lundi 15 décembre 2008

Râté

Bon. J'ai râté le rendez-vous chez la psy parce que j'avais confondu l'horaire avec celui d'une autre rendez-vous que j'ai annulé demain. Pas pu y aller, remis à plus tard. Et puis je me suis soudain sentie complètement débordée. Tous ces rendez-vous, toutes ces obligations d'un coup alors que je n'en avais plus, toutes ces choses à faire à divers endroits. Cet aller-retour à Paris que je dois faire mercredi et qui me terrifie tellement je n'en ai plus l'habitude. Ni l'envie. Ni l'amusement. Les grands écarts qui se comptent par cinquantaines de kilomètres entre les différents endroits où je dois me trouver à chaque demi-journée. Et ce rendez-vous que j'attendais, auquel je me préparais, dont j'attendais un certain soulagement, et que j'ai râté. Il faudra encore que je l'attende. Et je ne suis sentie nulle. Et j'ai voulu me changer les idées en allant voir à la ferme mais il n'y avait personne. Et il pleut. J'ai craqué — comme souvent, trop souvent, ces jours-ci. Je voudrais dormir, je voudrais que cette journée soit terminée, que cette semaine aussi, que ça soit les vacances alors même que je viens de commencer, que les vacances ne s'arrêtent plus, je ne veux plus y aller, je ne veux plus faire ça, me forcer, tout le temps me forcer, me dire que c'est bon pour moi alors que j'ai l'impression que tout me crie que non, je me sens tellement perdue d'avance et je n'ai plus envie de rien. Si, que mon mari soit là et que je me blottisse au chaud dans ses bras et qu'on reste un moment comme ça, un moment jusqu'à ce que mon coeur se remette à battre, jusqu'à ce que je n'aie plus froid, jusqu'à ce que l'envie me revienne, n'importe quelle envie, juste une envie parmi d'autres.


Il y a des moments où tout s'écroule pour un rien, et pfff c'est difficile parce que c'est trop souvent comme ça ces jours-ci. Des moments où j'ai tellement mal que j'ai envie de tout casser et de hurler à m'en arracher les cordes vocales et puis de me rouler en boule dans un coin et de disparaître. Et je sais très bien qu'il suffirait que je me prenne en main pour ne plus ressentir ça, qu'il ne faut pas que je me laisse aller, qu'il faut que je me force à faire quelque chose, n'importe quoi pour m'occuper l'esprit et que ça va passer, mais c'est tellement douloureux, ça m'envahit tellement que j'ai beau lutter je mets un temps fou à y arriver.


Ça va passer. Ça va finir par passer.

12 Commentaires :

Anonyme a dit...

Je te lis régulièrement mais je ne commente pas souvent... c'est si difficile de savoir quoi dire dans certaines situations, peut-être qu'un peu d'attention et de pensées lointaines font du bien aussi.
Mais là ce billet me fait réagir, parce que j'ai connu l'état que tu décris (dans d'autres circonstances que celles où tu es), et je voulais juste te dire : non, je ne pense pas "qu'il suffirait que tu te prennes en mains pour ne plus ressentir ça".
Essaie de ne pas te sentir coupable (je sais que c'est difficile), il y a des états qu'on ne peut pas contrôler par sa seule volonté... même s'il est si dur de lâcher prise.
Je te souhaite plein de courage et je voulais t'assurer qu'on peut retrouver "l'envie". Mais pas tout seul.
Amitiés sincères.

Anonyme a dit...

Comme Marie, je voudrais te dire de ne pas t'en vouloir parce que tu souffres. On vit dans un monde où la douleur n'est pas permise, il faut faire comme si... être souriant et reprendre le cours de la vie. Mais non ! Tu as le droit, m'irza, d'être triste, de pleurer, de te rouler en boule, de hurler, de ne pas avoir envie de te forcer à faire un travail qui ne te convient pas, ou plus.

Dans la rumeur du monde, les gens disent que perdre un enfant, c'est la pire chose qui peut arriver. Et ça t'est arrivé. Alors, non, tu n'as aucune obligation d'aucune sorte à assurer le pâté quotidien, à te souvenir des rendez-vous, à aller à droite et à gauche comme un vaillant petit soldat.

Même si c'est vrai - et heureusement- que ce moment de deuil "des premiers temps" passera, ne te reproche rien. Tu fais pour le mieux.

