samedi 3 février 2007

Beauté, féminité, apparence et équilibre

En réponse au billet de Mowgli qui lui-même était en réponse au mien...



C'est drôle de confondre la féminité et la beauté. Quand je dis "confondre", j'entends par là considérer comme une seule chose, mettre en relation tellement directe que devenue évidente (et non pas comme dans confondre les vessies et les lanternes... quoique ça peut se discuter mais bon bref, c'est dans un sens neutre et non pas péjoratif, quoi - bon, je reprends). Je dis ça en me basant sur un extrait:


d’abord l’idée qu’une vraie Sviste ne se maquille ni ne s’épile ni ne prend soin de son accoutrement. Non, totalement non. Ca consiste a opposer à une idée de la beauté fabirquée par les médias une autre idée de la beauté finalement tout aussi fabriquée et contraignante, l’idée qu’une femme doit être ‘nature’, sans artifices. C’est toujours enfermer la femme dans un ideal au lieu de lui rendre sa liberté. Et puis heureusement qu’un Manet ou un Matisse n’ont pas essayé de coller à la nature, nous aurions perdu certaines des plus belles pages de l’art.

En fait, dans ma vision du monde,
(qui m'est tout à fait personnelle et que je ne veux imposer à personne, mais que j'ai bien envie de donner quand-même, des fois que ça donne lieu à des discussions intéressantes et de là à une progression de la réflexion [mais non je ne tourne pas autour du pot, quelle idée])
dans ma vision du monde donc, je n'associe pas féminité et beauté, pour plusieurs raisons.


D'une part, parce que tout ce qui est féminin n'est pas beau et que tout ce qui est beau n'est pas féminin. Ça peut paraître tout bête à dire, mais je trouve que ça ne va pas plus mal en le disant. Les deux termes ne sont donc pas synonymes, ni même directement liés. Par exemple, dans la catégorie des sous-vêtements féminins, on peut trouver tout un tas de bidules qui sont vraiment très éloignés de l'idée que je me fais de la beauté. De même, je n'ai pas trop de mal à imaginer des nanas qui sont très féminines... mais pas forcément belles pour autant.


Donc, que je me demande (de mon côté) si je suis féminine, je ne me demande pas si je suis belle. Et puis, je ne prétendrais pas à la beauté si je m'estimais féminine: ce n'est pas ça que je cherche par la féminité, mais plutôt un équilibre.


Et puis comme le dirait Jeanne Cherhal:


Non je ne suis pas belle mais je n'veux pas qu'on me l'rappelle
Non je ne suis pas belle mais ça dépend à quelle échelle
Non je ne suis pas belle mais... tout arrive on sait jamais

D'autre part, (parce qu'il y a une autre part,) je ne fais pas de rapport entre le fait de ne pas se maquiller / ne pas porter de bijoux / ne pas s'épiler, et le fait de ne pas prendre soin de son accoutrement (ou même, de ne pas prendre soin de soi d'une manière générale). Même si l'on souhaite laisser de côté la question de l'épilation qui est sans trop de doute le point le plus inhabituel/discuté de cette liste, je ne crois pas que le fait de ne pas se maquiller p.ex. signifie que l'on ne prend pas soin de soi. D'ailleurs, je ne crois pas que la simplicité volontaire soit une école de non-soin de soi, bien au contraire: si l'on pratique la SV, à mon sens quelles qu'en soient les manifestations ça part toujours d'une envie de prendre plusse soin de soi, de soi-même, d'en tenir compte, de se découvrir et se ménager pour ne plus se forcer inutilement à faire, à être tout un tas de choses que l'on vit comme des nuisances (même si ce sont des nuisances pour le monde, in fine elles le sont aussi pour soi-même). P.ex. à ce propos le billet de Mary sur la pause Temps Vie.


Si je me pose ces questions sur la féminité c'est (au moins en partie) parce que j'ai envie de prendre plusse soin de moi, mais que je ne sais pas comment m'y prendre alors j'observe ce qui se fait autour de moi et je me demande si ce que je vois est la seule piste possible. En fait, je me demande aussi si ce que je vois correspond à une perception correcte (disons plutôt, honnête) de la "réalité" (est-ce que la réalité est aussi un égrégore?). Mais je ne cherche pas à être belle --> Là, on en reviendrait aux questions de "belle aux yeux de qui ?, de soi ?, des autres ?, quelle est la différence entre son propre regard et ce qu'on percçoit soi-même dans celui des autres ?, etc., un tour de manège gratuit.


