samedi 21 juillet 2007

La fonctionnaire et l'éleveuse de chèvres, 2

Et nous voilà maintenant repartis dans un rêve, l'une de ces douces rêveries qui nous reviennent régulièrement.


Et si...


Et si on avait trois sous devant nous, pas beaucoup non, juste trois sous, et que ça nous suffisait pour faire un tout petit emprunt de complément, et qu'avec ça on pouvait enfin s'acheter notre chez nous ? Quand je vois la différence de prix avec des coins comme en Bretagne, si on habitait là-bas on aurait pu acheter il y a des années déjà. Mais la Provence coûte cher, très cher, et à présent c'est vrai même dans les coins les plus reculés. Coins reculés qui nous font rêver certes (comme ce tout petit cabanon qu'on a vu à Rougon), mais qu'on ne pourrait pas habiter, pas maintenant, pas tant que je n'ai pas essayé une seconde fois, et peut-être même réussi qui sait, d'entrer dans la voie à laquelle ma formation me destine.


Dans ces moments-là je ne vois que des sacrifices : faire une croix sur une possible carrière académique si on se laissait tenter par la campagne profonde, ou bien faire une croix sur une vie dans un endroit auquel on se sent naturellement connectés si on reste proches d'une université - donc d'une (très) grande ville. C'est un peu triste, de me trouver des regrets dans tous les cas, je pourrais me dire le contraire. L'ennui c'est que le contraire est dangereux :


Décider de mettre toutes les chances de mon côté pour me trouver un bon boulot ? Concrètement ça veut dire sombrer à nouveau dans cette adrénaline intellectuelle qui m'a ruinée, ça veut dire louer éternellement quelque chose de minuscule au loyer exhorbitant parce qu'on a besoin d'un jardin, ça veut dire probablement quitter la région sous peu, déménager une fois, peut-être deux, sans même pouvoir revenir avant une dizaine d'années au moins si ça se trouve. Ça veut dire me sentir coupée, toujours, de là où je veux être. Me prendre le rouleau en pleine face, boire la tasse et me retrouver la tête dans le sable. Mais finalement c'est la seule vie que j'aie pu connaître jusqu'ici.


Et décider d'abandonner, au moins en majeure partie, toute cette vie que j'ai menée jusqu'ici ça veut dire repartir à zéro, dans l'inconnu total, sans savoir si ça me plairait, si je tiendrais le coup (on m'a tellement répété que "je ne tiendrais jamais le coup"), et surtout sans savoir au juste quoi faire. Sans plan tout à fait établi, avec tellement de possibilités... et c'est complètement effrayant, finalement, qu'il y ait tant de possibles dans cette direction. Et puis tout le monde m'a dit que tout retour en arrière était impossible et ça me travaille, même si je n'y crois pas, j'ai déjà eu l'occasion de constater l'inverse, à plusieurs reprises. Mais c'est difficile pour ces gens-là. Et puis je me demande si je considérerais un retour, le cas échéant, comme un échec (ou pas).


Ce qui est dur là-dedans c'est que rien ne m'oblige. A rien. Je peux faire un peu ce que je veux, pami ce que j'ai envie de faire (ou tout au moins d'essayer). Mais c'est tellement confortant de me dire que je vais continuer à faire ce que j'ai toujours fait, malgré tous les inconvénients que je connais. Parce que malgré eux, si j'y arrive, je sais ce que j'aurai gagné. J'aurai gagné le droit de ne plus avoir de problèmes d'argent. Je ne parle pas de gagner des milles et des cents, mais juste de quoi ne plus être éternellement harrassée par mon banquier, ne plus passer des nuits à angoisser, ne plus demander de l'aide en urgence à nos familles. J'aurai gagné aussi une reconnaissance de ce que j'ai fait jusqu'à présent. (Un peu dérisoire, hein ? J'y suis pour rien, je défriche pour l'instant.) J'aurai gagné le droit d'enseigner à peu près librement, et j'aime enseigner, c'est important pour moi. La recherche, je suis en train de revenir dessus, ça me fatigue de plus en plus (même si ça me plaît toujours quand-même, mais je constate qu'il peut y avoir plein de façons de retrouver ce sentiment génial de la recherche, différemment). C'est un chemin que j'ai déjà parcouru en partie, je sais à peu près de quoi il est composé. Et j'ai une peur bleue que si jamais je le quitte, je me retrouve dans quelque chose que j'estime pire.


Quand j'y pense, quand je liste ce que je vois comme avantages et inconvénients de chacune des situations possibles, je me dis que ça ne souffre même pas la comparaison, qu'en réalité c'est tout choisi depuis des lustres dans ma tête. Et alors je me dis que je ne dois pas décider, pas encore, parce que je n'y vois pas encore assez clair, je n'ai pas encore assez de recul. C'est drôle, tous ces gens qui disent qu'il suffit de choisir et qu'ensuite il n'y a plus qu'à y aller, que choisir ça n'est pas si difficile que ça, que c'est de ne pas choisir qui est le plus difficile. Moi je trouve ça infiniment compliqué de choisir ; ne serait-ce que peser objectivement, ou plutôt honnêtement le pour et le contre, je n'arrive pas à le faire, je n'arrive pas à savoir quand je suis complètement honnête ou non.


