lundi 3 septembre 2007

La rentrée toute seule

C'est la rentrée pour lui aussi aujourd'hui, la rentrée du bureau. Et pour moi la rentrée de la solitude. J'aime être seule, parfois, mais j'en ai perdu l'habitude. On a passé plus de deux mois tous les deux. On ne s'en est pas lassés une seule seconde. On aime être ensemble. Etre tous les deux c'est être seuls entre nous.


Cet été une amie nous demandait de lui expliquer comment on se sentait tous les deux, comment on faisait pour être toujours amoureux au bout de toutes ces années, ce qui avait évolué et ce qui était toujours là. En choeur, on avait répondu que l'on vivait à deux. Je connais assez peu de personnes qui acceptent de vivre à deux pour de vrai. C'est sans doute une possiblité parmi d'autres, mais c'est celle que nous vivons.


Avec le temps, on se connaît l'un l'autre aussi bien que nous-mêmes. On s'est vécus heureux et malheureux, vifs et malades, beaux et affreux, dans le bonheur et dans les doutes. On se vit avec la sale gueule des matins d'insomnie, avec les nuits à vomir tout ce qu'on sait, avec les journées fiévreuses au lit, avec l'euphorie infinie de se voir simplement sourire, avec les petits mots ridicules que l'on garde pour nous, avec les chansons fausses sous la douche, avec les boutons sur le nez, avec toutes les choses faites sur un coup de tête. On se vit l'un l'autre. On vit ensemble, vraiment.


Je connais tellement de gens qui tentent d'épargner à l'autre certaines parties d'eux-mêmes. Qui se retiennent. Je ne sais pas comment ils font, tellement le temps passé à deux est important. D'ailleurs, coïncidence, ces gens-là que je connais m'ont toujours paru malheureux, incomplets.


J'aime aussi être seule, mais finalement ça revient à peu près au même pour moi, à quelques différences près. L'une d'elles est qu'il n'est pas là. Mince, il est 10h30 et il me manque déjà !

10 Commentaires :

Anonyme a dit...

Chapeau! moi en 25 ans de mariage et dix ans en pseudo couplep je n'ai jamais connu une telle intimit� a deux? je penes que c'est assez exceptionnel et c'est pour cela que lorsqu'on vous rencontre aujourd'hui on a l'impression que votre relation vient de demarrer tellement vous etes bien ensemble et que quand l'un commence une phrase l'autre peut la finir, en fait cela c'est une specialite de ton autre toi car il le fait souvent meme avec d'autres personne,si... oui oui j'ai remarque cela aussi! ! chapeau!
ben oui ma belle aujourd'hui n'est pas facile pour toi, je le pense bien mais tu vas voir tu sortiras grandie de cette experience la aussi courage !

Mimille a dit...

Coco > En sortir grandie j'espère pas, je suis déjà largement assez grande comme ça !! ;-)

Mais c'est vrai qu'il y a beaucoup de monde qui nous dit ça. Je ne sais pas (je ne m'en rends pas compte, vu de l'intérieur), mais j'ai remarqué que les quelques rares autres couples que je connais et qui "vivent ensemble" aussi, donnent la même impression.

Cécile a dit...

Je nous reconnais dans cette description de duo... Je suis perdue quand il n'est pas là, je ne peux marcher sans sa main, m'endormir loin de ma "petite place" sou son bras... L'un finit les phrases de l'autre... et l'assiette aussi, parfois !
Bon, les mots cucul la praline existent aussi mais c'est top secret !
Allez, bientôt 14 h ! Tu as fait la moitié, peut-être même plus !!

Mimille a dit...

Cécile > C'est vrai ça aussi, m'endormir sans lui si souvent l'année dernière, c'était comme de ne pas dormir vraiment, il me manquait quelque chose pour me reconstituer de ma journée.

Anonyme a dit...

C'est joli comme billet. Si ça peut prolonger ce que tu écris… Nous vivons en osmose avec ma douce depuis plus d'une paire de dizaine d'années ;-)

Mimille a dit...

