jeudi 22 février 2007

Euphorbe

Puisque beaucoup ont l'air d'apprécier mes tours de jardins et autres balades herboristiques, J'en remets une petite couche, un peu spécialisée cette fois-ci.


C'est aussi parce qu'hier ma maman m'a offert un merveilleux bouquin : la Petite ethnobotanique méditerranéenne de Pierre Lieutaghi (*) chez Actes Sud, et que j'avais bien envie de commencer de le lire, et quoi de mieux pour lire un bouquin de ce genre que de chercher si l'on trouve dedans les espèces que l'on a sous les yeux ?



Alors j'ai observé les quelques photos que j'avais prises ces derniers temps, et mon dévolu cette fois s'est jeté sur les euphorbes.




Aspects botaniques


J'ai toujours trouvé que les euphorbes avaient un aspect délicieusement préhistorique... avec leurs longues tiges et leurs feuilles longues, peu larges et épaisses, concentrées sur le haut de chaque tige, et puis leurs fleurs d'un vert tirant sur le jaune, comme si à l'époque la nature se concentrait sur une seule couleur pour chaque espèce (comme on imagine aussi, souvent, les dinosaures comme des bestioles allant du brun au gris désespérément uni, alors qu'on n'en est pas sûrs du tout finalement). En fait il n'en est rien : la couleur est bien là, mais elle est... sur la tige.


L'espèce la plus fréquente autour de chez moi c'est l'euphorbe characias (euphorbia characias, comme on pouvait s'en douter...), aussi appelée lachousclo, lanchousclo, lachuscla, chousclo, chuscla, ou juscla dans les diverses formes occitanes possibles, et faisant référence à l'étymologie de laitue, sachant que l'euphorbe et cette dernière partagent la caractéristique d'avoir un suc laiteux (latex) qui s'écoule de leur tige. En fait, il existe un nombre sacrément important de plantes du genre euphorbia dont les caractéristiques morphologiques sont très variables, mais sont pourtant (quasiment) toujours parfaitement reconnaissables (cf. p.ex. la longue liste qu'on trouve sur la wik). Mais revenons-en à notre characias : celle que j'ai photographiée dans mon jardin il y a deux jours était un tout bébé, elle était toute petite, mais elles peuvent mesurer jusqu'à 1,20 m de haut, formant des touffes de tiges avec les feuilles en haut, un peu à la manière d'un yucca. Les tiges sont beiges rougeâtres et les feuilles d'un vert assez vif, du moins par comparaison aux autres plantes que l'euphorbe cotoie : chènes kermès, cystes variés (mésuges), genêts, thyms, romarins, lavandes... vous avez bien sûr reconnu là la panoplie indispensable de la garrigue. Car notre euphorbe pousse en milieu découvert, c'est la raison pour laquelle on la trouve plus souvent dans les garrigues que dans les forêts (même si on peut l'y croiser aussi ; ça sera alors plutôt en clairière ou en lisière). Eté comme hiver elle conserve ses feuilles, qui tombent au fur et à mesure en commençant par pâlir, puis jaunir.


En France, on la trouve (en gros) sur tout le littoral méditerranéen (source) :




Usages


Le suc qui s'écoule à la coupure d'une tige d'euphorbe est très toxique (même sec). Sur la peau il peut provoquer des irritations et même parfois des brûlures, il brûle fortement les yeux, et évidemment l'intérieur l'organisme aussi des fois qu'on s'amuserait à en ingérer. Dans mon nouveau bouquin, je lis que :


Dans le Midi, les défricheurs de garrigue contractaient parfois des ulcérations graves des bras et des jambes en coupant ces plantes dont le latex gicle au moindre coup de faux -- genre d'accident qui s'observe encore, mais plutôt les week-ends.

Dans le temps, on exploitait cette caractéristique du suc des euphorbes pour traiter les verrues, ou pour "nettoyer" une carie (en Bretagne). On utilisait aussi ce suc d'autres manières tout aussi barbares, en en versant dans les trous d'eau pour tuer sa population, ou en confectionnant des pièges à petits oiseaux.


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(*) Je jette un oeil sur le site d'Actes Sud et je vois que tous les livres de Pierre Lieutaghi ont l'air aussi passionnants les uns que les autres... surtout Jardins du chêne blanc : un livre consacré à cet arbre, à son histoire et à son lien avec les hommes, ça doit être une merveille !


1 Commentaire :

MOM a dit...

au moins ici, elle est bien répertoriée en tant qu'euphorbe et non comme héllébore comme je l'ai vu sur un site, il y a quelques jours,