Et là je repense à un billet que j'avais écrit sur ce même thème il y a quelques mois. Je me souviens que j'avais déclaré avoir pris ma décision. Et si j'avais gagné une somme d'argent suffisamment importante pour me mettre hors du besoin de travailler pour payer ma pitence, une fois que j'aurais passé les premiers temps à dépenser pour telle et telle chose, pour payer des cadeaux aux êtres chers, pour ce genre de chose, alors à quoi est-ce que j'aurais envie de passer mes journées ? Et j'avais répondu à faire de la recherche et de l'enseignement.


A vrai dire, quand je vois aujourd'hui dans quel état ça m'a mise, et quand je vois autour de moi que c'est un peu pareil pour tout le monde, je me demande si c'est vraiment ce que j'ai envie de faire. Je sais, pour l'avoir vécu, que le danger d'exercer un job par passion est de ne plus faire la différence entre travail et loisir, et de risquer à presque tous les coups de se noyer dedans. On travaille trop, on tient le coup parce qu'on se dit qu'après tout c'est quelque chose qu'on aime, et on ne voit pas que l'on est en train de se laisser dévorer par une vie monochrome.


Quand je relis le début de ce billet j'y vois que ma décision est théoriquement prise : reprendre mon activité habituelle l'an prochain, essayer une nouvelle fois, et si ça ne marche toujours pas alors (et alors seulement) aviser. Et pourtant, je n'arrive pas à me dire que c'est là la solution. Ça ne me donne pas l'impression d'une juste décision prise. De quelque chose qui me satisfait et me soulage, qui me permet d'envisager l'avenir proche sous une forme qui m'enthousiasme ou me convient. Chaque jour qui passe je constate que je suis encore plus usée par mes dernières années que je l'imaginais. Chaque jour qui vient je sens monter en moi un appel de plus en plus poignant d'une autre vie, d'un autre quotidien, d'autres activités plus réelles, plus réalistes, plus proches de ce que j'entends par vivre.


Alors je me pose une question à laquelle je n'ai pas de réponse pour le moment : Et si l'année prochaine, pendant mon chômage, au lieu de reprendre la recherche de plus belle, j'en profitais pour tester une toute autre vie ? Je n'aurais plus uniquement ces quelques deux mois d'été pour me remettre en selle avant de reprendre la bataille, et un on décompresse et deux on se reconstruit et un allez plus vite que ça et deux l'horloge tourne ma bonne dame et un il te reste tant de temps et deux qu'est-ce que tu as fait jusqu'à présent ? Et si j'en avais marre entre temps, si j'avais envie de reprendre la recherche, je pourrais toujours alors. Il faudrait que je me refasse accepter par les miens, mais je ne crois pas que ça serait complètement impossible. Enfin, on ne peut jamais savoir mais on peut avoir une petite idée. Et si je me donnais le temps qu'il me faut, plutôt que le temps que l'administration impose indifféremment à tous ?


Ne pas être inflexible sur ce dont j'ai envie, quelque part, ça devrait me permettre d'accepter tout simplement ce qui se propose. Mais j'ai pu remarquer que pour que certaines catégories de choses puissent se présenter, il faut savoir se trouver au bon endroit, au bon moment. Et donc savoir un minimum dans quelle direction on veut aller.


Finalement ça doit être vrai, que choisir est plus simple que de ne pas choisir.

20 Commentaires :

mowglinomade a dit...

Il y a un mois, j'étais dans le même genre de reflexion. J'ai même pas encore soutenu, mais par anticipation: et le mari militaire, et l'enfant, et les postes difficiles à trouver, et le poste dans le secondaire a 100kilomètres de chez moi dans une spécialité qui n'est pas la mienne, est-ce que ca justifie le célibat géographique, postuler sur un poste loin, ect.... jusqu'a ce colloque de juillet, ou trois chercheurs de trois facs différentes qui ne se connaissaient pas m'ont raconté les mêmes anectodes sur les commissions de recrutement. Et ou j'ai enfin compris que mon recrutement ne dépendrait pas de mon dossier. Dans certains cas, avoir un bon dossier pourrait même me desservir (trop bon, va partir, sera casse-couille (sic!!!)). Que dans la plupart des cas, ca n'aura pas d'influence. Que ca risque de dépendre des forces en présence, que je pourrais rentrer sur un coup de chance si le jury est divisé sur deux candidats auxquels chaque moitié tient et qu'il faudra se rabattre sur un troisième larron consensuel parcequ'inconnu dans cette fac. Des facteurs qui ne dépendent absolument pas de moi.
ALors j'ai décidé de ne pas choisir, de voir venir. De finir ma thèse, ce qui sera déjà pas mal, de postuler une fois, de faire un choix transitoire (repostuler/arreter les frais), et on verra....
Mais je ne sais pas si cette prise de conscience m'apporte vraiment la paix. Misère de l'impuissance.

Anonyme a dit...

cette adrénaline intellectuelle qui m'a ruinée
Tu pourrais parler plus en détails de cette adrénaline intellectuelle? Histoire de voir si ça correspond à quelque-chose de connu chez moi (et probablement chez d'autres qui lisent ce blog).

on m'a tellement répété que "je ne tiendrais jamais le coup"
Chose à laquelle un peakiste (comme Cassandre, kraveunn et LeLama du forum SV) répondrait qu'à terme il n'y pas le choix, pour bouffer il faudra cultiver, du coup ça fait une question en moins à se poser.

Chaque jour qui vient je sens monter en moi un appel de plus en plus poignant d'une autre vie, d'un autre quotidien, d'autres activités plus réelles, plus réalistes, plus proches de ce que j'entends par vivre.
Moi aussi tiens. Et quelque-part j'ai bien envie de le suivre pour ne pas, quand je serai trop vieux, regretter de ne pas l'avoir fait.