Obni > Je suis heureuse de lire que je ne suis pas la seule à vivre ça. Cécile, et maintenant toi... je me doutais un peu qu'il en existait d'autres, mais ça fait du bien de le lire. Merci à toi :-)

mowglinomade a dit...

"Je connais tellement de gens qui tentent d'épargner à l'autre certaines parties d'eux-mêmes. Qui se retiennent. Je ne sais pas comment ils font, tellement le temps passé à deux est important. D'ailleurs, coïncidence, ces gens-là que je connais m'ont toujours paru malheureux, incomplets."

Aussi étrange que cela puisse te paraitre, il y a des gens qui sont exactement à ton opposé: ils ne "retiennent" pas vraiment une partie d'eux même, mais, par leur nature, chaque moment passé au contact d'autrui tend a créer une souffrance, un etouffement, ou tout au moins demande une grande concentration. Je ne crois pas que ce soit le résultat d'une blessure, d'un mal être ou quoi que ce soit. C'est leur nature. Parfois, un être vient qui est different (souvent en ce qu'il a su garder un coeur d'enfant), et il parvient à être la, a habiter l'espace differemment, en restant leger. Alors on parvient à former un couple, a vivre cote à cote, et même a sentir l'absence comme une souffrance. C'est très difficile à décrire, cet inverse de toi. C'est surtout difficile de montrer que c'est une disposition naturelle. Et je ne crois pas qu'on puisse dire que ces gens là ne savent pas ce qu'ils manquent. Parce qu'ils "sont "differemment. Parce que je suis de ceux-là.
Tout ça pour te dire que je trouve ton témoignage très beau et très étranger à la fois.

Mimille a dit...

Mowgli > Oui, c'est pour ça que je disais que "c'est sans doute une possiblité parmi d'autres". Je suis contente de lire le témoignage d'une autre façon d'être, ensemble, sans qu'il s'agisse de retenue (parce que ce que j'entendais par "retenue" ici, c'est une retenue volontaire, choisie, pas quelque chose que l'on fait naturellement).

Je pensais, quand j'écrivais ça, plus spécialement à une connaissance qui me racontait qu'il avait passé un accord avec sa femme pour ne pas "se laisser aller" (sic) dans le couple : quand l'un des deux n'allait pas bien (en fait, c'était surtout vrai pour lui à ce que j'ai compris), il devait le cacher à l'autre pour ne pas que ça risque de lui être lourd. Ben ce gars, il était malheureux comme les pierres. Mais ce n'était pas forcément (uniquement) à cause de ça... en tout cas le fait est qu'il a fini par se développer une espèce de double vie, et la façon dont je le vois (et qui m'est personnelle évidemment) c'est qu'il se sentait amputé dans sa vie de couple. Mais c'est tout à fait différent de quelqu'un à qui toute compagnie pèse, d'une façon ou d'une autre, a priori.

Par contre oui, forcément, ces gens-là ne savent pas ce qu'ils manquent (bien que je n'aie pas dit ça...), de la même façon que les gens "comme moi" ne savent pas ce qu'ils manquent non plus : on ne peut pas tout avoir :-)

raffa a dit...

Bon ma relation de couple est un peu comme la tienne aussi... Depuis 10 ans. ET comme te le dit Coco, on nous dit souvent "10 ans ! Mais on dirait que vous venez de vous rencontrer" ET plus on est ensemble mieux on se porte. On vit à 2 c'est exactement ça. De fait nous n'avons pas l'impression du tout que cela fait 10 ans... mais nous ne nous voyons absolument pas vivre l'un sans l'autre. Lui comme moi nous savons que ce que nous vivons est rare.

Mimille a dit...

Raffa > Yesss, une de plus ;-)

Pour continuer sur ce que tu dis, moi je me dis que je pourrais vivre sans lui (de toute façon je le pourrais, s'il le fallait). Mais simplement, actuellement, je ressens vraiment que l'on vit ensemble, c'est vraiment quelque chose de simplement présent, un état de fait, une constatation. D'ailleurs je remarque qu'on en parle tous au présent !