Bref, je ne considère pas que le fait de se maquiller (etc.) nous rende plus belle, ni que le contraire nous rende plus belle non plus. Je crois que la beauté ne dépend pas de ça (de quoi elle dépend est une autre question...). Par contre, je me demande si la féminité peut dépendre de ça. J'ai bien vu des nanas super féminines sans maquillage, certes, et avec un simple jean et un tee-shirt blanc, oui mais ce n'était pas n'importe quel jean et pas n'importe quel tee-shirt et elles n'étaient vraisemblablement pas coiffées tout à fait n'importe comment non plus. Donc... peut-être un lien, même ténu, entre soin porté à l'apparence et féminité, je ne sais pas.


Et je fais (du moins, je tâche de faire) un différence entre un "idéal" imposé et puis mon propre "équilibre" personnel. Là, c'est ce dernier que je cherche.


Suite du billet de mowgli:


Je pense qu’il faut commencer par se regarder dans la glace (non, ce n’est pas forcement nombriliste, on vis quand même avec soi H24, alors ca ne fait pas de mal de s’interesser un peu à soi de temps en temps). Se demander si ce qu’on voit reflète ce qu’on est au lieu de le masquer, ce qu’on veut partager de ce qu’on est. Peut importe qu’on ne s’épile pas, qu’on ne se maquille pas, ou qu’on ne puisse au contraire pas sortir sans maquillage, pourvu que cela ne vienne pas, au moins, d’une règle qu’on s’oblige à suivre une ‘écolo’ doit avoir l’air de…., une ‘vraie femme’ doit avoir l’air de…., une ‘avocate’ doit avoir l’air de….) . Faire sauter au moins ce blocage (après, chacun a un rapport a son corps complexe, et je n’ai aucune solution).

Je suis bien d'accord avec le fait de se demander si l'on trouve que l'on se ressemble à soi-même plutôt que de se demander si l'on s'approche d'une norme à laquelle on voudrait appartenir. En fait, ça me renvoie à une réflexion que je me faisais hier. Je me disais que quand je vois quelqu'un, n'importe qui, que je ne connaisse ou bien que je le croise dans la rue, je vais avoir deux images de lui:


  • une image qui correspondra à la catégorie dont il se rapproche le plus (je sais pas moi, gothique, cagole, skater, bourge, etc. - ça peut être plus ou moins fin)


  • une autre image, en surimpression, qui correspondra à la personne elle-même en dehors de toute catégorie. Là-dedans il peut y avoir du "j'aime bien", du "j'aime pas", du "ça lui va bien" ou pas, du "il/elle a l'air sympa" ou non, et toutes sortes de variation sur ce genre de thème.


Quand je me regarde dans un miroir, par contre, je ne vois que la première image, jamais la seconde. C'est comme si moi, de mon propre point de vue, je ne pouvais que faire partie d'une catégorie mais n'existait pas au-delà de ça.


A partir de là, c'est vraiment difficile de me demander si ce que je vois de moi-même reflète ce que je suis, simplement parce qu'en fait, je me rends compte que je n'ai strictement aucune idée de ce que je suis. C'est une longue habitude acquise à la suite de mon éducation, de ma jeunesse, de mon démarrage dans l'âge adulte, de la perception que j'ai eue des diverses expériences que j'ai pu faire - et ne pas faire.


Si je repense à ce que Koldo disait sans son commentaire sur "De la féminité", alors ce que je suis, c'est simplement... ce que je suis. Pas ce que je voudrais être, pas ce que je pense être, mais c'est ce que je vois. En gros alors, ce que je vois correspond tout bêtement à ce que je suis, puisque ce que je parais est le résultat (fait partie) de ce que je suis. Bon. Ça me semble tout à fait cohérent (même si ça valait la peine de le dire, aussi), et ça m'évoque deux réactions:


  • Comment faire pour savoir si la perception que j'ai de moi-même est honnête? En fait c'est une question bête. Si ce que je vois ne me plaît pas, c'est soit parce que je n'aime objectivement pas ce que je vois, soit parce que j'ai envie de voir quelque chose qui ne me plaît pas, mais dans les deux cas le résultat est le même: ce que je suis (en perception visuelle et/ou en envie) ne me plaît pas. Il faut donc changer pour revenir à un état d'accord.


  • Comment parvenir à cet état d'accord ? Voilà, c'est là le noeud que j'essaie que détricoter doucement.