Mimille a dit...

Mowgli > En fait ça me tarabuste depuis longtemps. Pendant ma 2e année j'avais déjà envie d'abadonner et de faire autre chose... mais finalement, c'était moins concret que ça l'est à présent, parce qu'entre temps j'ai soutenu ma thèse et j'ai passé une première année de concours. Et puis aussi parce que contrairement à toi, je n'ai pas de concours d'enseignement à l'école (Capes ou Agreg - il me semble que c'est ton cas, non ?). Ça change pas mal de choses je crois, d'une part parce que ça n'existe simlement pas dans mon domaine (y'a bien un agreg de grammaire mais avec des épreuves de latin, de grec ancien, d'ancien français, de littérature... mpfff), d'autre part parce que du coup, dans mon cadre, il n'existe donc pas de problème d'affectation possible à un niveau national. Là je me contente de postuler sur les postes qui "m'intéressent" dans les facs.

Sur l'argument que le recrutement ne dépend pas de ton dossier, à mon avis c'est inexact : ça dépend bel et bien de ton dossier, mais en partie uniquement. Il y a bien d'autres choses qui entrent en jeu. A dossier équivalent (faut pas rêver, on est nombreux à avoir de bons dossiers) ce sont d'autres choses qui viennent peser dans la balance. Et puis il y a bien entendu des "cas limites" dans les recrutements, c'est connu (les fameux "postes à moustaches"). Mais ce n'est pas systématique tout de même. J'ai des ami(e)s qui ont été recuté(e)s juste sur la base de leur dossier, dans des facs moyennes ou petites. L'argument de "il ne faut pas avoir un trop bon dossier sinon le candidat ne restera pas", c'est à toi de le faire tomber pendant l'audition, en montrant à quel point tu veux le poste, en expliquant clairement que si tu as candidaté c'est parce que le poste t'intéresse (peu importe ce que tu en penses dans le fond). Ensuite, ça dépend sans doute en partie aussi des domaines, c'est très variable, alors ce que je dis là me semble valable pour mon domaine, pour le tien j'en sais rien. Et même pour le cas où c'est qqn qui passe en outsider parce qu'il y avait division de la CS sur deux de leurs poulains (je l'ai vécu cette année en étant l'un des deux poulains, donc je savais que je ne passerais pas, connaissant les protagonistes), le 3e qui passe, il passe grâce à son dossier et à sa prestation à l'audition, il ne passe pas juste par l'opération du saint esprit ;-)

"ALors j'ai décidé de ne pas choisir, de voir venir. De finir ma thèse, ce qui sera déjà pas mal, de postuler une fois, de faire un choix transitoire (repostuler/arreter les frais), et on verra...."

C'était bien ce que je m'étais dit. Sauf qu'en plus j'étais à peu près assurée de dégoter un poste. J'étais un peu trop sûre de ça sans doute, même si finalement aujourd'hui je sais que ce poste ne m'aurait pas plu autant que je m'en étais convaincue. Et puis à présent j'ai passé la première tournée de concours, et j'en suis à devoir prendre une décision, et à ne pas savoir précisément laquelle prendre... ou plus exactement à ne pas être satisfaite de celle que je suis censée avoir prise ;-)

Mimille a dit...

Koldo > "Tu pourrais parler plus en détails de cette adrénaline intellectuelle? Histoire de voir si ça correspond à quelque-chose de connu chez moi (et probablement chez d'autres qui lisent ce blog)."

J'en avais parlé un peu ici, mais ça parle plutôt de mon manque d'adrénaline que de l'adrénaline elle-même.

Hé bien dans cette adrénaline, vue comme je la vois aujourd'hui avec des souvenirs qui remontent, il y avait, en vrac :

- le fait parfois de me réveiller en pleine nuit avec une "super idée" et de ne plus pouvoir me rendormir,

- le fait (ça, ça m'irrivait surtout pendant la rédaction d'articles) de voir une idée devenir de plus en plus précise, de plus en plus réaliste, avec de plus en plus d'exemples et d'applications possibles, et que la première chose que je fasse le matin ça ne soit même plus de boire une café en lisant mes mails mais de me mettre directement à table avec un papier et un crayon et d'écrire, de dessiner, de faire des schémas, de noter des exemples d'analyses sans voir le temps passer (en général, dans les "grands moments" ça durait de 6 ou 7h jusqu'à 15h30, où je commençais à mourir de faim). Quand l'idée se déourlait comme ça, quand je trouvais une bonne forumlation, quand je constatais que tout se goupillait comme le je voulais, quand j'arrivais à résoudre un problème (typiquement eurékâ), ça me procurait une sensation géniale que j'adorais, et qui faisait que je tenais le coup, que je bossais sans cesse, sans voir le temps passer.

