samedi 10 février 2007

Perception et objectif

J'en remets encore une couche après "beauté, féminité et tout le toutim" et puis "de la féminité". Jamais deux sans trois comme on dit.


Suite au commentaire de Koldo sur le premier de ces billets, que j'ai déjà évoqué pour d'autres raisons (lexicales, celles-là), j'ai eu l'occasion de discuter un peu de ça, et puis aussi d'y réfléchir pendant mes longues heures de train hebdomadaires (ouf, plus qu'un aller-retour et je prends des vacances); et suite à ce commentaire donc, il me semble que ma vision des choses a changé, ou progressé, ou alors je l'exprime autrement, ou ce n'est qu'une façade... enfin je n'en sais rien au juste mais ça viendra avec le temps, et pour l'instant j'ai bel et bien l'impression que j'ai changé ma façon de voir les choses - et par là même ma façon de me (perce)voir (et de voir le monde par la même occasion).


D'abord, quand je dis "voir" ici ça ne signifie pas seulement le fait de voir mon corps (ou même mon expression) avec mes organes visuels, mais je parle plutôt d'une perception générale de moi-même, comme le disait Koldo qui peut être plus ou moins infinie et qui en tout cas n'est pas limitée au "corps". Voilà le préliminaire.


Dans mon billet précédent à ce propos, je disais que j'avais du mal à me voir comme autre chose que quelqu'un qui ressemble à, qui tend vers tel ou tel modèle, qui appartient à une norme (quelle que puisse être cette norme - je veux dire, ça n'est pas forcément le mainstream pour autant). Et il y a deux choses que je retiens pour l'instant de cela:


  • tout d'abord un questionnement sur mon positionnement en tant que personne, que je garde pour plus tard et n'a que peu de rapport avec la question présente.

  • ensuite un autre questionnement, sur le décalage entre la perception que j'ai de moi-même et celle que je voudrais avoir de moi-même.


(les deux questions ne sont en fait pas complètement séparées mais c'est une façon de traiter chaque chose en son temps).



[ NB: Quand-même, écouter Joni Mitchell pendant qu'on rédige un billet sur ce genre de sujet, je trouve que c'est un sommet de poésie. ]



Ce que j'ai retenu du commentaire de Koldo et des réflexions que j'ai menées depuis, c'est que quand je me perçois je suis déçue parce que je m'attends à voir autre chose. Mais cet autre chose, n'existe pas et ne peut pas avoir de réalité. La réalité, c'est ce que je perçois. Et (et c'est là le point important je crois) ce n'est pas la réalité qui me chagrine / me surprend / me déçoit, c'est la perception que j'en ai.


En parallèle et par un curieux jeu de coïncidences j'ai commencé à lire hier un bouquin qui s'appelle Lâcher prise. Je l'ai commencé pleine d'euphorie, et finalement la lecture des premiers chapitres m'a laissée complètement sur ma faim, parce que la gars brasse de l'air. Il utilise un peu le même style qu'Allen Carr dans sa méthode simple pour arrêter de fumer, sauf que là où Carr sait étayer ses propos à l'aide de force exemples concrêts, Finley (l'auteur de Lâcher prise) part dans des contes métaphoriques sans nous laisser de possibilité de mettre ses propositions à l'épreuve de la réalité. Bref. Dans ce livre, pourtant, j'ai lu quelque chose qui se rapprochait de cette idée, selon laquelle si la réalité ne nous plaît pas, ce n'est pas la réalité qui doit changer, c'est la perception qu'on en a. Ou quelque chose comme ça.


Donc, et c'est ce que je disais un peu à la fin de mon billet précédent, j'essaie maintenant, quand je reçois une perception (consciente tout au moins) de moi-même, de ne pas m'attendre à quelque chose. Et non seulement j'essaie de ne pas m'attendre à quelque chose, mais j'essaie aussi de me dire que de toute façon ce que je vois c'est moi, et que ça correspond exactement à ce que je suis.


Mine de rien, ça n'est pas si facile. C'est comme de chercher le bonheur, c'est difficile de ne pas le faire, c'est difficile de ne pas se concevoir un chemin a priori qu'on doit suivre. Alors que l'on sait très bien, quand on y réfléchit cinq minutes, que ce n'est jamais comme ça que ça marche. Combien de fois est-ce que la joie s'est présentée sous une forme totalement inattendue ? Est-ce que le bonheur ne peut prendre que la forme qu'on a décidé qu'il devait revêtir ? Se donner un but dans la vie, c'est à coup sûr se rendre malheureux, parce qu'on n'y arrive pas, parce que c'est dur, parce qu'on s'en éloigne, parce qu'on ne peut plus apprécier les instants qui arrivent tels qu'ils sont, parce qu'on essaie toujours d'organiser ce qu'on fait en fonction de ce but qu'on s'est fixé. Et à quoi bon ? Puisqu'on peut très bien être heureux tout de suite, puisqu'on existe déjà avant même d'avoir atteint cet objetif, puisqu'on est bel et bien sur un chemin, quel que soit ce chemin, et qu'il n'est ni mieux ni moins bien qu'un autre.


Evidemment, ça ce sont les beaux discours mais je ne sais pas encore très bien quoi faire de mes préoccupations actuelles là-dedans, à savoir que je ne sais pas si les activités que je fais acutellement me plaisent vraiment, telles qu'elles sont, ou si je devrais changer pour me sentir mieux parce que ça ne sert à rien de se faire du mal pour un futur hypothétique. En fait, je ne sais pas plus ce que serait mon avenir si je continue à faire ce que je fais, que si je changeais brutalement. Je ne peux avoir aucune idée des conséquences que ça aurait, aussi bien d'un point de vue professionel que d'un point de vue personnel, quel que soit mon choix. Ce n'est donc pas en fonction du futur que je dois vivre mon présent.


Tout plein de pensées qui se dessinent, donc. Et peut-être une progession, je ne sais pas, on verra bien.


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