jeudi 1 février 2007

De la féminité

Il me semble que beaucoup de filles en viennent à la simplicité volontaire et autres matières écologiques par le biais des cosmétiques. Et là, je me pose une grande question: suis-je une fille ? Moi qui n'ai jamais trop utilisé de tels produits, moi qui ne suis pas du tout venue à l'écologie par ce chemin ? Moi qui ne maquille pas, qui ne me parfume pas, qui ne porte pas de bijoux, qui ne mets pas de crèmes et ne m'épile que rarement (et sous la menace la plupart du temps) ?


Je sais que l'on peut arriver à un même point via une infinité de voies, je sais je sais. Oui mais... est-ce que je me cache une partie de ma vie, est-ce que je me refuse une partie de ma féminité,... est-ce que je serais plus... je sais pas moi, plus belle, plus féminine, plus moi-même, si j'utilisais des produits de beauté ? si je consacrais plus de temps à me "faire" belle ?



Est-ce que les femmes qui pratiquent la SV depuis des années, qui sont presque devenues la SV incarnée, est-ce qu'elles se font leur produits de beauté ou alors est-ce qu'elles les ont purement et simplement abandonnés contre une nourriture saine et une vie au grand air ? Est-ce que Thoreau, s'il avait été une femme, aurait écrit une chapitre sur les produits de beauté dans son Walden...?



Et puis bon, si je veux essayer de raisonner sans référence extérieure. Qu'est-ce qui fait qu'on peut avoir envie, ou non, de prendre +/- soin de soi ? Je veux dire, un soin directement physique, se "faire" belle comme je le disais plus haut, faire des choses pour paraître d'une certaine manière ? Quelle est la frontière entre ce qu'on fait pour soi-même (même si on reste caché au regard des autres) et ce qu'on fait pour le reflet qu'on perçoit de soi-même dans le regard des autres ? Y'a-t-il une frontière entre les deux ? N'est-on pas, finalement, en quelque sorte, l'un de ces "autres" auxquels il faut plaire aussi (plaire, ne serait-ce que pour ne pas se sentir sans cesse repoussé) ? Est-ce que prendre un soin physique de soi aide à s'apprécier comme on est, ou alors au contraire est-ce que ça nous en éloigne et nous apprend à apprécier une image non naturelle de soi-même, qui masque notre vrai soi-même ?



Parfois je me dis que je devrais essayer. Alors j'y arrive, en me forçant, une fois. Me faire un masque à l'argile sur la peau, à l'huile d'olive sur les cheveux, enfiler un bracelet, mettre trois gouttes du parfum qu'il me reste (même bouteille depuis... je ne compte plus les années). Mais j'y arrive une fois seulement, pas deux, c'est trop, je ne trouve pas de place pour ça dans ma vie. Et très honnêtement, je suis bien incapable de dire si ça me manque. Si je me sentirais mieux avec, comment je devrais organiser ça pour que ça devienne une part de mon quotidien.



EDIT du 2 février: ici la réponse dont Mowgli parle plus bas.


9 Commentaires :

Anonyme a dit...

Question vachement philosophique que tu poses là?

Pourrais je te répondre par une autre question : te sens tu bien comme tu es ou éprouves tu un manque, un désir de changement?

Je ne crois pas que la féminité soit ce que l'on est à l'extérieur, mais plutot ce que l'on ressent à l'intérieur.

Perso, je me maquille très peu (mascara et fard à paupière discret). Ce maquillage simple me plait.

Pour les fetes, une amie m'a mis des paillettes et du rouge à lèvres assez discret quand meme, j'ai trouvé ça rigolo et joli sur le moment, mais je n'ai pas envie de me maquiller comme ça tous les jours.

Masque de beauté, pof, je n'y pense meme pas. Peut etre que ça changera un jour?

Pour moi prendre soin de soi, passe plutot par l'écoute de soi, par le fait que je prends le temps de faire des pauses pour rien faire, ou pour faire des choses que j'aime.

Oui prendre soin de soi, c'est sans doute etre fidèle à soi meme, sans se mentir.

Si tu sens que tu as besoin de changer tes apparences, peut etre pourrais tu voir une de tes amies qui se maquille un peu et lui proposer de te maquiller. ça fait passer un joli moment de rigolade entre amies (car on n'a pas toujours les memes gouts, moi je trouve ça marrant!) et puis ça peut te permettre de découvrir si tu t'apprécies ou non maquillée par une personne qui en a l'habitude.