- le fait d'avoir 1000 choses à faire à la fois, et que quoi que je choisisse de faire, de culpabiliser parce que j'ai d'autres choses à finir et que tout est urgent. Le fait qu'à chaque fois que je voyais mon directeur il me disait que faire telle ou telle chose "toutes affaires cessantes" mais que concrètement, toutes affaires cessantes, ce n'était simplement pas possible. L'un de mes plus grands moments dans le genre c'était quand on organisait une grosse conf' internationale à Marseille et que c'était moi qui m'occupais des inscriptions, de la gestion des logements, et des relations avec les conférenciers (en amont j'avais déjà fait tous les dossiers de demandes de subvention...). Je recevais une bonne centaine de mails par jour auxquels il fallait que je réponde ASAP, des faxes, des chèques à encaisser, des tas de trucs à régler différemment suivant les pays d'origine (je me souviens des trucs de fous pour le conférencier russe, tous les papiers qu'il lui fallait).
Je gérais ça + mes cours à préparer (des cours nouveaux dans le cursus que j'étais la seule à pouvoir faire et qui étaient réputés difficiles) + des relations avec certains séniors (quelques travaux / discussions par correspondance) + des articles à rédiger + des trucs administratifs (j'étais représentante des doctorants au conseil de labo entre autres) + quelques autres choses encore. Je n'avais jamais "rien à faire", quand je m'occupais des mails des conférenciers c'était "ma pause" par rapport au reste. Inutile de dire que ma thèse était passée complètement à la trappe, pendant quasiment tout le semestre.
Heureusement que j'étais qu'en 2e année et que j'ai pas eu de dizaines de dossiers d'Ater à faire en même temps...

Bon, il y en aurait d'autres encore, tout plein, mais c'est quelques exemples. Est-ce que ça répond à a question ou pas ? En attendant je réponds à la suite.

"Chose à laquelle un peakiste (comme Cassandre, kraveunn et LeLama du forum SV) répondrait qu'à terme il n'y pas le choix, pour bouffer il faudra cultiver, du coup ça fait une question en moins à se poser."

Oui mais là on pourrait me répondre qu'un potager en dilettante d'accord, mais y passer le plus clair de son temps, "jamais je ne tiendrais le coup"... tu comprends ça serait trop dur, faut se lever à pas d'heure le matin pour faire les marchés, faut bosser dehors même quand il fait un temps de merde et même quand t'es malade, faut pas croire que ces gens-là ils ont une vie aussi facile que la tienne (qu'ils disent, les gens).

"Moi aussi tiens. Et quelque-part j'ai bien envie de le suivre pour ne pas, quand je serai trop vieux, regretter de ne pas l'avoir fait."

Hé hé ;-)
Oui mais ça marche aussi dans l'autre sens, ça. Mon problème actuellement, posé en ces termes-là, c'est que si je choisis l'un, j'ai des chances de regretter l'autre ensuite...

Anonyme a dit...

Est-ce que ça répond à a question ou pas ?
Les deux premiers points, je vois exactement (mais alors grave) de quoi il s'agit, c'est typiquement ce que j'appelle "emballement intellectuel vite allumé et vite éteint", sauf que je n'ai jamais poussé le truc aussi loin que toi, et vu ce que tu en racontes je me dis que c'est peut-être pas plus mal.
Je dis "vite éteint" parce-que la vie sensorielle revient toujours sans trop tarder et remet ça à sa place.
En fait tout ça c'est une histoire de nénergie, comme dit Maître Zhu. Et quand on est un chercheur qui passe son temps à faire tourner son cerveau dans tous les sens, on projette sa nénergie sur tout un tas de choses abstraites, après quoi on fait tourner son cerveau pour trouver des explications à ces choses abstraites, du coup quand on trouve (eurêka) notre nénergie revient à nous et c'est trop bien.
Tout comme un gars qui va au casino pour jouer aux machines à sous, il projette dessus sa nénergie (ce qui en même temps fait naître en lui l'idée qu'il va ganger plein de pièces), du coup il se met à jouer sans arrêt, et quand il gagne il récupére toute sa nénergie et c'est trop bien (même s'il ne fait que récupérer sa mise par ailleurs).
Ou une fashion victim qui se promène dans les rues de Biarritz et voit des super grolles qui la font trop flasher dans une vitrine, du coup elle projette dessus sa nénergie et se sent tout fébrile jusqu'à ce qu'elle les achète, et là elle récupère sa nénergie et c'est trop bien.
Ou un gars qui se dit qu'il est amoureux d'une fille, il projette sa nénergie sur elle et s'imagine plein de choses dans sa tête, en attendant le jour où elle lui dira oui, et où toute l'énergie qu'il a projeté sur elle reviendra à lui et ça sera trop bien.
Au final tout ce qu'on cherche c'est à récupérer la nénergie qu'on projette hors de soi. Mais si on pouvait arrêter de la projeter on serait peut-être plus tranquille.
Ainsi parla Maître Zhu.

faut se lever à pas d'heure le matin pour faire les marchés, faut bosser dehors même quand il fait un temps de merde et même quand t'es malade, faut pas croire que ces gens-là ils ont une vie aussi facile que la tienne (qu'ils disent, les gens).
Je parlais pas des maraîchers (j'en connais un en bio, il gagne 2000€ par mois et se prend des vacances en hiver et en été), mais des gens qui autoproduisent leur bouffe sans nécessairement la faire entrer dans un échange marchand, et surtout qui en dépendent pour manger. C'est pas encore le cas dans nos contrées mais ça pourrait très bien l'être plus tôt qu'on peut l'imaginer, c'est en tout cas ce qu'en pensent les dits peakistes, et vu ce que ça implique ça vaut peut-être le coup d'y penser.

Mon problème actuellement, posé en ces termes-là, c'est que si je choisis l'un, j'ai des chances de regretter l'autre ensuite...
Pourtant quand tu parles d' "appel de plus en plus poignant d'une autre vie, d'un autre quotidien, d'autres activités plus réelles, plus réalistes, plus proches de ce que j'entends par vivre", je crois voir assez nettement de quel côté tu penches...

Mimille a dit...