Moi qui te lis, je trouve chouette ce lien avec la nature, ce rapport tendre aux chevaux et aux bêtes, et je suis sûre que tu as plus à faire de ce côté-là que du côté des bureaux aux néons.

Et j'ai trouvé un peu fort que tes collègues n'aient pas pris davantage soin de toi, t'ait si mal accueillie, que nulle part dans cette structure (que je ne connais pas et ne cherche pas à identifier), il n'y ait une sorte "d'amicale" (le nom est désuet mais dit bien ce qu'il veut dire) qui gère les "carnets roses et noirs"...Une carte, un panneau affiché donnant des nouvelles, pour éviter les impairs.

Non, vraiment m'irza, tu n'a rien à te reprocher, alors s'il te faut du temps, prends-le : les congés de maladie ne sont pas un luxe pour faire un tel deuil. Le temps de prendre tes marques pour, aussi, peut-être, trouver de l'aide, un lieu où parler, ou bien peindre, faire de la poterie ou n'importe quoi d'autre qui te plairait, qui te ferait envie...

Je t'embrasse fort.

samantdi

Valérie de Haute Savoie a dit...

Et Marie et Samantdi on déjà tout dit pour ce qui est de l'inutilité de croire qu'il suffirait de se prendre en main.
NON ! C'est sans doute la seule chose où l'on peut dire sans aucun doute que la volonté n'y est pour rien.

Tout comme ce rendez-vous raté chez la psy. On ne rate pas un rendez-vous sans raison, là non plus on n'est pas responsable, on a un inconscient qui est plus fort que tout et sans doute te fallait-il ce ratage (mais toi seule trouvera le pourquoi de cette nécessité, lentement, en avancant dans cette vie nouvelle et encore si douloureuse)
Je crois aussi, que ce contact si fort avec tes chevaux t'aide à réparer ta maternité.(je ne suis pas satisfaite de ce mot... mais je ne trouve pas le mot juste).
M'irza, permets toi de ne pas être surhumaine.

Anonyme a dit...

Bonsoir,
On ne se connait pas, mais je lis ton blog, la façon dont tu mets les mots sur les émotions me touche.
Tu as peut-être râté ton RV mais moi, je te le dis franchement: ce qui est râté, ce n'est pas toi, mais c'est l'accueil des collègues, les structures psychologiques où il faut attendre trop longtemps pour avoir un RV. Tu as le droit de râler, de ne pas trouver çà juste et de vouloir te coucher. Peut-être que ce retour est trop rapide, trop entier, qu'il ne te laisse plus de place pour penser. Charlotte

Lise a dit...

Oh, M'Irza, il faut crier et pleurer parfois, plutôt que prendre sur soi.
Il faut dormir en boule dans des bras pleins d'amour, plutôt que courir chercher ce qui ne fait plus sens.
Il faut du silence et du temps pour que le chagrin puisse de transformer, quand cela sera juste.

J'aurais tellement aimé que ma mère sache prendre le temps de son deuil, plutôt que de le fuir désespérément et d'y rester coincée, et nous avec, tant d'années.

Je t'embrasse fort et pense à toi.

Lise

mowglinomade a dit...

Hooo, et moi qui soule tout le monde avec mes problemes de qualif.
Tout comme les autres: il faut hurler, tempeter, casser, se laisser aller, il faut sortir tout ça.
Et peut-être que le retour au labo est un peu prématuré: tu sembles avoir besoin de la douce compagnie des chevaux plutot que de la rêche loghorrée verbale des moustachus à carreaux pour l'instant. Un congé deuil, une année sabbatique pour voir ou tes pas te portent?

Anonyme a dit...

Je crois que je comprends un petit peu... Cette sensation qu'il suffirait qu'on se prenne en main, sauf qu'on n'en a même plus la force, même plus l'envie. L'envie d'aller mieux, d'arranger les choses.

Ce n'est pas du masochisme, juste qu'il est sans doute encore trop tôt. Un deuil ça prend du temps, beaucoup. Dans nos sociétés pressées, ce temps on ne l'accorde plus, on veut brûler les étapes. Ca ne peut pas marcher.

Accorde-toi ce temps. Sois clémente.

malie a dit...

Marie > (Je suis contente de te retrouver ! Je ne savais pas si tu venais toujours par ici ou non !)