Qu'en penses tu?

Anonyme a dit...

Sujet délicat, en ce qui me concerne ...
J'aimerais pouvoir/savoir me passer de maquillage. Il me semble que les "vraies" SVistes s'en passent, et puis ça prouverait que j'ai amadoué certains démons. Dans la liste "de quoi pourrais-je me passer", j'avais hésité à le mettre tellement je n'en suis pas fière, mais actuellement, je trouverais plus facile de me passer d'eau chaude ou de four que de maquillage !
Je ne me maquille pas énormément, mais il m'est pratiquement impossible d'affronter le monde sans maquillage. J'ai besoin de me "masquer" pour affronter le regard des autres, c'est bête non ?
Je m'étais à peu près guérie de ça parce que quelqu'un a porté un regard magnifique sur moi. Et puis, du fait d'une maladresse, je suis redevenue ma pire ennemie sur ce plan-là. Et, EN PLUS, je m'en veux de me juger si fort sur un paramètre qui ne devrait pas compter.
Bref, à mon avis, tu ne passes à côté de rien en ne te maquillant pas, et c'est même parce que tu ne passes à côté de rien que tu ne ressens pas le besoin de te maquiller. Après, l'envie, le plaisir ... c'est autre chose !
Et la féminité n'est pas une invention de Gemey Maybelline ni même de Couleur Caramel !

(Désolée, je me suis déballée)

Mimille a dit...

@ Mary

Hé oui mais en fait, je n'ai pas d'amie. Les choses de la vie, ces dernières années, ont fait que les personnes avec lesquelles je suis proche sont... éloignées. Alors pour la séance maquillage c'est plutôt mal parti :(

En fait, la question que je me pose en ce moment (depuis qqs temps) n'est pas "est-ce que je me sens bien comme je suis?" mais plutôt "comment on fait pour savoir si on se sent bien comme on est?" C'est à ça, d'abord, que je voudrais trouver une réponse, sans quoi je manque de repère pour répondre à l'autre question.

Alors j'observe les autres, et je me pose des questions. Peut-être que je devrais essayer de me remaquiller, un peu, pour voir (mais ça demanderait un investissement en temps et en argent... houlala). C'est bizarre, dans ces moments je me demande si je suis en train de m'approcher ou de m'éloigner de moi.

Mimille a dit...

@ Pistil

Oui c'est vrai, tu as raison.
Mais, mais, mais... pas de maquillage, pas de crème, pas de soin, pas de massage, à peine d'épilation,... bon bref, je veux bien accepter que si je ne le fais pas/plus c'est que je ne suis pas comme ça.

Mais parfois, je me demande si ça a un rapport avec l'impression que j'ai en ce moment de me transformer progressivement en un informe sac à patates. Bon, ça m'arrive depuis toujours qu'on m'appelle monsieur, parce que je suis grande et que beaucoup de gens ne regardent pas les grands, pensent a priori que ce sont des hommes (et quand ils lèvent les yeux je vois leur regard étonné, désolé). Je m'y suis habituée. Mais là, j'ai l'impression d'avoir perdu le mince fil de la féminité, et je ne sais pas ni pourquoi, ni comment, ni quoi faire pour le retrouver (ou ne serait-ce que pour savoir si je l'ai bien perdu).

C'est compliqué, des fois...!

mowglinomade a dit...

I did it again. Mon commentaire s'est encore transformé en (petite) tartine, alors je le poste sur mon blog pour éviter le format 'longue colonne étroite'. C'est vraiment une question difficile.....

Anonyme a dit...

Peut etre que le fait meme que tu te poses la question est une réponse en soit? En effet, si tu ne ressentais pas de manque, tu ne te poserais pas la question, ça serait pour toi évident.

Se comparer avec les autres n'est pas si évident que cela, car on a pas les memes caractères, les memes vécus ou les memes physiques.

La seule personne avec laquelle je crois on peut se comparer, c'est avec soi meme.

Pour pouvoir faire cela, je crois que la seule solution est de tester et de comparer ensuite.

Une autre possibilité si tu n'as pas de fidèles amies pour te lancer dans l'aventure est d'aller voir un école d'esthétique. (à la place d'une esthéticienne). En effet, en cap-bep voir bac pro, les étudiants en esthétique ont besoin de modèle pour faire des travaux pratiques. C'est payant pour le client, mais bien moins cher qu'en institue de beauté car ils ne font pas de chiffre d'affaire (normalement).