Koldo > Sur la nénergie : pas mal maître Zhu, je découvre du coup :-)

"Au final tout ce qu'on cherche c'est à récupérer la nénergie qu'on projette hors de soi. Mais si on pouvait arrêter de la projeter on serait peut-être plus tranquille."

Oui mais est-ce qu'on peut le faire ? Quelque chose du genre projeter sa nénergie au dedans de soi peut-être alors ? Ou ne plus la projeter du tout ?

Sur le maraîchage : En fait je pensais surtout à gagner trois sous, parce que c'est utile, aussi, mine de rien. Faire un gros potager familial autosuffisant c'est bien, je voudrais bien y arriver (quoi que là vraiment pour une 2e année sur le même site on s'en sort vraiment pas mal), mais je me dis que ça n'est pas suffisant, il faut pouvoir payer le logement (loyer ou remboursement de crédit), les assurances, les médecins en cas de besoin, etc. etc. Tout ça, ça ne se paye pas directement avec des légumes (surtout les assurances ;-)). Donc gagner encore trois sous. C'est l'un des trucs qui me retient, actuellement, de "tout" lâcher parce que je n'ai aucune idée de ce que je pourrais faire pour avoir un revenu minimum, concrètement. Et puis même sans le côté se lever le matin pour aller faire le marché, il reste les autres côtés, être dehors tous les jours même s'il fait un temps pourri, etc.

Bref, trop dur pour moi pauvre intello naïve qui vit son retour à la terre comme tout le monde à un moment donné mais ça me passera, qu'on me dit.

"Pourtant quand tu parles d' "appel de plus en plus poignant d'une autre vie, d'un autre quotidien, d'autres activités plus réelles, plus réalistes, plus proches de ce que j'entends par vivre", je crois voir assez nettement de quel côté tu penches..."

Oui c'est vrai. Mais pourtant je me dis qu'actuellement je ne pose pas les choses d'une manière honnête, justement, et que c'est pour ça que je (me) donne cette impression. Que si j'avais choisi de tenter la terre, je pourrais tout aussi bien dire le contraire.

En même temps là je reviens du marché et ça m'a fait repenser que j'étais pas si mauvaise que ça en rempaillage de chaises... ça pourrait faire une corde de plus à l'arc familial ;-) (De toute façon, tout ce qui tourne autour des trucs du genre tressage et compagnie, j'ai des facilités.)

Anonyme a dit...

Ou ne plus la projeter du tout ?
Voilà, c'est le but ultime.

Tout ça, ça ne se paye pas directement avec des légumes (surtout les assurances ;-)). Donc gagner encore trois sous.
Bien entendu, mais je pense que c'est plus facile de trouver un petit taf pour gagner trois sous quand on est à la campagne où on peut bosser à fond sur son jardin, plutôt que de trouver le temps et la terre pour être autosuffisant quand on est salarié en ville. Dans un cas comme dans l'autre ce n'est pas forcément simple, mais ça me semble plus jouable dans le premier cas (et viable uniquement dans le premier cas, si on prend un point de vue peakiste).
Le fin du fin étant un groupement de personnes avec certaines qui amènent des sous, d'autres qui amènent de la bouffe, et d'autres d'autres trucs utiles. Une sorte d'amap mais qui dépasserait l'aspect purement producteur/consommateurs.
Comme disait Lao-Tseu, aucun de nous ne sait ce que nous savons ensemble. Je pense que ça marche aussi avec le verbe pouvoir.

Donna a dit...

Mirza, guide naturaliste à mon avis c'est mieux que l'élévage de chèvres!
Ne vous prenez pas trop la tête: en France le pb des facs c'est la centralisation et donc c'est pas à la campagne (en Grèce c'est le plus loin possible d'Athènes et dans des iles éloignées aux states c'est n'importe où) et je crois que Mowgli a raison sur les commissions de recrutement !

Par ailleurs je crois qu'on a un système hyper bloqué qui n'offre pas de boulot aux bac + 8 et leur fait croire que c'est la fac ou rien

Avec mon Age et mon Expérience je dirais :
1- Se Tirer à l'étranger, la France est assez bloquée pas la peine d'en rajouter
2- dans 5 ans des tas de vieux de la génération du babyboom partiront à la retraite et ces couillons n'ont rien anticipé (moi par exemple)
3- le pb de la jeunesse c'est la Psychologie et les Problèmes etc en vieillissant on se dit qu'il y a moyen de faire plus simple
bref Mirza
NI
fonctionnaire

NI
éleveuse de chèvres

Amicalement
pardon si c'est long

Anonyme a dit...

Hello,

Votre billet m'as beaucoup emue, car il me renvoie à des questionnements qui sont apparus depuis bientôt trois ans...La réalité de ma vie, mes contraintes, mes aspirations, la voie que j'ai choisie si lointaine de mes rêves, la direction que je veux donner à ma vie...Et les "conseils" ou remarques de mon entourage, quelques fois si destructeurs ou porteur d'impuissance...
Faire la balance de tout ça n'est pas simple, et choisir une voie signifie souvant renoncer à quelque chose, certes.
Cependant quand je serais à la fin de ma vie, je préfèrerais me retourner sur elle et me dire : voilà, j'ai vécu mes rêves, et j'ai montré à ma fille que rien n'est impossible, plutôt que j'ai fais une bonne carrière, ou autre chose d'approchant. C'est là-dedans que je trouve la force de déplacer les montagnes ou d'aplanir le chemin broussailleu devant moi, un petit pas après l'autre, à mon rythme.
S'il vous plais, permettez-moi de vous dire : Je vous souhaîte de trouver votre/vos réponses, faites-vous confiance et prenez le temps !
Cordialement,
Anclairiren

Mimille a dit...

