :-)

Mimille a dit...

Pour la 2ème population d'Ophrys, si la photo de la fleur seule représente bien un Ophrys provincialis (pétales et épales verts, champ basal rouge, macule bordée de blanc...), la photo en pied (ophrys-de-provence-3.jpg) est pour moi un O. arachnitiformis (fin de floraison, sépales blancs...).
--> J'ai regardé de près la photo de la fleur qui était sur ce pied-là, et vraiment je ne sais que dire... j'ai cherché aussi des photos d'O. provincilais et O. arachnoformis et j'ai du mal à faire la différence entre les deux.

Ses sépales sont blanc-vert, ce qui n'arrange pas mon affaire ;-)

Anonyme a dit...

Je ne commente pas souvent, mais j'adore tes photos. :-)

Mimille a dit...

Merci Anna ça fait chaud au coeur ! :-)