En ayant fait ces tests, tu pourras déterminer plus aisément ce dont tu as besoin.

Anonyme a dit...

"N'est-on pas, finalement, en quelque sorte, l'un de ces "autres" auxquels il faut plaire aussi"
Carrément.
Je pense que la question dépasse l'usage des cosmétiques, de même que le fait d'être une fille ou un gars.
Le problème de fond, je pense, c'est l'objectivisme, qui est un des pires fléaux de l'humain du monde "développé". Ici concrètement, le problème est qu'à la base on objective son corps, parallèlement à ce qu'on vit (physiquement parlant), à ce qu'on ressent subjectivement. Et que ce qu'on appelle "son corps" c'est cette objectivation, au lieu que ce soit l'ensemble de nos ressentis, de nos perceptions. On considère comme étant "son corps" l'image qu'on a de soi quand on est devant un miroir ou quand on voit une photo de soi, alors que le corps c'est toutes les perceptions qu'on peut avoir, les sensations qui nous traversent : le contact de nos pieds sur le sol, le contact de la peau avec l'air ou les vêtements ou l'eau qui coule du robinet, les tensions dans nos muscles, les sensations de chaleur, de froid, de détente ou de compression dans tel ou tel endroit etc., c'est infini. (petite parenthèse : la vue est un sens très trompeur, car c'est celui auquel on se fie le plus, alors que telle qu'on s'en sert habituellement c'est un des plus limités, et c'est celui à partir duquel fonctionne le mental. Il est par exemple plus facile de ressentir le contact de la peau avec l'eau au lieu d'objectiver l'eau, plutôt que de ressentir la perception d'un ensemble de formes, colorations et textures au lieu d'objectiver les objets vus)
Cette objectivation du corps vient se confronter à certains critères qu'on a en soi et qui sont tous plus ou moins normatifs (c'est là qu'on est soi-même un de ces "autres" auxquels il faut plaire, comme tu disais), même si certains paraissent moins rigides que d'autres : comment on devrait être, comment il faudrait qu'on soit, comment on aimerait bien être... Alors que la seule chose qui existe, c'est comment on est, c'est ce qui est, et ce n'est pas à définir conceptuellement (enfin, on peut très bien le faire, mais il ne s'agit pas de s'y borner).
Ce que je raconte là pourra sembler très bateau à certains, auquel cas tant mieux. Pour moi ça ne l'était pas du tout quand je m'en suis rendu compte de toutes les conséquences que ça a sur la façon dont on vit nos vies.
Donc voilà, voir pour ce qu'il est l'égrégore mental qu'on appelle "son coprs" (et les autres, et toutes les prises de tête qui vont avec), et revenir à ce qu'on ressent. Pas simple quand on a des automatismes bien ancrés, mais même en n'en étant qu'au début de ces explorations ça fait déjà percevoir les choses autrement.

Mimille a dit...

@ mary

Bon, tu vas dire que j'exagère mais... à vrai dire j'ai moyen confiance dans les goûts des esthéticiennes... j'ai pas trop envie de me retrouver avec "ce ravissant balayage qui vous fait de si jolis cheveux" et autre bleu pétant autour des yeux parce que c'est à la mode ;-)

Non, plus sérieusement. Tu as raison quand tu dis que si je me pose des questions, c'est assez probablement parce que je ne me sens pas en équilibre comme je suis. Reste à trouver comment trouver cet équilibre :-)

Mimille a dit...

@ Koldo

Il va bien me falloir une nuit de sommeil pour digérer ton texte. J'y ai vu plein de phrases qui m'ont pas mal interpellée, et ça me donne envie d'en faire un autre billet plutôt qu'une réponse.

Ah oui, juste une chose tout de même: quand je te lis écrire "le contact de nos pieds sur le sol, le contact de la peau avec l'air ou les vêtements ou l'eau qui coule du robinet, les tensions dans nos muscles, les sensations de chaleur, de froid, de détente ou de compression dans tel ou tel endroit etc., c'est infini.", ça me fait penser à une critique de bouquin que j'ai lue l'autre jour:

http://www.liberation.fr/culture/livre/232330.FR.php

"Nous voudrions sauter, bondir, courir, danser, car nous sommes plus vifs dans un plus vaste espace."
Jean-Louis Chrétien, Essai sur la dilatation

La suite à suivre.