Koldo > Oui mais ta nénergie, est-ce que tu ne la projettes pas sur tes légumes, toi, par exemple ?

"Bien entendu, mais je pense que c'est plus facile de trouver un petit taf pour gagner trois sous quand on est à la campagne où on peut bosser à fond sur son jardin, plutôt que de trouver le temps et la terre pour être autosuffisant quand on est salarié en ville. Dans un cas comme dans l'autre ce n'est pas forcément simple, mais ça me semble plus jouable dans le premier cas (et viable uniquement dans le premier cas, si on prend un point de vue peakiste)."

Oui bien sûr. Mais alors deux questions qui viennent à moi dans ce cas de figure : comment trouver un terrain (avec quel argent, gagné quand et comment, etc. --> est-il nécessaire de passer un certain temps avant pour accumuler l'argent nécessaire à l'achat d'un terrain, sachant que de toute façon, à moins de gagner une fortune, mettre de côté est devenu impossible).
Seconde question : quel genre de petit taf à la campagne ? Bon ça, ça doit se trouver plus facilement, ok. :-)

Mimille a dit...

Donna > "Mirza, guide naturaliste à mon avis c'est mieux que l'élévage de chèvres! "

Oui oui je suis bien d'accord, mais je disais ça parce que c'est l'une des deux expressions classiques de mon entourage pour qualifier mon "envie de retour à la terre". L'autre, c'est planter des choux...

Mais effectivement, guide naturaliste, ou je ne sais pas, d'autres choses (parce que je suis loin d'avoir les connaissances naturalistes nécessaires...), ça m'attirerait beaucoup plus qu'éleveuse de chèvres !!

"Par ailleurs je crois qu'on a un système hyper bloqué qui n'offre pas de boulot aux bac + 8 et leur fait croire que c'est la fac ou rien"

Oui c'est très vrai. Pour ma part, je considère que qqn qui a su soutenir une thèse est qqn qui a clairement démontré qu'il maîtrisait son travail d'une part, et qu'il était capable d'apprendre d'autre part. Donc assimiler autre chose à vitesse grand V, ça n'est pas vraiment un problème. Ou alors bosser ailleurs qu'à la fac, aussi.

"Avec mon Age et mon Expérience je dirais :
1- Se Tirer à l'étranger, la France est assez bloquée pas la peine d'en rajouter
2- dans 5 ans des tas de vieux de la génération du babyboom partiront à la retraite et ces couillons n'ont rien anticipé (moi par exemple)
3- le pb de la jeunesse c'est la Psychologie et les Problèmes etc en vieillissant on se dit qu'il y a moyen de faire plus simple"


1- Ben si je pouvais éviter ça serait pas plus mal. J'ai mes racines...
2- Oui j'en suis consciente. Reste à savoir à quoi occuper mes x prochaines années, et puis aussi ça dépendra beaucoup des futures réformes du service public pour ce qui concerne les postes à la fac (un départ à la retraite sur deux, et c'est une moyenne, en fait ça dépendra des corps de métiers, et je ne sais pas om se situera la fac là-dedans). Sinon il reste les autres jobs, et là toutes les possiblités sont ouvertes, surtout dans l'artisanat je pense. Non ?
3- Je veux bien le croire mais malheureusement, pour l'instant je ne suis qu'une jeunette ! ;-) Le monde est tellement vaste...

Merci pour ton commentaire :-)

Mimille a dit...

Anne > Bienvenue ici, tout d'abord :-)

Et merci pour ton témoignage. C'est vrai que c'est le genre de chose qui me démange. Le problème c'est quand la "carrière" est vécue comme l'un de ces rêves. C'est fou tout ce qu'on peut projeter dessus (comme nénergie ;-)), quand on est passionné par son activité professionnelle. C'est un problème que j'ai un peu évoqué plus haut, et pour moi ce n'est vraiment pas simple de faire le tri là-dedans. Si jamais je me consacre à ma "carrière", ce ne sera pas pour elle en soi, mais pour ce que ça me permettra de faire (cf. ça, par exemple).

Anonyme a dit...

ta nénergie, est-ce que tu ne la projettes pas sur tes légumes, toi, par exemple ?
Et bien à vrai dire j'ai eu vachement tendance à le faire à mes débuts dans la biointensive, je m'en suis rendu compte à la sensation que m'ont donnée certains trucs qui n'étaient pas à la hauteur de mes espérances (notamment un maïs ancien dont j'avais fait 5 buttes). Maintenant que j'ai identifié le truc quand ça me prend je le repère vite. Et puis j'ai arrêté le maïs.
comment trouver un terrain
Soit on a peu de sous mais en se mettant à plusieurs et en faisant une SCI on arrive à s'en acheter un (facteur humain très important, cf le projet LIEU), soit même si c'est moins chouette on loue (même ici avec la pression immobilière qu'il y a, sans aller bien loin dans l'intérieur on trouve des fermes avec 2ha à louer pour 600€ par mois, soit le tarif d'un T2 à Biarritz), soit on connait quelqu'un qui a du terrain et qui nous laisse en faire ce qu'on veut (façon de parler) en échange de l'entretien. Genre certains du Sens de l'Humus qui comptent faire de l'agroécologie sur le terrain du couvent de Speloncato en Corse (photo).
Et surtout : relire les posts de Johan de Dina qui traitaient de ce sujet sur oplf, genre sur ce fil et plein d'autres qu'on tend (en tout cas que je tends) à oublier avec le temps.
Bien sûr rien ne roule jamais parfaitement de A à Z, mais malgré tout on peut faire des trucs.
Allez, je vais ouvrir un forum qui s'appellera onpeutfairedestrucs.com ;-)

Mimille a dit...