<< non, je ne pense pas "qu'il suffirait que tu te prennes en mains pour ne plus ressentir ça". >>
Disons que c'est ce que me dit mon mari, et ce malgré sa présence réellement exemplaire. En tout cas c'est ce que je comprends de ce qu'il me dit, sans doute que ce n'est pas exactement ça mais je n'arrive pas vraiment à l'entendre autrement. Alors quand je ne sais plus quoi faire de moi, je me confie à ses bons soins. C'est déjà bien d'avoir la possibilité de le faire — en tout cas, quand lui-même est capable de l'assumer.

Merci beaucoup pour ton mot :-)

Satmandi > << Alors, non, tu n'as aucune obligation d'aucune sorte à assurer le pâté quotidien, à te souvenir des rendez-vous, à aller à droite et à gauche comme un vaillant petit soldat. >>
D'un point de vue strictement humain non, bien sûr que je n'en ai pas l'obligation. Mais la vie (ma vie et celle de ma famille) ne s'arrête pas là et j'ai clairement l'impression de risquer son avenir à me lâcher prise et prendre en compte mes ressentis. Si je refuse de retourner travailler, clairement, d'une part ça me grille auprès de mes pairs (mais bon sur ce point c'est très relatif je le reconnais) et surtout d'autre part je me mets au chômage tout de suite au lieu de dans 4 mois, ce qui réduit nos revenus totaux d'autant. Si rien ne s'arrange d'ici là, j'aurai l'air maline avec mes 4 mois perdus... même si je vais mieux alors, j'aurai tout de même moins d'argent pour manger et faire manger mon mari. Mine de rien, c'est un vrai problème, ou en tout cas je le perçois comme très préoccupant.

<< Moi qui te lis, je trouve chouette ce lien avec la nature, ce rapport tendre aux chevaux et aux bêtes, et je suis sûre que tu as plus à faire de ce côté-là que du côté des bureaux aux néons. >>
C'est ce que je me dis presque à chaque instant, que je sois en train de faire l'un ou l'autre. Et tout mon corps me le crie sans cesse de toutes les façons qu'il peut ! Mais j'avoue que j'ai également un trac fou de lâcher le petit sac professionnel que je m'étais consciencieusement fabriqué et rempli toutes ces années, le lâcher pour je ne sais quoi précisément (tu vas me dire, sur le "précisément", il suffirait d'en parler pour le préciser...).

<< Et j'ai trouvé un peu fort que tes collègues n'aient pas pris davantage soin de toi, t'ait si mal accueillie, que nulle part dans cette structure (que je ne connais pas et ne cherche pas à identifier), il n'y ait une sorte "d'amicale" (le nom est désuet mais dit bien ce qu'il veut dire) qui gère les "carnets roses et noirs"...Une carte, un panneau affiché donnant des nouvelles, pour éviter les impairs. >>
J'avais lu ton commentaire il y a quelques jours déjà et depuis j'ai pas mal repensé à ça. Oui c'est vrai ce que tu dis, et il existe effectivement un tableau permettant de noter des nouvelles des collègues (et aussi une liste de diffusion, ça peut servir également à cet effet). Sur ce tableau ne sont indiquées finalement que des "bonnes nouvelles", sans doute par peur de blesser, de gêner, de faire je ne ais quoi avec des mauvaises. Tu sais, on annonce toujours plus facilement une bonne nouvelle qu'une mauvaise. C'est nul, mais je m'en rends compte spécialement aujourd'hui.

Et puis hier à la réunion à Paris ça a été rebelote : je n'avais prévenu que les responsables du projet, pensant qu'ils diffuseraient l'information mais ils ne l'ont pas fait. Du coup hier deux personnes m'ont demandé si c'était un garçon ou une fille... et se retrouvés désolés, à ne plus savoir que dire à part "Désolé", une fois que je leur annonçais la nouvelle. Je n'aime pas ça, vraiment.

Et puis je ne peux pas prendre de congé maladie : le projet sur lequel je suis embauchée finit avec la fin de mon contrat, qui ne pourra donc pas être repoussée d'autant. Prendre un congé maladie sur un contrat de 4 mois, c'est tout de même pas simple...