Pour en revenir à la notion de simplicité volontaire dans ce contexte, j'imagine (en tout cas, c'est ma perception de la chose donc c'est ça qui compte pour moi) que pour se sentir à l'aise simplement, il faudrait que quand on se perçoit soi-même (que ce soit visuellement ou non), on se sente bien avec ce qu'on ressent. Et que si quelque chose dans ce qu'on perçoit ne nous convient pas, alors qu'on en change. Tout simplement.


Tout simplement ! C'est bien beau à dire mais c'est pas si facile. Ou alors ça l'est, mais c'est de trouver le truc qui n'est pas si simple. En fait, je n'en sais rien. Et pour en revenir à la notion de féminité, en fait peut-être que ce que je perçois de moi-même n'est pas assez féminin à mon goût, et que je dois donc y faire quelque chose. Ensuite, la question est:


Quoi?


Réponse aux prochains épisodes... ;-)

3 Commentaires :

mowglinomade a dit...

Il y aurait beaucoup a dire, la aussi, je vais laisser fermenter tout ça, et j'y reviendrais.

Juste une reflexion: en relisant mon post, je me suis dit (en bonne prof): HORS SUJET. elle me parle de la féminité, je lui répond sur la beauté. Mais rien a faire. J'arrivais bien à concevoir la notion de féminité dans des remarques anodines 'elle est féminine', 'c'est pas très féminin'. Et c'était clair, une femme en jean sans maquillage peut être bien plus féminine qu'une femme fardée et sappée. Mais je n'arrivais pas à trouver à ce mot 'un sens' indépendant de la beauté. Ca n'est même pas que les deux sont intimement lié, c'est que le problème de la féminité n'est pas un probleme. Ni resolu, ni irresolu, juste une notion difficile a saisir.
Va savoir pourquoi... (Aux yeux de mes proches, il parait que suis du genre 'grande fille toute simple', ni sophistiquée, ni garçon manqué.)

Mimille a dit...

@ mowgi:

;-)

Anonyme a dit...

"Si ce que je vois ne me plaît pas, c'est soit parce que je n'aime objectivement pas ce que je vois, soit parce que j'ai envie de voir quelque chose qui ne me plaît pas, mais dans les deux cas le résultat est le même: ce que je suis (en perception visuelle et/ou en envie) ne me plaît pas. Il faut donc changer pour revenir à un état d'accord.
Comment parvenir à cet état d'accord ? Voilà, c'est là le noeud que j'essaie que détricoter doucement."

On n'aime objectivement pas ce qu'on voit parce-qu'on préfère écouter nos critères de ce qui devrait être plutôt que d'écouter (ou ressentir, voir...) ce qui est. Ce qui se fait au détriment de notre bien-être (on se sent rarement détendu dans ce genre de sessions).
On a envie de voir quelque-chose qui ne nous plait pas, peut-être est-ce là aussi une façon de conforter nos critères, nos valeurs. Je pense que la quête d'un bien-être quelconque (ou, pour reprendre ton expression, d'un accord, au final ce qu'on recherche c'est toujours à être tranquille) si elle se fait en fonction d'un état auquel se conformer (que ce soit de façon très injonctive ou en en rêvant vaguement), est une quête sans fin.
Pour ma part la réponse que j'ai trouvée à ça est plutôt une question, c'est à dire que je questionne ce qui "me plaît", je questionne mes critères, mes valeurs. Pas au sens où je m'intéresserais à leur contenu, est-ce que ce sont des valeurs pertinentes etc. mais plutôt à leur existence, à ce qu'elles sont. En fait c'est comme un film, on peut être complètement pris dans l'histoire (dont on est le scénariste), et on se sent plus ou moins mal selon que c'est plus ou moins dramatique, soit on voit que c'est un film (terme finalement plus adéquat que "égrégore" ;-)), et du coup on est plus à l'aise, on peut continuer à le regarder pour ce qu'il est, ou bien aller faire un tour dehors, respirer etc., on est libre. Et donc quand on est pas à l'aise par rapport au film (pour reprendre la même image), plutôt que de questionner le scénario, voir qu'il s'agit d'un film. Tout de suite ça va mieux.
Comme on est habitués depuis très jeune à être en permanence dans des films au lieu d'être dans la situation de chaque instant, on voit mal comment il pourrait en être autrement. Mais en cherchant bien, on a tous rencontré au moins une fois dans sa vie (rêves nocturnes inclus) quelqu'un qui n'est pas dans des films, et dont la façon d'être au monde est plus simple, plus fraîche, plus pleine, plus humble aussi. Ce souvenir peut nous aider à voir plus clairement certains mécanismes.