Koldo > Qu'est-ce que ça t'apporte de ne pas projeter ta nénergie sur ton potager ? (curiosité)

A propos du terrain...

"Soit on a peu de sous mais en se mettant à plusieurs et en faisant une SCI on arrive à s'en acheter un (facteur humain très important, cf le projet LIEU)"

Je me souviens, au lancement du LIEU, que j'avais été super enthousiaste, et puis je crois que j'ai à peu près compris pourquoi est-ce que je l'avais été, et pourquoi est-ce que ça n'avait que très peu de chances de marcher finalement. Et je crois que je ne tenterais pas d'acheter avec des gens que je ne connais pas *très* bien. Même s'il reste un risque, au moins ça limite. Et donc, parmi les gensses que je connais *très* bien, peu (aucun?) ont envie de se lancer dans une telle aventure. Dommage, parce que ça serait doublement chouette, non seulement pour la capacité d'acheter plus grand pour moins cher évidemment, mais aussi parce que concrètement, ça fait des voisins qu'on choisit et sur qui on sait qu'on peut compter.

"soit même si c'est moins chouette on loue (même ici avec la pression immobilière qu'il y a, sans aller bien loin dans l'intérieur on trouve des fermes avec 2ha à louer pour 600€ par mois, soit le tarif d'un T2 à Biarritz)"

Ici on trouve des T2 à 750€ en ville... et pas de fermes à louer. C'est con. Des fois il y a des maisonnettes, des cabanons avec du terrain, mais c'est hyper rare et soit c'est exhorbitant, soit c'est vraiment trop au cul du loup. En tout cas trop loin pour nous tant qu'on n'a pas pris de décision. Mais on regarde, on cherche, et puis si on trouve quelque chose de loin mais qui nous fait rêver on va visiter, des fois qu'on ait le coup de foudre et qu'on se jette à l'eau. En fait on essaie de rester très ouverts à plein de possiblités différentes et on verra bien quelle sera la première solution qui se présentera qui nous emballera unanimement.

Mais on sait que ça prend du temps. Et que plus les loyers augmentent, plus ça prend du temps de trouver quelque chose de bien à un prix raisonnable.

"Allez, je vais ouvrir un forum qui s'appellera onpeutfairedestrucs.com ;-)"

;-)

Anonyme a dit...

Qu'est-ce que ça t'apporte de ne pas projeter ta nénergie sur ton potager ?
C'est pas sur les légumes en particulier, c'est sur tout. Quand je projette et que je le vois, du coup il n'y a plus de projection (je ne suis plus dans le film). Et en principe, c'est bon ;-)

Mimille a dit...

Koldo > "Je ne suis plus dans le film"

Ah ok, du coup je crois que je comprends un peu mieux.

Anonyme a dit...

Hola! du calme...
Je retiens trois remarques de tout cela qui correspondent assez bien a ce que j'en pense. "si tu ne veux pas regretter ton choix" , ne pas choisir" ( ce n'est pas le moment)" VOIR VENIR".
Regarde tout le chemin parcouru depuis dix ans.N'est-ce pas merveilleux ( malgre la sueur et les nuit blanches). maintenant projette -toi dans un an et tu verras tout ce qui aura change dans ta vie; accomplis chaque jour ce que tu dois faire , fais le bien , construis ton bonheur et celui de ceux qui t'entourent ,fait de petites choses, et tu pourras affronter alors les plus grandes qui t'attendent et surtout ne desesperes jamais.

Mimille a dit...

Coco > La fin de ton message me fait bien plaisir - même si justement, je suis tellement à plat que je suis incapable de faire ce tu dis. Mais ça me touche tout de même. Si j'étais en état de le faire, c'est exactement ce que je ferais.

Cela étant dit, personnellement je ne trouve pas ça merveilleux du tout, ce que j'ai fait ces 10 dernières années. Je peux comprendre que toi, tu le ressentes ainsi cependant. Simplement, essaie de comprendre, ou tout au moins d'accepter, que pour moi ça n'est pas quelque chose de merveilleux. C'est quelque chose que j'ai fait parce que ça ma plaisait oui, mais aussi simlement parce que j'étais déjà dedans et que je me suis contentée de poursuivre ce que j'avais commencé, sans me demander si je ne serais pas mieux ailleurs. C'est quelque chose que quasiment tous les gens autour de mon ont fait aussi, donc ça n'a rien d'extraordinaire dans mon quotidien. Et ça ne change pas la vie, ou alors pour la rendre encore plus compliquée. Et pour couronner le tout je me rends compte à présent que ça m'a complètement déconnectée de ma vie. Donc non, pour moi ce n'est pas quelque chose de merveilleux. Ça m'a plu, mais c'était trop dur pour le résultat obtenu. Et puis ça n'a rien d'exceptionnel, c'est juste que comme une certaine partie des gens j'avais des facilité pour faire ce genre de chose, comme d'autres ont des facilités différentes.