Merci aussi beaucoup pour tout :-)

Valérie de Haute Savoie > << On ne rate pas un rendez-vous sans raison, là non plus on n'est pas responsable, on a un inconscient qui est plus fort que tout et sans doute te fallait-il ce ratage (mais toi seule trouvera le pourquoi de cette nécessité, lentement, en avancant dans cette vie nouvelle et encore si douloureuse) >>
Oh que oui je suis bien d'accord avec toi là-desssus ! Et je me demande bien ce qui a pu me faire confondre les heures comme ça, et ne pas vérifier tout simplement avant qu'il ne soit trop tard... Pour l'instant je n'ai pas trouvé pourquoi ; d'habitude je m'en sors plus vite pour ce genre de chose...

Charlotte > << Tu as peut-être râté ton RV mais moi, je te le dis franchement: ce qui est râté, ce n'est pas toi >>
Alors là merci beaucoup, ces mots me frappent et me font monter les larmes aux yeux tellement ça touche quelque chose de profond en moi.

<< Peut-être que ce retour est trop rapide, trop entier, qu'il ne te laisse plus de place pour penser. >>
Oui c'est sans doute vrai, mais comme je le disais plus haut je ne peux guère faire autrement. En tout cas c'est l'impression que j'ai.

Lise > Je n'arrive pas à distinguer les moments où on peut se laisser aller et ceux où il faut se prendre en main. Je ne sais pas faire la différence. Et chaque fois que j'essaie je me plante. Ce n'est pas si facile... (et ça doit l'être encore moins quand on a ses enfants avec soi)

Mowglinomade > << Un congé deuil, une année sabbatique pour voir ou tes pas te portent? >>
Si on avait les moyens financiers c'est ce que j'aurais fait, sans hésitation. Mais sans mon revenu on ne peut plus payer le loyer, alors... (et pour les chevaux il faudrait prendre qqs mois d'installation avant d'espérer que ça puisse rapporter un tout petit quelque chose)

ddc > << L'envie d'aller mieux, d'arranger les choses. >>
Oui, c'est exactement ça. Je voudrais m'appliquer à aller mieux, je voudrais m'y prendre "comme il faut". Et à répondre à ton commentaire, ça me fait remarquer que sur ce point je fais exactement comme pour tout le reste : j'ai l'impression de ne pas le faire bien, de pouvoir le faire mieux, de ne pas y mettre tout ce que je pourrais, de me mettre volontairement des bâtons dans les roues pour échouer. Pour que ça difficile pour moi et pour les autres qui m'entourent aussi (de me voir tenir, tenir puis craquer comme ça d'un coup).

J'entends ce que vous me dites toutes, mais je ne sais pas comment prendre ce temps. Je ne sais pas si c'est la solution. Et pire que tout, je ne sais pas comment faire pour le savoir, ou faute de ça pour prendre une décision au moins.

Anonyme a dit...

"Mais j'avoue que j'ai également un trac fou de lâcher le petit sac professionnel que je m'étais consciencieusement fabriqué et rempli toutes ces années, le lâcher pour je ne sais quoi précisément"

Alors ça je partage à 100%... pour l'instant j'ai pas trouvé le cran mais j'ai l'impression qu'inconsciemment je m'autosabote pour au final ne plus me laisser le choix (?!) Ca te fait ça aussi ?

malie a dit...

ddc > Oui j'ai exactement la même impression... et j'en culpabilise à mort !!! :-/

malie a dit...

PS : J'ai également l'impression de tout interpréter dans un sens particulier. Notamment quand j'ai mes douleurs qui me reprennent les jours où je vais travailler j'ai tout de suite tendance à penser que c'est forcément lié, que c'est une manifestation de moi-même qui me dis "ne le fais pas, tu vois bien que ça te rend malade". Et puis si c'était le cas, si c'était bien le message que j'essayais de me faire passer via mon corps, alors est-ce que ça ne serait pas inconsciemment volontaire de ma part, pour aller dans mon sens ?

Anonyme a dit...

je n'ai pas tout lu ... mais j'ai vu ta douleur immense qui niche au trés fond de ton ventre laissé vide, comme si il était béant, mais que ta douleur y raisonne
j'ai envie de te dire : laisse la te traverser, ne la retient pas puisqu'elle te fait mal et ce n'est pas un abandon, c'est ta vie
personne ne nous a jamais dit a quoi ressemblait le cortège mortuaire, c'est parce qu'il n'est jamais le même mais il doit passer, il va passer, soit en assurée et si tu pouvais être rassurée pour ton petit, aussi ..
... tu sais ... je vais au cheval
et aussi ailleurs
je t'embrasse bien fort et je chuchoterais demain des mots doux à l'oreille de raadika pour partager une pensée positive avec toi