Me projeter dans un an ? Il y a deux possiblités, en gros : soit je laisse tomber et on pourrait dire que dans un an j'aurais un bébé, un énorme potager et un mari qui exerce enfin une activité qui lui plaît. Soit je continue et je serai peut-être en postdoc à Nancy pour un an, obligée d'avoir déménagé parce que je ne veux plus jouer à la nomade, mon mari aura dû quitter son boulot pour me suivre, on habitera loin de nos racines, et je ne serai même pas sûre de décrochr un boulot pour autant, et on n'aura toujours pas de bébé parce que j'aurai ressenti trop de pression professionnelle. Et si jamais dans un an j'ai décroché un job, ça sera peut-être maitre de conf' à Clermont-Ferrand, ou à Caen, ou n'importe où. Non, je ne crois pas que me projeter dans un an soit vraiment une bonne idée pour le moment ;-)

Quant au début de ton commentaire : excuse-moi d'avance de te le dire sans embages, mais ce que tu en penses ne m'intéresse pas. Ce qui compte c'est ce que j'ai envie de faire, pas l'avis que tu peux avoir à ce sujet. Que je choisisse de continuer à chercher un boulot dans ce que j'ai fait jusqu'à présent ou bien que je décide d'arrêter et de faire tout autre chose, je serai toujours ta fille et on s'aimera toujours autant (pas vrai ?). Et en ce qui concerne notre relation à toi et moi c'est tout ce qui compte. J'ai besoin de ton amour (et si possible de ton soutien mais sinon je ferai sans), mais pas de ton approbation, ni même de ton avis.

Anonyme a dit...

C'est marrant (enfin c'est une expression) comme j'ai le don de te dire les choses de travers parfois, ( ou alors ne comprends-tu pas ce que je veux te dire ?) car figure-toi que ce que je te dis dans le d�but de mon message: ' "voir venir" etc,c'est exactement ce a quoi je pensais pour toi et que tu exprimes dans tes desiderata... C'est bizarre comme tu as toujours eu des reactions comme cela alors que je suis tr�s proche de ce que tu penses ou tu desires. Est-ce que tu peux me reprocher une seule fois, depuis que nous nous soutenons toutes les deux toutes seules depuis dix ans (famille stricto sensu), de t'avoir contredite dans tes projets ou tes desirs? Tu as toujours fait ce que tu as voulu, ( les etudes , les copains, les apparts a A. le mariage etc...) tu as fait tes choix toute seule et j'ai seulement acquiesc� meme quand je n'�tais pas d'accord ou que cela m'inqui�tait; Je t'ai toujours fait confiance. et cela t'a aid� je pense, enfin je l'esp�re... Tu n'as pas compris le mot "merveilleux" que j'employais. je pensais que , mis a part le choix de tes �tudes ( que j'�tais loin d'approuver; car je craignais depuis le d�but l'impasse dans laquelle tu te trouves aujourd'hui), je voulais dire que tu t'en �tais sortie tr�s tr�s bien malgre la difficult�, tu as appris plein de choses en fac, tu as pris confiance en toi, tu composes admirablement , tu as fait des recherches tr�s pouss�es et tu es arriv�e � un grade important grace � ta perspicacit� et ta tenacit� etc etc. tu sais bien ce que je veux dire. Je sais bien que je n'ai pas a intervenir dans tes choix.
Simplement je suis l� et j'ai toujours ete la pour te soutenir dans les choix que tu fais , rien d'autre. Ce que je veux te dire surtout, c'est biensur que tu peux compter sur moi , sur mon amour pour toi; Il ne te fera jamais defaut. Tu le sais. Mais te sachant fatigu�e comme tu es j'essaie de t'apaiser un peu. et surtout pas te mettre la pression pour quoi que ce soit. ni aujourd'hui, ni demain. C'est pourquoi je te dis avant tout de te detendre, pour mieux te preparer � ce que tu d�sires vraiement pour demain. meme si aujourd'hui il y a des choses qui sont loin d'�tre claires en toi , ou pas encore pretes a germer, il est necessaire que tu leves le pied,et que tu arretes de te tracasser pour l'avenir. respire, oui respire, ma cherie. Tu sais, je ne serai pas toujours la pres de toi, alors profite de ma pr�sence attentive , c'est le role essentiel d'une m�re; tu l'apprendras tr�s bientot; et tu verras cela aussi c'est merveilleux. courage ma grande! ( c'est personnel tout cela tant pis!)

Mimille a dit...

Coco > Je crois que tu ne te rends pas compte, mais je pense qu'on ferait mieux d'en discuter en vrai plutôt que de continuer ici.

Juste une chose, plus générale, sur les études : "(...) le choix de tes études (que j'étais loin d'approuver car je craignais depuis le début l'impasse dans laquelle tu te trouves aujourd'hui)"

Si j'avais choisi n'importe quel autre domaine j'aurais été dans la même quasi-impasse aujourd'hui. Tu n'as qu'à lire ici par exemple Mowgli qui est en éco, le chéri d'Isolde qui est dans je ne sais pas quel domaine (pour ne citer que quelques-uns de ceux qui se sont dénoncés ici ;-)), ou tant d'autres (finalement il y a plein de thésards / jeunes docteurs qui traînent sur mon blog, c'est fou ça !), ou plus proche de toi le fils de ma marraine en physique, ou même ton frère aîné il y a des dizaines d'années de ça !, tu vois que ce n'est pas une question de domaine, ce sont les circonstances qui veulent ça. Ç'aurait même pu être pire, en bio par exemple (ce que j'avais failli faire, souviens-toi) il faut un minimum de 3-4 ans de postdoc à l'étranger pour commencer espérer à revenir candidater en France... donc finalement, y'a même pire que ma situation ;-)